32 Fig. 28 : Elém<strong>en</strong>ts structurant le tissu urbain du Caire selon Philippe Panerai. Le tissu urbain est constitué de trois <strong>en</strong>sembles qui s’imbriqu<strong>en</strong>t : Le réseau des voies, le décou<strong>page</strong> foncier et les constructions. La variation du rapport <strong>en</strong>tre ces trois élém<strong>en</strong>ts donne à chaque ville sa particularité.
D<strong>en</strong>sités et principes de d<strong>en</strong>sifi cation De quelle façon la d<strong>en</strong>sité et les processus de d<strong>en</strong>sifi cation se sont-ils illustrés, au fi l du temps, dans le développem<strong>en</strong>t des villes? Est-ce un processus universel ? A-t-il favorisé certains comportem<strong>en</strong>ts, certains échanges ou <strong>en</strong>core certaines innovations ? Il faut se p<strong>en</strong>cher sur des modèles de villes d<strong>en</strong>ses et d<strong>en</strong>sifi ées. Pour les Europé<strong>en</strong>s, c’est la ville médiévale qui représ<strong>en</strong>te le modèle par excell<strong>en</strong>ce de cette idée et du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité. Par ailleurs, ce modèle illustre parfaitem<strong>en</strong>t les processus de d<strong>en</strong>sifi cations successives. La structure que propose la ville médiévale permet d’absorber une importante diversité programmatique tels les lieux d’habitation pour diverses populations, les lieux consacrés au commerce interne à la ville, à l’échange des marchandises avec l’extérieur, les lieux de rassemblem<strong>en</strong>t (corporations, religions). Ces différ<strong>en</strong>ts lieux sont toujours construits sur une structure des voiries clairem<strong>en</strong>t défi nie, qui regroupe les rues mais aussi les places et les passages. Cette structure spécifi que à chaque ville permet aux hommes de s’organiser, de vivre <strong>en</strong>semble, d’échanger <strong>en</strong>tre eux et avec l’extérieur des bi<strong>en</strong>s et des idées. La ville devi<strong>en</strong>t ainsi un c<strong>en</strong>tre économique, un lieu du transfert des marchandises et un c<strong>en</strong>tre des connaissances (lieu d’implantation des religieux et des écoles). Les réfl exions sur les modes de vie et les organisations de cette époque, réadaptées à nos problématiques actuelles, peuv<strong>en</strong>t sans aucun doute nous permettre de trouver de nouvelles solutions aux problèmes liés à la d<strong>en</strong>sité. Au Moy<strong>en</strong>-Âge, les villes se sont tout d’abord d<strong>en</strong>sifi ées sur elles-mêmes avant de sortir de leurs murs. Les fortifi cations imposai<strong>en</strong>t des limites fi xes à la ville, à l’intérieur desquelles elle devait se développer. Cette contrainte d’espace a imposé un type de d<strong>en</strong>sifi cation par saturation <strong>en</strong> utilisant tous les espaces disponibles. Les d<strong>en</strong>sifi cations se sont donc opérées selon plusieurs procédés : <strong>en</strong> hauteur, dans la profondeur des parcelles, par ajout sur rue ou par colonisation progressive de l’espace public. Ce n’est que lorsque l’espace disponible était saturé que de nouvelles limites étai<strong>en</strong>t données à la ville pour son agrandissem<strong>en</strong>t, ce qui a induit un développem<strong>en</strong>t par couches successives. Un bon exemple est la ville d’Amsterdam, qui, par sa croissance radioconc<strong>en</strong>trique, à l’intérieur d’un canal, sature progressivem<strong>en</strong>t l’espace disponible pour se doter d’une nouvelle ceinture une fois la d<strong>en</strong>sité maximale atteinte. Pour permettre d’illustrer la thématique de d<strong>en</strong>sifi cation des villes médiévales, il faut aborder des exemples concrets et particulièrem<strong>en</strong>t intéressants dont les villes fondées pas les ducs de Zähring<strong>en</strong> font partie 1 . L’exemple le plus signifi catif, le plus abouti et le mieux conservé d’une ville médiévale de ce type et sans contestation possible la ville de Berne. Son système d’organisation est très particulier. En effet, il propose, de manière très hiérarchisée, des espaces d’habitation ou de commerce possédant une circulation double, sur rue et sous arcades. De plus, cette ville est intéressante car elle n’a cessé de se d<strong>en</strong>sifi er sur elle-même à travers les siècles pour atteindre sa forme actuelle. Elle a réussi à s’adapter, au fur et à mesure, aux besoins changeants de la population et a permis une utilisation spécifi que convaincante à chacune de ses étapes de développem<strong>en</strong>t, aussi bi<strong>en</strong> du point de vue de l’habitat que de celui du commerce. Aujourd’hui <strong>en</strong>core, cette structure a permis une adaptation au mode de vie actuel. 1 Divorne Françoise, Berne et les villes fondées par les ducs de Zähring<strong>en</strong> au XIIe siècle, Aux Archives d’Architecture Moderne, 1991, Bruxelles 33
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