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HABITER LA DENSITÉ :<br />
Le quartier de la Maladière à Neuchâtel<br />
Gaël Maradan<br />
Enoncé théorique de Master 2007-2008<br />
Directeur pédagogique : Bruno Marchand<br />
Professeur : Christian Gilot<br />
Maître <strong>EPFL</strong> : Marco Svimbersky<br />
Expert : Bernard Delefortrie<br />
1
TABLE DES MATIERES :<br />
1. INTRODUCTION <strong>page</strong> 5<br />
2. LA VILLE DENSE : UNE OPTION FACE A L’ÉTALEMENT URBAIN <strong>page</strong> 7<br />
3. LA VILLE, LES DENSITÉS ET LE LOGEMENT <strong>page</strong> 19<br />
Perception de la ville <strong>page</strong> 19<br />
D<strong>en</strong>sités et principes de d<strong>en</strong>sifi cation <strong>page</strong> 33<br />
Une question de mesure <strong>page</strong> 43<br />
Habiter <strong>en</strong> ville <strong>page</strong> 47<br />
De la ville au logem<strong>en</strong>t, les espaces intermédiaires <strong>page</strong> 51<br />
Le logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Suisse <strong>page</strong> 55<br />
Quelle typologie pour quel mode de vie ? <strong>page</strong> 57<br />
Exemples de logem<strong>en</strong>ts <strong>page</strong> 63<br />
Une morphologie/typologie idéale de la d<strong>en</strong>sité ? <strong>page</strong> 83<br />
4. LE SITE <strong>page</strong> 85<br />
Le canton de Neuchâtel <strong>page</strong> 85<br />
Développem<strong>en</strong>t de la ville de Neuchâtel <strong>page</strong> 91<br />
Transformations réc<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> ville de Neuchâtel <strong>page</strong> 99<br />
Analyse cartographique <strong>page</strong> 107<br />
D<strong>en</strong>sités neuchâteloises <strong>page</strong> 125<br />
5. CONCLUSIONS <strong>page</strong> 139<br />
Esquisses projectuelles <strong>page</strong> 141<br />
6. BIBLIOGRAPHIE <strong>page</strong> 146<br />
7. TABLE DES ILLUSTRATIONS <strong>page</strong> 152<br />
3
1. INTRODUCTION<br />
La problématique du logem<strong>en</strong>t collectif <strong>en</strong> milieu urbain constitue un thème<br />
d’actualité pour les architectes. Bi<strong>en</strong> que de nombreux logem<strong>en</strong>ts de qualité ai<strong>en</strong>t<br />
été construits au cours des dernières années, notamm<strong>en</strong>t dans les grandes villes<br />
suisses, le pays doit faire face à une demande forte pour ce type de bi<strong>en</strong>s. Nombres<br />
de communes doiv<strong>en</strong>t aujourd’hui chercher une solution au problème de la pénurie<br />
de logem<strong>en</strong>ts. Le mitage du territoire – notamm<strong>en</strong>t la construction diffuse de villas<br />
individuelles – est un spectacle inquiétant. Les périphéries s’ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t et<br />
s’organis<strong>en</strong>t de façon irréfl échie, ce qui est affl igeant quand on sait que les villes-c<strong>en</strong>tres<br />
possèd<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t de grandes ressources inexplorées – par exemple des terrains<br />
<strong>en</strong> friche bi<strong>en</strong> situés – et qu’elle ne connaiss<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> général, qu’un développem<strong>en</strong>t<br />
faible. Ces réfl exions interpell<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t de nombreux professionnels. Il me<br />
paraissait donc intéressant de traiter le sujet du logem<strong>en</strong>t collectif <strong>en</strong> y intégrant la<br />
problématique de la d<strong>en</strong>sité. Car l’homme est aujourd’hui confronté à des problèmes<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux importants, auxquels il va devoir faire face. Une des solutions<br />
qui s’offr<strong>en</strong>t à l’architecte, sera par exemple la d<strong>en</strong>sifi cation des villes, dans le but<br />
de préserver des territoires non bâtis et de remédier aux problèmes de circulation<br />
automobile. Des logem<strong>en</strong>ts urbains de qualité saurai<strong>en</strong>t probablem<strong>en</strong>t remplacer les<br />
villas tant recherchées.<br />
Trois raisons principales m’ont conduit au choix du quartier neuchâtelois de la<br />
Maladière comme site de projet. Premièrem<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> que de nombreux appartem<strong>en</strong>ts<br />
ai<strong>en</strong>t été construits récemm<strong>en</strong>t à Neuchâtel, la ville souffre toujours d’une pénurie de<br />
logem<strong>en</strong>ts. Deuxièmem<strong>en</strong>t, le quartier de la Maladière est <strong>en</strong> constante mutation et<br />
constitue l’un des pôles de développem<strong>en</strong>t de la ville. Plusieurs élém<strong>en</strong>ts importants y<br />
ont été construits au cours des dernières années. Il propose toutefois un site laissé <strong>en</strong><br />
friche qu’il est possible de d<strong>en</strong>sifi er davantage. Troisièmem<strong>en</strong>t, il est le quartier dans<br />
lequel je suis né et ai grandi. Je le pratique depuis toujours ; il m’est donc familier.<br />
Dans ce travail, je me propose d’aborder la question de l’habitat <strong>en</strong> milieu urbain,<br />
tout <strong>en</strong> parlant de la d<strong>en</strong>sité qui représ<strong>en</strong>te une solution pour pallier la dissolution<br />
des villes. Je comm<strong>en</strong>cerai par aborder l’étalem<strong>en</strong>t urbain et les problèmes qu’il<br />
<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre. Je ferai état de la situation actuelle puis parlerai de la question de d<strong>en</strong>sité<br />
urbaine (seront abordés les concepts de d<strong>en</strong>sité s<strong>en</strong>sible, d<strong>en</strong>sité mesurée). Vi<strong>en</strong>dra<br />
<strong>en</strong>suite le problème du logem<strong>en</strong>t, qui sera illustré à travers les exemples de différ<strong>en</strong>ts<br />
bâtim<strong>en</strong>ts construits, pour la plupart <strong>en</strong> Suisse, au cours des dernières années. Pour<br />
fi nir, je prés<strong>en</strong>terai la ville de Neuchâtel, <strong>en</strong> particulier le quartier de la Maladière, et<br />
analyserai le site de projet, <strong>en</strong> exposant des idées qui sauront m’être utile par la suite<br />
pour développer le travail.<br />
5
6<br />
1 : Une Suisse des métropoles :<br />
Regroupem<strong>en</strong>t de la population suisse dans les<br />
seules métropoles au détrim<strong>en</strong>t des régions périphériques.<br />
De plus, une concurr<strong>en</strong>ce s’installe<br />
<strong>en</strong>tre métropoles.<br />
- Ext<strong>en</strong>sion de l’urbanisation +15 %<br />
- Forte croissance de la mobilité<br />
2 : Une Suisse de la dispersion et de l’éclatem<strong>en</strong>t-déclin<br />
urbain :<br />
Les c<strong>en</strong>tres s’affaibliss<strong>en</strong>t sans r<strong>en</strong>forcer les régions<br />
périphériques. Chacun veut travailler pour<br />
soi, sans développem<strong>en</strong>t coordonné, ce qui <strong>en</strong>traîne<br />
une dispersion.<br />
- Forte urbanisation +20 %<br />
- Développem<strong>en</strong>t du trafi c individuel<br />
3 : Une Suisse urbaine polyc<strong>en</strong>trique :<br />
La croissance se fait dans les villes <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>tarité<br />
des espaces ruraux. Les villes se spécialis<strong>en</strong>t<br />
dans un domaine, mais ne propos<strong>en</strong>t<br />
plus tous les services. Maillage fi n du réseau<br />
urbain<br />
- Faible ext<strong>en</strong>sion de l’urbanisation +9 %<br />
- Forte mobilité grâce aux transports publics performants<br />
4 : Une Suisse des régions :<br />
Suppression des cantons au profi t des régions,<br />
qui possèd<strong>en</strong>t chacune leurs spécifi cités.<br />
- Ext<strong>en</strong>sion de l’urbanisation +11 %<br />
- Faible croissance de la mobilité<br />
Fig. 1 : Ce schéma illustre les quatre scénarios pour une Suisse de 2030 <strong>en</strong>visagés par le rapport<br />
sur le développem<strong>en</strong>t territorial de 2005.
2. LA VILLE DENSE : UNE OPTION FACE À L’ÉTALEMENT URBAIN<br />
Ce chapitre veut aborder et fi xer la problématique du travail <strong>en</strong> traitant de la<br />
thématique de l’étalem<strong>en</strong>t urbain. Il veut aussi prés<strong>en</strong>ter les idées qui éman<strong>en</strong>t de<br />
toutes parts, afi n de freiner le développem<strong>en</strong>t et la dispersion des zones bâties. Une<br />
solution souv<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong> avant consiste à proposer la ville d<strong>en</strong>se afi n de freiner<br />
l’étalem<strong>en</strong>t des agglomérations. Cette question de la d<strong>en</strong>sité et de la d<strong>en</strong>sifi cation<br />
des villes est à l’ordre du jour et concerne un grand nombre d’acteurs, ce qui r<strong>en</strong>d sa<br />
défi nition et son application diffi cile.<br />
Les problèmes majeurs qu’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre l’étalem<strong>en</strong>t urbain sont, <strong>en</strong>tre autres : le<br />
gaspillage du territoire et du paysage par l’utilisation inappropriée du sol, l’int<strong>en</strong>sifi cation<br />
du trafi c individuel <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts lieux de travail, de loisirs et d’habitation ainsi<br />
qu’une hausse des coûts dans le domaine des infrastructures. Qu’ils soi<strong>en</strong>t politiques,<br />
économiques ou écologiques, ces problèmes se pos<strong>en</strong>t dans différ<strong>en</strong>ts secteurs et<br />
concern<strong>en</strong>t plusieurs acteurs du développem<strong>en</strong>t territorial. Pour trouver des solutions,<br />
la réfl exion doit donc être globale.<br />
L’étalem<strong>en</strong>t urbain n’épargne pas la Suisse ; c’est pourquoi la politique actuelle<br />
de la Confédération a pour but de favoriser les li<strong>en</strong>s au sein des agglomérations.<br />
Elle <strong>en</strong>courage égalem<strong>en</strong>t le développem<strong>en</strong>t et l’aménagem<strong>en</strong>t d’un point de vue<br />
régional ainsi que la mise <strong>en</strong> réseau <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes régions du pays. Elle veut<br />
apporter une réponse globale à l’étalem<strong>en</strong>t des surfaces bâties par des interv<strong>en</strong>tions<br />
maîtrisées et par le développem<strong>en</strong>t de transports publics, moins polluants <strong>en</strong> regard<br />
des transports individuels. Un rapport sur le développem<strong>en</strong>t territorial de la Suisse 1<br />
propose quatre scénarios pour notre pays d’ici 2030 ; chacun d’eux met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />
son infl u<strong>en</strong>ce sur l’urbanisation et l’étalem<strong>en</strong>t urbain ainsi que sur l’accroissem<strong>en</strong>t de<br />
la mobilité. De ces quatre scénarios est ressorti un projet conducteur pour le pays<br />
qui regroupe les meilleures solutions de chacune des propositions afi n que chaque<br />
région puisse espérer un développem<strong>en</strong>t cohér<strong>en</strong>t et trouve son rôle à jouer au sein<br />
du pays. La notion de politique d’agglomération sera abordée plus spécifi quem<strong>en</strong>t à<br />
travers l’exemple du canton de Neuchâtel et illustrée par le projet du réseau urbain<br />
neuchâtelois (RUN).<br />
En Suisse, c’est la région du plateau qui est la plus touchée par l’urbanisation<br />
diffuse. Sa géographie permet une mobilité facilitée par rapport aux Alpes ou au Jura,<br />
régions périphériques, possédant de moins bons raccords au réseau national et<br />
connaissant un plus faible développem<strong>en</strong>t. Il faut pourtant m<strong>en</strong>tionner les problèmes<br />
liés aux stations de montagne, véritables villes <strong>en</strong> altitude, qui connaiss<strong>en</strong>t une<br />
urbanisation souv<strong>en</strong>t anarchique et qui rest<strong>en</strong>t vides une grande partie de l’année.<br />
Dans notre pays, un mètre carré de territoire est construit par seconde bi<strong>en</strong> que la<br />
population n’augm<strong>en</strong>te que faiblem<strong>en</strong>t. Les surfaces utilisées et urbanisées explos<strong>en</strong>t.<br />
Cela est notamm<strong>en</strong>t dû à l’augm<strong>en</strong>tation de la mobilité, qui incite à la construction<br />
de nouvelles voies de déplacem<strong>en</strong>t, mais aussi et surtout à l’accession de plus <strong>en</strong><br />
plus massive de la population à des surfaces de logem<strong>en</strong>ts plus grandes, ainsi qu’à<br />
la diminution du nombre de personnes par ménage. Les villas individuelles sont <strong>en</strong><br />
grande partie responsables du problème, car souv<strong>en</strong>t implantées hors des villes et mal<br />
reliées aux réseaux de transport, elles favoris<strong>en</strong>t la construction de nouveaux accès.<br />
Elles sont par ailleurs elles-mêmes grandes consommatrices de surface. Si l’on se<br />
1 Offi ce fédéral du développem<strong>en</strong>t territorial, Rapport 2005 sur le développem<strong>en</strong>t<br />
territorial, 2005, Berne<br />
7
8<br />
Fig. 2 : Un projet pour une Suisse dynamique et solidaire. Il se veut une synthèse des 4 scénarios<br />
précéd<strong>en</strong>ts. Il prés<strong>en</strong>te cinq zones métropolitaines : Bâle, Berne, Léman, Zurich, Tessin et<br />
propose les mesures suivantes:<br />
- Il faut t<strong>en</strong>ter de contrecarrer le scénario «Une Suisse des métropoles» et son développem<strong>en</strong>t<br />
territorial déséquilibré. Cette évolution repose sur trois métropoles très dynamiques qui monopolis<strong>en</strong>t<br />
la quasi totalité de la vitalité du pays.<br />
- Les retombées négatives du scénario «Dispersion et éclatem<strong>en</strong>t» doiv<strong>en</strong>t être combattues,<br />
car elles pourrai<strong>en</strong>t conduire à un développem<strong>en</strong>t urbain très coûteux et néfaste pour toutes les<br />
régions du pays.<br />
- Dans la vision de réseau interurbain du scénario «Une Suisse urbaine polyc<strong>en</strong>trique», une dynamique<br />
positive des villes permet d’assurer un développem<strong>en</strong>t durable.<br />
- Comme dans le scénario «Une Suisse des régions», il faut éviter que les régions périphériques<br />
soi<strong>en</strong>t abandonnées à leur sort. Cela suppose un r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la solidarité <strong>en</strong>tre ville et campagne,<br />
de même qu’<strong>en</strong>tre cantons.<br />
Fig. 3 : Croissance des surfaces bâties <strong>en</strong>tre 1979/1885 et 1992/1997
p<strong>en</strong>che sur l’<strong>en</strong>quête de l’Offi ce fédéral de la statistique 1 concernant la croissance des<br />
surfaces bâties <strong>en</strong>tre 1979/1985 et 1992/1997, on remarque que les villas individuelles<br />
représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 30 % des nouvelles surfaces bâties et les transports 23 %, alors que les<br />
immeubles de logem<strong>en</strong>ts collectifs ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t que 14 %. Cela illustre clairem<strong>en</strong>t<br />
que l’habitat connaît un développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> périphérie des villes ou à la campagne, au<br />
détrim<strong>en</strong>t des surfaces agricoles, et que la réfl exion sur le logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre urbain<br />
n’est que peu développée.<br />
Ce type d’urbanisation s’opère et s’int<strong>en</strong>sifi e depuis les années 1970. A l’époque,<br />
la différ<strong>en</strong>ciation <strong>en</strong>tre ville et campagne pouvait <strong>en</strong>core être perçue de manière claire.<br />
Or, elle s’efface aujourd’hui dans l’étalem<strong>en</strong>t désordonné et généralisé des villes. Les<br />
c<strong>en</strong>tres historiques sont toujours reconnaissables par leur d<strong>en</strong>sité spécifi que, mais<br />
l’étalem<strong>en</strong>t sous forme de zones autour de ces c<strong>en</strong>tres ne permet plus une lecture<br />
claire de la ville, qui perd, par son éclatem<strong>en</strong>t, son caractère propre. Le territoire<br />
s’uniformise. Dans les années 1960, <strong>en</strong> Suisse, la moitié de la population vivait <strong>en</strong><br />
agglomération. Ce taux est passé aujourd’hui à 70 %. De plus, 82 % des places de<br />
travail se trouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> zone fortem<strong>en</strong>t urbanisée.<br />
L’approche politique et administrative actuelle de l’organisation territoriale favorise<br />
un développem<strong>en</strong>t par zones distinctes (commerciales, résid<strong>en</strong>tielles, industrielles,<br />
de loisirs) et ne favorise pas la mixité des activités, ce qui infl ue grandem<strong>en</strong>t sur la<br />
mobilité. Le schéma « travail au c<strong>en</strong>tre ville - habitat <strong>en</strong> périphérie » t<strong>en</strong>d à disparaître<br />
au profi t d’un développem<strong>en</strong>t des villes par secteurs de types distincts. Cela implique<br />
un croisem<strong>en</strong>t des fl ux et des p<strong>en</strong>dulaires <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts quartiers des villes,<br />
ainsi que des diffi cultés dans la gestion des transports <strong>en</strong> commun. Cep<strong>en</strong>dant, ce<br />
développem<strong>en</strong>t anarchique n’a pas lieu uniquem<strong>en</strong>t dans le pourtour des villes et<br />
des agglomérations. En effet, il touche aussi fortem<strong>en</strong>t la campagne, dans laquelle<br />
se bâtiss<strong>en</strong>t la grande majorité des nouvelles habitations, ce qui lui fait perdre son<br />
caractère au profi t d’une ext<strong>en</strong>sion de la zone urbanisée diffuse et d’une unifi cation<br />
d’un paysage périurbain.<br />
Vinc<strong>en</strong>t Fouchier 2 aborde la notion de la d<strong>en</strong>sité dans la perspective du<br />
développem<strong>en</strong>t durable. Il fait m<strong>en</strong>tion du rapport de la Communauté économique<br />
europé<strong>en</strong>ne datant de 1990, le livre vert 3 , qui propose certains principes à mettre <strong>en</strong><br />
œuvre pour stopper l’étalem<strong>en</strong>t désordonné des villes europé<strong>en</strong>nes :<br />
- « remplacer le zonage par une utilisation multifonctionnelle du sol ce<br />
qui implique le développem<strong>en</strong>t des quartiers introduisant une mixité de<br />
programmes plutôt que des îlots monoprogrammatiques ;<br />
- déf<strong>en</strong>dre le patrimoine bâti contre le style international, mais éviter l’imitation<br />
de l’anci<strong>en</strong>. La volonté de reproduire les bâtim<strong>en</strong>ts du passé, qui ne sont<br />
plus adaptés à nos modes de vie, n’est pas justifi able. Il faut conserver et<br />
transformer ces témoins du passé <strong>en</strong> les respectant et éviter de les remplacer<br />
à tout prix par du moderne ;<br />
1 Offi ce fédérale de la statistique (OFS), statistique de la superfi cie, Neuchâtel.<br />
2 Fouchier Vinc<strong>en</strong>t, Les d<strong>en</strong>sités urbaines et le développem<strong>en</strong>t durable, le cas de<br />
l’Ile-de-France et des villes nouvelle, Editions du SGVN, décembre 1997.<br />
3 Commission des communautés europé<strong>en</strong>nes, Livre vert sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t urbain,<br />
Luxembourg, CEE, 1990.<br />
9
10<br />
Fig. 4 : Le village des G<strong>en</strong>eveys-sur-Coffrane, dans le Val-de-Ruz. Le noyau villageois est <strong>en</strong>core<br />
visible <strong>en</strong> haut de l’image. Les quartiers neufs se sont développés par zones différ<strong>en</strong>ciées.<br />
Fig. 5 : La commune de Corcelles-Cormondrèche, à l’ouest de Neuchâtel, connaît un développem<strong>en</strong>t<br />
rapide. Les coteaux de vignes bi<strong>en</strong> exposés font place aux villas individuelles.
- éviter de résoudre les problèmes de la ville <strong>en</strong> ét<strong>en</strong>dant les périphéries : la<br />
ville peut tout d’abord se transformer sur elle-même et utiliser les multiples<br />
possibilités offertes <strong>en</strong> son sein sans se répandre inutilem<strong>en</strong>t dans les<br />
espaces qui l’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t. »<br />
Vinc<strong>en</strong>t Fouchier a <strong>en</strong> outre abordé la question de la d<strong>en</strong>sité sous l’angle du<br />
développem<strong>en</strong>t durable après la publication, <strong>en</strong> 1989, d’une étude australi<strong>en</strong>ne 1<br />
qui illustre que plus la d<strong>en</strong>sité des villes est importante, moins la consommation <strong>en</strong><br />
carburant est élevée. La proximité des activités proposée par les villes d<strong>en</strong>ses favorise<br />
l’utilisation des transports collectifs et les déplacem<strong>en</strong>ts piétons. Les transports<br />
individuels sont <strong>en</strong> partie abandonnés. Cette étude classe différ<strong>en</strong>tes villes du monde<br />
selon leur d<strong>en</strong>sité, puis compare leur taux de pollution dû aux véhicules. Les villes<br />
d’Europe sont, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, trois à quatre fois plus d<strong>en</strong>ses et les villes d’Asie jusqu’à<br />
dix fois plus d<strong>en</strong>ses que les villes américaines. Ces dernières connaiss<strong>en</strong>t de grands<br />
problèmes liés au trafi c individuel, car leur sectorisation ne permet pas un déplacem<strong>en</strong>t<br />
piétonnier et les transports publics y sont peu développés.<br />
La réfl exion sur la d<strong>en</strong>sité ne doit pas porter uniquem<strong>en</strong>t sur les villes, mais<br />
sur tout le territoire. Les noyaux bâtis existants, quelle que soit leur taille, doiv<strong>en</strong>t<br />
être considérés. Ce mode d’action est tout aussi important dans les villages, dont<br />
les c<strong>en</strong>tres étai<strong>en</strong>t précisém<strong>en</strong>t défi nis, et qui possédai<strong>en</strong>t une organisation claire et<br />
cohér<strong>en</strong>te vis-à-vis du territoire, mais qui se retrouv<strong>en</strong>t aujourd’hui noyés dans un<br />
développem<strong>en</strong>t anarchique dû, <strong>en</strong> partie, au zonage. L’habitat d<strong>en</strong>se, même dans les<br />
campagnes, favorise la consommation locale, le li<strong>en</strong> social et le commerce de proximité,<br />
alors que les zones résid<strong>en</strong>tielles de type villas, détachées du noyau villageois,<br />
favoris<strong>en</strong>t l’utilisation d’un véhicule privé afi n d’accéder facilem<strong>en</strong>t aux services. Ce<br />
type d’organisation ne permet <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> aux habitants de former une collectivité soudée<br />
et de garder les villages vivants.<br />
Dans une publication de l’année 1991, intitulée « Contribution de la Confédération<br />
et des cantons à une utilisation mesurée du sol 2 », les problèmes relatifs à l’étalem<strong>en</strong>t<br />
urbain et à la consommation à outrance de notre territoire sont déjà évoqués. Plus de<br />
15 ans après, les mesures proposées pour pallier cet étalem<strong>en</strong>t urbain ont toujours<br />
de la peine à s’imposer. Bi<strong>en</strong> que de nombreux professionnels soi<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibles au<br />
problème, une réelle prise de consci<strong>en</strong>ce générale n’a pas vu le jour. Alors que la<br />
solution de la d<strong>en</strong>sifi cation et la critique de la politique d’aménagem<strong>en</strong>t des communes,<br />
qui ne peuv<strong>en</strong>t plus faire face seules au développem<strong>en</strong>t urbain et dont les représ<strong>en</strong>tants<br />
politiques sont peu s<strong>en</strong>sibilisés au problème, étai<strong>en</strong>t déjà d’actualité à l’époque, la<br />
poursuite d’une urbanisation anarchique, sous forme de zones, est toujours de mise<br />
aujourd’hui, bi<strong>en</strong> que des efforts ai<strong>en</strong>t été <strong>en</strong>trepris sur certains points. Toutefois,<br />
sans l’application de contraintes ou sans volontés fortes, il sera diffi cile de résoudre le<br />
problème et il faudra s’att<strong>en</strong>dre à son amplifi cation. Les projets de fusion de communes<br />
dans les agglomérations sont une des solutions pour un développem<strong>en</strong>t cohér<strong>en</strong>t de<br />
ces mêmes agglomérations. Cep<strong>en</strong>dant, elles sont malheureusem<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t rejetées<br />
par la population.<br />
1 Newman Peter et K<strong>en</strong>worthy Jeffrey, Cities and automobile dep<strong>en</strong>dance : an<br />
international sourcebook, Aldershot, Gower, 1989.<br />
2 Gugger Markus et Strittmatter Pierre, Contribution de la Confédération et des cantons<br />
à une utilisation mesurée du sol, rapport thématique du Programme «Sol» du Fonds<br />
National de la recherche, 1991, Liebefeld-Berne.<br />
11
12<br />
Fig. 6 : Reconversion de l’anci<strong>en</strong>ne fi che ferroviaire de Neuchâtel. En avant plan, les logem<strong>en</strong>ts<br />
du bureau Devanthéry & Lamunière. Derrière, l’Offi ce fédéral de la statistique. Dans le fond,<br />
les nouveaux logem<strong>en</strong>ts du bureau Bauart et, <strong>en</strong> construction, le conservatoire et les hautes<br />
écoles.<br />
Fig. 7 et 8 : Transformation du quartier de Saint-Alban à Bâle. Les anci<strong>en</strong>nes constructions ont<br />
été conservées et transformées, et de nouveaux bâtim<strong>en</strong>ts ont été construits.<br />
Fig. 9 et 10 : Les anci<strong>en</strong>nes usines Thor<strong>en</strong>s de Sainte-Croix abrit<strong>en</strong>t dorénavant des logem<strong>en</strong>ts<br />
de types divers, ce qui confère une certaine mixité au quartier.
