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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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411<br />

<strong>de</strong> l'Allemagne, el le grée <strong>de</strong>s «datai <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte<br />

n'est pas celui <strong>de</strong>s vainqueurs <strong>de</strong> Marathon ). D'ailleurs,<br />

nos idiomes mo<strong>de</strong>rnes, l'espagnol, l'italien,<br />

l'ang<strong>la</strong>is, le français, sont tous <strong>de</strong> même race; ils<br />

<strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt tous <strong>du</strong> <strong>la</strong>tin; et nous sommes asseï<br />

naturellement portés à respecter notre mère commune.<br />

Mais quand il s'agit <strong>de</strong> sa?oir à qui appartient<br />

<strong>la</strong> meilleure partie <strong>de</strong> l'héritage, il y a matière à<br />

procès, et les parties ©entendantes sont également<br />

suspectes. Il faudrait donc que celui qui oserait se<br />

Élire avocat général dans cette cause, non-seulement<br />

connût bien toutes les pièces <strong>du</strong> procès, mais aussi<br />

fût bien sûr <strong>de</strong> son entière impartialité. Or, pour<br />

nous garantir <strong>de</strong> <strong>la</strong> prédilection si naturelle que nous<br />

avons pour notre propre <strong>la</strong>ngue, dont nous sentons à<br />

tous moments toutes les inesses et toutes les beautés<br />

, je ne connais qu'un moyen ; c'est l'habitu<strong>de</strong> d ? en<br />

parler d'autres avec facilité. Ce que j'ai pu aequérir<br />

<strong>de</strong> connaissaiices dans l'ang<strong>la</strong>is et dans l'italien se ré<strong>du</strong>it<br />

à pouvoir lire les autours; et, pour prononcer<br />

décidément sur une <strong>la</strong>ngue vivante, il faut savoir <strong>la</strong><br />

prier. Ce que j'en dirai se bornera donc à quelques<br />

obsenrafioiis générales, à quelques faits à peu près<br />

convenus. Je <strong>la</strong>isse à <strong>de</strong> plus habiles que moi à s'enfoncer<br />

plus a?ant dans cette épineuse discussion.<br />

L'italien, plus rapproché que nous <strong>du</strong> <strong>la</strong>tin, en a<br />

pris une partie <strong>de</strong> ses conjugaisons. Il en a emprunté<br />

Fin?ersios, quoiqu'il n'en fasse guère usage que<br />

dans les vers, et avec infiniment moins <strong>de</strong> liberté<br />

et <strong>de</strong> variété que les anciens. Il est fécond, mélodieux<br />

et flexible, et se recomman<strong>de</strong> surtout par un caractère<br />

<strong>de</strong> douceur très-marqué. Il a une prosodie décidée<br />

et très-musicale. On lui reproche <strong>de</strong> <strong>la</strong> monotonie<br />

dans ses désinences, presque toujours vocales ;<br />

et <strong>la</strong> facilité qu'ont les Italiens <strong>de</strong> retrancher souvent<br />

<strong>la</strong> finale <strong>de</strong> leurs mots, et d'appuyer dans d'autres<br />

sur <strong>la</strong> pénultième syl<strong>la</strong>be, <strong>de</strong> façon que <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière<br />

ressemble à nos e muets, ne me paraît pas suffisante<br />

pour détruire cette monotonie que mon oreille a cru<br />

reconnaître en les entendant eux-mêmes prononcer<br />

leurs vers. On a dit aussi que leur douceur dégénérait<br />

eu mignardise, et leur abondance en diffusion. Sans<br />

prononcer su? ces reproches, sans examiner si <strong>la</strong><br />

verbosité et l'afféterie appartiennent aux auteurs ou<br />

à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue J'observerai seulement que je ne connais<br />

pas parmi les mo<strong>de</strong>rnes un écrivais plus précis que<br />

Métastase, ni un poète plus ènergiqueque l'Arioste.<br />

Une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> tempête dans tOr<strong>la</strong>ndofurioso,<br />

et l'attaque <strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> Paris par le roi d'Alger,<br />

m 9 COU1S DE LITTÉEATU1E.<br />

L'ang<strong>la</strong>is, qui serait presque à moitié français, §î<br />

son inconcevable prononciation ne le'séparait <strong>de</strong> toutes<br />

les <strong>la</strong>ngues <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> t et ne rendait applicable à<br />