Il faut pourtant m<strong>en</strong>tionner certaines mesures prises. Une publication de<br />
l’Association suisse pour l’aménagem<strong>en</strong>t national 1 propose une classifi cation des<br />
d<strong>en</strong>sifi cations <strong>en</strong> trois catégories distinctes : réutilisation d’anci<strong>en</strong>s terrains c<strong>en</strong>traux<br />
abandonnés, agrandissem<strong>en</strong>t de bâtim<strong>en</strong>ts existants et changem<strong>en</strong>t d’affectation de<br />
bâtim<strong>en</strong>ts vides. Ces propositions ont déjà trouvé, au cours des dernières années, des<br />
échos dans diverses réalisations exemplaires:<br />
- la réutilisation d’anci<strong>en</strong>s terrains c<strong>en</strong>traux abandonnés :<br />
On peut citer <strong>en</strong> exemple les anci<strong>en</strong>nes zones de grande industrie qui ont délocalisé<br />
leurs activités ou ont fermé, et dont la grandeur des installations - par exemple des<br />
grandes halles - ne permet pas une réutilisation. En Suisse, un nombre important de<br />
friches ferroviaires sont disponibles et att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t une transformation. Certaines ont<br />
déjà subit une mutation. On peut citer <strong>en</strong> exemple la reconversion des anci<strong>en</strong>nes<br />
usines Sulzer à Winterthur, de ZüriWest ou la transformation de la friche ferroviaire<br />
de Neuchâtel, trois sites qui ont fait place à des quartiers mixtes dédiés au logem<strong>en</strong>t,<br />
à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et au commerce. Cette réutilisation peut aussi s’appliquer <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre<br />
ville. A G<strong>en</strong>ève, par exemple, un îlot du quartier des Pâquis à été réaménagé 2 . Il<br />
compr<strong>en</strong>d des logem<strong>en</strong>ts, une école et une bibliothèque. Il est un exemple de forte<br />
d<strong>en</strong>sité <strong>en</strong> ville et propose un programme mixte.<br />
- l’agrandissem<strong>en</strong>t de bâtim<strong>en</strong>ts existants :<br />
Il faudrait favoriser l’utilisation de surfaces tel que caves, combles et cours<br />
intérieures d’immeubles. Ces d<strong>en</strong>sifi cations peuv<strong>en</strong>t se faire par rehaussem<strong>en</strong>t,<br />
épaississem<strong>en</strong>t ou remplissage. Un exemple intéressant de la d<strong>en</strong>sifi cation par<br />
agrandissem<strong>en</strong>t se trouve à Bâle. Il est quelque peu surpr<strong>en</strong>ant, car il ne concerne<br />
pas une seule construction, mais un quartier <strong>en</strong>tier. Il s’agit du quartier de Saint-<br />
Alban, anci<strong>en</strong> lieu dévoué à la petite industrie au fi l de l’eau. Le quartier artisanal a été<br />
transformé <strong>en</strong> quartier mixte (logem<strong>en</strong>ts, ateliers et bureaux) par la conservation et la<br />
transformation des bâtim<strong>en</strong>ts existants et par l’adjonction de nouvelles constructions.<br />
- le changem<strong>en</strong>t d’affectation de bâtim<strong>en</strong>ts vides :<br />
Les transformations de petites usines ou de locaux ruraux dont l’utilisation n’est<br />
plus assurée permett<strong>en</strong>t de conserver le patrimoine bâti tout <strong>en</strong> le réaménageant, afi n<br />
qu ‘il convi<strong>en</strong>ne aux exig<strong>en</strong>ces et aux besoins de notre temps. Les exemples sont<br />
nombreux. Il faut citer le travail de Philippe Gueissaz, qui a transformé de nombreux<br />
bâtim<strong>en</strong>ts, dont d’anci<strong>en</strong>nes usines à Sainte-Croix, ce qui a permis de créer un quartier<br />
de logem<strong>en</strong>ts mixtes accueillant des familles, des étudiants et des personnes âgées.<br />
Ces exemples illustr<strong>en</strong>t qu’une prise de consci<strong>en</strong>ce a eu lieu. Elle ne doit pourtant<br />
pas se faire uniquem<strong>en</strong>t dans le domaine des professionnels de l’espace. La population<br />
doit aussi être s<strong>en</strong>sibilisée. L’initiative pour le paysage 3 peut aider à cette prise de<br />
consci<strong>en</strong>ce. Elle demande l’arrêt de l’ext<strong>en</strong>sion des zones à bâtir pour conc<strong>en</strong>trer<br />
les constructions sur les territoires déjà disponibles. Cette interdiction peut paraître<br />
quelque peu extrême, mais elle forcerait probablem<strong>en</strong>t à une réfl exion plus profonde<br />
1 Blumer Jacques, Pour une utilisation rationnelle du sol : Quelques bons exemples de<br />
construction, ASPAN, 1997, Berne.<br />
2 Aménagem<strong>en</strong>t des Pâquis G<strong>en</strong>ève-C<strong>en</strong>tre par Jean-Jacques Oberson, G<strong>en</strong>ève.<br />
3 Initiative populaire fédérale « De l’espace pour l’homme et la nature (Initiative pour le<br />
paysage). »<br />
13
14<br />
La ville <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir :<br />
La ville morcelée <strong>en</strong> passe de dev<strong>en</strong>ir<br />
réalité si aucun changem<strong>en</strong>t n’est<br />
<strong>en</strong>gagé dans la façon de gérer son<br />
développem<strong>en</strong>t. Des zones diversifi<br />
ées s’install<strong>en</strong>t sans planifi cation<br />
dans les périphéries. Elles ne possèd<strong>en</strong>t<br />
pas de liaisons <strong>en</strong>tre elles. Ces<br />
différ<strong>en</strong>ts secteurs ne sont accessibles<br />
que grâce à la voiture.<br />
La ville utopique :<br />
La ville se développe le long d’axes<br />
de transports collectifs et se d<strong>en</strong>sifi e<br />
sur les gares, tout <strong>en</strong> ménageant des<br />
espaces verts <strong>en</strong>tre les lieux bâtis.<br />
Des bras part<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre ville et<br />
les nouvelles constructions ont lieu le<br />
long de ces bras.<br />
La ville réaliste :<br />
Fig. 11 : Les trois visions imaginées par David Mangin pour le futur des villes<br />
Elle se situe <strong>en</strong>tre les deux propositions<br />
précéd<strong>en</strong>tes. Elle freine le<br />
développem<strong>en</strong>t anarchique illustré<br />
dans le premier exemple par l’application<br />
des principes illustrés dans le<br />
deuxième exemple.
sur une manière rationnelle d’aménager notre territoire et forcerait à la réutilisation de<br />
terrains délaissés plutôt qu’à la colonisation de nouveaux espaces.<br />
Le réc<strong>en</strong>t ouvrage, Un pays vu du ciel : le canton de Neuchâtel 1 , propose une lecture<br />
de ce canton par une importante série de photographies aéri<strong>en</strong>nes qui permett<strong>en</strong>t<br />
de pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce de l’urbanisation rapide du territoire. Le livre est préfacé par<br />
Pierre Alain Rumeley, l’actuel directeur de l’Offi ce fédéral du développem<strong>en</strong>t territorial<br />
et l’anci<strong>en</strong> chef de l’aménagem<strong>en</strong>t du territoire du canton de Neuchâtel. Il met <strong>en</strong><br />
garde contre la dérive du développem<strong>en</strong>t anarchique de l’urbain et des transports :<br />
« L’ouvrage invite à la poursuite d’un aménagem<strong>en</strong>t du territoire rationnel et cohér<strong>en</strong>t<br />
si l’on veut préserver ces qualités territoriales remarquables […] il convi<strong>en</strong>t d’éviter la<br />
poursuite du mitage du territoire et de réori<strong>en</strong>ter le développem<strong>en</strong>t de l’urbanisation<br />
vers l’intérieur par l’utilisation prioritaire des secteurs déjà construits ».<br />
Dans La ville franchisée 2 , David Mangin opère un constat de la situation urbaine. Il<br />
explique son étalem<strong>en</strong>t et de sa sectorisation, due <strong>en</strong> à une nouvelle forme d’utilisation<br />
des espaces de consommation (commerces et loisirs) et d’habitat (lotissem<strong>en</strong>ts<br />
résid<strong>en</strong>tiels). Il attribue <strong>en</strong> partie la faute à l’exportation du modèle américain vers<br />
l’Europe et propose trois scénarios pour un développem<strong>en</strong>t futur et cohér<strong>en</strong>t des cités<br />
europé<strong>en</strong>nes.<br />
Le premier expose une ville <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir. C’est la situation à laquelle nous serons<br />
confrontés si aucune mesure n’est prise pour la réorganiser et pour freiner son<br />
étalem<strong>en</strong>t. Mitage du territoire par la construction de logem<strong>en</strong>ts individuels ( villa ),<br />
séparations sociales des populations par classe résid<strong>en</strong>tielle, pleins pouvoirs des<br />
transports individuels, implantation anarchique des infrastructures et muséifi cation des<br />
c<strong>en</strong>tres anci<strong>en</strong>s, souv<strong>en</strong>irs d’une ville disparue.<br />
Le deuxième scénario se veut utopique et demande la d<strong>en</strong>sifi cation des parties de<br />
la ville déjà bâties, un rapprochem<strong>en</strong>t des activités habitat-travail-loisir, une politique<br />
des transports publics forte, une priorité aux cyclistes et aux piétons, une réduction<br />
des clivages programmatiques par la suppression des zones au profi t de la mixité,<br />
ainsi qu’une d<strong>en</strong>sifi cation de la ville sur les nœuds de transports urbains telles les<br />
gares ferroviaires.<br />
Le troisième et dernier scénario se veut réaliste. Il est une synthèse des deux<br />
scénarios précéd<strong>en</strong>ts. David Mangin le défi nit comme suit : « [...] Cela dit, trois grands<br />
chantiers peuv<strong>en</strong>t être structurés ici : privilégier l’urbanisme de tracés plutôt que<br />
l’urbanisme de secteurs ; la ville passante plutôt qu’une juxtaposition d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts<br />
sécurisés ; la ville métisse plutôt que la ville homogène. En d’autres termes, il s’agit<br />
de rep<strong>en</strong>ser les tracés à l’échelle territoriale, les d<strong>en</strong>sités <strong>en</strong> terme de d<strong>en</strong>sifi cation, et<br />
l’hétérogénéité <strong>en</strong> terme d’hétérog<strong>en</strong>èse. » 3<br />
Il convi<strong>en</strong>t de défi nir ce que David Mangin <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d par les termes de tracés, de<br />
d<strong>en</strong>sité et d’hétérogénéité.<br />
1 Bettinelli Ennio, Jelmini Jean-Pierre, Un pays vu du ciel : le canton de Neuchâtel,<br />
Presses du belvédère, 2007, Sainte-Croix<br />
2 Mangin David, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine,<br />
Editions de la Vilette, 2004, Paris<br />
3 Mangin David, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine,<br />
Editions de la Vilette, 2004, Paris, <strong>page</strong> 321<br />
15
16<br />
Fig. 12 : La première fi gure illustre le principe d’implantation des constructions au c<strong>en</strong>tre de la<br />
parcelle, qui permet diffi cilem<strong>en</strong>t un agrandissem<strong>en</strong>t. La seconde illustre la solution proposée par<br />
David Mangin, qui permettrait une d<strong>en</strong>sifi cation facilitée.<br />
Fig. 13 : Illustration de l’implantation des nouveaux quartiers d’habitation dans différ<strong>en</strong>ts pays, ce<br />
qui montre que le problème de l’étalem<strong>en</strong>t urbain est général.
Lorsqu’il propose de favoriser une urbanisation de tracés par rapport a une<br />
urbanisation de secteurs, il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d appliquer cette urbanisation à toutes les échelles<br />
du territoire. Pour cela, il faut porter son att<strong>en</strong>tion sur la façon de s’approprier le sol.<br />
Une telle urbanisation favoriserait le déplacem<strong>en</strong>t par des tracés cohér<strong>en</strong>ts globaux<br />
<strong>en</strong> évitant ainsi la ghettoïsation de certains quartiers et une sectorisation par types<br />
d’activités.<br />
Le concept de d<strong>en</strong>sité tel que le conçoit David Mangin précise que la notion de temps<br />
dans le processus de d<strong>en</strong>sifi cation de la ville est importante. Dans le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t<br />
perman<strong>en</strong>t du tissu des villes du passé, cette notion de temps était la règle, mais<br />
elle est aujourd’hui freinée par les règlem<strong>en</strong>ts qui ne laiss<strong>en</strong>t que peu de liberté aux<br />
propriétaires. Il est <strong>en</strong> effet diffi cile de procéder à l’agrandissem<strong>en</strong>t d’un bâtim<strong>en</strong>t privé<br />
pour satisfaire à de nouveaux besoins. Il porte sa réfl exion sur les aménagem<strong>en</strong>ts<br />
de parcelles qui privilégi<strong>en</strong>t les implantations c<strong>en</strong>trales des constructions, dans<br />
les quartiers de villas plus qu’ailleurs, ce qui crée, <strong>en</strong> cas d’agrandissem<strong>en</strong>t de la<br />
construction, une agression pour le voisin. Une implantation du bâtim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> bordure<br />
de parcelle permettrait une d<strong>en</strong>sifi cation sur la profondeur et la hauteur sans qu’une<br />
gêne soit créée pour les parcelles att<strong>en</strong>antes.<br />
Il défi nit aussi l’hétérogénéité de la ville comme une somme de parties différ<strong>en</strong>tes,<br />
d’échelles différ<strong>en</strong>tes, le tout <strong>en</strong> constante mutation. Il dénonce donc la ville homogène<br />
et préconise la diversité d’un point de vue visuel, fonctionnel et social afi n que la ville<br />
offre des mixités multiples.<br />
Après ces considérations générales qui éman<strong>en</strong>t d’horizons divers et défi niss<strong>en</strong>t<br />
l’état actuel de la situation, il va falloir aborder la question de la ville et de ce qui la<br />
caractérise. Il faudra aussi aborder la d<strong>en</strong>sité comme un outil susceptible de pallier<br />
l’étalem<strong>en</strong>t urbain, un outil capable de restructurer la ville du piéton. Pour ce faire, il<br />
va falloir défi nir plus précisém<strong>en</strong>t le terme de d<strong>en</strong>sité, apparemm<strong>en</strong>t simple, mais qui<br />
cache toutes sortes de considérations insoupçonnées.<br />
17
18<br />
« Ce matin là, vers la fi n de janvier, l’abbé Pierre From<strong>en</strong>t, qui avait une messe à dire au<br />
Sacré-Cœur de Montmartre, se trouvait dès huit heure sur la butte, devant la basilique.<br />
Et, avant d’<strong>en</strong>trer, un instant il regarda Paris, dont la mer imm<strong>en</strong>se se déroulait à ses pieds.<br />
C’était, après deux mois de froid terrible, de neige et de glace, un Paris noyé sous un dégel morne<br />
et frissonnant. Du vaste ciel couleur de plomb, tombait le deuil d’une brume épaisse. Tout l’est de<br />
la ville, les quartiers de misère et de travail, semblai<strong>en</strong>t submergés dans des fumées roussâtres,<br />
où l’on devinait le souffl e des chantiers et des usines ; tandis que, vers l’ouest, vers les quartiers<br />
de richesse et de jouissance, la débâcle du brouillard s’éclairait, n’était plus qu’un voile fi n, immobile<br />
de vapeur. On devinait à peine la ligne ronde de l’horizon, le champ sans borne des maisons<br />
apparaissait tel un chaos de pierres, semé de marres stagnantes, qui emplissai<strong>en</strong>t les creux d’une<br />
buée pale, et sur lesquelles se détachai<strong>en</strong>t les crêtes des édifi ces et des rues hautes, d’un noir de<br />
suie. Un Paris de mystère, voilé de nuées, comme <strong>en</strong>seveli sous la c<strong>en</strong>dre de quelques désastres,<br />
disparu à demi déjà dans la souffrance et dans la honte de ce que son imm<strong>en</strong>sité cachait ».<br />
Emile Zola, Paris<br />
« A Eudoxie, qui s’ét<strong>en</strong>d vers le haut et le bas, avec des ruelles tortueuses, des escaliers, des<br />
passages, des masures, on conserve un tapis dans lequel tu peux contempler la véritable forme<br />
de la ville. A première vue, ri<strong>en</strong> ne parait moins ressembler à Eudoxie que le dessin du tapis, fait<br />
de fi gures symétriques qui répèt<strong>en</strong>t leurs motifs le long des lignes droites ou circulaires, tressé<br />
à coup d’aiguilles <strong>en</strong> couleurs éclatantes, dont tu peux suivre la trame alternée tout le long de<br />
l’ouvrage. Mais si tu t’arrêtes pour observer att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t, tu te persuade qu’à chaque point du<br />
tapis correspond un point de la ville et que tout ce que conti<strong>en</strong>t la ville est compris dans le dessin,<br />
les choses étant placées selon leurs rapports véritables, lesquels échapp<strong>en</strong>t à ton œil distrait par<br />
le va-et-vi<strong>en</strong>t, le grouillem<strong>en</strong>t, la cohue. Toute la confusion d’Eudoxie, le braim<strong>en</strong>t des mulets,<br />
les taches de noir de fumée, l’odeur de poisson, c’est ce qui t’apparaît dans la vision partielle<br />
que tu <strong>en</strong> reti<strong>en</strong>s ; mais le tapis démontre qu’il existe un point à partir duquel la ville laisse voir<br />
ses proportions véritables, le schéma géométrique implicite à chacun de ses moindres détails ».<br />
Italo Calvino, Les villes invisibles<br />
« Une ville : de la pierre, du béton, de l’asphalte. Des inconnus, des monum<strong>en</strong>ts, des institutions.<br />
Mégalopoles. Villes t<strong>en</strong>taculaires. Artères. Foules. Fourmilières? Qu’est ce que le coeur d’une<br />
ville? L’âme d’une ville? Pourquoi dit-on qu’une ville est belle ou qu’une ville est laide? Qu’y a-t-il<br />
de beau et qu’y a-t-il de laid dans une ville? Comm<strong>en</strong>t connaît-on une ville? Comm<strong>en</strong>t connaîton<br />
sa ville? Méthode: il faudrait, ou bi<strong>en</strong> r<strong>en</strong>oncer à parler de la ville, à parler sur la ville, ou<br />
bi<strong>en</strong> s’obliger à <strong>en</strong> parler le plus simplem<strong>en</strong>t du monde, <strong>en</strong> parler évidemm<strong>en</strong>t, familièrem<strong>en</strong>t.<br />
Chasser toute idée préconçue. Cesser de p<strong>en</strong>ser <strong>en</strong> termes tout préparés, oublier ce qu’ont dit<br />
les urbanistes et les sociologues. Il y a quelque chose d’effrayant dans l’idée même de la ville ;<br />
on a l’impression que l’on ne pourra que s’accrocher à des images tragiques ou désespérées :<br />
Metropolis, l’univers minéral, le monde pétrifi é, que l’on ne pourra qu’accumuler sans trêve des<br />
questions sans réponses. Nous ne pourrons jamais expliquer ou justifi er la ville. La ville est là.<br />
Elle est notre espace et nous n’<strong>en</strong> avons pas d’autre. Nous sommes nés dans des villes. Nous<br />
avons grandi dans des villes. C’est dans des villes que nous respirons. Quand nous pr<strong>en</strong>ons le<br />
train, c’est pour aller d’une ville à une autre ville. Il n’y a ri<strong>en</strong> d’inhumain dans une ville, sinon<br />
notre propre humanité ».<br />
Georges Perec, Espèce d’espaces<br />
« Habiter une ville, c’est y tisser par ses allées et v<strong>en</strong>ues journalières un lacis de parcours très<br />
généralem<strong>en</strong>t articulés autours de quelques axes directeurs Si on laisse de côté les déplacem<strong>en</strong>ts<br />
liés au rythme du travail, les mouvem<strong>en</strong>ts d’aller et de retour qui mèn<strong>en</strong>t de la périphérie<br />
au c<strong>en</strong>tre, puis du c<strong>en</strong>tre à la périphérie, il est clair que le fi l d’Ariane, idéalem<strong>en</strong>t déroulé derrière<br />
lui par le vrai citadin, pr<strong>en</strong>d dans ses circonvolutions le caractère d’un pelotonnem<strong>en</strong>t irrégulier.<br />
Tout un complexe c<strong>en</strong>tral de rues et de places s’y trouve pris dans un réseau d’allées et v<strong>en</strong>ues<br />
aux mailles serrées ; les pérégrinations exc<strong>en</strong>triques, les pointes poussées hors de ce périmètre<br />
familièrem<strong>en</strong>t hanté sont relativem<strong>en</strong>t peu fréqu<strong>en</strong>tes. Il n’existe nulle coïncid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le plan<br />
d’une ville dont nous consultons le dépliant et l’image m<strong>en</strong>tale qui surgit <strong>en</strong> nous, à l’appel de son<br />
nom, du sédim<strong>en</strong>t déposé dans la mémoire par nos vagabondages quotidi<strong>en</strong>s ».<br />
Juli<strong>en</strong> Gracq, La forme d’une ville
3. LA VILLE, LES DENSITÉS ET LE LOGEMENT<br />
Ce chapitre veut aborder la d<strong>en</strong>sité - terme applicable à de nombreux domaine -<br />
dans le contexte spécifi que des villes et du logem<strong>en</strong>t collectif. En donner une défi nition<br />
est un exercice diffi cile et périlleux. Comme ce chapitre l’expliquera, il existe une<br />
multitude de défi nitions possibles. La d<strong>en</strong>sité n’est, d’une part, pas ress<strong>en</strong>tie de<br />
manière id<strong>en</strong>tique par tous et, d’autre part, la quantifi cation est différ<strong>en</strong>te selon le<br />
territoire auquel on l’applique, ce qui r<strong>en</strong>d sa défi nition d’autant plus ardue. Il faut<br />
tout de même mettre <strong>en</strong> avant le fait qu’il est possible de distinguer deux approches<br />
de la notion. La première fait appel aux s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, aux s<strong>en</strong>sations et à la perception<br />
propres à l’individu ainsi qu’à son expéri<strong>en</strong>ce de l’espace et la seconde ne s’intéresse<br />
qu’à des notions quantitatives, utilisées principalem<strong>en</strong>t par les administrations et les<br />
règlem<strong>en</strong>ts. Cette double approche sera reprise dans les chapitres suivants, mais<br />
une priorité sera donnée à la question de la perception. Il faudra notamm<strong>en</strong>t se poser<br />
les questions suivantes : quels sont les facteurs qui, pour une même d<strong>en</strong>sité effective,<br />
font varier la d<strong>en</strong>sité perçue ? Quelle est la part de perception personnelle ? Existe-t-il<br />
une d<strong>en</strong>sité idéale ? Quelle infl u<strong>en</strong>ce la d<strong>en</strong>sité peut-elle avoir sur la population et la<br />
perception de la ville ? Les règlem<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t-ils aider à la conception du projet et à<br />
la détermination d’une forme urbaine ?<br />
Perception de la ville<br />
La problématique de la d<strong>en</strong>sité apparaît lorsque la question de la perception de<br />
la ville est abordée. En effet, avec l’éclatem<strong>en</strong>t des villes et la dissolution du tissu,<br />
la d<strong>en</strong>sité, qui a toujours caractérisé la ville jusqu’au XIX e siècle, a disparu et r<strong>en</strong>d<br />
aujourd’hui la perception particulièrem<strong>en</strong>t diffi cile pour ceux qui pratiqu<strong>en</strong>t l’espace<br />
urbain. Depuis la révolution industrielle, la ville est passée d’un lieu circonscrit,<br />
permettant la déambulation, les parcours et les r<strong>en</strong>contres, à une logique de fl ux, qui<br />
ont progressivem<strong>en</strong>t pris la place des lieux. Tout d’abord, l’int<strong>en</strong>sifi cation et la facilité<br />
des échanges et des déplacem<strong>en</strong>ts a induit un éloignem<strong>en</strong>t des activités. L’accélération<br />
des échanges et la diminution du temps disponible a prétérité la fréqu<strong>en</strong>tation des lieux.<br />
L’expéri<strong>en</strong>ce de la ville a progressivem<strong>en</strong>t disparu, <strong>en</strong> même temps qu’elle s’est étalée<br />
et que ses spécifi cités se sont dissociées les unes des autres. Ces changem<strong>en</strong>ts ne<br />
permett<strong>en</strong>t plus aucune proximité <strong>en</strong>tre les activités et les utilisateurs. Les notions de<br />
parcours et de r<strong>en</strong>contre se trouv<strong>en</strong>t limitées par cette organisation, ce qui n’est pas<br />
sans poser certains problèmes d’ordre social. La pratique de la ville par ses utilisateurs<br />
a changé. Elle ne correspond plus aux caractères décrits ci-dessus. Le c<strong>en</strong>tre ville est<br />
dev<strong>en</strong>u un lieu de souv<strong>en</strong>ir de la ville disparue. Il ne sert plus que de témoin d’un mode<br />
de fonctionnem<strong>en</strong>t qui s’est perdu dans une ville des réseaux et des fl ux. La culture<br />
urbaine a besoin de proximité et de discontinuité pour son essor. La notion de la ville<br />
perçue par son utilisateur t<strong>en</strong>d à s’effacer au profi t de la ville générique ou d’un urbain<br />
généralisé qui fait perdre à l’homme toute idée de ce qu’est la ville de proximité.<br />
Il convi<strong>en</strong>t donc d’aborder, dans cette partie du travail, la perception de l’urbain et<br />
des d<strong>en</strong>sités à travers différ<strong>en</strong>ts auteurs, architectes ou urbanistes, qui ont porté leurs<br />
regards sur la ville et qui ont mis <strong>en</strong> avant les élém<strong>en</strong>ts, les formes, les lieux et les<br />
s<strong>en</strong>sations qui font la ville ainsi que ceux qui la défont.<br />
19
20<br />
Fig. 14 : Les cinq élém<strong>en</strong>ts qui favoris<strong>en</strong>t la lisibilité des paysages urbains selon Kevin Lynch. La<br />
ville est id<strong>en</strong>tifi ée par des élém<strong>en</strong>ts qui se combin<strong>en</strong>t pour former une image globale et lisible.
La perception de la ville, de ses qualités et de ses défauts, a été largem<strong>en</strong>t<br />
illustrée dans la littérature et a hanté bon nombre d’auteurs. Au XIX e siècle, lorsque les<br />
mutations, principalem<strong>en</strong>t dues à l’industrialisation, se sont mises <strong>en</strong> marche, ceuxci<br />
percevai<strong>en</strong>t le changem<strong>en</strong>t rapide de leur lieu de vie. Certains se sont attaché à<br />
regretter la ville du passé ; d’autres ont décrit l’ambiance caractéristique de la ville de<br />
l’époque par différ<strong>en</strong>ts tableaux de vie, comme Baudelaire dans les sple<strong>en</strong> parisi<strong>en</strong>s ;<br />
d’autres <strong>en</strong>core se sont intéressés à la ville industrielle et à ses conditions de vie,<br />
comme Zola. Parmi les auteurs du XX e siècle, on peut citer Italo Calvino, qui, dans<br />
les villes invisibles, tout <strong>en</strong> ne décrivant aucune ville connue, pousse à une réfl exion<br />
sur toutes les villes. Juli<strong>en</strong> Gracq, qui décrit la ville de Nantes, sa ville, ou de Georges<br />
Perec, qui, dans Espèce d’espace observe le monde qui nous <strong>en</strong>toure <strong>en</strong> considérant<br />
des lieux allant de la chambre à l’univers tout <strong>en</strong>tier, avec notamm<strong>en</strong>t des passages<br />
concernant l’appartem<strong>en</strong>t, le quartier et la ville. Ces exemples permett<strong>en</strong>t d’illustrer<br />
que la ville n’est pas uniquem<strong>en</strong>t l’oeuvre des architectes et des urbanistes, mais<br />
que chacun peut <strong>en</strong> avoir une approche différ<strong>en</strong>te. Les visions de la ville réveill<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
chacun de nous des s<strong>en</strong>sations diverses.<br />
Kevin Lynch, dans l’image de la cité 1 traite de l’appar<strong>en</strong>ce de la ville, de sa<br />
perception et des expéri<strong>en</strong>ces qu’elle propose à ses utilisateurs ainsi que de la manière<br />
dont ces derniers <strong>en</strong> retranscriv<strong>en</strong>t l’image. Il parle d’analyse visuelle de la ville. Pour<br />
lui, plus qu’un spectateur, l’homme est un acteur de l’espace urbain. Il s’y déplace, y<br />
agit, y p<strong>en</strong>se, y rêve tout <strong>en</strong> l’observant. Son point de vue peut changer au fi l du temps.<br />
Il s’est attaché à analyser la représ<strong>en</strong>tation m<strong>en</strong>tale que se font les utilisateurs de la<br />
ville qu’ils fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t. Lynch fait part de quelques considérations sur l’image de notre<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Dans son étude, il a t<strong>en</strong>té de défi nir la lisibilité du paysage urbain et<br />
les élém<strong>en</strong>ts qui peuv<strong>en</strong>t y contribuer. Il <strong>en</strong> a ret<strong>en</strong>u cinq : les voies, les limites, les<br />
quartiers, les nœuds, les points de repère. D’après lui, tous les s<strong>en</strong>s concour<strong>en</strong>t à<br />
la perception de l’<strong>en</strong>tourage. Couleurs, formes, mouvem<strong>en</strong>ts, lumières, odeur, son,<br />
toucher sont autant de facteurs pouvant infl u<strong>en</strong>cer la perception. La surprise doit faire<br />
partie du parcours de la ville, mais ne doit pas être synonyme de perte des repères. Il<br />
cite les villes médiévales, qui permett<strong>en</strong>t la surprise, mais dont le plan général reste<br />
compréh<strong>en</strong>sible. Il défi ni aussi le terme de l’imagibilité : « c’est, pour un objet physique,<br />
la qualité grâce à laquelle il a de grandes chances de provoquer une forte image chez<br />
n’importe quel utilisateur ». Les villes devrai<strong>en</strong>t posséder un fort degré d’imagibilité,<br />
afi n de pouvoir être lues et comprises par tous leurs utilisateurs. La ville prés<strong>en</strong>terait<br />
une structure id<strong>en</strong>tifi able, composée d’élém<strong>en</strong>ts distincts (les cinq élém<strong>en</strong>ts cités plus<br />
haut) mais reconnaissables.<br />
Par la notion du parcours et de la pratique de l’espace urbain, il est possible de<br />
rev<strong>en</strong>ir à la notion de d<strong>en</strong>sité, un facteur qui facilite les parcours des individus dans<br />
la ville, qu’ils soi<strong>en</strong>t décidés ou non. Ils permett<strong>en</strong>t une expérim<strong>en</strong>tation des espaces<br />
de la ville. Juli<strong>en</strong> Gracq a décrit la ville d<strong>en</strong>se comme un lieu favorisant les parcours.<br />
Ces derniers permett<strong>en</strong>t de se créer notre propre expéri<strong>en</strong>ce de la ville. Il fait aussi<br />
ressortir que la ville n’est pas faite de monum<strong>en</strong>ts singuliers, mais que c’est le tissu<br />
qui la structure (Ce qui sera illustré plus loin par la ville de Berne). Contrairem<strong>en</strong>t à<br />
la t<strong>en</strong>dance actuelle qui fait des villes un musée <strong>en</strong> plein air, Gracq nous les décrit<br />
comme une succession de passages et de seuils permettant des expéri<strong>en</strong>ces diverses<br />
et dans lesquels tous les corps individuels se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t. La profusion et la d<strong>en</strong>sité<br />
des bruits, des odeurs, ainsi que l’int<strong>en</strong>sité ou l’abs<strong>en</strong>ce de lumière constitu<strong>en</strong>t une<br />
certaine perception de la ville.<br />
1 Lynch Kevin, L’image de la cité, Dunod, 1999, Paris<br />
21
22<br />
Fig. 15 et 16 : D<strong>en</strong>sités diverses<br />
Fig. 17 et 18 : D<strong>en</strong>sité meurtrière au XIX e siècle et aujourd’hui<br />
Fig. 19 : D<strong>en</strong>sité sociale à Tokyo, diverses activités se réuniss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> un même lieu.
La ville actuelle, diffuse, étalée, ne propose donc plus une expéri<strong>en</strong>ce de la ville,<br />
ou plutôt ne propose plus la même expéri<strong>en</strong>ce de la ville qu’auparavant. Les relations<br />
physiques de l’être humain avec son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et ses semblables ne peuv<strong>en</strong>t plus<br />
avoir lieu de la même manière que par le passé. La dissolution de la ville fait perdre<br />
une certaine perception de l’urbain qui pourrait être retrouvée par la red<strong>en</strong>sifi cation<br />
des villes. Cela pose problème, car la d<strong>en</strong>sité souffre souv<strong>en</strong>t d’une mauvaise image.<br />
Elle est <strong>en</strong> général défi nie par certains des termes suivants : proximité, pénombre,<br />
étouffem<strong>en</strong>t, conc<strong>en</strong>tration, verticalité, surd<strong>en</strong>sité, compacité, surpeuplem<strong>en</strong>t ou<br />
<strong>en</strong>core surpopulation, mais ne correspond <strong>en</strong> général pas à la d<strong>en</strong>sité réelle du lieu<br />
évoqué. Les méthodes de planifi cation et de construction, le mode d’aménagem<strong>en</strong>t<br />
des espaces extérieurs et leur prés<strong>en</strong>ce ou abs<strong>en</strong>ce, la relation <strong>en</strong>tre l’appartem<strong>en</strong>t<br />
privé et l’extérieur semi-public et public ainsi que la mixité des programmes jou<strong>en</strong>t un<br />
rôle extrêmem<strong>en</strong>t important dans la perception, bonne ou mauvaise, de la d<strong>en</strong>sité. Le<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité se mesure aussi à la fréqu<strong>en</strong>ce et à l’int<strong>en</strong>sité des expéri<strong>en</strong>ces<br />
vécues et à la d<strong>en</strong>sité de population du quartier ou de l’immeuble. La d<strong>en</strong>sité perçue<br />
d’un lieu peut être infl u<strong>en</strong>cée par divers facteurs qu’il est possible de rassembler dans<br />
trois groupes distincts : la population, la mixité et la typologie du bâti.<br />
- La population :<br />
Elle peut jouer un rôle prépondérant dans la perception de la d<strong>en</strong>sité. Il est possible<br />
de citer deux types de d<strong>en</strong>sité qu’une population peut <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer.<br />
Un premier courant de p<strong>en</strong>sée constate la proximité humaine dans certains lieux,<br />
comme par exemple dans les villes du XIX e siècle, au sein de quartiers extrêmem<strong>en</strong>t<br />
d<strong>en</strong>ses et souv<strong>en</strong>t surpeuplés. Ces conditions n’offr<strong>en</strong>t pas un cadre de vie idéal<br />
pour les populations et t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t plutôt à r<strong>en</strong>dre la vie impossible. Les proximités,<br />
l’<strong>en</strong>tassem<strong>en</strong>t et la misère sociale favoris<strong>en</strong>t donc les frictions <strong>en</strong>tre les occupants<br />
ainsi que le désordre social. L’exemple actuel pourrait être celui des cités françaises<br />
délaissées. Cette vision de la d<strong>en</strong>sité sociale a été défi nie comme « Théorie implicite<br />
de la d<strong>en</strong>sité meurtrière » 1 .<br />
Selon le second courant de p<strong>en</strong>sée, le mode de vie que propose une d<strong>en</strong>sité<br />
à la fois humaine et urbaine est l’élém<strong>en</strong>t décl<strong>en</strong>cheur d’une vie sociale plus riche<br />
favorisant la création de nouveaux li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts acteurs de la vie citadine<br />
et ses populations diverses. Il est fait m<strong>en</strong>tion dans ce cas de « Théorie implicite de la<br />
d<strong>en</strong>sité sociale ».<br />
La vision de la d<strong>en</strong>sité peut changer selon le groupe social auquel apparti<strong>en</strong>t<br />
un individu. Par exemple, le degré d’inaccessibilité à la maison individuelle pour des<br />
populations à faible rev<strong>en</strong>u, la situation du quartier par rapport au c<strong>en</strong>tre et aux activités<br />
proposées, la typologie de l’appartem<strong>en</strong>t et la morphologie du bâti, l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
physique et social, et la position sociale du ménage jou<strong>en</strong>t un rôle non négligeable<br />
dans cette perception.<br />
Il est donc intéressant de relever que, suivant le statut social d’un individu, les<br />
critères qui péjor<strong>en</strong>t la notion de d<strong>en</strong>sité ne sont pas id<strong>en</strong>tiques. Par exemple, un jeune<br />
couple urbain profi tera d’un logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> zone d<strong>en</strong>se et proche des c<strong>en</strong>tres d’activités,<br />
alors qu’une famille désirant à tout prix une villa individuelle, mais ne possédant pas<br />
le moy<strong>en</strong> d’accéder à la propriété ress<strong>en</strong>tira ce mode de vie <strong>en</strong> appartem<strong>en</strong>t comme<br />
1 Amphoux Pascal, La d<strong>en</strong>sité urbaine, du programme au projet, ENAC, <strong>EPFL</strong>, 2001,<br />
<strong>page</strong> 13<br />
23
24<br />
Fig. 20 : La ville passante et la ville sectorisée<br />
selon David Mangin. La première favorise<br />
les parcours piétons, les r<strong>en</strong>contres et<br />
les échanges alors que la seconde oblige<br />
pratiquem<strong>en</strong>t à utiliser un véhicule. La ville<br />
sectorisée classe la population selon des<br />
critères discutables et favorise la notion de<br />
méfi ance <strong>en</strong>vers ceux qui ne partag<strong>en</strong>t pas<br />
le secteur dans lequel se situe son logem<strong>en</strong>t.<br />
Fig. 21 : De la mixité grossière à la mixité fi ne dans un morceau de ville. La mixité se joue à<br />
diverses échelles.<br />
Fig. 22 : De la mixité grossière à la mixité fi ne dans le bâtim<strong>en</strong>t. Elle permet une diversité des<br />
occupants et des appropriations variées.
imposé. Autre exemple : un habitant de New York ne trouvera pas la ville de Paris très<br />
d<strong>en</strong>se alors qu’elle le sera pour un provincial.<br />
Les quartiers des c<strong>en</strong>tres villes souffr<strong>en</strong>t d’un double problème : d’une part, les<br />
logem<strong>en</strong>ts y sont chers et <strong>en</strong> majorité loués par des personnes à haut rev<strong>en</strong>u ou par<br />
des <strong>en</strong>treprises. D’autre part, ils peuv<strong>en</strong>t être insalubres; dans ce cas, des personnes<br />
dont les moy<strong>en</strong>s fi nanciers sont limités y log<strong>en</strong>t dans des conditions exécrables. Il est<br />
donc diffi cile de trouver des logem<strong>en</strong>ts salubres, bon marchés et accessibles à tous.<br />
Il faut donc réussir à ret<strong>en</strong>ir ou à attirer un type de population qui serait susceptible<br />
de quitter la ville pour des espaces périphériques <strong>en</strong> proposant une qualité de vie<br />
comparable à celle recherchée <strong>en</strong> périphérie, tout <strong>en</strong> offrant un plus du point de vue<br />
des proximités et des services. Cela peut être obt<strong>en</strong>u par la construction de logem<strong>en</strong>ts<br />
de types divers, permettant l’accueil de populations variées : familles, personnes<br />
âgées, immigrés, étudiants. Point important, la mixité ne doit pas être imposée, car<br />
elle pose, dans ce cas, de nombreux problèmes. Elle doit être choisie par les habitants<br />
lorsqu’ils emménag<strong>en</strong>t.<br />
- La mixité :<br />
C’est dans cette optique que la mixité au sein même de la ville paraît importante.<br />
Une trop grande division des différ<strong>en</strong>tes couches composantes de la population n’est<br />
pas souhaitable. Elle favorise la stigmatisation des minorités et peut générer des<br />
réactions de peur, voire de rejet de la différ<strong>en</strong>ce. L’exemple extrême s’illustre par les<br />
ghettos des villes américaines face aux communautés surprotégées situées dans les<br />
banlieues et possédant leur propre système de sécurité. On assiste dans ce cas à un<br />
véritable partage de la société. En Europe, la situation n’<strong>en</strong> est pas là, mais un certain<br />
partage de la population est perceptible <strong>en</strong>tre les personnes réussissant à accéder à<br />
la propriété et les autres.<br />
La mixité ne s’illustre pas uniquem<strong>en</strong>t par un mélange des populations. La<br />
diversité des activités joue aussi un rôle important. Les zones monofonctionnelles,<br />
tels les quartiers de villas, ne propos<strong>en</strong>t aucune activité externe à la cellule privée<br />
de l’habitat. Une étude de l’Atelier parisi<strong>en</strong> d’urbanisme 1 montre que du point de vue<br />
psychologique, la d<strong>en</strong>sité est bi<strong>en</strong> vécue lorsqu’elle est synonyme d’animation et de<br />
mixité aussi bi<strong>en</strong> programmatique qu’humaine. On peut alors parler, à cette échelle,<br />
de production d’urbanité. Les quartiers vivants, proposant de multiples activités et<br />
des services divers, qui permett<strong>en</strong>t à la population de faciliter les échanges sociaux,<br />
paraiss<strong>en</strong>t toujours moins d<strong>en</strong>ses que ceux dans lesquels l’habitat est le seul<br />
programme développé, sans que des lieux permettant le li<strong>en</strong> social soi<strong>en</strong>t planifi és, ce<br />
qui est notamm<strong>en</strong>t le cas des grands <strong>en</strong>sembles, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de la d<strong>en</strong>sité réelle<br />
du quartier. De plus, des transports de qualité vers les c<strong>en</strong>tres, les infrastructures<br />
culturelles et de loisirs importants permett<strong>en</strong>t eux aussi d’apprécier la d<strong>en</strong>sité. La<br />
d<strong>en</strong>sité des activités permet une d<strong>en</strong>sité des expéri<strong>en</strong>ces vécues pour un individu et<br />
il ne peut trouver cela qu’<strong>en</strong> pratiquant la ville mixte. Pour se le prouver, il suffi t de se<br />
représ<strong>en</strong>ter la richesse du parcours <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre ville opposable à la pauvreté de celui du<br />
pavillonnaire.<br />
1 Bordas-Astudillo Flor<strong>en</strong>ce, Quelle forme urbaine pour quelle d<strong>en</strong>sité vécue, note de 4<br />
<strong>page</strong>s, Atelier parisi<strong>en</strong> d’urbanisme (APUR), n°10, juin 2003.<br />
25
26<br />
Fig. 23 : Les cinq quartiers analysés<br />
par Vinc<strong>en</strong>t Fouchier afi n de défi nir<br />
le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre d<strong>en</strong>sité réelle et d<strong>en</strong>sité<br />
vécue.<br />
Fig. 24 : Vinc<strong>en</strong>t Fouchier avance<br />
aussi la théorie de la d<strong>en</strong>sité végétale.<br />
Celle-ci jouerait un rôle dans<br />
la perception de la d<strong>en</strong>sité d’un<br />
quartier. Elle peut atténuer l’effet<br />
massif de certains bâtim<strong>en</strong>ts. L’effet<br />
d’écran peut être obt<strong>en</strong>u par la plantation<br />
d’arbres.
La question des cités françaises illustre le problème. Certains quartiers ne<br />
propos<strong>en</strong>t que peu d’activités à une population qui se retrouve placée <strong>en</strong> marge du<br />
reste de la société, ce qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre de nombreux problèmes. Aucune place de travail<br />
n’est disponible au sein même de la cité et les lieux de r<strong>en</strong>contre sont inexistants.<br />
Les problèmes de la structuration du territoire sous forme de zones infl u<strong>en</strong>t dans<br />
la répartition des couches de la société au sein des agglomérations. Alors que les<br />
périphéries qui sembl<strong>en</strong>t plus agréables à vivre s’ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t et accueill<strong>en</strong>t des couches<br />
de la population plutôt aisées voulant profi ter des avantages de la ville et d’une bonne<br />
qualité de vie, les c<strong>en</strong>tres se paupéris<strong>en</strong>t et assum<strong>en</strong>t la prise <strong>en</strong> charge de franges<br />
de la population de plus <strong>en</strong> plus défavorisées. Cela implique, pour les communes<br />
c<strong>en</strong>trales, qui support<strong>en</strong>t déjà le coût des infrastructures, une surcharge dans le<br />
domaine de l’aide sociale et une fi scalité parfois diffi cile.<br />
- La typologie du bâti :<br />
C’est de loin le point le plus important pour l’architecte car il peut, par le choix<br />
des formes, des typologies et des principes de distribution, infl u<strong>en</strong>cer la s<strong>en</strong>sation de<br />
d<strong>en</strong>sité que produira la réalisation sur les habitants.<br />
Il faut rappeler que notre idée de la d<strong>en</strong>sité des formes bâties est souv<strong>en</strong>t erronée<br />
et que le XX e siècle a contribué à brouiller les pistes. Pour compr<strong>en</strong>dre le retour à<br />
la ville d<strong>en</strong>se qui s’opère aujourd’hui, il faut faire un saut dans le temps afi n de citer<br />
quelques exemples de d<strong>en</strong>sités passées et que tout un chacun peut se représ<strong>en</strong>ter.<br />
La plupart des villes médiévales sont, pour un europé<strong>en</strong>, le type même de la d<strong>en</strong>sité.<br />
Certaines études ont montré que le Paris remodelé du baron Haussman au XIX e siècle<br />
est plus d<strong>en</strong>se que le Paris médiéval. La d<strong>en</strong>sité de la ville médiévale, bi<strong>en</strong> que réelle,<br />
est surtout une d<strong>en</strong>sité perçue. Le même exercice peut être <strong>en</strong>trepris avec les grands<br />
<strong>en</strong>sembles des banlieues qui sont souv<strong>en</strong>t synonymes d’oppression et de d<strong>en</strong>sité<br />
alors qu’ils sont <strong>en</strong> réalité très peu d<strong>en</strong>ses.<br />
Vinc<strong>en</strong>t Fouchier s’est attaché à analyser cinq quartiers de types différ<strong>en</strong>ts afi n de<br />
pouvoir opposer leur d<strong>en</strong>sité s<strong>en</strong>sible à leur d<strong>en</strong>sité réelle. Il a pris <strong>en</strong> considération<br />
les cinq modèles suivants :<br />
- quartiers parisi<strong>en</strong>s<br />
- grands <strong>en</strong>sembles<br />
- opération d’habitat individuel groupé<br />
- lotissem<strong>en</strong>ts pavillonnaires<br />
- quartiers résid<strong>en</strong>tiels de Hong-Kong<br />
Il ressort de cette analyse que les d<strong>en</strong>sités perçues ne correspond<strong>en</strong>t pas à la<br />
d<strong>en</strong>sité réelle du bâti. Il doit donc exister certains facteurs, certains principes, qui<br />
r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les bâtim<strong>en</strong>ts visuellem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ses. Il faut t<strong>en</strong>ter de les cerner.<br />
A travers le modèle de la cité du Moy<strong>en</strong>-Âge, certains principes sont déjà<br />
défi nissables. Ils seront traités plus précisém<strong>en</strong>t dans le chapitre exposant des<br />
modèles de d<strong>en</strong>sité et de d<strong>en</strong>sifi cation.<br />
27
28<br />
Fig. 25 : Pour une d<strong>en</strong>sité égale, la forme urbaine<br />
et l’occupation du bâti au sol peuv<strong>en</strong>t<br />
fortem<strong>en</strong>t varier.<br />
Fig. 26 : Implantation d’un même bâtim<strong>en</strong>t<br />
dans trois situations différ<strong>en</strong>tes. Ces situations<br />
confèr<strong>en</strong>t une d<strong>en</strong>sité différ<strong>en</strong>te à la construction,<br />
ce qui illustre que l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t est<br />
tout aussi important que le bâti lui-même.
La question de la complexité de l’espace pratiqué joue un grand rôle dans le<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité. Et c’est <strong>en</strong> cela que les villes médiévales sont un exemple.<br />
Elles propos<strong>en</strong>t des parcours diversifi és, dont la largeur, la longueur, la hauteur et<br />
l’éclairem<strong>en</strong>t sont sans cesse modifi és. Cet espace est pour beaucoup un espace<br />
minéral duquel les parcs et espaces verts sont abs<strong>en</strong>ts. Ce type de bâti crée la<br />
surprise à tout mom<strong>en</strong>t et permet un déplacem<strong>en</strong>t piéton facilité au fi l de parcours<br />
variés. Le Paris haussmanni<strong>en</strong>, bi<strong>en</strong> que plus d<strong>en</strong>se que la ville médiévale, transmet<br />
un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité moindre. En effet, les parcours y ont été supprimés au profi t<br />
de larges av<strong>en</strong>ues qui permett<strong>en</strong>t la perception à longue distance. Cela explique<br />
que, bi<strong>en</strong> qu’ils soi<strong>en</strong>t plus d<strong>en</strong>ses, ces quartiers procur<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité<br />
moindre.<br />
Le zurichois Hans Marti, dans ses recherches qui dat<strong>en</strong>t des années 1950, a t<strong>en</strong>té<br />
d’exposer les effets pervers de la d<strong>en</strong>sité selon les divers modèles choisis. Entre les<br />
ombres des constructions de grande hauteur et la pauvreté de l’espace public des<br />
constructions basses, Hans Marti démontre que l’utilisation d’un seul type de forme<br />
urbaine n’est souv<strong>en</strong>t pas idéale. Il prône alors le mélange des formes du bâti afi n<br />
d’obt<strong>en</strong>ir, de manière d<strong>en</strong>se, une certaine mixité d’utilisation du sol et de permettre<br />
d’optimiser les qualités de chaque mode de construction, tout <strong>en</strong> <strong>en</strong> limitant les<br />
inconvéni<strong>en</strong>ts.<br />
La question des espaces verts dans les villes a été abordée par Vinc<strong>en</strong>t Fouchier.<br />
Pour lui, ces espaces ne doiv<strong>en</strong>t pas se borner à être des surfaces. La notion de<br />
verdure doit se lire <strong>en</strong> trois dim<strong>en</strong>sions tout comme le bâti. Une allée ou un bosquet<br />
d’arbre peut jouer un rôle sur la perception s<strong>en</strong>sible de la d<strong>en</strong>sité <strong>en</strong> masquant ou<br />
<strong>en</strong> révélant certaines caractéristiques des constructions <strong>en</strong>vironnantes. Un manque<br />
d’espaces verts dans un quartier acc<strong>en</strong>tue souv<strong>en</strong>t la d<strong>en</strong>sité perçue des habitants et<br />
peut favoriser le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de surd<strong>en</strong>sité et d’étouffem<strong>en</strong>t.<br />
L’<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t pour les quartiers c<strong>en</strong>traux de la ville illustre bi<strong>en</strong> que la vie dans<br />
les quartiers d<strong>en</strong>ses peut être agréable et recherchée. Les personnes qui choisiss<strong>en</strong>t<br />
ce mode de vie argum<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faveur de la proximité des activités et du brassage<br />
de population qui y a lieu. D’autres quartiers, pourtant moins d<strong>en</strong>ses, provoqu<strong>en</strong>t des<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts contraires de répulsion et de désolation. Existe-t-il donc des facteurs qui<br />
acc<strong>en</strong>tuerai<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité et de malaise et est-il possible de les défi nir<br />
afi n de pouvoir se les approprier pour des réalisations futures ?<br />
Pascal Amphoux met <strong>en</strong> avant trois dim<strong>en</strong>sions de la notion de d<strong>en</strong>sité : polarité,<br />
mixité et int<strong>en</strong>sité 1 . Ces trois termes favoris<strong>en</strong>t la classifi cation des différ<strong>en</strong>tes<br />
approches de la d<strong>en</strong>sité <strong>en</strong> trois domaines ; ils permett<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t d’aborder les<br />
problèmes liés à cette notion de façons différ<strong>en</strong>tes. On peut regrouper les thèmes de<br />
la d<strong>en</strong>sité défi nis précédemm<strong>en</strong>t dans l’une des trois dim<strong>en</strong>sions. Cette classifi cation<br />
permet aussi de se p<strong>en</strong>cher sur une réponse possible au problème de la d<strong>en</strong>sité et<br />
apporte certaines principes pouvant servir de modèle pour des interv<strong>en</strong>tions futures.<br />
Polarité et polarisation : il n’existe pas de d<strong>en</strong>sité spatiale idéale. La notion de<br />
d<strong>en</strong>sité chiffrée est quelque chose de statique alors que le territoire est <strong>en</strong> mutation<br />
perpétuelle. De plus. la notion varie <strong>en</strong> fonction des critères pris <strong>en</strong> compte. La polarité<br />
propose donc d’aborder la spatialité de façon différ<strong>en</strong>te et met <strong>en</strong> avant le pouvoir qu’a<br />
un lieu d’attirer. La polarité d’un lieu fait interv<strong>en</strong>ir les al<strong>en</strong>tours de ce même lieu <strong>en</strong> se<br />
1 Amphoux Pascal, La d<strong>en</strong>sité urbaine, du programme au projet, ENAC, <strong>EPFL</strong>, 2001,<br />
<strong>page</strong> 125<br />
29
30<br />
Fig. 27 : Tableau récapitulatif des notions de polarité / mixité / int<strong>en</strong>sité avancées par Pascal<br />
Amphoux et propositions d’interv<strong>en</strong>tions.
demandant ce qui attire ou repousse. Un pôle articule plusieurs échelles, par exemple<br />
celles du bâtim<strong>en</strong>t, de l’îlot, du quartier ou de la ville. Une différ<strong>en</strong>ce surgit <strong>en</strong>tre les<br />
notions de c<strong>en</strong>tralité et de polarité. La polarité ne signifi e pas une unicité du c<strong>en</strong>tre<br />
autour duquel pr<strong>en</strong>d place une périphérie mais une multiplicité des pôles qui sont liés<br />
<strong>en</strong>tre eux et qui se répartiss<strong>en</strong>t les fonctions. En effet, le pôle est un c<strong>en</strong>tre, mais il<br />
n’est pas unique.<br />
La notion de polarité a aussi intéressé Philippe Panerai 1 . Il remarque que les villes<br />
actuelles ont t<strong>en</strong>dance à perdre la notion de c<strong>en</strong>tralité unique au profi t de différ<strong>en</strong>ts<br />
pôles. Dans les villes médiévales, les activités spécifi ques faisai<strong>en</strong>t corps avec la<br />
faible ét<strong>en</strong>due de la ville. Même si les quartiers se subdivisai<strong>en</strong>t et possédai<strong>en</strong>t leurs<br />
spécialités propres, la ville restait cont<strong>en</strong>ue dans ses remparts et les distances étai<strong>en</strong>t<br />
par conséqu<strong>en</strong>t courtes. A partir du XIX e siècle, avec l’explosion des villes, certains<br />
nouveaux programmes ont fait leur apparition. Universités, zones industrielles,<br />
supermarchés ont pris place à une distance certaine du c<strong>en</strong>tre primitif et ont constitué<br />
de nouveaux pôles. On remarque donc le passage d’un c<strong>en</strong>tre unique regroupant toutes<br />
les activités à un réseau de pôles, qui accueill<strong>en</strong>t chacun leurs activités spécifi ques et<br />
qu’il faut relier.<br />
Mixité et mixisation : il n’existe pas de d<strong>en</strong>sité sociale idéale. La notion de d<strong>en</strong>sité<br />
humaine est aussi subjective. Un individu peut apprécier une certaine d<strong>en</strong>sité humaine<br />
dans un certain lieu et non dans un autre. Cette perception sera différ<strong>en</strong>te pour un<br />
autre individu. La diversité des catégories sociales, les possibilités d’interaction, les<br />
équipem<strong>en</strong>ts de proximité, l‘accessibilité et les espaces publics sont des élém<strong>en</strong>ts<br />
décisifs dans la planifi cation du quartier. Les règles de mixité ne sont pas fi xes, mais<br />
elles vari<strong>en</strong>t selon le lieu et ne peuv<strong>en</strong>t pas être édictées de manière précise. C’est<br />
à l’architecte de projeter selon la situation, mais il ne doit pas s’arrêter à une simple<br />
répartition des surfaces par fonction.<br />
Int<strong>en</strong>sité et int<strong>en</strong>sifi cation : il n’existe pas de d<strong>en</strong>sité s<strong>en</strong>sible idéale. Il faut<br />
rappeler ici que la s<strong>en</strong>sation de d<strong>en</strong>sité n’a souv<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> à voir avec la d<strong>en</strong>sité réelle.<br />
Pascal Amphoux cite l’exemple de la cité jardin qui paraît peu d<strong>en</strong>se, mais qui a <strong>en</strong> fait<br />
une d<strong>en</strong>sité forte et la cité de tours qui paraît représ<strong>en</strong>ter la d<strong>en</strong>sité maximum, alors<br />
qu’elle est très peu d<strong>en</strong>se. Mais que défi ni le terme d’int<strong>en</strong>sité ? Le degré d’activité<br />
ou d’énergie d’un phénomène s<strong>en</strong>sible, mais aussi la vivacité d’un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t. Par<br />
«int<strong>en</strong>sifi er la ville », Pascal Amphoux <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d int<strong>en</strong>sifi er les rapports à la ville par des<br />
moy<strong>en</strong>s s<strong>en</strong>sibles.<br />
Quatre thèmes peuv<strong>en</strong>t être regroupés sous le signe de l’int<strong>en</strong>sité : qualité<br />
architecturale des espaces d<strong>en</strong>sifi és ; attitude minimaliste <strong>en</strong> urbanisme ; adéquation<br />
contextuelle <strong>en</strong>tre la d<strong>en</strong>sité et l’image du lieu ; politique urbaine d’image. A ces quatre<br />
thèmes correspond<strong>en</strong>t quatre principes d’int<strong>en</strong>sifi cation : la mise <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion des<br />
élém<strong>en</strong>ts de la composition urbaine, le minimum de moy<strong>en</strong>s pour un maximum d’effets,<br />
la réinterprétation du contexte et, pour fi nir, le révélateur de la prés<strong>en</strong>ce humaine.<br />
Après avoir abordé de façon générale la question de la d<strong>en</strong>sité s<strong>en</strong>sible, il va<br />
falloir s’intéresser maint<strong>en</strong>ant à certains exemples de d<strong>en</strong>sités et de processus de<br />
d<strong>en</strong>sifi cation pouvant être utiles à la réfl exion sur le projet.<br />
1 Panerai Philippe, Analyse urbaine, Editions par<strong>en</strong>thèses, 1999, Marseille<br />
31
32<br />
Fig. 28 : Elém<strong>en</strong>ts structurant le tissu urbain du Caire selon Philippe Panerai. Le tissu urbain<br />
est constitué de trois <strong>en</strong>sembles qui s’imbriqu<strong>en</strong>t : Le réseau des voies, le décou<strong>page</strong> foncier<br />
et les constructions. La variation du rapport <strong>en</strong>tre ces trois élém<strong>en</strong>ts donne à chaque ville sa<br />
particularité.
D<strong>en</strong>sités et principes de d<strong>en</strong>sifi cation<br />
De quelle façon la d<strong>en</strong>sité et les processus de d<strong>en</strong>sifi cation se sont-ils illustrés, au<br />
fi l du temps, dans le développem<strong>en</strong>t des villes? Est-ce un processus universel ? A-t-il<br />
favorisé certains comportem<strong>en</strong>ts, certains échanges ou <strong>en</strong>core certaines innovations ?<br />
Il faut se p<strong>en</strong>cher sur des modèles de villes d<strong>en</strong>ses et d<strong>en</strong>sifi ées. Pour les Europé<strong>en</strong>s,<br />
c’est la ville médiévale qui représ<strong>en</strong>te le modèle par excell<strong>en</strong>ce de cette idée et du<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité. Par ailleurs, ce modèle illustre parfaitem<strong>en</strong>t les processus<br />
de d<strong>en</strong>sifi cations successives. La structure que propose la ville médiévale permet<br />
d’absorber une importante diversité programmatique tels les lieux d’habitation pour<br />
diverses populations, les lieux consacrés au commerce interne à la ville, à l’échange<br />
des marchandises avec l’extérieur, les lieux de rassemblem<strong>en</strong>t (corporations, religions).<br />
Ces différ<strong>en</strong>ts lieux sont toujours construits sur une structure des voiries clairem<strong>en</strong>t<br />
défi nie, qui regroupe les rues mais aussi les places et les passages. Cette structure<br />
spécifi que à chaque ville permet aux hommes de s’organiser, de vivre <strong>en</strong>semble,<br />
d’échanger <strong>en</strong>tre eux et avec l’extérieur des bi<strong>en</strong>s et des idées. La ville devi<strong>en</strong>t<br />
ainsi un c<strong>en</strong>tre économique, un lieu du transfert des marchandises et un c<strong>en</strong>tre des<br />
connaissances (lieu d’implantation des religieux et des écoles). Les réfl exions sur les<br />
modes de vie et les organisations de cette époque, réadaptées à nos problématiques<br />
actuelles, peuv<strong>en</strong>t sans aucun doute nous permettre de trouver de nouvelles solutions<br />
aux problèmes liés à la d<strong>en</strong>sité.<br />
Au Moy<strong>en</strong>-Âge, les villes se sont tout d’abord d<strong>en</strong>sifi ées sur elles-mêmes avant de<br />
sortir de leurs murs. Les fortifi cations imposai<strong>en</strong>t des limites fi xes à la ville, à l’intérieur<br />
desquelles elle devait se développer. Cette contrainte d’espace a imposé un type de<br />
d<strong>en</strong>sifi cation par saturation <strong>en</strong> utilisant tous les espaces disponibles. Les d<strong>en</strong>sifi cations<br />
se sont donc opérées selon plusieurs procédés : <strong>en</strong> hauteur, dans la profondeur des<br />
parcelles, par ajout sur rue ou par colonisation progressive de l’espace public. Ce<br />
n’est que lorsque l’espace disponible était saturé que de nouvelles limites étai<strong>en</strong>t<br />
données à la ville pour son agrandissem<strong>en</strong>t, ce qui a induit un développem<strong>en</strong>t par<br />
couches successives. Un bon exemple est la ville d’Amsterdam, qui, par sa croissance<br />
radioconc<strong>en</strong>trique, à l’intérieur d’un canal, sature progressivem<strong>en</strong>t l’espace disponible<br />
pour se doter d’une nouvelle ceinture une fois la d<strong>en</strong>sité maximale atteinte.<br />
Pour permettre d’illustrer la thématique de d<strong>en</strong>sifi cation des villes médiévales,<br />
il faut aborder des exemples concrets et particulièrem<strong>en</strong>t intéressants dont les villes<br />
fondées pas les ducs de Zähring<strong>en</strong> font partie 1 . L’exemple le plus signifi catif, le plus<br />
abouti et le mieux conservé d’une ville médiévale de ce type et sans contestation<br />
possible la ville de Berne. Son système d’organisation est très particulier. En effet,<br />
il propose, de manière très hiérarchisée, des espaces d’habitation ou de commerce<br />
possédant une circulation double, sur rue et sous arcades. De plus, cette ville est<br />
intéressante car elle n’a cessé de se d<strong>en</strong>sifi er sur elle-même à travers les siècles pour<br />
atteindre sa forme actuelle. Elle a réussi à s’adapter, au fur et à mesure, aux besoins<br />
changeants de la population et a permis une utilisation spécifi que convaincante à<br />
chacune de ses étapes de développem<strong>en</strong>t, aussi bi<strong>en</strong> du point de vue de l’habitat que<br />
de celui du commerce. Aujourd’hui <strong>en</strong>core, cette structure a permis une adaptation au<br />
mode de vie actuel.<br />
1 Divorne Françoise, Berne et les villes fondées par les ducs de Zähring<strong>en</strong> au XIIe<br />
siècle, Aux Archives d’Architecture Moderne, 1991, Bruxelles<br />
33
34<br />
Fig. 29, 30, 31 et 32 : Les étapes de construction de la ville de Berne par d<strong>en</strong>sifi cation successive<br />
des parcelles, <strong>en</strong> profondeur et <strong>en</strong> hauteur.<br />
Fig. 33 : Organisation générale de la ville de Berne au long de la rue principale. Décou<strong>page</strong> du<br />
sol <strong>en</strong> « area » puis <strong>en</strong> parcelles.