son <strong>la</strong>ngage le vers que Yirgile (Égiog. i, 67), appliquait<br />

autrefois à sa position géographique,<br />

Mtpmitùê totô iimsm orbe Èntmnnm ,<br />

Les Bretons séparés un reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre;<br />

l'ang<strong>la</strong>is est encore plus chargé que nous d'auxiliaires,<br />

<strong>de</strong> particules, d'articles et <strong>de</strong> pronoms. 1!<br />

conjugue encore bien moins que nous. Ses modn<br />

sont ininiment bornés. Il n'a point <strong>de</strong> temps mm<br />

ditionnd. 11 ne saurait dîre^ jeferais, j'irais, efc.<br />

Il faut alors qu'il mette au-<strong>de</strong>vant <strong>du</strong> verbe un signe<br />

qui répond à l'un <strong>de</strong> ces quatre mots ; jet?@«imÊf,<br />

je<strong>de</strong>vrafe, je powrate3 m fournis à. On ne peut nier<br />

que ces signes répétés sans cesse ? et sujets même<br />

à l'équivoque, ne soient d'une pauvreté déplorable!<br />

et ne ressemblent à <strong>la</strong> barbarie. Mats ce qui, pur<br />

tout autre que les Ang<strong>la</strong>is, porte bien évi<strong>de</strong>mment et<br />

caractère, c'est le vice capital <strong>de</strong> leur prononciation,<br />

qui semble heurter les principes <strong>de</strong> l'articu<strong>la</strong>tion<br />

humaine. Celle-ci doit toujours tendre à déci<strong>de</strong>r, à<br />

ixer <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s sons ; et c'est l'objet et l'intention<br />

<strong>de</strong>s voyelles, qui ne sauraient jamais frapper trop<br />

distinctement l'oreille. Mais que àïm d'une <strong>la</strong>npe<br />

chez qui les voyelles mânes, qui sont les éléments<br />

<strong>de</strong> toute prononciation, sont si souvent Indéterminées<br />

; chez qui tant <strong>de</strong> syl<strong>la</strong>bes sont à moitié briséet<br />

entre les <strong>de</strong>nts, ou viennent mourir en siff<strong>la</strong>nt sir<br />

le bord <strong>de</strong>s lèvres? L'Ang<strong>la</strong>is, dit Voltaire, gagne<br />

<strong>de</strong>ux heures par j@mr sur nma, enwmn@mn$to<br />

mmUîé <strong>de</strong>s wuds. Je ne crois pas que les Ang<strong>la</strong>is<br />

fassent grand cas <strong>de</strong> ces reproches, parce qu'une<br />

<strong>la</strong>ngue est toujours assez bonne pour ceux qui <strong>la</strong> parlent<br />

<strong>de</strong>puis leur enfonce- : mais aussi vous trouvères<br />

mille Ang<strong>la</strong>is qui parlent passablement français, sur<br />

un Français en état <strong>de</strong> prier bien ang<strong>la</strong>is ; et cette<br />

disproportion entre <strong>de</strong>ux peuples liés aujourd'hui<br />

par un commerce si continu et si rapproché a certainement<br />

pour cause prieeiple l'étrange bizarrerie <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> prononciation.<br />

Au reste, malgré l'indécision <strong>de</strong> leurs voyelles et<br />

l'entassement <strong>de</strong> leurs consonnes, ils préten<strong>de</strong>nt<br />

bien avoir leur harmonie, tout comme d'autres;<br />

et il faut les en croire, pourvu qu'ils nous accor<strong>de</strong>nt,<br />

à leur tour, que cette harmonie n'existe que pour<br />

eux. Ils ont d'ailleurs <strong>de</strong>s avantages qu'on ne peut ?<br />

ce me semble, leur contester. L'inversion est per­<br />

ont para les <strong>de</strong>ux tableaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie mo<strong>de</strong>rne<br />

mise à leur poésie, à peu près au même <strong>de</strong>gré qu'à<br />

celle <strong>de</strong>s Italiens, c'est-à-dire beaucoup moins qu'am<br />

les plus faits pour être comparés à ceux d'Homère, Latins et aux G m». Leurs constructions et leurs<br />

et c'est le plus grand éloge possible.<br />

formes poétiques sont plus hardies et plus maniables

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