La planifi cation s’est faite, dès la fondation, par le décou<strong>page</strong> de la ville <strong>en</strong> lots<br />
eux-mêmes subdivisés <strong>en</strong> parcelles. Les maisons ont pris place de part et d’autre<br />
de la rue principale, qui, avant la fondation de la ville, n’était autre qu’une artère de<br />
transit sur la route du sud des Alpes. La même typologie du bâti a été répétée. Les<br />
constructions, profondes, possédant une façade étroite et haute sur rue et une autre<br />
sur cour n’occupai<strong>en</strong>t au départ que la moitié de la parcelle, sur rue, laissant une<br />
cour généreuse sur l’arrière. Au XII e et XIII e siècle, les maisons sont de type rez-dechaussée<br />
+ deux étages. Les étales des marchands pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t place sur la rue, devant<br />
les maisons. C’est à partir du XIII e siècle que les arcades sont construites à l’avant<br />
des maisons. Du XIII e au XVII e siècle, les bâtim<strong>en</strong>ts s’agrandiss<strong>en</strong>t sur cour et sur<br />
rue, par-dessus les arcades. Un étage est ajouté. De la fi n du XVII e à la fi n du XVIII e<br />
siècle, la p<strong>en</strong>te de la rue est adoucie, ce qui a pour effet de créer des trottoirs hauts,<br />
sous les arcades. L’accès aux caves se fait ainsi depuis la rue. De plus, les maisons<br />
sont <strong>en</strong>core d<strong>en</strong>sifi ées <strong>en</strong> hauteur. Par l’exemple de la ville de Berne, qu’il est possible<br />
de transposer à d’autres villes fondées par les ducs de Zähring<strong>en</strong> comme Fribourg et<br />
Morat, nous pouvons nous r<strong>en</strong>dre compte d’un processus de d<strong>en</strong>sifi cation qui s’est fait<br />
sur la ville elle-même tout au long de l’évolution de la cité, exemple caractéristique de<br />
la ville médiévale europé<strong>en</strong>ne.<br />
Au XIX e siècle, les transformations du baron Haussmann, à Paris, ont aussi été<br />
une opération de d<strong>en</strong>sifi cation. La démolition des anci<strong>en</strong>s quartiers insalubres de la<br />
ville a permis de reconstruire d’une manière plus adaptée aux besoins de l’époque,<br />
tant du point de vue du logem<strong>en</strong>t que de la circulation. La ville a ainsi perdu son<br />
caractère désordonné et médiéval pour une autre forme. A première vue, cette nouvelle<br />
confi guration donne une impression de d<strong>en</strong>sité moins élevée, mais ce n’est pas le cas.<br />
Tout <strong>en</strong> gagnant <strong>en</strong> hauteur, les nouveaux immeubles ont laissé place à des rues<br />
larges et contrôlables, évitant les désordres sociaux et le regroupem<strong>en</strong>t des foules.<br />
Fig. 34 et 35 : A gauche, coupe sur la rue principale de la ville de Berne qui illustre l’agrandissem<strong>en</strong>t<br />
des maisons. A droite, vue aéri<strong>en</strong>ne de la ville de Berne.<br />
35
36<br />
Fig. 36 : La ville de Fez au Maroc, fondée au IX e siècle. Elle illustre bi<strong>en</strong> les réseaux des parcours<br />
publics ainsi que les cours privées.<br />
Fig. 37 et 38 : A gauche, illustration du processus de d<strong>en</strong>sifi cation des villes arabes. A droite, vue<br />
aéri<strong>en</strong>ne de la ville de Kerbela <strong>en</strong> Irak.
L’intérêt peut aussi se porter sur la typologie des villes des pays musulmans. Ces<br />
villes ont subit un principe de d<strong>en</strong>sifi cation spécifi que qui se poursuit <strong>en</strong>core de nos<br />
jours. Par superposition et surélévation, les maisons se sont organisées autours de<br />
cours fermées, créant un dédale de ruelles. Elles apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ainsi à la ville et form<strong>en</strong>t<br />
son tissu tout <strong>en</strong> ménageant des espaces privés pour les habitants. Ces habitations<br />
sont directem<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec les rues commerçantes de la ville. L’observation<br />
nous permet donc de remarquer un espace d’habitation privé au sein d’un espace<br />
public dans lequel une population d’horizons divers se croise. Les différ<strong>en</strong>tes activités<br />
de la ville ne subiss<strong>en</strong>t de cette manière aucune ségrégation. De plus, quelle que<br />
soit la richesse du propriétaire, invisible depuis la rue, la typologie reste semblable.<br />
La différ<strong>en</strong>ce ne résulte que du nombre de cours et de l’aménagem<strong>en</strong>t intérieur de la<br />
demeure.<br />
Philippe Panerai 1 met <strong>en</strong> avant un exemple particulièrem<strong>en</strong>t intéressant de<br />
d<strong>en</strong>sifi cation et de transformation d’usages effectuée par les habitants eux-mêmes<br />
dans les grands <strong>en</strong>sembles construits au Caire dans les années 1960. Il rec<strong>en</strong>se<br />
quatre familles de transformation :<br />
- L’ext<strong>en</strong>sion des appartem<strong>en</strong>ts par la fermeture des loggias qui touche petit à<br />
petit tous les appartem<strong>en</strong>ts.<br />
- L’agrandissem<strong>en</strong>t des rez-de-chaussée qui permet l’aménagem<strong>en</strong>t de divers<br />
espaces dévolus à des ateliers et des petits commerces. Ces aménagem<strong>en</strong>ts<br />
chang<strong>en</strong>t le caractère de la rue qui devi<strong>en</strong>t un lieu de vie et d’activités<br />
rappelant, par <strong>en</strong>droits, le c<strong>en</strong>tre ville et le souk.<br />
- Certains immeubles sont surélevés de un ou deux étages, ce qui permet<br />
la construction de nouveaux appartem<strong>en</strong>ts, l’aménagem<strong>en</strong>t de jardins ou<br />
<strong>en</strong>core l’élevage de petits animaux.<br />
- Certains bâtim<strong>en</strong>ts s’épaississ<strong>en</strong>t, ce qui induit une transformation complète<br />
de la distribution intérieure des appartem<strong>en</strong>ts, faisant passer les appartem<strong>en</strong>ts<br />
de traversants à mono ori<strong>en</strong>tés.<br />
Ces différ<strong>en</strong>tes transformations infl u<strong>en</strong>t sur l’espace public et impliqu<strong>en</strong>t une<br />
mutation l<strong>en</strong>te mais visible de la ville, une restructuration des voies de circulation et<br />
la constitution de pôles d’activité. Les quatre points ci-dessus peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong><br />
li<strong>en</strong> avec le développem<strong>en</strong>t, par d<strong>en</strong>sifi cations successives, de la ville de Berne. Ces<br />
processus d’autoproduction de la ville sont aujourd’hui freinés par la profusion des<br />
règlem<strong>en</strong>ts alors qu’à l’époque, les transformations du bâti s’opérai<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> fonction des besoins, souv<strong>en</strong>t sur un temps long.<br />
Dans plusieurs cas, il est possible de relever une d<strong>en</strong>sifi cation de la ville par<br />
superposition, <strong>en</strong> général de fonctions différ<strong>en</strong>tes, ce qui permet d’éviter la diffusion<br />
de la ville et de profi ter au maximum des possibilités qu’elle offre. Le Ponte Vecchio de<br />
Flor<strong>en</strong>ce est un exemple parlant. Le premier pont n’était qu’une construction simple,<br />
permettant le passage de la rivière ; il s’est <strong>en</strong>suite doublé d’une seconde circulation<br />
superposée à la première, qui permettait aux nobles de circuler sans desc<strong>en</strong>dre dans<br />
la rue.<br />
1 Panerai Philippe, Analyse urbaine, Editions par<strong>en</strong>thèses, 1999, Marseille<br />
37
38<br />
Fig. 39 : Des bâtim<strong>en</strong>ts de trois niveaux ont pris place sous les arcades du pont des chemins de<br />
fer.<br />
Fig 40 et 41 : Schémas illustrant les deux types de d<strong>en</strong>sifi cation par superposition.<br />
Fig. 42 : Ce bâtim<strong>en</strong>t est le résultat de la superposition d’activités diverses. L’accès au parking,<br />
sur le toit, se fait par une rampe qui ceinture le bâtim<strong>en</strong>t.
La ville de Tokyo est particulièrem<strong>en</strong>t intéressante du point de vue de la<br />
superposition-d<strong>en</strong>sifi cation. Le livre Made in Tokyo de Kaijima 1 l’illustre bi<strong>en</strong>. Il rec<strong>en</strong>se<br />
des bâtim<strong>en</strong>ts qui associ<strong>en</strong>t, de façon inédite, des activités différ<strong>en</strong>tes, qui exploit<strong>en</strong>t<br />
ainsi toutes les possibilités <strong>en</strong>core offertes par la ville déjà construite par un processus<br />
de d<strong>en</strong>sifi cation-colonisation qui permet de maximiser l’utilisation de l’espace au profi t<br />
de nouveaux programmes. La ville subit un r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t perman<strong>en</strong>t, qui répond<br />
aux besoins du mom<strong>en</strong>t ; certaines structures peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite disparaître, remplacées<br />
par d’autres, tout comme cela était le cas dans les villes du Moy<strong>en</strong>-Âge.<br />
Ces différ<strong>en</strong>ts exemples propos<strong>en</strong>t des modes de d<strong>en</strong>sifi cation susceptibles<br />
d’intéresser l’architecte, lui permettant de travailler afi n de proposer une perception<br />
s<strong>en</strong>sible de la d<strong>en</strong>sité. Il doit tout d’abord pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte l’homme et son parcours,<br />
permettre de se déplacer de manière simple et naturelle et favoriser la perception des<br />
autres par rapport a lui-même. La d<strong>en</strong>sité et la diversité doiv<strong>en</strong>t se ress<strong>en</strong>tir d’un point<br />
de vue humain. L’architecte doit révéler la prés<strong>en</strong>ce humaine. C’est donc à l’architecte<br />
que revi<strong>en</strong>t la tâche de créer une perception s<strong>en</strong>sible de la d<strong>en</strong>sité. Marc Collomb 2<br />
distingue trois notions opératoires qu’il faut privilégier afi n d’y aboutir : l’épaisseur, les<br />
strates et le mélange. Il les défi nit comme suit :<br />
- L’épaisseur :<br />
« Le travail sur l’épaisseur du bâti agit comme un révélateur de d<strong>en</strong>sité des usages<br />
d’un bâtim<strong>en</strong>t sans pour autant les exhiber. Il consiste à inv<strong>en</strong>ter des modalités de<br />
traitem<strong>en</strong>t du rapport <strong>en</strong>tre l’intérieur et l’extérieur : balcons, loggias, coursives,<br />
espaces intermédiaires, distinction <strong>en</strong>tre le nu extérieur et le nu intérieur. Spatialem<strong>en</strong>t,<br />
ces jeux de l’épaisseur et de la transpar<strong>en</strong>ce établiss<strong>en</strong>t une distinction <strong>en</strong>tre le lourd<br />
et le léger. »<br />
- Les strates :<br />
« Le travail sur les strates agit plutôt comme un révélateur de l’histoire du bâtim<strong>en</strong>t<br />
et de la d<strong>en</strong>sifi cation de ses usages successifs [...] la superposition de couches de<br />
transformation successive laisse transparaître l’histoire des aménagem<strong>en</strong>ts ou des<br />
transformations successives. » La ville de Berne s’est justem<strong>en</strong>t développée par ce<br />
phénomène de strates successives. Marc Collomb cite aussi l’exemple du palais de<br />
Diocléti<strong>en</strong>, dev<strong>en</strong>u le c<strong>en</strong>tre de la ville de Split. On retrouve cela dans bon nombre de<br />
réalisations actuelles, par exemple au Warteckhof de Bâle, sur lequel je revi<strong>en</strong>drai, et<br />
dans lequel les nouvelles constructions permett<strong>en</strong>t toujours la lecture de l’anci<strong>en</strong>ne<br />
occupation du lieu. Roland Barthes a quant à lui défi ni la ville comme une contiguïté<br />
d’élém<strong>en</strong>ts discontinus, une stratifi cation de temps et d’espaces.<br />
- Le mélange :<br />
« Le travail sur le mélange agit sur ce qui peut être appelé le pot<strong>en</strong>tiel de d<strong>en</strong>sité. Tout<br />
l’art est de savoir mêler et équilibrer le poids <strong>en</strong>tre des typologies différ<strong>en</strong>tes d’un coté,<br />
<strong>en</strong>tre des usages différ<strong>en</strong>ts de l’autre. On ne peut préméditer la d<strong>en</strong>sité d’appropriation<br />
des lieux projetés, mais on peut par l’étude de confi gurations adéquates offrir un<br />
pot<strong>en</strong>tiel d’appropriation plus ou moins grand. » Il sera fait m<strong>en</strong>tion des questions de<br />
la diversité des typologies et des usages dans les chapitres suivants.<br />
1 Kaijima Momoyo, Made in Tokyo, Kajima Institute Publishing Co, 2001, Tokyo<br />
2 Amphoux Pascal, La d<strong>en</strong>sité urbaine, du programme au projet, ENAC, <strong>EPFL</strong>, 2001,<br />
<strong>page</strong> 35<br />
39
40<br />
Fig. 43 et 44 : A gauche, les étapes de d<strong>en</strong>sifi cation d’un îlot urbain <strong>en</strong>tre 1670 et aujourd’hui. A<br />
droite, la capacité d’adaptation des types bâtis sur parcelles profondes à Versailles.
Les différ<strong>en</strong>ts exemples de d<strong>en</strong>sités et de principes de d<strong>en</strong>sifi cation décrits cidessus<br />
auront permis de pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce, avec les exemples de la ville de Berne<br />
et des villes des pays arabes que la notion existe depuis un certain temps déjà et<br />
surtout qu’elle se poursuit, à Tokyo, au Caire et dans bi<strong>en</strong> d’autres lieux. Pourtant, <strong>en</strong><br />
Europe, ces principes sembl<strong>en</strong>t avoir disparu. Les notions d’épaisseur, de strates, et<br />
de mélange défi nie par Marc Collomb seront de bons outils permettant d’intégrer les<br />
réfl exions relatives à la perception s<strong>en</strong>sible de la d<strong>en</strong>sité dans le processus de projet.<br />
Fig. 45 à 47 : Les étapes de d<strong>en</strong>sifi cation d’un îlot urbain et d’une parcelle.<br />
41
42<br />
Fig. 48 : Les différ<strong>en</strong>tes méthodes de quantifi cation de la d<strong>en</strong>sité.
Une question de mesure<br />
Après avoir t<strong>en</strong>té une défi nition de la d<strong>en</strong>sité perçue, il faut s’intéresser à la d<strong>en</strong>sité<br />
quantifi able. Dans ce domaine aussi, la défi nition des d<strong>en</strong>sités est complexe. En effet,<br />
il existe plusieurs manières de quantifi er la d<strong>en</strong>sité et il s’agit d’utiliser la bonne mesure<br />
pour l’échantillon de territoire analysé. Un travail de Monique Ruzicka-Rossier 1 défi nit<br />
les différ<strong>en</strong>ts indicateurs de d<strong>en</strong>sité. Une énumération des différ<strong>en</strong>tes approches<br />
serait trop fastidieuse, les tableaux récapitulatifs permett<strong>en</strong>t de se faire une bonne<br />
idée des différ<strong>en</strong>tes défi nitions. Il ressort de ces tableaux que le quantitatif s’intéresse<br />
à divers secteurs, qui repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ceux qui ont été traités à travers la question de la<br />
perception:<br />
- les d<strong>en</strong>sités humaines (brutes et nettes)<br />
La d<strong>en</strong>sité humaine brute permet d’évaluer la quantité de population sur un<br />
territoire, mais ne donne aucune information sur la répartition de cette population sur<br />
ce même territoire. La d<strong>en</strong>sité humaine nette permet, elle, d’évaluer la consommation<br />
du territoire urbanisé.<br />
- les mixités (fonctionnelles et sociales)<br />
La mixité fonctionnelle s’attache à défi nir le mélange des fonctions d’un territoire<br />
urbanisé. Elle veut défi nir le nombre d’emplois par rapport au nombre d’habitants. Un<br />
juste mélange de ces deux activités permet à un territoire d’éviter la sectorisation par<br />
zones distinctes.<br />
La mixité sociale est défi nie par le pourc<strong>en</strong>tage de personnes qui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à<br />
une classe socioprofessionnelle par rapport au pourc<strong>en</strong>tage de la Suisse <strong>en</strong>tière. Elle<br />
refl ète la diversité sociale du territoire analysé. Cette mixité sociale ne s’arrête pas aux<br />
catégories socioprofessionnelles. Les tranches d’âge et l’origine des habitants jou<strong>en</strong>t<br />
égalem<strong>en</strong>t un rôle.<br />
- Coeffi ci<strong>en</strong>t d’utilisation du sol (CUS), d’occupation du sol (COS), d<strong>en</strong>sité visible<br />
La mesure de d<strong>en</strong>sité de construction est un outil utile, mais elle reste un outil de<br />
planifi cation ne permettant pas d’aider l’architecte dans ses choix. En effet, une même<br />
d<strong>en</strong>sité bâtie peut aboutir à une multitude de projets. Cela s’explique par la façon de<br />
calculer la d<strong>en</strong>sité bâtie. Deux indices sont utilisés fréquemm<strong>en</strong>t :<br />
Le coeffi ci<strong>en</strong>t d’utilisation du sol (CUS) qui est le rapport <strong>en</strong>tre la surface brute de<br />
plancher habitable et la surface totale de la parcelle.<br />
Le coeffi ci<strong>en</strong>t d’occupation du sol (COS) qui est le rapport <strong>en</strong>tre la surface construite<br />
au sol et la surface totale de la parcelle.<br />
La d<strong>en</strong>sité visible permet par contre d’illustrer la d<strong>en</strong>sité vécue et ress<strong>en</strong>tie par les<br />
pratiquants d’un lieu. Elle est le rapport <strong>en</strong>tre l’emprise au sol multipliée par le nombre<br />
de niveaux hors-sol et la surface des parcelles.<br />
1 Ruzicka-Rossier Monique, D<strong>en</strong>sité et mixité à l’échelle des agglomération suisses : le<br />
cas de l’agglomération lausannoise, 2002, Offi ce fédéral du développem<strong>en</strong>t durable<br />
43
44<br />
Fig. 49 : Les différ<strong>en</strong>tes méthodes de quantifi cation de la d<strong>en</strong>sité.
Les travaux de Vinc<strong>en</strong>t Fouchier ont, eux aussi, été indisp<strong>en</strong>sables dans les<br />
défi nitions quantitatives de la d<strong>en</strong>sité. Il est <strong>en</strong> effet un des seuls spécialistes à avoir<br />
regroupé les différ<strong>en</strong>ts types de d<strong>en</strong>sités quantitatives. Il met tout d’abord <strong>en</strong> garde<br />
contre les différ<strong>en</strong>tes échelles d’analyse. Il se pose la question de savoir laquelle doit<br />
s’utiliser et dans quel cas. Il défi nit cinq types de cadrage pour une approche de la<br />
d<strong>en</strong>sité :<br />
- d<strong>en</strong>sité par unité de micro-surface<br />
- d<strong>en</strong>sité parcellaire<br />
- d<strong>en</strong>sité d‘îlot<br />
- d<strong>en</strong>sité communale ou régionale<br />
- d<strong>en</strong>sité nationale ou internationale<br />
Il souligne que, dans le cadre de la ville, les quatre premiers types peuv<strong>en</strong>t<br />
être utilisés et qu’il s’agit <strong>en</strong> fait de défi nir celui qui est pertin<strong>en</strong>t dans la situation<br />
concernée.<br />
La question du cadrage dans le calcul de la d<strong>en</strong>sité est aussi abordée par Jacques<br />
Vicari. Il soulève le fait que la d<strong>en</strong>sité augm<strong>en</strong>te lorsqu’on zoome sur un quartier.<br />
La question du contexte est donc importante. Vinc<strong>en</strong>t Fouchier donne <strong>en</strong> exemple<br />
de la d<strong>en</strong>sité commune de 5 m 2 par personne. Mais il peut s’agir de 200 personnes<br />
dans une cantine, de quatre personnes dans une chambre ou de 2000 personnes par<br />
hectare dans un quartier très d<strong>en</strong>se.<br />
Pour conclure ce chapitre, il faut m<strong>en</strong>tionner que la défi nition quantitative de la<br />
d<strong>en</strong>sité est quelque chose de compliqué. Les principes de calcul chang<strong>en</strong>t suivant<br />
les pays et la Suisse compte elle aussi plusieurs méthodes de calcul suivant le<br />
canton. De plus, chaque commune applique son règlem<strong>en</strong>t, ce qui ne simplifi e pas les<br />
comparaisons.<br />
45
46<br />
Fig. 50 : Collin Rowe illustre le changem<strong>en</strong>t opéré durant le XX e siècle <strong>en</strong>tre la ville classique et<br />
la ville moderne. Le plan du haut représ<strong>en</strong>te le projet de Le Corbusier pour la ville de Saint-Dié,<br />
celui du bas, la ville de Parme. Il y a inversion dans la proportion des masses bâties.
Habiter <strong>en</strong> ville<br />
Que signifi e aujourd’hui vivre <strong>en</strong> ville ? Existe-t-il certaines catégories de<br />
population qui favoris<strong>en</strong>t ce mode de vie ? Comm<strong>en</strong>t inciter les populations désireuses<br />
d’accéder à un logem<strong>en</strong>t ou à une villa individuelle <strong>en</strong> périphérie à rester <strong>en</strong> ville ?<br />
Quels sont les avantages que le c<strong>en</strong>tre propose face à un mode de vie périurbain ?<br />
Telles sont les questions qui seront abordées dans ce chapitre et qui permettront de<br />
mieux compr<strong>en</strong>dre ce qu’un individu peut rechercher dans ce mode de vie et de quelle<br />
manière cela peut être repris par l’architecte pour que la population réinvestisse la<br />
ville.<br />
La ville du XX e siècle, tout comme les modes de vie et d’habitat, n’a cessé<br />
d’évoluer. Après la forte affl u<strong>en</strong>ce de la population rurale, employée dans les usines et<br />
logée dans des conditions misérables, la ville a subit une déd<strong>en</strong>sifi cation progressive.<br />
Les architectes, par les recherches sur le logem<strong>en</strong>t hygiéniste, ont contribué à la<br />
déd<strong>en</strong>sifi cation des villes. Les théories des architectes du modernisme et les Congrès<br />
internationaux d’architecture moderne (CIAM) ont favorisé le développem<strong>en</strong>t de la<br />
ville étalée. La construction des cités dans les années 1960 et 1970 a perpétué ce<br />
mode de développem<strong>en</strong>t des villes. En ce début de XXI e siècle, la volonté d’un retour<br />
à la ville compacte, imposée par les considérations abordées précédemm<strong>en</strong>t, semble<br />
avoir lieu.<br />
Collin Rowe s’est p<strong>en</strong>ché, <strong>en</strong> 1978, sur les qualités de la ville compacte à travers<br />
son ouvrage Collage City 1 . De son point de vue, les qualités de la ville se retrouv<strong>en</strong>t<br />
dans le fait que la texture, le tissu d<strong>en</strong>se du bâti continu fait ressortir les espaces<br />
spécifi ques que sont les places et les rues. Le tissu peut donc se modifi er à son propre<br />
rythme et selon ses propres besoins. Il n’a pas besoin d’exprimer sa fonction, ce qui<br />
n’est pas le cas d’une réalisation telle l’unité d’habitation de Marseille qui s’affi rme<br />
<strong>en</strong> tant qu’objet étranger à tout tissu urbain. Collin Rowe oppose la ville traditionnelle<br />
et la ville moderne, l’une étant l’accumulation de vide dans un plein peu travaillé et<br />
l’autre une accumulation de plein dans un vide peu travaillé faisant apparaître d’un<br />
côté l’espace et de l’autre l’objet.<br />
Cette question de la d<strong>en</strong>sité ne s’est jamais posée de manière aussi prépondérante<br />
qu’aujourd’hui. De tout temps, les hommes se sont regroupés afi n de vivre <strong>en</strong>semble,<br />
de se protéger de leurs <strong>en</strong>nemis et cela dans des « villes » toujours d<strong>en</strong>ses. Les<br />
c<strong>en</strong>tres historiques de nos villes <strong>en</strong> sont toujours les témoins.<br />
La situation actuelle résulte donc de plusieurs visions qui défi nissai<strong>en</strong>t la ville<br />
d<strong>en</strong>se comme le lieu de tous les maux, un lieu à abolir absolum<strong>en</strong>t. La Charte<br />
d’Athènes a favorisé la dispersion du logem<strong>en</strong>t dans des villes étalées. Cela a eu, <strong>en</strong><br />
Europe, un effet qui implique qu’aujourd’hui, le désir de chacun, <strong>en</strong> Suisse comme<br />
ailleurs, est de posséder sa propre maison et son terrain, loin du bruit de la ville, de la<br />
pollution et de ses semblables. Cette maison idéale n’existe que pour une part réduite<br />
de personnes et la réalité ressemble plus à une accumulation de maisons sur des<br />
terrains périphériques, loin des c<strong>en</strong>tres d<strong>en</strong>ses. La ville que l’homme pratiquait avant<br />
le XX e siècle a été oubliée. L’individualisation a favorisé l’expansion des villes et cela<br />
pose, <strong>en</strong> ce début de XXI e siècle, une multitude de problèmes qu’il faut résoudre dont<br />
celui de l’étalem<strong>en</strong>t urbain, amorcé dans les années 1920. La red<strong>en</strong>sifi cation des villes<br />
est rev<strong>en</strong>ue sur le tapis comme une des solutions les plus appropriées.<br />
1 Rowe Collin, Koetter Fred, Collage City, Infolio éditions, 2002, Gollion<br />
47
48<br />
Fig. 51, 52 et 53: Différ<strong>en</strong>ts stades de la ville. La première<br />
fi gure représ<strong>en</strong>te la ville médiévale de Berne. La deuxième,<br />
les casernes de logem<strong>en</strong>t de la ville de Vi<strong>en</strong>ne au début<br />
du XX e siècle et la dernière, un quartier de villas aux Etats-<br />
Unis, typologie que l’on voit apparaître de plus <strong>en</strong> plus <strong>en</strong><br />
Europe.
Contrairem<strong>en</strong>t aux idées reçues, le mode de vie citadin confère de nombreux<br />
avantages. Les proximités offertes par la ville permett<strong>en</strong>t à son utilisateur d’y trouver<br />
ce qu’il désire. La d<strong>en</strong>sité des activités et des habitants implique ainsi une d<strong>en</strong>sité<br />
d’expéri<strong>en</strong>ces pour l’individu. Comm<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>er une population qui rêve avant tout<br />
d’accession à la propriété qu’elle ne trouvera pas l’individualité, la liberté et le désir<br />
de « nature » qu’elle recherche dans une villa <strong>en</strong> périphérie ? En effet, ces zones sont<br />
très loin du rêve idéalisé de la campagne. Ces lieux ne propos<strong>en</strong>t qu’une succession<br />
de jardins où se côtoi<strong>en</strong>t clôtures et haies afi n de se protéger de l’intrusion du voisin<br />
et de gagner un minimum d’individualité qui n’existe pas. Dans les quartiers de villas,<br />
les constructions sont souv<strong>en</strong>t proches les unes des autres et cré<strong>en</strong>t une s<strong>en</strong>sation de<br />
promiscuit, plus importante que dans un logem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> conçu <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre ville. De plus,<br />
l’éloignem<strong>en</strong>t des infrastructures est à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte. Il favorise l’utilisation des<br />
transports individuels.<br />
De nos jours, cette structure de la société a laissé place à une individualisation<br />
progressive avec laquelle la notion de vivre <strong>en</strong>semble a disparu. Il serait donc<br />
intéressant de compr<strong>en</strong>dre ce qui incite certaines personnes à un retour <strong>en</strong> ville, alors<br />
que la majorité rêve toujours de sa villa à la campagne.<br />
Pour illustrer cela, il semble intéressant de parler d’une étude actuellem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ée<br />
par l’Université de Neuchâtel 1 . Elle a pour but de défi nir qui sont les nouveaux habitants<br />
de la ville et pour quelles raisons leur choix s’est porté sur le mode de vie urbain.<br />
Cette étude n’est pas <strong>en</strong>core terminée, mais les premiers résultats font ressortir que<br />
la qualité des logem<strong>en</strong>ts, l’accessibilité et la proximité du travail et du c<strong>en</strong>tre ville sont<br />
les facteurs qui incit<strong>en</strong>t à v<strong>en</strong>ir vivre <strong>en</strong> ville. Les personnes interrogées m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>tre autres que la vie <strong>en</strong> ville permet une meilleure organisation pour les familles,<br />
grâce aux services de garde proposés, et permet de se déplacer à pied, ce qui évite<br />
ainsi des dép<strong>en</strong>ses <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>s de transport individuels.<br />
La question de la typologie sera traitée par la suite, mais il faut souligner que<br />
plusieurs conditions doiv<strong>en</strong>t être remplies pour qu’un logem<strong>en</strong>t collectif soit réussi. La<br />
cellule de l’habitat doit s’insérer dans un contexte construit réfl échi et planifi é. Cette<br />
cellule devi<strong>en</strong>t le lieu privé au sein de la ville. La réfl exion, lors de la planifi cation d’un<br />
nouveau morceau de ville, doit porter sur le mélange des activités à proposer ainsi que<br />
sur la diversité des logem<strong>en</strong>ts composant le nouveau morceau de ville. Il n’est <strong>en</strong> effet<br />
pas possible de proposer un seul type d’habitat. Cela <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drerait une appropriation<br />
par une population homogène alors qu’il est préférable de favoriser la mixité.<br />
La connexion du logem<strong>en</strong>t au reste de la ville est un facteur important dans la<br />
planifi cation. Les lieux de transition doiv<strong>en</strong>t être agréables à vivre, permettant ainsi<br />
aux habitants de sortir et de r<strong>en</strong>contrer leurs voisins et ne pas être de simples lieux de<br />
passage. Ils peuv<strong>en</strong>t accueillir certaines des parties communautaires que demande<br />
le programme et servir de lieu de jeu pour les <strong>en</strong>fants. Ils peuv<strong>en</strong>t même dev<strong>en</strong>ir des<br />
lieux appropriables par le logem<strong>en</strong>t.<br />
1 Étude intitulée : Retours <strong>en</strong> ville? dirigée par le Prof. Dr. Eti<strong>en</strong>ne Piguet<br />
49
50<br />
Fig. 54 : Les logem<strong>en</strong>ts du Malchower Weg à Berlin, jardin c<strong>en</strong>tral.<br />
Fig. 55 : Les logem<strong>en</strong>ts du Malchower Weg à Berlin, réalisés par Hans Kollhoff. Les plots sont<br />
surélevés par rapport à la rue, ce qui privatise les jardins.<br />
Fig. 56 : Logem<strong>en</strong>ts réalisés par le bureau G<strong>en</strong>inasca Delefortrie à la rue des Noyers, Neuchâtel.<br />
Immeuble à cour ouverte. Les appartem<strong>en</strong>ts sont distribués par des coursives.
De la ville au logem<strong>en</strong>t, les espaces intermédiaires<br />
Afi n d’opérer la transition <strong>en</strong>tre les questionnem<strong>en</strong>ts liés à la ville et au quartier,<br />
qui ont prédominés jusqu’ici, et ceux liés au logem<strong>en</strong>t collectifs qui vont suivre, il faut<br />
aborder la question des espaces de transition <strong>en</strong>tre ces deux échelles. En effet, il est<br />
très rare que la transition <strong>en</strong>tre le chez soi et l’espace public de la ville se fasse de<br />
manière directe. Les appartem<strong>en</strong>ts sont la plupart du temps distribués par groupe. La<br />
répartition la plus courante est celle de la cage d’escalier desservant deux ou trois<br />
logem<strong>en</strong>ts par étage. Les relations peuv<strong>en</strong>t se complexifi er. Il peut aussi exister un<br />
espace intermédiaire <strong>en</strong>tre la rue et la porte de l’immeuble ou alors <strong>en</strong>tre la porte de<br />
l’immeuble et celle de l’appartem<strong>en</strong>t. Les questions liées à ces problématiques de<br />
transition sont souv<strong>en</strong>t laissées de côté, ce qui est une erreur, car elles peuv<strong>en</strong>t avoir<br />
une grande infl u<strong>en</strong>ce sur la perception de la réalisation.<br />
Cette interrogation sur les différ<strong>en</strong>ts seuils de privacité a aussi son importance<br />
dans le discours la d<strong>en</strong>sité. Une distribution appropriée et cohér<strong>en</strong>te peut permettre de<br />
donner une s<strong>en</strong>sation d’espace à des constructions <strong>en</strong> réalité extrêmem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ses.<br />
Bi<strong>en</strong> que la d<strong>en</strong>sité des nouvelles réalisations soit souv<strong>en</strong>t défi nie par les<br />
règlem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> vigueur pour la parcelle donnée, il est possible d’aller plus loin, ce afi n<br />
d’aborder certains principes susceptibles de d<strong>en</strong>sifi er le bâtim<strong>en</strong>t proprem<strong>en</strong>t dit. Dans<br />
cette optique, les espaces intermédiaires ont leur rôle à jouer. Pour cela, il est possible<br />
d’aborder le problème sous différ<strong>en</strong>ts angles. Pascal Amphoux distingue trois thèmes<br />
qu’il défi nit comme étant des modèles architecturaux de d<strong>en</strong>sifi cation. Ces principes se<br />
retrouv<strong>en</strong>t dans différ<strong>en</strong>ts projets plus ou moins réc<strong>en</strong>ts. Ils font <strong>en</strong> tout cas l’objet de<br />
recherches dans la question contemporaine sur la d<strong>en</strong>sité. Les trois principes sont :<br />
- La contraction du programme<br />
- L’internalisation des espaces intermédiaires<br />
- La modulation de l’<strong>en</strong>veloppe extérieure<br />
La conc<strong>en</strong>tration du programme fait appel à deux notions : celle de la conc<strong>en</strong>tration<br />
des services dans ou autour d’un noyau c<strong>en</strong>tral et celle du regroupem<strong>en</strong>t des espaces<br />
de distribution. Cela permet de gagner de la surface habitable et de conc<strong>en</strong>trer tous les<br />
problèmes de nature technique <strong>en</strong> un seul point du plan. Cette manière de procéder se<br />
retrouve dans de nombreux projets. Elle peut par exemple permettre de donner une<br />
seule <strong>en</strong>trée à tout un complexe, par laquelle il est impératif de transiter pour rejoindre<br />
son logem<strong>en</strong>t.<br />
L’internalisation des espaces intermédiaires veut r<strong>en</strong>dre intérieur ce qui est extérieur<br />
afi n que les espaces extérieurs au logem<strong>en</strong>t puiss<strong>en</strong>t être des lieux d’appropriation et<br />
qu’ils serv<strong>en</strong>t d’espaces de r<strong>en</strong>contre aux habitants. L’internalisation permet <strong>en</strong> outre<br />
un passage de manière plus fi ne de l’espace public à l’espace privé. Deux possibilités<br />
sont illustrées ici : la distinction des surfaces ou/et offre de mobilier spécifi que.<br />
Un exemple pour la distinction des surfaces est l’opération du bureau Kollhoff et<br />
Timmermann pour les logem<strong>en</strong>ts du Malchower Weg à Berlin. Dans cette réalisation,<br />
l’espace public <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts blocs est surélevé par rapport à la rue, ce qui<br />
permet de privatiser le jardin et de le faire appart<strong>en</strong>ir aux habitants du complexe. Une<br />
réalisation de Herman Hertzberger illustre quant à elle l’aménagem<strong>en</strong>t d’une coursive<br />
large par des bancs et des ouvertures appropriées, qui permett<strong>en</strong>t aux habitants de<br />
fi xer eux-mêmes les limites privatives <strong>en</strong>tre leur appartem<strong>en</strong>t et l’extérieur. L’opération<br />
du bureau G<strong>en</strong>inasca Delefortrie à la rue des Noyers illustre bi<strong>en</strong> les deux partis. D’une<br />
51
52<br />
Fig. 57 et 58 : Les bâtim<strong>en</strong>ts de logem<strong>en</strong>ts de la Röntg<strong>en</strong> Areal, <strong>en</strong> bordure de la gare de Zurich,<br />
sont organisées <strong>en</strong> neuf plots. Leurs balcons sont <strong>en</strong> décalage par rapport à la façade.<br />
Fig. 59 et 60 : Les logem<strong>en</strong>ts Achsl<strong>en</strong>park à Saint-Gall du bureau Baumschlager-Eberle.<br />
Fig. 61 : Les logem<strong>en</strong>ts de Neutelings<br />
Riedijk Architects, à Sittard, aux Pays-<br />
Bas, propos<strong>en</strong>t une segm<strong>en</strong>tation de<br />
la construction <strong>en</strong> trois parties distinctes.<br />
Cela confère au bâtim<strong>en</strong>t un aspect<br />
moins massif.
part, l’immeuble occupe une situation surélevée par rapport aux voiries, ce qui permet<br />
à la cour de gagner <strong>en</strong> privacité. Elle apparti<strong>en</strong>t à tous les logem<strong>en</strong>ts sans appart<strong>en</strong>ir<br />
à la ville. D’autre part, le choix des coursives aménageables et appropriables rejoint le<br />
projet de Hermann Herzberger sur l’épaisseur des seuils de contact.<br />
La modulation de l’espace extérieur se traduit par un changem<strong>en</strong>t léger dans<br />
le traitem<strong>en</strong>t de la façade : superposition des couches, changem<strong>en</strong>t des volumes,<br />
fragm<strong>en</strong>tation des bâtim<strong>en</strong>ts. Ces facteurs peuv<strong>en</strong>t avoir une certaine infl u<strong>en</strong>ce dans<br />
la perception de la d<strong>en</strong>sité. Ils permett<strong>en</strong>t au bâtim<strong>en</strong>t de posséder différ<strong>en</strong>ts niveaux<br />
de lecture et de ne plus paraître <strong>en</strong> tant qu’objet unique et massif, mais plutôt comme<br />
objet décomposable <strong>en</strong> plus petites unités.<br />
L’exemple de la superposition des couches de la façade peut être illustré par les<br />
logem<strong>en</strong>ts réalisés par le bureau Baumschlager et Eberle à Saint-Gall. Les bâtim<strong>en</strong>ts,<br />
des plots, sont <strong>en</strong>tourés d’une coursive munie de grandes vitres opaques coulissantes,<br />
ce qui confère une seconde peau au bâtim<strong>en</strong>t, une peau qui peut changer selon<br />
l’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t que choisiss<strong>en</strong>t les occupants. La lecture du plot massif s’estompe et le<br />
bâtim<strong>en</strong>t acquiert une certaine légèreté. La même remarque peut être faite pour les<br />
logem<strong>en</strong>ts réalisés par Sturm und Wolf à la Röntg<strong>en</strong> Areal de Zurich. Le positionnem<strong>en</strong>t<br />
des balcons, <strong>en</strong> décalage par rapport aux bâtim<strong>en</strong>ts, ainsi que leur prés<strong>en</strong>ce forte due<br />
aux balustrades offr<strong>en</strong>t deux niveaux de lecture.<br />
Le changem<strong>en</strong>t des couches et la fragm<strong>en</strong>tation des volumes s’illustr<strong>en</strong>t par la<br />
réalisation de Neutelings Riedijk Architects à Sittard aux Pays-Bas. Premièrem<strong>en</strong>t,<br />
le bâtim<strong>en</strong>t se lit <strong>en</strong> trois couches qui se superpos<strong>en</strong>t : un socle, un corps principal<br />
<strong>en</strong> granit et un couronnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> bardage bois. Secondem<strong>en</strong>t, les deux derniers<br />
étages (<strong>en</strong> bois) sont découpés <strong>en</strong> plusieurs volumes, ce qui allège la volumétrie de<br />
l’immeuble.<br />
Les considérations abordées dans ce chapitre marqu<strong>en</strong>t l’importance du<br />
traitem<strong>en</strong>t des espaces de transitions. Ils sont souv<strong>en</strong>t laissés <strong>en</strong> marge et réduits<br />
à leur simple rôle distributif dans les projets immobiliers, cela pour des questions de<br />
coût. Il faudra veiller, lors de la réfl exion sur le projet, à ne pas minimiser l’importance<br />
de tels espaces.<br />
53
54<br />
Fig. 62 : Graphique représ<strong>en</strong>tant les pourc<strong>en</strong>tages de types d’habitations de la population suisse.<br />
Fig. 63 : En Europe, la Suisse est le pays qui compte le moins de propriétaires.<br />
Fig. 64 : Le système d’évaluation des logem<strong>en</strong>ts (SEL). Il comporte trois parties regroupant chacune<br />
des critères propres.
Le logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Suisse<br />
Il convi<strong>en</strong>t de faire un point rapide sur la situation actuelle du logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Suisse.<br />
En 2000, le rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t de la population et l’<strong>en</strong>quête sur les bâtim<strong>en</strong>ts ont pu<br />
montrer quel était le parc de logem<strong>en</strong>t et de quelle manière il était utilisé. Le tableau<br />
illustre la répartition des types de résid<strong>en</strong>ces principales. Le mode de vie <strong>en</strong> villa<br />
individuelle occupe une part importante. En Suisse, la majeure partie des logem<strong>en</strong>ts<br />
est la propriété de particulier (75 %), mais seulem<strong>en</strong>t 35 % apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à ceux qui y<br />
habit<strong>en</strong>t. Concernant le nombre de pièces, les logem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> propriété possèd<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne 5 pièces alors que ce nombre desc<strong>en</strong>d à 3,3 pour un logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> location.<br />
La Suisse possède de bons logem<strong>en</strong>ts par comparaison à d’autres pays<br />
europé<strong>en</strong>s. Cep<strong>en</strong>dant, il existe des disparités matérielles et territoriales. Ce sont<br />
souv<strong>en</strong>t les personnes à haut rev<strong>en</strong>u qui peuv<strong>en</strong>t accéder aux logem<strong>en</strong>ts de qualité,<br />
qui sont principalem<strong>en</strong>t situés dans les grands c<strong>en</strong>tres urbains du pays. Le logem<strong>en</strong>t<br />
de qualité devrait être accessible à tous et l’Offi ce fédéral du logem<strong>en</strong>t s’efforce de<br />
remédier aux disparités.<br />
Par ailleurs, l’Offi ce fédéral du développem<strong>en</strong>t territorial cherche des solutions<br />
afi n de réduire l’infl u<strong>en</strong>ce que le logem<strong>en</strong>t individuel a sur les intérêts collectifs. Des<br />
mesures économiques visant à favoriser les nouvelles constructions d<strong>en</strong>ses ou à<br />
plafonner l’usage du sol sont à l’étude.<br />
Le retour de la population dans les villes se remarque déjà <strong>en</strong> Suisse. Plusieurs<br />
c<strong>en</strong>tres d’agglomérations ont regagné des habitants ces dernières années. C’est le<br />
cas notamm<strong>en</strong>t à Zurich. Ce retour est dû à une politique très active <strong>en</strong> matière de<br />
logem<strong>en</strong>t. En 1998, Elmar Ledergerber, le présid<strong>en</strong>t de la ville, s’est donné comme<br />
objectif de construire 10 000 nouveaux logem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> dix ans. Après huit ans, le contrat<br />
était déjà rempli. La ville de Bâle a <strong>en</strong>trepris une démarche du même type <strong>en</strong> planifi ant<br />
la conception de 5000 nouveaux logem<strong>en</strong>ts dans les prochaines années. Cela pourrait<br />
servir de modèle à d’autres villes suisses, notamm<strong>en</strong>t G<strong>en</strong>ève et Lausanne, qui pour<br />
l’instant pein<strong>en</strong>t à mettre sur pied de tels projets.<br />
Afi n de reconstituer un modèle urbain d<strong>en</strong>se, il est important d’utiliser les espaces<br />
laissés libres, de se les réapproprier, de les transformer. Il faut recoudre le tissu<br />
urbain, par morceaux, <strong>en</strong> fonction du site et des élém<strong>en</strong>ts al<strong>en</strong>tour. Chaque pièce<br />
apporte ainsi sa contribution à un tout, sans avoir été forcém<strong>en</strong>t planifi é à l’avance.<br />
Le quartier de la Maladière est un bon exemple de ce type de développem<strong>en</strong>t. Il se<br />
transforme progressivem<strong>en</strong>t, morceau après morceau, sans connaître une planifi cation<br />
d’<strong>en</strong>semble.<br />
La Suisse possède un système d’évaluation des logem<strong>en</strong>ts (SEL) qui regroupe<br />
les critères <strong>en</strong> trois parties distinctes (voir le tableau ci-contre). La première s’occupe<br />
du logem<strong>en</strong>t lui même, la deuxième de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t immédiat et la dernière du<br />
lieu d’implantation. Chaque critère possède une pondération propre, ce qui permet<br />
d’attribuer une note aux logem<strong>en</strong>ts.<br />
La situation du logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Suisse évolue de jour <strong>en</strong> jour. En dehors des<br />
t<strong>en</strong>dances générales, il est diffi cile de faire le point de manière claire. L’Offi ce fédéral<br />
du logem<strong>en</strong>t édite fréquemm<strong>en</strong>t des brochures auxquelles il est possible de se référer<br />
pour toute question relative au logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Suisse.<br />
55
56<br />
Fig. 65 : Immeuble d’habitation du Weiss<strong>en</strong>hof à Stuttgart de Mies van der Rohe. La structure du<br />
bâtim<strong>en</strong>t permet l’aménagem<strong>en</strong>t de diverses typologies d’appartem<strong>en</strong>t.<br />
Fig. 66 : Ces logem<strong>en</strong>ts propos<strong>en</strong>t des pièces de taille équival<strong>en</strong>te, ce qui permet une multiplicité<br />
des usages.<br />
Fig. 67 : Logem<strong>en</strong>ts des architectes Erny, Gramelsbacher, Schneider, à Bâle. Les parois fl exibles<br />
permett<strong>en</strong>t une diversité des aménagem<strong>en</strong>ts.<br />
Fig. 68 : Logem<strong>en</strong>ts à surface variable. On peut obt<strong>en</strong>ir, par le même plan, un, deux ou trois<br />
appartem<strong>en</strong>ts.
Quelle typologie pour quel mode de vie ?<br />
« [...] Des raisons économiques exig<strong>en</strong>t aujourd’hui de rationaliser et de standardiser<br />
la construction d’appartem<strong>en</strong>ts. D’autre part, pourtant, la différ<strong>en</strong>ciation croissante de<br />
nos besoins d’habitation demande la plus grande liberté dans la manière d’utiliser nos<br />
appartem<strong>en</strong>ts. Il sera nécessaire à l’av<strong>en</strong>ir de répondre à ces deux critères...»<br />
L. Mies van der Rohe<br />
Les changem<strong>en</strong>ts de la société s’illustr<strong>en</strong>t dans l’aménagem<strong>en</strong>t d’un logem<strong>en</strong>t.<br />
L’évolution des modes de vie a une infl u<strong>en</strong>ce sur la constitution du plan des appartem<strong>en</strong>ts.<br />
De nos jours, les investisseurs et les promoteurs, soucieux d’obt<strong>en</strong>ir une r<strong>en</strong>tabilité<br />
maximale de la construction, rest<strong>en</strong>t frileux lorsqu’il s’agit d’expérim<strong>en</strong>ter de nouvelles<br />
typologies. Le plan classique opposant les parties « jour et nuit » et « servant servi »<br />
prédomine. La plupart du temps, les logem<strong>en</strong>ts locatifs sont construits sur des plans<br />
de base, fi xés depuis les années 1960. Les architectes particip<strong>en</strong>t peu à une réfl exion<br />
approfondie lorsqu’il s’agit de logem<strong>en</strong>ts. Pourtant, de nouvelles innovations ont vu<br />
le jour <strong>en</strong> Suisse ces dernières années. La multitude de modes de vie demanderait<br />
des logem<strong>en</strong>ts particuliers pour chacun. Cep<strong>en</strong>dant, cette demande est extrêmem<strong>en</strong>t<br />
diffi cile à satisfaire. C’est pour cette raison que les appartem<strong>en</strong>ts fl exibles possédant<br />
des pièces neutres, facilem<strong>en</strong>t appropriables par leurs habitants, sont très recherchés.<br />
Ils permett<strong>en</strong>t à différ<strong>en</strong>ts types de ménages d’investir l’appartem<strong>en</strong>t. Ils permett<strong>en</strong>t<br />
aussi une réorganisation de la famille au fi l du temps et des besoins des occupants<br />
<strong>en</strong> permettant d’éviter un déménagem<strong>en</strong>t. Aujourd’hui, les foyers sont composés de<br />
moins d’habitants. L’explosion de la famille classique explique <strong>en</strong> partie ce problème.<br />
Une famille vivant <strong>en</strong>semble occupe, au fi nal, deux logem<strong>en</strong>ts après un divorce<br />
par exemple. Le fait que les <strong>en</strong>fants rest<strong>en</strong>t plus longtemps à la maison ou que les<br />
personnes âgées viv<strong>en</strong>t avec leurs <strong>en</strong>fants pose aussi certains problèmes de privacité.<br />
Chaque adulte désire avoir son espace privé. Dans ce s<strong>en</strong>s, les pièces accessibles<br />
autrem<strong>en</strong>t que par l’<strong>en</strong>trée principale sont très prisées. Elles permett<strong>en</strong>t une certaine<br />
indép<strong>en</strong>dance des individus. Il est de toute manière plus c<strong>en</strong>sé de ne pas prévoir un<br />
contrôle de toutes les chambres par un seul espace. Bi<strong>en</strong> que cela puisse permettre<br />
plus d’échanges, la privacité est compromise et la situation est souv<strong>en</strong>t mal vécue<br />
par les habitants, qui ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le contrôle des autres occupants sur leurs allées et<br />
v<strong>en</strong>ues.<br />
La question des personnes âgées permet aussi d’aborder le thème de la mobilité<br />
et du déplacem<strong>en</strong>t au sein d’un immeuble collectif. Les seuils doiv<strong>en</strong>t être pour ainsi<br />
dire inexistants, afi n de limiter les obstacles. Cette problématique est de plus <strong>en</strong> plus<br />
prés<strong>en</strong>te dans les réfl exions des architectes. Le vieillissem<strong>en</strong>t de la population va<br />
induire qu’une att<strong>en</strong>tion particulière soit portée à ces problèmes. En même temps, cela<br />
freine une certaine inv<strong>en</strong>tivité dans le domaine des typologies qui doiv<strong>en</strong>t écarter les<br />
obstacles de leurs plans.<br />
De quelle manière est-il possible de fl exibiliser les appartem<strong>en</strong>ts ? La réalisation<br />
de pièces neutres offrant une superfi cie généreuse et permettant des utilisations<br />
diversifi ées est une des réponses à cette question. La modifi cation du plan de<br />
l’appartem<strong>en</strong>t par l’ouverture ou la fermeture de portes <strong>en</strong>tre les pièces, comme cela se<br />
faisait dans les appartem<strong>en</strong>ts anci<strong>en</strong>s, permet aussi une multitude d’aménagem<strong>en</strong>ts.<br />
La pièce supplém<strong>en</strong>taire, reliée au logem<strong>en</strong>t, mais possédant une <strong>en</strong>trée séparée<br />
et sa propre salle d’eau est une manière de r<strong>en</strong>dre le plan du logem<strong>en</strong>t fl exible. Elle<br />
permet une certaine autonomie des personnes qui l’occup<strong>en</strong>t. Elle peut aussi être<br />
utilisée pour recevoir des personnes extérieures.<br />
57
58<br />
Fig. 69 : Les logem<strong>en</strong>ts de Felix Kuhn et<br />
Georges Pfi ffner à L<strong>en</strong>zburg donn<strong>en</strong>t aux<br />
pièces des doubles portes permettant de<br />
régler le niveau de privacité de chaque espace.<br />
Il est aussi possible ainsi d’obt<strong>en</strong>ir<br />
des espaces traversants.<br />
Fig. 70 : Les logem<strong>en</strong>ts conçus par Michael<br />
Alder, au Luzernerring à Bâle, propos<strong>en</strong>t<br />
des cloisons mobiles pouvant faire<br />
varier la taille des pièces selon les besoins<br />
des occupants.<br />
Fig. 71 : Les logem<strong>en</strong>ts proposés par<br />
Erny, Gramelsbach et Schneider à la Burgfederstrasse<br />
à Bâle ne fi x<strong>en</strong>t pas le rôle<br />
des différ<strong>en</strong>tes pièces. Certaines pièces<br />
possèd<strong>en</strong>t deux <strong>en</strong>trées ce qui permet de<br />
varier l’emploi qui <strong>en</strong> est fait.<br />
Fig. 72 : Ce plan de Herbert Wimmer, à<br />
Vi<strong>en</strong>ne, propose des cloisons mobiles<br />
permettant de créer ou non des espaces<br />
fermés. Les possibilités qu’offr<strong>en</strong>t ce plan<br />
sont multiples et il permet d’accueillir plusieurs<br />
types de ménages.
Au sein de l’appartem<strong>en</strong>t lui-même, chaque pièce a subit, durant le XX e siècle, un<br />
changem<strong>en</strong>t d’utilisation. Même si ces changem<strong>en</strong>ts ne se sont pas faits du jour au<br />
l<strong>en</strong>demain et que les utilisations vari<strong>en</strong>t de ménage <strong>en</strong> ménage, ainsi que de pays <strong>en</strong><br />
pays, certaines t<strong>en</strong>dances générales peuv<strong>en</strong>t être relevées :<br />
La cuisine est dev<strong>en</strong>ue un lieu de r<strong>en</strong>contre pour les familles ; elle représ<strong>en</strong>te<br />
le lieu de rassemblem<strong>en</strong>t dans lequel le repas est partagé. Le rassemblem<strong>en</strong>t de la<br />
famille <strong>en</strong>tière devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus rares étant donné l’autonomie des membres<br />
du ménage. Elle permet aussi de recevoir. Une grande cuisine, ou une cuisine <strong>en</strong> li<strong>en</strong><br />
avec un coin repas spacieux, est une demande formulée par une part importante des<br />
habitants de toute catégorie. Le fait que la population cuisine de moins <strong>en</strong> moins infl ue<br />
aussi sur cette pièce. De lieu utilitaire, elle devi<strong>en</strong>t ainsi lieu de loisir dont on profi te lors<br />
du temps libre. Elle perd son rôle d’espace exclusivem<strong>en</strong>t servant et devi<strong>en</strong>t le lieu de<br />
diverses activités. Elle t<strong>en</strong>d de plus <strong>en</strong> plus à remplacer le rôle de la pièce de séjour<br />
comme c<strong>en</strong>tre de la vie sociale du logem<strong>en</strong>t. Elle est aussi souv<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ue salle à<br />
manger, ce qui permet de libérer une pièce pour d’autres activités.<br />
Le salon, quant à lui, t<strong>en</strong>d à perdre le rôle de c<strong>en</strong>tre de vie du ménage. Par une<br />
individualisation croissante et l’apparition des technologies (télévisions, ordinateurs)<br />
dans les diverses pièces de la maison, notamm<strong>en</strong>t les pièces individuelles, il n’est plus<br />
nécessaire de se retrouver autour de l’unique écran du logem<strong>en</strong>t. Le salon disparaît<br />
quelquefois, remplacé par un espace de distribution généreux et appropriable. Dans<br />
ce cas <strong>en</strong>core, cela permet de gagner une pièce. Les séjours proposant plusieurs<br />
espaces distincts sont aussi recherchés. Ils permett<strong>en</strong>t à une famille de se rassembler<br />
tout <strong>en</strong> offrant la possibilité à chacun de pratiquer des activités diverses.<br />
La chambre individuelle est passée d’un lieu qui était exclusivem<strong>en</strong>t destiné au<br />
sommeil à un lieu polyval<strong>en</strong>t. Il faut pouvoir y regrouper plusieurs fonctions : dormir,<br />
travailler et se dét<strong>en</strong>dre. Elle permet à chacun de posséder son propre espace privatif<br />
au sein du logem<strong>en</strong>t. De cette manière, les pièces ont gagné <strong>en</strong> surface.<br />
Le statut de l’<strong>en</strong>trée et des circulations a évolué : après avoir essayé de réduire<br />
les espaces de circulation, les architectes t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t aujourd’hui à les revaloriser, à les<br />
r<strong>en</strong>dre aménageables. Les <strong>en</strong>trées cloisonnées, souv<strong>en</strong>t ouvertes sur un couloir<br />
sombre t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t aussi à disparaître au profi t d’<strong>en</strong>trées plus généreuses <strong>en</strong> espace,<br />
permettant par exemple le rangem<strong>en</strong>t et offrant un dégagem<strong>en</strong>t visuel et recevant de<br />
la lumière.<br />
La privatisation de la salle de bains s’impose de plus <strong>en</strong> plus. Son attachem<strong>en</strong>t à<br />
la chambre est de plus <strong>en</strong> plus fréqu<strong>en</strong>t. Il est préférable de l’éclairer naturellem<strong>en</strong>t.<br />
Le nombre de salles de bains doit être proportionnel à la taille du ménage. Mais il<br />
faut toutefois prévoir une salle de bains à usage privé et une autre à usage publique,<br />
accessible aux personnes externes au ménage.<br />
Les possibilités et le désir de travailler chez soi vont grandissants. Il doit être<br />
possible de recevoir dans le cadre du travail sans perturber la privacité de son<br />
logem<strong>en</strong>t, ce qui demande une séparation <strong>en</strong>tre le lieu de vie et celui du travail.<br />
Les parties communes aux logem<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t être traitées avec le plus grand<br />
soin, car elles contribu<strong>en</strong>t à valoriser des logem<strong>en</strong>ts réussis. Il faut pour cela pr<strong>en</strong>dre<br />
<strong>en</strong> compte plusieurs facteurs qui dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du développem<strong>en</strong>t du projet.<br />
59
60<br />
Fig. 73 et 74 : L’<strong>en</strong>semble de logem<strong>en</strong>ts coopératifs à Zurich-leimbach de pool Architekt<strong>en</strong> propose<br />
120 appartem<strong>en</strong>ts organisés <strong>en</strong> modules de six. Chaque module propose quatre appartem<strong>en</strong>ts<br />
traversants et deux duplexes. Cette méthode permet de proposer des typologies différ<strong>en</strong>tes<br />
pouvant répondre aux besoins actuels <strong>en</strong> matière de logem<strong>en</strong>t.
Un logem<strong>en</strong>t, même petit, peut procurer une certaine s<strong>en</strong>sation d’espace. Il faut<br />
pour cela porter son att<strong>en</strong>tion sur certains détails susceptibles d’agrandir l’appartem<strong>en</strong>t.<br />
Le fait de r<strong>en</strong>dre perceptible la plus grande distance du logem<strong>en</strong>t depuis la porte<br />
d’<strong>en</strong>trée permet d’acc<strong>en</strong>tuer l’effet d’espace. Une paroi de grande longueur qui peut<br />
laisser glisser le regard sans interruption est aussi une bonne solution. La possibilité<br />
de percevoir toute l’épaisseur du logem<strong>en</strong>t permet de pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce de la<br />
profondeur du plan. L’ouverture <strong>en</strong>tre le salon et le séjour crée un seul grand espace.<br />
Il est pourtant agréable de laisser la possibilité de fermer la cuisine. Faciliter les<br />
circuits différ<strong>en</strong>ts, par exemple par une circulation au cœur du bâtim<strong>en</strong>t et une autre<br />
<strong>en</strong> façade. La différ<strong>en</strong>ciation des espaces par des apports de lumière différ<strong>en</strong>ts, par<br />
un changem<strong>en</strong>t des hauteurs sous plafond ou <strong>en</strong>core par l’utilisation de couleurs qui<br />
diffèr<strong>en</strong>t peut apporter un réel changem<strong>en</strong>t dans la s<strong>en</strong>sation d’espace.<br />
Dans les réalisations réc<strong>en</strong>tes, la volonté de plus <strong>en</strong> plus perceptible est de<br />
proposer un maximum de logem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts au sein d’un même immeuble. On voit<br />
souv<strong>en</strong>t les typologies se complexifi er et jouer le jeu d’une imbrication dans les trois<br />
dim<strong>en</strong>sions. L’exemple des logem<strong>en</strong>ts de pool Architekt<strong>en</strong> à Zurich <strong>en</strong> est la parfaite<br />
illustration.<br />
Les plans prés<strong>en</strong>tés dans ce chapitre illustr<strong>en</strong>t la fl exibilité que certains logem<strong>en</strong>ts<br />
peuv<strong>en</strong>t acquérir grâce à certains principes. Je me suis limité, pour l’instant, à prés<strong>en</strong>ter<br />
ces quelques typologies, car il est diffi cile de savoir lesquelles seront utiles au cours du<br />
projet.<br />
Fig. 75 à 77 : Illustration de la composition de modules à l’aide d’appartem<strong>en</strong>ts de plusieurs types.<br />
Une excell<strong>en</strong>te solution de remplacem<strong>en</strong>t à la villa individuelle.<br />
61
62<br />
Fig. 78 : La réalisation de Di<strong>en</strong>er & Di<strong>en</strong>er<br />
propose deux nouveaux bâtim<strong>en</strong>ts.<br />
Celui des logem<strong>en</strong>ts, à cour ouverte et<br />
celui des bureaux, à cour fermée. On remarque<br />
clairem<strong>en</strong>t la réinterprétation de<br />
l’îlot classique, qui s’ouvre et permet aux<br />
passants de s’y introduire.<br />
Fig. 79 : Les bâtim<strong>en</strong>ts se différ<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>t<br />
par le traitem<strong>en</strong>t de leurs façades respectives.<br />
Fig. 80 : La maquette permet de distinguer<br />
les deux anci<strong>en</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts ainsi<br />
que les deux nouveaux.
Exemples de logem<strong>en</strong>ts<br />
Afi n de se familiariser avec le logem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>se, il faut rechercher des exemples<br />
pouvant se rapprocher du futur projet de Master. Le choix des réalisations prés<strong>en</strong>tées<br />
dans ce chapitre s’est fait selon plusieurs critères. Certains projets possèd<strong>en</strong>t une<br />
parcelle de taille comparable à celle de la parcelle ret<strong>en</strong>ue à la Maladière, d’autres<br />
illustr<strong>en</strong>t la d<strong>en</strong>sité de manière exemplaire. D’autres <strong>en</strong>core propos<strong>en</strong>t un traitem<strong>en</strong>t<br />
particulièrem<strong>en</strong>t réussi des niveaux de privacité <strong>en</strong>tre la rue et le logem<strong>en</strong>t et<br />
fi nalem<strong>en</strong>t certains offr<strong>en</strong>t des typologies particulièrem<strong>en</strong>t intéressantes pouvant<br />
apporter une aide dans les futures réfl exions sur le projet. Cela permettra de constituer<br />
une sorte de « catalogue », non exhaustif, de quelques référ<strong>en</strong>ces. Les exemples<br />
suivants permett<strong>en</strong>t aussi d’illustrer certaines réfl exions et préoccupations abordées<br />
précédemm<strong>en</strong>t et qui concern<strong>en</strong>t la d<strong>en</strong>sité.<br />
Il est diffi cile de parler de la question de la d<strong>en</strong>sité et de celle du logem<strong>en</strong>t sans<br />
citer certaines interv<strong>en</strong>tions de Di<strong>en</strong>er & Di<strong>en</strong>er dont l’architecture « pour la ville » est<br />
illustrée par de nombreux exemples à Bâle. Martin Steinmann revi<strong>en</strong>t dans un de ses<br />
textes sur cette question. Ce dernier repr<strong>en</strong>d les réfl exions que Bernard Huet exprime<br />
dans son article « l’architecture contre la ville » et les utilise pour illustrer <strong>en</strong> quoi les<br />
bâtim<strong>en</strong>ts de Di<strong>en</strong>er & Di<strong>en</strong>er sont une architecture pour la ville. Leurs bâtim<strong>en</strong>ts ne<br />
sont pas des objets exceptionnels dans le tissu urbain. Ils réutilis<strong>en</strong>t et réinterprèt<strong>en</strong>t<br />
des élém<strong>en</strong>ts, toujours reconnaissables, qui compos<strong>en</strong>t la cité, ce qui permet de relier<br />
le bâtim<strong>en</strong>t à l’histoire de l’architecture et d’<strong>en</strong> faciliter la lecture.<br />
Pour illustrer l’architecture de Di<strong>en</strong>er & Di<strong>en</strong>er, il faut se p<strong>en</strong>cher sur la réalisation<br />
du Warteckhof. Pour ce projet, il s’agissait d’opérer la reconversion d’une anci<strong>en</strong>ne<br />
brasserie. Les architectes ont pour cela choisi de construire deux nouveaux bâtim<strong>en</strong>ts<br />
à cours, l’une ouverte, l’autre non, et de conserver certaines parties anci<strong>en</strong>nes. La<br />
manière dont les façades ont été traitées est caractéristique de l’architecture de<br />
Di<strong>en</strong>er & Di<strong>en</strong>er. L’espace public mérite une att<strong>en</strong>tion particulière. Martin Steinmann<br />
défi nit l’espace <strong>en</strong>tre les constructions comme suit : « il se situe quelque part <strong>en</strong>tre<br />
rue et cour ; il est les deux à la fois et il parle ainsi de la ville d’aujourd’hui et de la<br />
d<strong>en</strong>sité d’expéri<strong>en</strong>ces qu’offre celle-ci ». On retrouve bi<strong>en</strong> ici certaines préoccupations<br />
évoquées précédemm<strong>en</strong>t sur la ville d<strong>en</strong>se et les expéri<strong>en</strong>ces que peut y faire un<br />
individu. C’est <strong>en</strong> cela que l’architecture de Di<strong>en</strong>er & Di<strong>en</strong>er peut résolum<strong>en</strong>t être<br />
qualifi ée d’architecture urbaine.<br />
Fig. 81 et 82<br />
63
64<br />
Fig. 83 : La fragm<strong>en</strong>tation des volumes permet de réduire le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />
d’une trop grande d<strong>en</strong>sité.<br />
Fig. 84 : La volumétrie des logem<strong>en</strong>ts du Crêt-Tacconet crée un espace<br />
public complexe qui propose des resserrem<strong>en</strong>ts et des dilatations d’espace,<br />
ainsi que des vues sur le lointain.
A Neuchâtel, Le bureau Devanthéry & Lamunière a traité du thème de la d<strong>en</strong>sité<br />
à travers le projet de nouveaux logem<strong>en</strong>ts au Crêt-Taconnet. Dans un lieu proche<br />
des transports publics, de la gare et des commerces, ces nouveaux logem<strong>en</strong>ts, par<br />
la volumétrie des constructions, les variations de la dim<strong>en</strong>sion des différ<strong>en</strong>ts corps<br />
de bâtim<strong>en</strong>t et le traitem<strong>en</strong>t des façades à l’aide d’un unique type de f<strong>en</strong>être, cré<strong>en</strong>t<br />
une s<strong>en</strong>sation de d<strong>en</strong>sité. La perception massive des volumes est r<strong>en</strong>forcée par les<br />
f<strong>en</strong>êtres verticales. Ines Lamunière parle du projet comme étant une agglomération de<br />
différ<strong>en</strong>tes masses qui prolong<strong>en</strong>t et acc<strong>en</strong>tu<strong>en</strong>t les diverses échelles prés<strong>en</strong>tes sur<br />
le site : « Elles se situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vis-à-vis les unes des autres, dans une p<strong>en</strong>te <strong>en</strong> escalier,<br />
qui acc<strong>en</strong>tue les effets de hauteur ou de largeur et la perception fragm<strong>en</strong>taire des<br />
vides qu’elles constitu<strong>en</strong>t. Trois grandes f<strong>en</strong>êtres urbaines perfor<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble des<br />
couches opaques que constitu<strong>en</strong>t les bâtim<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre la rue et le panorama lacustre.<br />
Ce dispositif concilie et dramatise la d<strong>en</strong>sité du projet, qui typifi e la ville, et la vue<br />
sur un paysage plus lointain offert, ici, par la situation exceptionnelle du projet ». On<br />
retrouve dans cette réalisation la question de la fragm<strong>en</strong>tation des masses abordée<br />
plus haut. Cette fragm<strong>en</strong>tation permet à ces bâtim<strong>en</strong>ts d<strong>en</strong>ses d’offrir une perception<br />
moins massive. Les cheminem<strong>en</strong>ts piétons possibles ainsi que les resserrem<strong>en</strong>ts des<br />
passages <strong>en</strong>tre les corps de bâtim<strong>en</strong>ts offr<strong>en</strong>t des expéri<strong>en</strong>ces changeantes.<br />
Fig. 85. 86, 87 et 88 : Les bâtim<strong>en</strong>ts accueill<strong>en</strong>t aussi bi<strong>en</strong> des logem<strong>en</strong>ts que des ateliers et des<br />
commerces.<br />
65
66<br />
Fig. 89 : Les coursives généreuses comme espace tampon <strong>en</strong>tre la rue et le logem<strong>en</strong>t. Les habitants<br />
peuv<strong>en</strong>t se les approprier.<br />
Fig. 90 : La réalisation répète le même type d’appartem<strong>en</strong>ts qui possèd<strong>en</strong>t, d’une part, tous un<br />
dégagem<strong>en</strong>t sur l’extérieur et sont, d’autre part, distribués par la coursive.
A Neuchâtel toujours, les nouveaux logem<strong>en</strong>ts, réalisés par les architectes<br />
G<strong>en</strong>inasca Delefortrie, s’organis<strong>en</strong>t autour d’une cour ouverte. Cet exemple permet<br />
d’illustrer la question des espaces extérieurs et des seuils <strong>en</strong>tre l’espace public et le<br />
privé. Le bâtim<strong>en</strong>t ne possède qu’une seule <strong>en</strong>trée principale pour les 40 appartem<strong>en</strong>ts<br />
qu’il propose. La cage d’escalier dessert quatre étages. Les appartem<strong>en</strong>ts sont <strong>en</strong>suite<br />
distribués par des coursives, larges, permettant une certaine appropriation de la part<br />
des habitants. Cette coursive devi<strong>en</strong>t un espace tampon <strong>en</strong>tre la rue et l’appartem<strong>en</strong>t.<br />
Elle apparti<strong>en</strong>t aux seuls locataires de l’immeuble et permet les échanges et les<br />
r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong>tre voisins. La cour c<strong>en</strong>trale sur laquelle donn<strong>en</strong>t toutes les coursives<br />
ajoute <strong>en</strong>core un degré de transition <strong>en</strong>tre les logem<strong>en</strong>ts et l’espace public.<br />
Le bâtim<strong>en</strong>t offre deux visages. Vers l’extérieur, chaque appartem<strong>en</strong>t dispose de<br />
son propre espace privé et de son dégagem<strong>en</strong>t propre, sous forme de loggias, alors<br />
qu’il regroupe tous les appartem<strong>en</strong>ts vers l’intérieur. Cela permet aux occupants de<br />
choisir leur li<strong>en</strong>, plus ou moins public, selon les désirs du mom<strong>en</strong>t.<br />
Fig. 91, 92 et 93 : Les différ<strong>en</strong>ts niveaux de privacité: la rue, la cour, la coursive et le logem<strong>en</strong>t.<br />
67
68<br />
Fig. 94 : La maquette du projet illustre bi<strong>en</strong> la reprise de la volumétrie des anci<strong>en</strong>nes halles industrielles.<br />
Le bâtim<strong>en</strong>t le plus important s’est construit autour du coeur de l’anci<strong>en</strong>ne halle.<br />
Fig. 95 à 99 : Vues diverses de la réalisation. Les immeubles sont hauts et proches ce qui confère<br />
un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité à l’<strong>en</strong>semble.
Les nouveaux logem<strong>en</strong>ts que les architectes Knapkiewicz & Fickert ont réalisés<br />
sur le site des anci<strong>en</strong>nes usines Sulzer à Winterthur mérit<strong>en</strong>t une att<strong>en</strong>tion particulière.<br />
Ils sont intéressants tant du point de vue de la d<strong>en</strong>sité du bâti, de l’ambiance qui<br />
résulte de la reconversion de l’anci<strong>en</strong> site industriel que des différ<strong>en</strong>tes typologies qu’ils<br />
propos<strong>en</strong>t. En effet, <strong>en</strong> repr<strong>en</strong>ant les volumes des anci<strong>en</strong>nes halles, les bâtim<strong>en</strong>ts ne<br />
possèd<strong>en</strong>t pas la dim<strong>en</strong>sion habituelle de bâtim<strong>en</strong>ts de logem<strong>en</strong>ts, ce qui a permis<br />
une certaine innovation des plans d’appartem<strong>en</strong>ts. Cette reprise des grands volumes<br />
industriels crée, <strong>en</strong> même temps, une ambiance particulière. Le fait d’avoir traité la<br />
problématique du logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l’abordant d’une manière peu traditionnelle donne a cet<br />
<strong>en</strong>semble d<strong>en</strong>se une s<strong>en</strong>sation d’espace.<br />
Fig. 100 : Plan général.<br />
Fig. 101 : Coupe transversale.<br />
69
70<br />
Fig. 102 : Plan général. Le projet est subdivisé <strong>en</strong> plusieurs cours intérieures.<br />
Fig. 103 : Les logem<strong>en</strong>ts sont distribués par des cages d’escaliers donnant sur un espace extérieur<br />
appropriable.<br />
Fig. 104 et 105 : A gauche, une cour intérieur. A droite, le coté sud de la réalisation. Les volumes<br />
sont plus fragm<strong>en</strong>tés ce qui change la perception par rapport à la façade nord.
La réalisation de la Selnausiedlung, de l’architecte Martin Spühler, à Zurich illustre<br />
de belle manière la question de la d<strong>en</strong>sité et de l’habitat urbain. Les appartem<strong>en</strong>ts<br />
s’organis<strong>en</strong>t autour d’une succession de cours fermées qui sont la propriété exclusive<br />
des habitants. La distribution des appartem<strong>en</strong>ts se fait par des circulations verticales<br />
ouvertes et par des terrasses qui serv<strong>en</strong>t à la fois d’<strong>en</strong>trée et d’espace extérieur des<br />
appartem<strong>en</strong>ts, tout <strong>en</strong> gardant un li<strong>en</strong> avec la cour. La distribution intérieure place les<br />
chambres sur cour alors que les séjours et les cuisines se trouv<strong>en</strong>t sur rue. Ici aussi,<br />
les seuils <strong>en</strong>tre le privé et le public sont traités de manière subtile.<br />
Fig. 106 : La façade donnant sur la rivière donne à lire la réalisation comme étant un seul bâtim<strong>en</strong>t.<br />
71
72<br />
Fig. 107 : La façade donnant sur la rue à grand trafi c est massive et urbaine tout <strong>en</strong> étant perméable<br />
et permettant l’accès à la cour intérieure.<br />
Fig. 108 : La volumétrie intérieure de la réalisation est plus complexe. Les volumes se décompos<strong>en</strong>t.
La Wohnsiedlung Tramdepot-Tief<strong>en</strong>brunn<strong>en</strong>, au sud-est de Zurich, est un îlot<br />
urbain réalisé <strong>en</strong> une pièce <strong>en</strong> 1991 par l’architecte Willi Kladler. Bi<strong>en</strong> que cette<br />
réalisation possède une forme générale spécifi que, tous les appartem<strong>en</strong>ts y sont<br />
ori<strong>en</strong>tés suivant la même direction. À l’aspect massif et fermé des façades extérieures<br />
répond une cour intérieure généreuse. Les volumes y sont fragm<strong>en</strong>tés, ce qui atténue<br />
l’impression de bloc de l’extérieur. Le projet réussi a s’imposer comme urbain face à la<br />
ville mais propose une intériorité différ<strong>en</strong>te.<br />
Fig. 109 : Le plan illustre la forme claire et précise du quartier sur l’extérieur et sa fragm<strong>en</strong>tation<br />
dans la cour intérieure.<br />
Fig. 110 : La fragm<strong>en</strong>tation des volumes permet l’aménagem<strong>en</strong>t de différ<strong>en</strong>ts espaces extérieurs:<br />
balcons, loggias et terrasse.<br />
73
74<br />
Fig. 111 : La barre nord, sur la Limmat.<br />
Fig. 112 : Plan du rez-de-chaussée de la réalisation. L’<strong>en</strong>semble se décompose <strong>en</strong> plusieurs<br />
cours successives.<br />
Fig. 113 : La façade de la barre sur la Hardturmstrasse. Elle permet de protéger le reste du quartier<br />
et accueille principalem<strong>en</strong>t des ateliers et des bureaux.
Une réalisation du bureau Kuhn Fischer Partner est particulièrem<strong>en</strong>t intéressante.<br />
En, effet, le site correspond, par ses dim<strong>en</strong>sions, au site prévu pour le développem<strong>en</strong>t<br />
du projet de Master. Il se situe au nord d’une artère à forte circulation servant de<br />
pénétrante <strong>en</strong> ville de Zurich et bénéfi cie d’une ouverture vers le nord. La forte d<strong>en</strong>sité<br />
de cette réalisation est exemplaire. Le projet est riche des divers thèmes soulevés<br />
précédemm<strong>en</strong>t. Le quartier se compose de deux barres de hauteurs différ<strong>en</strong>tes. La<br />
barre sud, s’ouvrant sur l’av<strong>en</strong>ue, est plus basse que la barre nord et accueille des<br />
locaux commerciaux ainsi que des programmes de bureau. Au nord, la barre des<br />
logem<strong>en</strong>ts est protégée du bruit par la barre sud mais profi te tout de même d’un<br />
dégagem<strong>en</strong>t et d’un <strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>t maximal, grâce à sa plus grande hauteur. Des<br />
appartem<strong>en</strong>ts de tous les types ainsi que des ateliers pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t place dans l’<strong>en</strong>semble.<br />
Entre les deux barres, une succession de cours, ouvertes vers le nord et la rivière,<br />
permett<strong>en</strong>t aux habitants de disposer d’espaces propres au quartier. Certains<br />
appartem<strong>en</strong>ts bénéfi ci<strong>en</strong>t aussi d’un jardin.<br />
Fig. 114 : Coupe. La barre sud sert de protection des nuisances de l’av<strong>en</strong>ue. La barre nord, qui<br />
ne desc<strong>en</strong>d pas jusqu’au sol, permet une certaine perméabilité vers la rivière.<br />
Fig. 115 et 116 : A gauche, la succession des cours. À droite, vue vers le sud depuis les logem<strong>en</strong>ts<br />
de la barre nord.<br />
75
76<br />
Fig. 117 : Plan général du quartier.<br />
Fig. 118 : La façade permet de lire la double hauteur des séjours et leur décalage par rapport aux<br />
étages classiques.
La réalisation KraftWerk 1, situé le long de la même pénétrante que l’exemple<br />
précéd<strong>en</strong>t, est une opération d’un type particulier des architectes Bünzli & Courvoisier.<br />
En effet, le projet émane d’une initiative de groupe, de personnes désirant vivre<br />
<strong>en</strong>semble. L’int<strong>en</strong>tion était de créer un lieu de vie urbain moderne, soucieux des<br />
problèmes sociaux et écologiques. Des logem<strong>en</strong>ts pouvant accueillir jusqu’à 18<br />
personnes sont proposés. Les plans sont relativem<strong>en</strong>t fl exibles. Mais de plus petits<br />
logem<strong>en</strong>ts sont aussi mis à disposition. De plus, le quartier possède une garderie,<br />
des chambres d’amis et une salle commune. Le plus haut des bâtim<strong>en</strong>ts propose une<br />
terrasse privée sur sa toiture.<br />
Fig. 119 à 121 : Le plan et la coupe illustr<strong>en</strong>t la grande taille des appartem<strong>en</strong>ts.<br />
77
78<br />
Fig. 122 : La distribution des logem<strong>en</strong>ts se fait par coursives.<br />
Fig. 123 : Le plan des logem<strong>en</strong>ts s’organise autour de la cage d’escalier et des terrasses, sur<br />
lesquelles s’ouvr<strong>en</strong>t les cuisines.
La Wohnsiedlung Helmutstraße, du bureau A.D.P Architekt<strong>en</strong>, propose une<br />
d<strong>en</strong>sifi cation d’un morceau de ville existant par la construction d’un bâtim<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
forme de peigne qui délimite trois nouvelles cours dans lesquelles se trouv<strong>en</strong>t les<br />
distributions verticales. Les appartem<strong>en</strong>ts s’organis<strong>en</strong>t par groupe de trois autour d’un<br />
palier commun appropriable. Ils sont de plus modulables, les cloisons des pièces <strong>en</strong><br />
façade pouvant être ouvertes ou fermées.<br />
Fig. 124 et 125 : La réalisation s’inscrit dans un quartier déjà bâti et vi<strong>en</strong>t le compléter.<br />
Fig. 126 : Vue générale de la réalisation.<br />
79
80<br />
Fig. 127 : Façade du bâtim<strong>en</strong>t sur l’Oerlikon Park.<br />
Fig. 128 : Cour intérieure.<br />
Fig. 129 : Coupe transversale. Elle illustre les différ<strong>en</strong>ts types d’appartem<strong>en</strong>ts.
La réalisation de logem<strong>en</strong>ts dans le quartier de Neu Oerlikon, dans la banlieue de<br />
Zurich, offre quelques exemples intéressants qui mérit<strong>en</strong>t une att<strong>en</strong>tion particulière.<br />
Un grand <strong>en</strong>semble de logem<strong>en</strong>t, réalisé par l’architecte Martin Spühler, est<br />
assimilable à un îlot. Il se situ<strong>en</strong>t au nord de la nouvelle place du quartier. L’<strong>en</strong>semble<br />
propose diverses typologies de logem<strong>en</strong>ts, d’un seul étage et généreux au sud,<br />
duplexes au nord et desservis par coursives dans les ailes est et ouest.<br />
Au nord de cette interv<strong>en</strong>tion, un autre immeuble de logem<strong>en</strong>ts du bureau ADP<br />
Architekt<strong>en</strong> mérite lui aussi l’att<strong>en</strong>tion pour. La réalisation prepr<strong>en</strong>d le type de la villa<br />
périurbaine mais les regroup<strong>en</strong>t un seul <strong>en</strong>semble.<br />
Beaucoup d’autres réalisations mériterai<strong>en</strong>t l’att<strong>en</strong>tion. Il n’est malheureusem<strong>en</strong>t<br />
pas possible de les traîter toutes. Je me suis attaché ici à une sélection qui me paraissait<br />
pertin<strong>en</strong>te pour la suite du travail. Mais il n’est pas certain que tous les exemples cités<br />
me soi<strong>en</strong>t utiles. Par contre, il faudra surem<strong>en</strong>t se p<strong>en</strong>cher sur d’autres réalisations au<br />
fur et à mesure de l’avancem<strong>en</strong>t du projet.<br />
81
82<br />
Fig. 130 : Burkhalter et<br />
Sumi, projet pour Thalwil.<br />
Ce projet offre différ<strong>en</strong>ts types<br />
de logem<strong>en</strong>ts.<br />
Fig. 131 : Plan masse du<br />
projet de Thalwil de Burkhalter<br />
et Sumi.<br />
Fig. 132 : Ueli Zbind<strong>en</strong>,<br />
projet pour Zurich-Affoltern.<br />
Les cuisines sont situées au<br />
coeur de l’appartem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
longueur, et donn<strong>en</strong>t sur la<br />
cour.<br />
Fig. 133 : Burkhalter et<br />
Sumi, projet pour Baar. Ici,<br />
les cages d’escalier occup<strong>en</strong>t<br />
le c<strong>en</strong>tre du logem<strong>en</strong>t<br />
et permett<strong>en</strong>t de libérer la<br />
façade.
Une morphologie/typologie idéale de la d<strong>en</strong>sité ?<br />
Existe-t-il un modèle idéal de la d<strong>en</strong>sité ? A travers l’article de Nicolas Bassand 1<br />
et les recherches de Helmut Schramm dans Low Rise, High D<strong>en</strong>sity 2 , il est possible<br />
de mettre <strong>en</strong> avant la construction basse, à cour, comme un modèle d<strong>en</strong>se et effi cace,<br />
pouvant résoudre certains problèmes évoqués précédemm<strong>en</strong>t. Nicolas Bassand traite<br />
de plusieurs exemples suisses de constructions d<strong>en</strong>ses sur lesquels il faut rev<strong>en</strong>ir.<br />
On retrouve le principe des cours dans deux projets de logem<strong>en</strong>ts contemporains<br />
de Burkhalter & Sumi ainsi que dans un projet de Ueli Zbind<strong>en</strong>. La typologie à cours<br />
est la solution ret<strong>en</strong>ue dans ces projets. Les appartem<strong>en</strong>ts sont compacts, tout <strong>en</strong><br />
étant généreux, et leur développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> façade est très limité. Ils possèd<strong>en</strong>t <strong>en</strong> leur<br />
c<strong>en</strong>tre une cour, partagée par tous les habitants. D’après Ueli Zbind<strong>en</strong>, ce type de<br />
construction nous montre que la d<strong>en</strong>sité du bâti fait partie de notre culture typologique<br />
et de notre façon d’habiter. Nous l’avons oublié durant de la période de la modernité<br />
qui a favorisé la déd<strong>en</strong>sifi cation des villes. Ces typologies serai<strong>en</strong>t donc un retour à un<br />
précéd<strong>en</strong>t du modernisme, à certains exemples d’immeubles à cour du XIX e siècle.<br />
Dans le projet de Burkhalter et Sumi à Thalwil, la recherche s’est portée sur l’apport<br />
de lumière au c<strong>en</strong>tre du bâtim<strong>en</strong>t épais. La solution a été l’ouverture de brèches dans<br />
le projet. Le bâtim<strong>en</strong>t est comme une transposition du tissu médiéval hors de son<br />
contexte.<br />
Dans cette même idée mais réalisé antérieurem<strong>en</strong>t, le bâtim<strong>en</strong>t de Théo Hotz joue<br />
aussi sur la profondeur des plans de logem<strong>en</strong>t et sur la prés<strong>en</strong>ce de cours c<strong>en</strong>trales.<br />
Contrairem<strong>en</strong>t aux trois exemples précéd<strong>en</strong>ts, les ouvertures sur la cour sont de<br />
moindre importance.<br />
Le type de constructions basses et épaisses convi<strong>en</strong>drait pour le remplacem<strong>en</strong>t de<br />
la villa individuelle, dans des quartiers périphériques, mais il est diffi cile d’imaginer ces<br />
constructions <strong>en</strong> plein c<strong>en</strong>tre ne serait-ce que du point de vue de la hauteur. Le projet<br />
de la Schutz<strong>en</strong>mattstrasse des architectes Herzog et de Meuron à Bâle pr<strong>en</strong>d, lui,<br />
place dans un contexte urbain et utilise aussi le pot<strong>en</strong>tiel du plan à cour. Il réinterprète<br />
un plan issu d’une longue tradition de l’immeuble urbain, mais sa réalisation n’a été<br />
possible que par l’ouverture de sa cour.<br />
La question des cours intérieures et des patios est aussi abordée par Françoise<br />
Arnold, qui l’illustre par différ<strong>en</strong>ts exemples parisi<strong>en</strong>s.<br />
La construction à bas gabarits est un thème d’actualité. Elle s’oppose aux<br />
réfl exions modernistes qui favorisai<strong>en</strong>t le haut gabarit comme modèle de la d<strong>en</strong>sité et<br />
de la modernité. L’idée s’impose aujourd’hui que le bas gabarit permet lui aussi une<br />
construction d<strong>en</strong>se. D’une certaine manière, ces constructions basses et d<strong>en</strong>ses se<br />
rapproch<strong>en</strong>t de la notion des tissus urbains. De plus, cette option permet de gérer de<br />
manière plus adaptée la relation à l’espace public ainsi que le rapport du privé à cet<br />
espace.<br />
1 Bassand Nicolas, L’épaisseur de la d<strong>en</strong>sité ou les qualités revisitées de l’habitat<br />
cond<strong>en</strong>sé, Matières numéro 7 2004, p.89<br />
2 Schramm Helmut, Low Rise – High D<strong>en</strong>sity, Horizontale Verdichtungsform<strong>en</strong> im<br />
Wohnbau, Springer Verlag, 2005, Wi<strong>en</strong><br />
83
84<br />
Fig. 134 : Régions urbaines et métropolitaine de Suisse <strong>en</strong> 2000<br />
Fig. 135 : Flux p<strong>en</strong>dulaires <strong>en</strong>tre les agglomérations <strong>en</strong> 2000<br />
Fig. 136 : Hiérarchie urbaine du canton
4. LE SITE<br />
Le canton de Neuchâtel<br />
Le canton de Neuchâtel se situe à l’ouest de la Suisse, au c<strong>en</strong>tre de l’arc<br />
jurassi<strong>en</strong>, <strong>en</strong>tre la frontière française et le lac de Neuchâtel. La ville de Neuchâtel<br />
est bi<strong>en</strong> reliée au réseau ferroviaire suisse par la ligne du pied du Jura, qui conduit<br />
aux pôles urbains de Bâle et Zurich au nord et à celui de Lausanne-G<strong>en</strong>ève au sud.<br />
La distribution dans le reste du canton se fait <strong>en</strong>suite depuis la gare de Neuchâtel <strong>en</strong><br />
direction des différ<strong>en</strong>tes zones périphériques. La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel sont<br />
reliées au réseau autoroutier par Yverdon au sud. L’autoroute ne se poursuit pas <strong>en</strong><br />
direction de la Suisse alémanique et se termine à la frontière cantonale nord. Les<br />
liaisons ferroviaires et routières vers Berne et Fribourg sont quant à elles beaucoup<br />
moins bonnes.<br />
Le canton de Neuchâtel n’apparti<strong>en</strong>t à aucune des zones métropolitaines de<br />
Suisse. Sa position est intermédiaire, ce qui pose des problèmes d’affi rmation de la<br />
région par rapport à l’aire métropolitaine de Berne et à celle de l’arc lémanique. L’indice<br />
d’urbanisation du canton est de 1,02, ce qui place le nombre de personnes vivant <strong>en</strong><br />
zone urbaine au même niveau que le reste du pays. Le canton est donc urbain, bi<strong>en</strong><br />
qu’il ait une position géographique diffi cile. Cela est dû au fait que le littoral regroupe<br />
une grande partie de la population du canton et t<strong>en</strong>d à se développer de plus <strong>en</strong><br />
plus. D’autre part, les montagnes possèd<strong>en</strong>t deux villes qui sont elles aussi un bassin<br />
de population important. Mais <strong>en</strong> dehors de ces deux <strong>en</strong>tités, les habitants sont peu<br />
nombreux.<br />
A l’heure actuelle, il n’existe pas de liaison performante <strong>en</strong>tre les deux pôles<br />
neuchâtelois. Les transports publics n’offr<strong>en</strong>t pas suffi samm<strong>en</strong>t de trains rapides.<br />
L’autoroute, souv<strong>en</strong>t fermée, oblige les p<strong>en</strong>dulaires à emprunter le col de la Vue-des-<br />
Alpes pour se r<strong>en</strong>dre dans l’une ou l’autre des régions du canton, ce qui s’avère être<br />
diffi cile <strong>en</strong> hiver et peut allonger la durée du trajet. Neuchâtel et la Chaux-de-Fonds<br />
ne sont pourtant éloignées que de 18 kilomètres. Les deux <strong>en</strong>tités ont donc, jusqu’à<br />
ce jour, vécu <strong>en</strong> partielle ignorance l’une de l’autre et ont développé chacune leurs<br />
propres services. Pourtant, la situation fi nancière actuelle du canton ne permet plus<br />
de poursuivre de cette manière. Une réfl exion globale est née à travers le projet du<br />
réseau urbain neuchâtelois (RUN).<br />
85
86<br />
Fig. 137 : Le canton de Neuchâtel. Le littoral urbanisé est bi<strong>en</strong> visible, alors que le reste du canton<br />
reste <strong>en</strong> majeure partie libre de constructions.<br />
Fig. 138 : Tracé ret<strong>en</strong>u pour le futur métro <strong>en</strong>tre les villes de Neuchâtel et la Chaux-de-Fonds.
Le projet du réseau urbain neuchâtelois (RUN) :<br />
Le projet du RUN doit permettre au canton de Neuchâtel de mieux se positionner<br />
par rapport aux régions urbaines voisines. En effet, le canton de Neuchâtel, tout <strong>en</strong><br />
possédant une population importante répartie principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les agglomérations<br />
de «Neuchatel-littoral» et «la Chaux-de-Fonds-le Locle», souffre de sa position<br />
exc<strong>en</strong>trée. Le 70 % des habitants et le 80 % des emplois se trouv<strong>en</strong>t au sein de<br />
ces deux <strong>en</strong>tités régionales. Afi n de permettre une meilleure liaison <strong>en</strong>tre les villes<br />
du canton, un projet de métro souterrain est prévu <strong>en</strong>tre la gare de Neuchâtel et de<br />
la Chaux-de-Fonds, distantes de seulem<strong>en</strong>t 14 kilomètres. Aujourd’hui près de 40<br />
minutes sont nécessaires pour relier les deux villes. Il est prévu de réduire ce temps de<br />
parcours à 12 minutes. Le train devi<strong>en</strong>drait <strong>en</strong>fi n un sérieux concurr<strong>en</strong>t de la voiture.<br />
En effet, le mode de transport individuel est aujourd’hui favorisé <strong>en</strong>tre les deux villes<br />
par un trajet de seulem<strong>en</strong>t 20 minutes. Cette nouvelle liaison ferroviaire permettrait<br />
de créer une ville de 120 000 habitants, qui devi<strong>en</strong>drait la troisième de Romandie et<br />
permettrait à la région de mieux se positionner au niveau national.<br />
Cette amélioration ne prétérite pas pour autant les régions périphériques du<br />
canton, pour lesquelles il est prévu de r<strong>en</strong>forcer l’offre <strong>en</strong> transports publics et de<br />
favoriser l’accès au trois villes. Cette nouvelle liaison a aussi pour but d’<strong>en</strong>terrer les<br />
rivalités parfois fortes <strong>en</strong>tre le Haut et le Bas, et de mieux répartir les services sur le<br />
territoire plutôt que de posséder toutes les infrastructures <strong>en</strong> plusieurs exemplaires,<br />
ce qui fait vivre le canton de Neuchâtel au-dessus de ses moy<strong>en</strong>s. La Chaux-de-<br />
Fonds pourrait ainsi récupérer les institutions perdues au fi l des ans et le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />
d’injustice, parfois justifi é, serait ainsi susceptible de disparaître.<br />
Par ce projet, la gare de Neuchâtel devi<strong>en</strong>drait l’interface <strong>en</strong>tre le réseau<br />
national InterCity et le réseau régional de transport, ce qui contribuerait <strong>en</strong>core au<br />
développem<strong>en</strong>t du plateau de la gare par l’implantation de divers services cantonaux<br />
ainsi que des écoles.<br />
87
88<br />
Fig. 139 : Surfaces agricoles<br />
utiles <strong>en</strong> 1990/94. Le Haut du<br />
canton est plutôt agricole alors<br />
que le Bas est urbain. Le Valde-Ruz,<br />
<strong>en</strong>tre Neuchâtel et la<br />
Chaux-de-Fonds, a toujours été<br />
le gr<strong>en</strong>ier du canton.<br />
Fig. 140 : Surfaces d’habitat et<br />
d’infrastructure <strong>en</strong> 1990/94. Les<br />
deux aires urbaines apparaiss<strong>en</strong>t<br />
clairem<strong>en</strong>t. Le littoral t<strong>en</strong>d<br />
à dev<strong>en</strong>ir une seule agglomération.<br />
Le reste du canton reste <strong>en</strong><br />
marge.<br />
Fig. 141 : Bâtim<strong>en</strong>ts construits<br />
avant 1919. Les villages des<br />
montagnes neuchâteloises et du<br />
Val-de-Travers ne se sont que<br />
peu développés après 1919. Ils<br />
ont pratiquem<strong>en</strong>t gardé leur appar<strong>en</strong>ce<br />
d’autrefois.<br />
Fig. 142 : Bâtim<strong>en</strong>ts construits<br />
<strong>en</strong>tre 1991 et 2000. Contrairem<strong>en</strong>t<br />
à la fi gure précéd<strong>en</strong>te, on<br />
remarque l’explosion réc<strong>en</strong>te<br />
des constructions dans le Valde-Ruz<br />
ainsi que sur le littoral.
La question du logem<strong>en</strong>t dans le canton de Neuchâtel :<br />
On remarque, dans le canton de Neuchâtel, une urbanisation qui se généralise.<br />
L’agriculture ne cesse de reculer au profi t de surfaces dévolues à l’habitat et aux<br />
infrastructures, alors que la diminution de la forêt et des surfaces improductives est quasi<br />
nulle. On observe donc une pression du bâti sur les zones cultivables. L’urbanisation<br />
reste faible dans les zones reculées (vallée de La Brévine, de La Sagne et Val-de-<br />
Travers) ainsi que dans les c<strong>en</strong>tres urbains. Ce n’est donc pas dans ces derniers que<br />
l’on construit le plus. La région du Val-de-Ruz, quant à elle, se développe à grande<br />
vitesse bi<strong>en</strong> qu’elle soit très mal desservie par les transports publics. On y voit se<br />
construire de plus <strong>en</strong> plus de villas individuelles dans des villages dont l’infrastructure<br />
n’est pas à même d’accueillir de nouveaux habitants. Dans la période 1990-2000, 242<br />
villas ont été construites dans le canton contre seulem<strong>en</strong>t 20 immeubles de logem<strong>en</strong>t.<br />
Dans le Val-de-Ruz, les villas individuelles atteign<strong>en</strong>t 92,4 % du total des constructions<br />
alors que la moy<strong>en</strong>ne cantonale est de 82,4 %.<br />
La question de la vacance des logem<strong>en</strong>ts est importante dans le canton. Dans<br />
certaines communes, il est très diffi cile de trouver un logem<strong>en</strong>t et le prix est très<br />
souv<strong>en</strong>t élevé. Cela principalem<strong>en</strong>t sur le littoral, alors que, dans les villes de la<br />
Chaux-de-Fonds et du Locle, les appartem<strong>en</strong>ts libres se trouv<strong>en</strong>t sans diffi culté, pour<br />
des loyers souv<strong>en</strong>t très bas. Dans cette optique, la nouvelle liaison <strong>en</strong>tre le Haut et le<br />
Bas serait aussi un moy<strong>en</strong> de rééquilibrer les forces <strong>en</strong>tre les deux villes et permettrait<br />
un dés<strong>en</strong>gorgem<strong>en</strong>t du marché du logem<strong>en</strong>t dans le Bas au profi t du Haut du canton.<br />
Parmi les 81 643 logem<strong>en</strong>ts que compte le canton, le tiers sont des appartem<strong>en</strong>ts<br />
de trois pièces. Un quart sont des appartem<strong>en</strong>t de 4 pièces et un cinquième de 5 pièces.<br />
Les appartem<strong>en</strong>ts de une pièce ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t que 5 pour 100 du total. La répartition<br />
des différ<strong>en</strong>ts types varie <strong>en</strong> fonction des communes. Les petits logem<strong>en</strong>ts se retrouve<br />
<strong>en</strong> majorité dans les villes alors que celles-ci souffr<strong>en</strong>t d’un manque d’appartem<strong>en</strong>ts<br />
de 5 pièces et plus. Les grands logem<strong>en</strong>ts se trouv<strong>en</strong>t plus facilem<strong>en</strong>t dans le reste du<br />
canton, ce qui s’explique d’une part par la prés<strong>en</strong>ce importante d’anci<strong>en</strong>s logem<strong>en</strong>ts<br />
ruraux mais aussi par la construction réc<strong>en</strong>te de villas individuelles.<br />
Le nombre moy<strong>en</strong> de personnes par ménage a chuté dans le canton. En 1970,<br />
il était de 2.67 alors qu’il n’était plus que de 2.18 <strong>en</strong> 2000. Dans le cas de Neuchâtel,<br />
la ville a perdu plus de 6000 habitants <strong>en</strong>tre 1970 et 2000 alors qu’elle compte 2000<br />
ménages supplém<strong>en</strong>taires.<br />
Les problèmes que doit résoudre le canton de Neuchâtel <strong>en</strong> matière de logem<strong>en</strong>ts<br />
sont, dans les grandes lignes, id<strong>en</strong>tiques à ceux observé <strong>en</strong> Suisse et dans le reste de<br />
l’Europe. Mais ils comport<strong>en</strong>t quelques spécifi cités dues à la géographie particulière<br />
de la région, organisée autours de deux pôles pour l’instant mal reliés.<br />
89
90<br />
Fig. 143 à 146: Les différ<strong>en</strong>ts stades d’évolution de la ville de Neuchâtel.<br />
La première fi gure illustre l’implantation du bourg primitif de Neuchâtel. Le nouveau bourg est<br />
protégé au nord et à l’est par la rivière du Seyon et au sud par le lac, ce qui lui assure une bonne<br />
protection. La ville est à ce mom<strong>en</strong>t fermée par deux portes à l’est et à l’ouest.<br />
La deuxième fi gure illustre l’agrandissem<strong>en</strong>t du bourg par la création du carrefour de la croix du<br />
marché, premier carrefour de la vile, et de la rue des moulins <strong>en</strong> bordure de la rivière, puis le<br />
franchissem<strong>en</strong>t de celle-ci afi n de construire le quartier du Neubourg et de nouveaux remparts<br />
vers l’est.<br />
La troisième fi gure illustre le Neuchâtel de la r<strong>en</strong>aissance. Le gain des terrains se fait sur le lac et<br />
de nouvelles rues se cré<strong>en</strong>t vers le sud. Les remparts ne se déplac<strong>en</strong>t pas.<br />
La quatrième et dernière fi gure illustre la ville au XVIIIe siècle. Les nouvelles constructions de<br />
grandes demeures se font le long du faubourg de l’hôpital <strong>en</strong> direction de l’est. Les rives atteign<strong>en</strong>t<br />
presque la place qu’elle ont actuellem<strong>en</strong>t.
Développem<strong>en</strong>t de la ville de Neuchâtel<br />
La ville médiévale de Neuchâtel s’est développée au pied de la colline du château<br />
et de la collégiale à partir du XI e siècle. Tout d’abord limitée par deux portes, elle a<br />
<strong>en</strong>suite franchi la rivière du Seyon et s’est ét<strong>en</strong>due vers l’est, puis a gagné des terrains<br />
sur le lac pour poursuivre son ext<strong>en</strong>sion. L’unique faubourg (faubourg de l’hôpital)<br />
s’est développé vers l’est, où les riches commerçants de la ville se sont fait construire<br />
de prestigieuses maisons. La ville n’a pas connu de développem<strong>en</strong>t majeur avant<br />
l’arrivée du chemin de fer <strong>en</strong> 1859. Elle possédait donc toujours son appar<strong>en</strong>ce de ville<br />
médiévale.<br />
Au XIX e siècle, des terrains sont gagnés sur le lac à l’est de la ville médiévale.<br />
La Colline du Crêt est arasée afi n de permettre la création de la nouvelle gare, ce qui<br />
fournit une quantité de terre et de roche que l’on utilisera pour combler le lac au sud<br />
du faubourg de l’hôpital et de l’actuel jardin anglais. Un vaste projet de logem<strong>en</strong>ts<br />
est réalisé sur les nouveaux remblais sous forme de deux îlots donnant sur l’av<strong>en</strong>ue<br />
du Premier-Mars et de deux barres plus prestigieuses ori<strong>en</strong>tées sur les quais. Dans<br />
le prolongem<strong>en</strong>t de ce quartier (des Beaux-Arts), vi<strong>en</strong>dront pr<strong>en</strong>dre place plusieurs<br />
édifi ces publics nécessaires à la ville de l’époque, notamm<strong>en</strong>t l’Académie (actuelle<br />
faculté de droit), l’Ecole de commerce ainsi que la nouvelle église catholique. L’av<strong>en</strong>ue<br />
du Premier-Mars a ainsi permis de relier le c<strong>en</strong>tre ville à la rue de la Maladière (lieu du<br />
projet) par un tracé direct et a offert à Neuchâtel une véritable <strong>en</strong>trée de ville.<br />
Quels étai<strong>en</strong>t les programmes que le quartier accueillait dans la seconde moitié<br />
du XIX e siècle?<br />
Fig. 147 : La ville de Neuchâtel et le projet de construction du port, du nouveau quartier des<br />
Beaux-Arts et de la création de l’Av<strong>en</strong>ue du Premier Mars.<br />
91
92<br />
Fig. 148 : La construction de l’église Notre-Dame dans le prolongem<strong>en</strong>t du quartier des Beaux-<br />
Arts. A gauche, la colline du Crêt qui a laissé sa place au Lycée D<strong>en</strong>is-de-Rougemont.<br />
Fig. 149 : Le nouveau quartier des Beaux-Arts, avec ses deux îlots<br />
de logem<strong>en</strong>ts, la nouvelle Académie et l’école de commerce.<br />
Fig. 150 : La nouvelle académie est aujourd’hui le bâtim<strong>en</strong>t principal<br />
de l’université de Neuchâtel.
L’église Notre-Dame, nouvelle église catholique, est inaugurée <strong>en</strong> 1906. La<br />
chapelle de la Maladière ne suffi sait plus à une population catholique <strong>en</strong> constante<br />
augm<strong>en</strong>tation dans le canton. Cet édifi ce marquant <strong>en</strong> ville de Neuchâtel a été réalisé<br />
par un architecte alsaci<strong>en</strong>, Guillaume Ritter, qui prévoyait - contrairem<strong>en</strong>t aux deux<br />
autres projets d’architectes suisses - un mode de construction novateur <strong>en</strong> béton teinté<br />
de rouge. Lors de sa construction, l’église se trouvait sur un terrain vague, au pied de<br />
la colline du Crêt.<br />
L’Académie et l’école de commerce ont pu être construites sur les terrains gagnés<br />
sur le lac. Les bâtim<strong>en</strong>ts exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core aujourd’hui. Le quartier des Beaux-Arts, tel<br />
qu’il apparaît sur la photographie du c<strong>en</strong>tre, à droite, a peu changé. Le jardin et la<br />
colline du Crêt, qui fi gur<strong>en</strong>t sur la photographie ci-dessous, seront remplacés par le<br />
gymnase cantonal et l’institut de microtechnique dans le courant du XX e siècle.<br />
Des logem<strong>en</strong>ts seront aussi construits au sud et à l’est de l’église catholique. Ils<br />
se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t sous forme de barres. Le premier stade de la Maladière ne s’implantera,<br />
lui, qu’<strong>en</strong> 1968.<br />
Fig 151 : L’église Notre-Dame, la colline et les jardins du Crêt<br />
avant la construction du gymnase cantonal.<br />
Fig 152 : L’école de commerce, située au sud de l’Académie.<br />
93
94<br />
Fig. 153 : Les anci<strong>en</strong>nes tuileries<br />
Fig. 154 : L’av<strong>en</strong>ue de Pierre-à-Mazel qui n’aboutit nulle part. La<br />
route des Falaises n’a pas <strong>en</strong>core été construite. Sur la gauche,<br />
le site de projet, occupé alors par l’usine à gaz.<br />
Fig. 155 : Le corps principal de l’hôpital Pourtalès tel qu’il apparaît<br />
<strong>en</strong>core aujourd’hui.<br />
Fig. 156 : L’anci<strong>en</strong>ne maternité de Pourtalès, démolie récemm<strong>en</strong>t<br />
pour faire place au nouvel hôpital.
Le site a tout d’abord connu une vocation industrielle. Il accueillait une usine à<br />
gaz et une tuilerie. Divers <strong>en</strong>trepôts ont petit à petit remplacé les jardins de l’hôpital.<br />
Le site a subit des mutations perpétuelles au cours du XX e siècle. Les rives ont sans<br />
cesse été repoussées et les équipem<strong>en</strong>ts nécessaires à la ville moderne ont profi té de<br />
ce quartier pour s’installer.<br />
Avant la création du port de la Maladière puis de celui du Nid-du-Crô, les bateaux<br />
accostai<strong>en</strong>t aux différ<strong>en</strong>ts pontons situés le long de la falaise. Le premier port de la<br />
Maladière a servi aux industries du quartier pour le transport des marchandises par<br />
le lac. Il est <strong>en</strong>suite dev<strong>en</strong>u un port de pêche avant d’être remplacé, dans les années<br />
1950, par le port de plaisance du Nid-du-Crô, tel qu’il existe aujourd’hui.<br />
Aux abords du site de projet, côté nord, une institution est prés<strong>en</strong>te depuis le début<br />
du XIX e siècle. Il s’agit de l’hôpital Pourtalès, construit à partir de 1808 grâce à une<br />
donation de Jacques-Louis de Pourtalès, membre d’une riche famille commerçante<br />
de la ville. Au mom<strong>en</strong>t de la réalisation, le site ret<strong>en</strong>u se trouvait bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> dehors des<br />
limites de la ville, au pied d’un coteau de vigne. Au sud, <strong>en</strong> lieu et place de l’actuel site<br />
de projet, se trouvai<strong>en</strong>t des jardins <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec l’hôpital, sur la falaise surplombant le<br />
lac.<br />
La chapelle de la Maladière, construite <strong>en</strong> 1828 et agrandie <strong>en</strong> 1855 et 1861, a<br />
été la première église catholique de Neuchâtel. Après la construction de l’église Notre-<br />
Dame, la chapelle est dev<strong>en</strong>ue propriété de l’hôpital Pourtalès voisin, puis fi nalem<strong>en</strong>t<br />
de l’église réformée.<br />
Fig. 157 : Plan du quartier du Mail-Maladière <strong>en</strong> 1896. Le site de projet est clairem<strong>en</strong>t reconnaissable,<br />
au sud de l’hôpital Pourtalès, sur les falaises. Le quartier accueillait tous les équipem<strong>en</strong>ts<br />
que la ville avait rejeté à sa périphérie: hôpital, industries, prisons, cimetière, maison des galeux<br />
et des varioleux mais aussi les équipem<strong>en</strong>ts de loisirs tel que le jeu de maillet ou le stand de tir.<br />
95
96<br />
Fig. 158 à 160 : Trois vue de la ville de Neuchâtel depuis le sommet de la colline du Mail. On<br />
remarque la mutation de la ville et la colonisation progressive des vignes au profi t de différ<strong>en</strong>tes<br />
institutions ainsi que le gain de terrains sur le lac. L’hôpital Pourtalès, prés<strong>en</strong>t sur les trois images,<br />
sert de repère. La dernière image illustre les mutations réc<strong>en</strong>tes du quartier avec la construction<br />
du stade, du CPLN, de l’hôpital et du plateau de la gare.
Le site tel qu’il se prés<strong>en</strong>te aujourd’hui a gardé peu de traces des élém<strong>en</strong>ts qui le<br />
composai<strong>en</strong>t au XIX e siècle. Les seuls bâtim<strong>en</strong>ts ayant résisté à la mutation du quartier<br />
sont : le corps principal de l’hôpital Pourtalès, dont les façades ont été conservées lors<br />
de la transformation, la chapelle de la Maladière et l’église catholique Notre-Dame, qui<br />
a échappé de justesse à la démolition à la fi n des années 1970. Il va donc falloir faire<br />
état des construction plus réc<strong>en</strong>tes qui compos<strong>en</strong>t ce morceau de ville.<br />
Fig. 161 : Le site ret<strong>en</strong>u pour le projet tel qu’il se prés<strong>en</strong>te aujourd’hui. Au nord, l’hôpital Pourtalès,<br />
au sud, le stade de la Maladière.<br />
97
98<br />
Fig. 162 et 163 : Le nouveau quartier de la gare avec les logem<strong>en</strong>ts de Devanthéry & Lamunière<br />
et l’Offi ce Fédéral de la Statistique, <strong>en</strong> haut, et les logem<strong>en</strong>t de Bauart, <strong>en</strong> bas.<br />
Fig. 164 et 165
Transformations réc<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> ville de Neuchâtel<br />
Dans les années 1980 et 1990, Neuchâtel a changé de visage. La réalisation de<br />
l’autoroute, qui a permis de relier le canton au réseau national, a profondém<strong>en</strong>t changé<br />
le visage de la ville. Un tunnel permet d’éviter le c<strong>en</strong>tre et deux grands échangeurs ont<br />
vu le jour à l’est et à l’ouest de la commune. Des terrains ont été gagnés sur le lac. La<br />
ville a ainsi, <strong>en</strong>core une fois, repoussé ses limites vers le sud et a pu réaliser, par la<br />
même occasion, un nouveau rivage, sur lequel ont pris place de nombreuses zones<br />
de loisirs et de dét<strong>en</strong>te ainsi que les équipem<strong>en</strong>ts sportifs dont le canton avait besoin.<br />
Plus récemm<strong>en</strong>t, la ville de Neuchâtel est <strong>en</strong>trée dans une période de transformations<br />
int<strong>en</strong>ses. Plusieurs quartiers de la ville sont sur le point d’être convertis. Ces dernières<br />
années, des logem<strong>en</strong>ts ont été construits et des projets de grande <strong>en</strong>vergure ont vu le<br />
jour.<br />
Le quartier de la gare est <strong>en</strong> passe d’être achevé, il accueille depuis, 1998, l’Offi ce<br />
fédéral de la statistique. Au fi nal, Conservatoire, hautes écoles ainsi que des surfaces<br />
dédiées au tertiaire vi<strong>en</strong>dront pr<strong>en</strong>dre place dans le voisinage. En outre, un grand<br />
nombre de logem<strong>en</strong>ts y a été construit. La proximité de la gare, le dégagem<strong>en</strong>t sur la<br />
ville et le lac et la proximité du c<strong>en</strong>tre ont permis à ce site exceptionnel d’être très vite<br />
investi par ses occupants. De plus, il a suivi un processus de développem<strong>en</strong>t minergie<br />
qui va s’ét<strong>en</strong>dre bi<strong>en</strong>tôt, dans le cadre d’un projet europé<strong>en</strong>, à tout l’est de la ville.<br />
Aux Cadolles, au nord de la ville, l’anci<strong>en</strong> hôpital a été vidé et sera prochainem<strong>en</strong>t<br />
transformé <strong>en</strong> logem<strong>en</strong>ts. De nouveaux bâtim<strong>en</strong>ts d’habitation y seront aussi construits.<br />
Ce site se situe <strong>en</strong> bordure de forêt. Il bénéfi cie d’un dégagem<strong>en</strong>t extraordinaire et est<br />
bi<strong>en</strong> relié au c<strong>en</strong>tre ville.<br />
Le quartier de Serrières, à l’ouest de la ville va lui aussi subir des transformations,<br />
notamm<strong>en</strong>t par le remplacem<strong>en</strong>t des anci<strong>en</strong>s abattoirs de la ville et par le projet<br />
de Tivoli, qui prévoit la construction de nouveaux logem<strong>en</strong>ts et la réaffectation des<br />
anci<strong>en</strong>nes usines de la Suchard. Certains services de l’Etat de Neuchâtel ont déjà pris<br />
place dans les usines réaffectées. Non loin de là, au bord du lac, l’<strong>en</strong>treprise Philip<br />
Morris International (PMI) est <strong>en</strong> passe de s’agrandir <strong>en</strong> construisant deux nouveaux<br />
bâtim<strong>en</strong>ts de production.<br />
Par la réalisation de ces différ<strong>en</strong>ts projets de logem<strong>en</strong>ts, la ville de Neuchâtel veut<br />
pallier le manque d’habitations que connaiss<strong>en</strong>t la ville et tout le littoral. Elle veut ainsi<br />
permettre à la population de rev<strong>en</strong>ir vivre <strong>en</strong> ville. La commune, grâce à la construction<br />
des nouveaux logem<strong>en</strong>ts, a pu gagner 500 habitants <strong>en</strong>tre 2003 et 2006 alors que la<br />
population n’avait cessé de décroître jusque là.<br />
Fig. 166 et 167<br />
99
100<br />
Fig. 168 : La façade courbe du nouvel hôpital Pourtalès. A gauche, le corps de bâtim<strong>en</strong>t datant de<br />
1808, à droite, la chapelle de la Maladière.<br />
Fig. 169 : Le C<strong>en</strong>tre Professionnel du Littoral Neuchâtelois (CPLN) et les bâtim<strong>en</strong>ts du C<strong>en</strong>tre<br />
Suisse d’Electronique et de Microtechnique (CSEM), ou s’implantera bi<strong>en</strong>tôt l’<strong>EPFL</strong>.<br />
Fig. 170 et 171
Projets réc<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> ville de Neuchâtel :<br />
Le quartier de la Maladière a vécu un développem<strong>en</strong>t fulgurant au cours des<br />
dernières années, plus <strong>en</strong>core que le reste de la ville de Neuchâtel. Il se compose<br />
d’élém<strong>en</strong>ts tout à fait hétéroclites et ne possède pas de planifi cation précise. Il a<br />
subi des transformations importantes, secteur par secteur, de façon progressive.<br />
La transformation, sans avoir été planifi ée d’avance, donne au lieu une certaine<br />
particularité et une certaine hétérogénéité des élém<strong>en</strong>ts. L’évolution rapide du quartier<br />
impose une récapitulation des changem<strong>en</strong>ts interv<strong>en</strong>us ces dernières années.<br />
La décision de regrouper les hôpitaux de la ville de Neuchâtel sur un site unique a<br />
<strong>en</strong>traîné la fermeture de l’hôpital des Cadolles, sur les hauts de la ville et la construction<br />
du nouvel hôpital Pourtalès directem<strong>en</strong>t au nord du site de projet. Les façades de<br />
l’anci<strong>en</strong> bâtim<strong>en</strong>t de 1808 ont été conservées et ce corps de bâtim<strong>en</strong>t ti<strong>en</strong>t lieu d’<strong>en</strong>trée.<br />
L’implantation de la nouvelle construction offre une grande façade courbe vers le sud<br />
et procure un dégagem<strong>en</strong>t à chaque chambre. Au nord, les volumes sont découpés et<br />
répond<strong>en</strong>t aux villas locatives du début du XX e siècle, situées dans la p<strong>en</strong>te, sous la<br />
gare. Un jardin public à été aménagé sur les parties <strong>en</strong>terrées du bâtim<strong>en</strong>t.<br />
A l’est, l’ext<strong>en</strong>sion du C<strong>en</strong>tre Professionnel du Littoral Neuchâtelois (CPLN) donne<br />
une limite claire. Il vi<strong>en</strong>t compléter les constructions des deux barres est-ouest datant<br />
de 1964 et 1978. Le nouveau bâtim<strong>en</strong>t repr<strong>en</strong>d la direction des barres à l’est et la<br />
courbe de la rue de Gibraltar à l’ouest.<br />
Fig. 172 à 175<br />
101
102<br />
Fig. 176 : L’anci<strong>en</strong> stade de la Maladière juste avant sa démolition. En arrière plan, le chantier<br />
de l’hôpital Pourtalès.<br />
Fig. 177 : Le nouveau stade : <strong>en</strong> arrière plan, l’hôpital Pourtalès et le site de projet, <strong>en</strong> avant<br />
plan, la patinoire et la station d’épuration.<br />
Fig. 178 et 179
Le site va prochainem<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>richir, grâce à la construction d’une ant<strong>en</strong>ne de l’Ecole<br />
polytechnique fédérale de Lausanne. En effet, le départem<strong>en</strong>t de microtechnique de<br />
l’Université de Neuchâtel sera transféré au sein de l’<strong>EPFL</strong> mais restera à Neuchâtel. La<br />
construction d’un nouveau bâtim<strong>en</strong>t est prévue dans le quartier, sur le site du C<strong>en</strong>tre<br />
suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM).<br />
Directem<strong>en</strong>t au sud du site de projet, au-delà de l’av<strong>en</strong>ue de Pierre-à-Mazel, le<br />
stade de la Maladière, inauguré <strong>en</strong> automne 2007, constitue une nouvelle façade<br />
pour la rue. Il est un grand volume qui accueille <strong>en</strong> son sein le volume du stade.<br />
Son programme est complexe. Outre le stade proprem<strong>en</strong>t dit, il conti<strong>en</strong>t le plus grand<br />
c<strong>en</strong>tre commercial du canton, la caserne des pompiers du littoral ainsi que trois salles<br />
de gymnastiques, utilisées <strong>en</strong> partie par les écoles de la ville pour les leçons de sport.<br />
Sa façade s’est voulue comme une nouvelle <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> ville de Neuchâtel.<br />
Sur la partie ouest du site, délimitée par les rues de la Maladière et de la Pierreà-Mazel,<br />
une part importante de logem<strong>en</strong>ts est déjà construite. Le site se termine<br />
<strong>en</strong> pointe <strong>en</strong> direction du Jardin Anglais et du c<strong>en</strong>tre ville. Une tour datant de 1930,<br />
réalisée par les architectes Jacques Béguin et Ernest Prince, se situe à cet <strong>en</strong>droit,<br />
dans le prolongem<strong>en</strong>t de l’av<strong>en</strong>ue du Premier-Mars et <strong>en</strong> marque l’aboutissem<strong>en</strong>t.<br />
Pour plusieurs raisons, le site occupe une position intéressante <strong>en</strong> ville de<br />
Neuchâtel. Premièrem<strong>en</strong>t, il est situé dans un quartier possédant tous les services<br />
nécessaires à la vie de tous les jours : commerces, écoles, services de soins, loisirs.<br />
Tout se trouve à proximité. Deuxièmem<strong>en</strong>t, il est peu éloigné du c<strong>en</strong>tre ville qui peut<br />
être rejoint, par la prom<strong>en</strong>ade du jardin anglais <strong>en</strong> moins de dix minutes ou par bus <strong>en</strong><br />
moins de deux minutes. Troisièmem<strong>en</strong>t, le projet de tram sur le littoral neuchâtelois,<br />
permettrait de desservir toute l’agglomération <strong>en</strong> partant de Boudry à l’ouest et <strong>en</strong> allant<br />
jusqu’à Marin à l’est et passerait par la rue de Pierre-à-Mazel, ce qui constituerait un<br />
atout supplém<strong>en</strong>taire pour le site. Quatrièmem<strong>en</strong>t, la proximité des zones de dét<strong>en</strong>tes<br />
du bord du lac donne au quartier un intérêt particulier. Finalem<strong>en</strong>t, la gare est toute<br />
proche et peut être rejointe à pied ou par le funiculaire.<br />
Fig. 180 et 181<br />
103
104<br />
Fig. 182 et 183 : La nouvelle école primaire de la Maladière, construite dans le parc de l’anci<strong>en</strong><br />
cimetière de la ville, par Andréa Bassi, pour remplacer l’anci<strong>en</strong> collège qui sera bi<strong>en</strong>tôt démoli afi n<br />
de faire place au nouveau bâtim<strong>en</strong>t de l’<strong>EPFL</strong>.<br />
Fig. 184 et 185
Fig. 186 à 191<br />
105
106
Analyse cartographique<br />
La p<strong>en</strong>te/topographie :<br />
Le site de projet se trouve sur le lieu des anci<strong>en</strong>nes falaises qui plongeai<strong>en</strong>t dans<br />
le lac. Cela s’illustre par une différ<strong>en</strong>ce de niveau de cinq mètres <strong>en</strong>tre la rue de la<br />
Maladière, au nord et l’av<strong>en</strong>ue de la Pierre-à-Mazel, au sud. Tous les terrains situés<br />
au sud sont des remblais datant de la fi n du XIX e siècle puis du courant du XX e siècle.<br />
Les coteaux au nord, fortem<strong>en</strong>t effacés par l’implantation du nouvel hôpital Pourtalès,<br />
étai<strong>en</strong>t des surfaces dévoués à l’exploitation de la vigne. Au-dessus, le plateau de<br />
la gare accueille de nouvelles réalisations. La p<strong>en</strong>te est <strong>en</strong>suite continue jusqu’au<br />
sommet de la montagne de Chaumont à plus de mille mètres.<br />
Fig. 194 : Coupe transversale sur le site de projet. Vue <strong>en</strong> direction de l’ouest. Au nord, le foyer<br />
handicap, au sud, des barres de logem<strong>en</strong>ts collectifs.<br />
Fig. 195 : Coupe transversale sur le site de projet. Vue <strong>en</strong> direction de l’est. Au nord, l’hôpital<br />
Pourtalès, au sud, le stade de la Maladière.<br />
107
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Les voiries :<br />
Les voiries qui constitu<strong>en</strong>t les limites du site de projet sont diverses : la route située<br />
au nord du site (représ<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> bleu sur la carte) a été la première route d’accès à la<br />
ville de Neuchâtel depuis l’est. Elle desc<strong>en</strong>dait de la colline du Mail, bordait les falaises<br />
puis le bord du lac pour atteindre la porte de l’hôpital (actuelle place de l’hôtel de<br />
ville). La route des Saars a <strong>en</strong>suite été créée, évitant la montée sur la colline du Mail.<br />
La voirie sud est plus réc<strong>en</strong>te. Elle a été créée lors du remblaiem<strong>en</strong>t du quartier des<br />
Beaux-Arts et de Pierre-à-Mazel. A l’époque, elle ne se poursuivait pas <strong>en</strong> direction de<br />
l’est et n’était qu’une impasse desservant les différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>trepôts et ateliers du secteur.<br />
Il a fallu att<strong>en</strong>dre la construction de la route des Falaise <strong>en</strong> contrebas de la rue des<br />
Saars pour qu’elle se poursuive. Située proche de la sortie de l’autoroute, elle sert<br />
aujourd’hui de pénétrante <strong>en</strong> ville de Neuchâtel.<br />
Du point de vue de ses accès, le site de projet est situé tout proche de l’échangeur<br />
«Maladière» de l’autoroute et profi te ainsi de la proximité des accès aux voies rapides.<br />
De plus, il est, depuis 2002, relié à la gare par un funiculaire, ce qui permet une bonne<br />
desserte.<br />
Fig. 197 : L’Av<strong>en</strong>ue de la Pierre-à-Mazel <strong>en</strong> direction du c<strong>en</strong>tre ville : à gauche, le stade de la<br />
Maladière et à droite, le site de projet.<br />
Fig. 198 : L’Av<strong>en</strong>ue du Premier Mars est l’axe majeur qui relie la Maladière au c<strong>en</strong>tre ville. A<br />
gauche, le jardin Anglais.<br />
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Les transports publics :<br />
Le site est extrêmem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> desservi par les transports publics. Une ligne de bus<br />
passe sur la route nord et possède un arrêt pour l’hôpital et un autre pour le CPLN.<br />
Sur la rue sud, la nouvelle ligne de bus dessert le complexe de la Maladière puis les<br />
piscines plus à l’est. Elle possède un arrêt pour le c<strong>en</strong>tre commercial et un autre pour<br />
les salles de sport. Ces deux lignes permett<strong>en</strong>t de rejoindre le c<strong>en</strong>tre ville et la Place<br />
Pury (nœud des transports régionaux) <strong>en</strong> moins de cinq minutes. Pour rejoindre la<br />
gare, il est possible d’emprunter le funiculaire réalisé pour l’exposition nationale de<br />
2002. Son parcours dure moins d’une minute.<br />
Fig. 200 et 201 : Les escaliers sont caractéristiques des cheminem<strong>en</strong>ts qui permett<strong>en</strong>t de relier le<br />
haut et le bas de la ville, organisée sur les terrasses des murs de vignes.<br />
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112
Li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre le bas et le haut de la ville :<br />
La ville de Neuchâtel est caractérisée par de nombreux cheminem<strong>en</strong>ts allant du<br />
lac à la forêt et inversem<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong> que souv<strong>en</strong>t raides, ils constitu<strong>en</strong>t, pour les piétons,<br />
un réseau de liaisons rapides <strong>en</strong>tre le haut et le bas de la ville de Neuchâtel. Ils sont<br />
la plupart du temps constitués d’escaliers, ce qui réserve leur utilisation aux seuls<br />
piétons. Ces chemins dégag<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t une vue, soit sur la montagne de Chaumont,<br />
soit sur le lac. Ces deux référ<strong>en</strong>ces permett<strong>en</strong>t de se positionner dans la ville.<br />
Fig. 203 et 204 : Les escaliers sont caractéristiques des cheminem<strong>en</strong>ts qui permett<strong>en</strong>t de relier<br />
le haut et le bas de la ville, organisée sur les terrasses des murs de vignes.<br />
Fig. 205 à 207<br />
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114
Les parcours piétons :<br />
Plusieurs parcours permett<strong>en</strong>t depuis le site, de rejoindre la zone piétonne du<br />
c<strong>en</strong>tre ville. Ils sont, contrairem<strong>en</strong>t aux parcours décrits précédemm<strong>en</strong>t, à plat.<br />
Fig. 209 : Le jardin Anglais permet le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le c<strong>en</strong>tre ville et le quartier de la Maladière. Il est<br />
une prom<strong>en</strong>ade agréable <strong>en</strong> même temps qu’un lieu de dét<strong>en</strong>te.<br />
Fig. 210 : Un autre moy<strong>en</strong> de rejoindre le c<strong>en</strong>tre depuis le quartier de la Maladière est d’emprunter<br />
les anci<strong>en</strong>s quais.<br />
Fig. 211 : Les Jeunes-Rives permett<strong>en</strong>t aussi la transition <strong>en</strong>tre la Maladière et le c<strong>en</strong>tre ville.<br />
115
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Parcs et lieux de dét<strong>en</strong>te :<br />
Au-delà du stade, se situe la zone des Jeunes-Rives, qui sert de lieu de dét<strong>en</strong>te, de<br />
plage <strong>en</strong> été, de place pour les festivals et de terrain de sport extérieur pour les écoles.<br />
Le site mériterait un réaménagem<strong>en</strong>t, att<strong>en</strong>du depuis la fermeture de l’exposition<br />
nationale. Il est prévu, sans garanties, pour 2011.<br />
Outre l’espace des Jeunes-Rives, on peut citer le Jardin-Anglais qui est non<br />
seulem<strong>en</strong>t un lieu de passage, mais aussi un lieu de dét<strong>en</strong>te au cœur de la ville, à la<br />
jonction <strong>en</strong>tre le c<strong>en</strong>tre ville, le quartier étudiant et sportif et les quartiers résid<strong>en</strong>tiels.<br />
Plus à l’est, la colline du Mail regroupe le parc de l’anci<strong>en</strong> cimetière (dans lequel<br />
Andréa Bassi a réalisé une nouvelle école) et les terrains autrefois dévoués au jeu<br />
de maillet, dev<strong>en</strong>us terrains de sport. Il faut aussi m<strong>en</strong>tionner le nouveau parc situé<br />
derrière l’hôpital Pourtalès et les nouvelles plages du Nid-du-Crô où se situe la piscine<br />
du même nom.<br />
Fig. 213 et 214 : La plaine ombragée du Mail, anci<strong>en</strong> emplacem<strong>en</strong>t du jeu de maillet et le nouveau<br />
jardin au nord de l’hôpital Pourtalès.<br />
Fig. 215 et 216 : Les Jeunes-Rives, site de l’exposition nationale, lieu de dét<strong>en</strong>te au bord du lac.<br />
Fig. 217 et 218 : Le jardin du Palais DuPeyrou qui se situe sur le faubourg de l’hôpital.<br />
Le Jardins Anglais, li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le c<strong>en</strong>tre ville et la Maladière.<br />
117
118
Quartier des établissem<strong>en</strong>ts éducatifs :<br />
Le quartier est sans aucun doute estudiantin. On y trouve la plus grande partie<br />
de l’Université de Neuchâtel, le Lycée D<strong>en</strong>is-de-Rougemont, l’Ecole de commerce,<br />
le C<strong>en</strong>tre professionnel du littoral neuchâtelois (CPLN), la future ant<strong>en</strong>ne de l’Ecole<br />
polytechnique fédérale (<strong>EPFL</strong>), la cité universitaire et le conservatoire de musique.<br />
Prochainem<strong>en</strong>t, la Haute Ecole de gestion et l’Ecole d’ingénieur devrai<strong>en</strong>t s’y installer.<br />
De plus, les deux hôpitaux drain<strong>en</strong>t une part importante du personnel hospitalier <strong>en</strong><br />
formation. Cette population a permis à quelques bars et restaurants de s’implanter<br />
dans le quartier. A midi, la vie y est animée.<br />
Fig. 220 et 221 : L’Université de Neuchâtel. A gauche, la nouvelle Faculté des lettres implantée<br />
sur les remblais des Jeunes-Rives. A droite, le bâtim<strong>en</strong>t principal, construit <strong>en</strong> 1886.<br />
Fig. 222 et 223 : La Cité universitaire qui répond à la p<strong>en</strong>te par la construction d’une tour de<br />
logem<strong>en</strong>t posée sur un socle qui conti<strong>en</strong>t les services.<br />
Le Lycée D<strong>en</strong>is-de-Rougemont et son jardin ont pris la place de la colline du Crêt, au pied de<br />
l’église rouge.<br />
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120
Quartier des équipem<strong>en</strong>ts sportifs :<br />
Le quartier accueille les principaux équipem<strong>en</strong>ts sportifs de la ville. Alors que la<br />
patinoire et le port du Nid-du-Crô sont prés<strong>en</strong>ts depuis plusieurs années, les salles<br />
de gymnastique de la Riveraine et le stade de football vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’être construits. Ces<br />
équipem<strong>en</strong>ts sont complém<strong>en</strong>taires des écoles situées à proximité.<br />
Fig. 225 : Les patinoires du littoral construites sur les terrains gagnés sur le lac dans les années<br />
1970.<br />
Fig. 226: Le port du Nid-du-Crô, la salle de sport de la Riveraine et le stade de football. Le quartier<br />
regroupe une grande partie des équipem<strong>en</strong>ts sportifs de la ville.<br />
Fig. 227: La salle de sport de la Riveraine.<br />
121
122
Bâtim<strong>en</strong>ts publics :<br />
En dehors des équipem<strong>en</strong>ts sportifs et des écoles, plusieurs bâtim<strong>en</strong>ts publics<br />
se trouv<strong>en</strong>t aux abords du site de projet. Certains exist<strong>en</strong>t depuis longtemps, comme<br />
l’hôpital Pourtalès et d’autre vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de voir le jour, comme l’Offi ce fédéral de la<br />
statistique.<br />
Fig. 229 et 230 : Deux grands bâtim<strong>en</strong>ts construits récemm<strong>en</strong>t dans le quartier: l’Offi ce fédéral de<br />
la statistique, <strong>en</strong> haut et le nouvel hôpital Pourtalès, <strong>en</strong> bas.<br />
123
124<br />
Fig. 233 : Le casino de la rotonde dans le jardin anglais.<br />
Fig. 231 : La rénovation d’une anci<strong>en</strong>ne<br />
usine de serrurerie a permis<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t d’une crèche ainsi<br />
que d’un institut d’anatomie-pathologie,<br />
<strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec l’hôpital Pourtalès.<br />
Fig. 232 : Au nord de l’hôpital, le<br />
home de Clos-Brochet, actuellem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> phase d’agrandissem<strong>en</strong>t.
Fig. 234 : La chapelle de la Maladière,<br />
dont la façade donne directem<strong>en</strong>t sur<br />
le site du projet.<br />
Fig. 235 : Le foyer handicap occupe les<br />
bâtim<strong>en</strong>ts voisins de l’hôpital Pourtalès.<br />
On y trouve aussi un restaurant et<br />
la poste du quartier de la Maladière.<br />
Fig. 236 et 237 : l’église catholique Notre-Dame appelée aussi église rouge. à gauche. A droite,<br />
le musée des Beaux-Arts, qui a donné son nom à tout le quartier.<br />
125
126
Logem<strong>en</strong>ts :<br />
Le quartier, bi<strong>en</strong> qu’il héberge un grand nombre de bâtim<strong>en</strong>ts publics, compte tout<br />
de même un certain nombre de logem<strong>en</strong>ts. On peut les classer de la façon suivante:<br />
logem<strong>en</strong>ts des Beaux-Arts sous forme de deux îlots et deux barres, logem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre le<br />
stade et l’église catholique, au sud du site de projet, sous forme de barres, logem<strong>en</strong>ts<br />
à l’ouest du site de projet qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t tous les types, logem<strong>en</strong>ts à l’est du site de<br />
projet, qui marqu<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>trée de la ville, sous forme de barres.<br />
Fig. 239 et 240 : les logem<strong>en</strong>ts du quartiers<br />
des Beaux-Arts ont été construits de 1881 à<br />
1895. Ce sont de grands appartem<strong>en</strong>ts, prestigieux<br />
pour ceux qui donn<strong>en</strong>t sur le lac. La<br />
première illustration montre, à gauche, les<br />
barres donnant sur le lac qui se situe au sud<br />
et, à droite, les îlots donnant sur le Jardin anglais<br />
qui se situe au nord.<br />
La seconde illustration montre la cour intérieure<br />
de l’un des îlot, aménagée <strong>en</strong> jardin.<br />
Fig. 241 : Cour intérieure des logem<strong>en</strong>ts voisins<br />
du site de projet. A gauche, une barre de<br />
logem<strong>en</strong>ts et à droite, une tour de logem<strong>en</strong>ts.<br />
Les deux maisons visibles dans le fond se<br />
trouv<strong>en</strong>t sur le site de projet.<br />
Fig. 242 : façade nord de la barre de l’illustration<br />
précéd<strong>en</strong>te.<br />
127
128<br />
Fig. 243 : les barres de logem<strong>en</strong>ts situées directem<strong>en</strong>t au sud du site de projet, <strong>en</strong>tre l’église<br />
catholique et le stade.<br />
Fig. 244 et 245 : les deux tours de logem<strong>en</strong>ts qui compos<strong>en</strong>t l’îlot situé directem<strong>en</strong>t à l’ouest du<br />
site de projet.
Fig. 246 : Logem<strong>en</strong>ts situés à l’est du site de projet. Ils marqu<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>trée dans la ville depuis<br />
l’autoroute.<br />
Fig. 247 : Au premier plan, les barres de logem<strong>en</strong>ts, situées <strong>en</strong>tre l’église catholique et le stade.<br />
Au deuxième plan, la tour de logem<strong>en</strong>ts et au dernier plan, la barre haute.<br />
129
130
Rives :<br />
Comme déjà m<strong>en</strong>tionné plus haut, la ville de Neuchâtel a sans cesse repoussé<br />
ses rives afi n de s’agrandir. Il est intéressant de positionner le site par rapport aux<br />
anci<strong>en</strong>nes rives du lac et de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la part de la ville qui a été gagnée sur<br />
l’eau. Le site se trouve sur les limites de l’anci<strong>en</strong> rivage. Il a <strong>en</strong> partie été gagné sur le<br />
lac, au pied des falaises situées devant l’hôpital Pourtalès.<br />
Fig. 249 et 250 : A gauche, les quais avant la création des Jeunes-Rives. A droite, le rivage actuel<br />
qui propose des lieux de dét<strong>en</strong>te.<br />
Fig. 251 : Les rivages successifs de la ville de Neuchâtel.<br />
131
132<br />
Fig. 252 : Le c<strong>en</strong>tre ville de Neuchâtel. Dans la partie inférieure droite de la photographie, un des<br />
quartier le plus d<strong>en</strong>se de la ville.<br />
Fig. 253 et 254 : A gauche, la cour intérieur et la cage d’escalier de la maison du Trésor, accessible<br />
par un passage reliant deux rues. Elle se situe dans le quartier illustré ci-dessus. A droite, la<br />
ruelle du port qui relie le faubourg de l’hôpital à la place du port.
D<strong>en</strong>sités neuchâteloises :<br />
Le c<strong>en</strong>tre ville de Neuchâtel offre des expéri<strong>en</strong>ces de d<strong>en</strong>sité bâtie, de d<strong>en</strong>sité<br />
sociale et de mixité. Les anci<strong>en</strong>nes ruelles qui ont échappé au grand inc<strong>en</strong>die de 1714<br />
ont gardé leur anci<strong>en</strong> tracé et possèd<strong>en</strong>t une d<strong>en</strong>sité propre. Mais ce n’est pas le seul<br />
<strong>en</strong>droit qui propose ce type d’expéri<strong>en</strong>ces. La construction de la ville sur le fl anc de la<br />
montagne de Chaumont a impliqué de nombreux travaux de terrassem<strong>en</strong>t et les murs<br />
de soutènem<strong>en</strong>t sont très prés<strong>en</strong>ts. Les rues sont rarem<strong>en</strong>t bordées de maisons des<br />
deux côtés. Elles se situ<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t plus haut et plus bas que la rue. Chaque maison<br />
est donc toujours surplombée par d’autres constructions, ce qui acc<strong>en</strong>tue le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />
de d<strong>en</strong>sité.<br />
Les cheminem<strong>en</strong>ts piétons « lac - forêt » décrits plus haut s’immisc<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>tre les bâtim<strong>en</strong>ts, ce qui permet au piéton des expéri<strong>en</strong>ces variées.<br />
Fig. 255 et 256 : Les escaliers du château permett<strong>en</strong>t l’accès direct à la colline. Ils évit<strong>en</strong>t le<br />
détour de la rue de la Collégiale. Leur cont<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>tre les murs des maisons et le château qui<br />
les surplombe r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de d<strong>en</strong>sité.<br />
133
134<br />
Fig. 257 et 258 : La complexité des rues de la vieille ville, la succession des différ<strong>en</strong>ts plans bâtis,<br />
la proximité minérale des murs et les possibilités de parcours et de r<strong>en</strong>contres confèr<strong>en</strong>t au<br />
c<strong>en</strong>tre une d<strong>en</strong>sité s<strong>en</strong>sible particulière.<br />
Fig. 259 et 260 : Deux rues de la vieille ville. A droite, la ruelle des Chaudronniers, à gauche, la<br />
rue des Moulins.
Fig. 261 à 264 : La superposition du bâtit dans la p<strong>en</strong>te est caractéristique de Neuchâtel et de la<br />
structure <strong>en</strong> terrasse sur laquelle s’est construite la ville. Ces superpositions cré<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />
de d<strong>en</strong>sité par le fait que l’on trouve souv<strong>en</strong>t une maison qui surplombe la si<strong>en</strong>ne. On retrouve<br />
cela aussi bi<strong>en</strong> dans le c<strong>en</strong>tre anci<strong>en</strong> que dans les nouveaux quartiers de la ville.<br />
Fig. 265 et 266 : A gauche, un mur de soutènem<strong>en</strong>t caractéristique. La rue n’est de cette façon<br />
pas bordée d’immeubles, ceux-ci se trouv<strong>en</strong>t soit au dessus soit au-dessous.<br />
A droite, dans le quartier de la Maladière, la superposition des différ<strong>en</strong>ts plans crée une s<strong>en</strong>sation<br />
de d<strong>en</strong>sité.<br />
135
136<br />
Fig. 267 et 268 : L’<strong>en</strong>trée de la cité universitaire, à gauche et le passage <strong>en</strong>tre la rue de la Maladière<br />
et l’av<strong>en</strong>ue de la Pierre-à-Mazel à droite.<br />
Fig. 269 et 270 : Les logem<strong>en</strong>ts d<strong>en</strong>ses de Devanthéry & Lamunière offr<strong>en</strong>t des passages et<br />
ouvertures qui permett<strong>en</strong>t la vue du lointain.<br />
Fig. 271 et 272 : La faculté des lettres de l’Université de Neuchâtel.
En parlant de la perception de la d<strong>en</strong>sité, il a été évoqué les dilatations et les<br />
resserrem<strong>en</strong>ts de l’espace, comme étant des facteurs infl u<strong>en</strong>çant la s<strong>en</strong>sation de<br />
d<strong>en</strong>sité. Neuchâtel dispose de beaucoup de ces passages qui permett<strong>en</strong>t la transition<br />
piétonne tout <strong>en</strong> offrant, parfois, des ouvertures sur le lointain et le lac. Les photographies<br />
suivantes illustr<strong>en</strong>t ce propos. Ces passages ne se trouv<strong>en</strong>t pas uniquem<strong>en</strong>t dans le<br />
c<strong>en</strong>tre anci<strong>en</strong> mais aussi dans des constructions réc<strong>en</strong>tes comme dans les logem<strong>en</strong>ts<br />
réalisés par le bureau Devanthéry & Lamunière.<br />
Fig. 273 et 274 : Passages dans le c<strong>en</strong>tre ville.<br />
Fig 275 et 276 : Passages dans le c<strong>en</strong>tre ville.<br />
137
138
5. CONCLUSION<br />
Afi n de clore l’énoncé théorique et d’amorcer la partie pratique du Master, il<br />
faut tirer les conclusions du travail déjà effectué afi n de les appliquer à la réfl exion<br />
projectuelle.<br />
Concernant le programme du futur projet, la prés<strong>en</strong>ce, dans les al<strong>en</strong>tours, d’un<br />
grand nombre de services, de commerces et d’équipem<strong>en</strong>ts nécessaires à la vie du<br />
quartier, permet de se conc<strong>en</strong>trer sur la réalisation de logem<strong>en</strong>ts qui pourront être de<br />
divers types.<br />
Comme expliqué auparavant, le quartier bénéfi cie de l’implantion de l’Université,<br />
du C<strong>en</strong>tre professionnel du littoral neuchâtelois et des lycées. La construction prochaine<br />
du nouvel institut de microtechnique de l’<strong>EPFL</strong> r<strong>en</strong>forcera <strong>en</strong>core le côté estudiantin de<br />
cette partie de la ville. Cela implique la prés<strong>en</strong>ce d’une population jeune <strong>en</strong> ces lieux.<br />
La cité universitaire, qui se trouve à quelques pas, ne permet plus, à l’heure actuelle,<br />
d’accueillir tous les étudiants de la ville. Il serait donc <strong>en</strong>visageable de planifi er la<br />
construction de logem<strong>en</strong>ts susceptibles de les accueillir.<br />
La prés<strong>en</strong>ce de l’hôpital pourrait aussi permettre le développem<strong>en</strong>t de logem<strong>en</strong>ts<br />
protégés pour l’accueil de personnes nécessitant des soins quotidi<strong>en</strong>s, principalem<strong>en</strong>t<br />
des personnes âgées. Le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les appartem<strong>en</strong>ts et les services de l’hôpital<br />
serai<strong>en</strong>t ainsi facilités.<br />
En dehors de ces deux catégories spécifi ques de la population, des appartem<strong>en</strong>ts<br />
de tous types sont aussi nécessaires à la ville de Neuchâtel, dans le but d’accueillir de<br />
nouveaux habitants. Il a été fait m<strong>en</strong>tion du manque de grands appartem<strong>en</strong>ts pour les<br />
familles notamm<strong>en</strong>t.<br />
Le travail se dirigera donc probablem<strong>en</strong>t vers une proposition de mixité des<br />
logem<strong>en</strong>ts induisant de ce fait une mixité d’appropriation. Le travail sur la diversité<br />
des typologies sera important. Les appartem<strong>en</strong>ts pouvant être des deux pièces, des<br />
lofts ou <strong>en</strong>core des duplex. Il faudra aussi veiller à la grande fl exibilité des plans de<br />
logem<strong>en</strong>t afi n qu’ils puiss<strong>en</strong>t s’adapter aux modes de vies de leurs occupants et non<br />
l’inverse.<br />
Outre le développem<strong>en</strong>t du logem<strong>en</strong>t, le site pourrait accueillir différ<strong>en</strong>ts<br />
programmes. Un article paru dans le journal le Temps du 11 avril 2007 met <strong>en</strong> avant<br />
le besoin de la ville de Neuchâtel <strong>en</strong> locaux occupant les rez-de-chaussée et pouvant<br />
accueillir des bureaux, des ateliers ainsi que des petits commerces. Il faudra donc<br />
t<strong>en</strong>ir compte de ce besoin et proposer de tels espaces. D’autres programmes <strong>en</strong> li<strong>en</strong><br />
direct avec les établissem<strong>en</strong>ts éducatifs voisins pourrai<strong>en</strong>t être abordés. Les lycées<br />
manqu<strong>en</strong>t par exemple cruellem<strong>en</strong>t de salles de classe.<br />
Autre point important, le quartier ne dispose pour l’instant pas de lieu de réunion<br />
pour les habitants et la jeunesse. La question d’un c<strong>en</strong>tre d’animation et de loisir pour<br />
le quartier pourrait être abordée.<br />
139
140<br />
Réalisation de l’architecte Martin Spühler dans<br />
le quartier de l’Oerlikon Park à Zurich. 102 appartem<strong>en</strong>ts.<br />
Réalisation de l’architecte Martin Spühler à<br />
Zurich. 64 appartem<strong>en</strong>ts.<br />
Réalisation du bureau G<strong>en</strong>inasca Delefortrie<br />
dans le quartier de Serrière à Neuchâtel. 40<br />
appartem<strong>en</strong>ts.<br />
Réalisation du bureau Kuhn, Fischer & Partner<br />
dans le quartier Limmatwest à Zurich. Représ<strong>en</strong>té<br />
seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partie ci-dessus.<br />
Réalisation du bureau Devanthéry & Lamunière<br />
dans le quartier de la gare à Neuchâtel.<br />
Réalisation de l’architecte Willi Kladler à Zurich.<br />
104 appartem<strong>en</strong>ts.
Esquisses projectuelles :<br />
La mise <strong>en</strong> situation de réalisations existantes sur le site permet de se faire une<br />
bonne idée de la surface à disposition pour le projet. Les schémas ci-contre mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
situations quelques-uns des exemples analysés plus haut. Il ressort tout de suite que<br />
le site est important et qu’il peut accueillir un grand nombre de logem<strong>en</strong>ts.<br />
Les dim<strong>en</strong>sions du site : La longueur du site, d’ouest <strong>en</strong> est, est de 230 mètres. Sa<br />
largeur varie avec la courbe de la rue de la Maladière au nord. La plus courte distance<br />
<strong>en</strong>tre l’av<strong>en</strong>ue de la Pierre-à-Mazel et la rue de la Maladière est de 45 mètres, la plus<br />
longue est de 80 mètres.<br />
141
142<br />
Dégagem<strong>en</strong>t visuel et passage <strong>en</strong> direction du lac.<br />
Dégagem<strong>en</strong>t visuel pour les logem<strong>en</strong>ts situés dans les derniers étages.<br />
Façades borgnes des immeubles situés à l’ouest.<br />
Cour semi privée et protégée des nuisances au c<strong>en</strong>tre de l’îlot.
L’analyse du site permet déjà de donner quelques pistes et de fi xer les premières<br />
idées directrices qui pourrai<strong>en</strong>t conduire le projet de master :<br />
- Poursuivre la rue du Stade, qui relie le site au lac, permettrait à la cité<br />
universitaire, à l’hôpital, ainsi qu’à tout le quartier situé au nord de posséder<br />
un accès plus direct aux rives. Cela créerait de même une percée visuelle<br />
vers le lac. Depuis la construction du stade, la rue du même nom est dev<strong>en</strong>ue<br />
zone piétonne.<br />
- Le site doit permettre la perméabilité <strong>en</strong>tre la rue de la Maladière et l’av<strong>en</strong>ue<br />
de la Pierre-à-Mazel afi n de favoriser les passages nord-sud. Il faudrait<br />
pourtant favoriser les ouvertures vers le nord, qui est plus calme.<br />
- Le stade, au sud, bloque la vue et n’offre qu’un dégagem<strong>en</strong>t minimum pour<br />
les logem<strong>en</strong>ts qui se situerai<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t sur l’av<strong>en</strong>ue de la Pierre-à-<br />
Mazel. Néanmoins, <strong>en</strong> construisant <strong>en</strong> hauteur sur la partie nord du site, les<br />
logem<strong>en</strong>ts supérieurs pourrai<strong>en</strong>t bénéfi cier d’un dégagem<strong>en</strong>t par dessus le<br />
stade de la Maladière.<br />
- La différ<strong>en</strong>ce de hauteur <strong>en</strong>tre la rue de la Maladière et l’av<strong>en</strong>ue de la<br />
Pierre-à-Mazel est de cinq mètres. L’espace semi-public propre au site<br />
pourrait pr<strong>en</strong>dre place au niveau de la rue de la Maladière. Un socle d’une<br />
grande hauteur d’étage pourrait accueillir d’autres programmes que celui du<br />
logem<strong>en</strong>t.<br />
- L’exist<strong>en</strong>ce du début d’îlot cont<strong>en</strong>ant des logem<strong>en</strong>ts, à l’ouest, et les façades<br />
borgnes qu’il laisse apparaître sur le site invit<strong>en</strong>t à la prolongation de l’existant.<br />
La cour intérieure qui existe actuellem<strong>en</strong>t n’est pas <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t accessible<br />
aux piétons, mais cela pourrait être le cas pour le futur projet.<br />
- La prés<strong>en</strong>ce de l’av<strong>en</strong>ue de la Pierre-à-Mazel, artère très fréqu<strong>en</strong>tée, génère<br />
des nuisances desquelles il fadrait protéger le site. La construction de<br />
logem<strong>en</strong>ts qui posséderai<strong>en</strong>t un dégagem<strong>en</strong>t direct sur cet av<strong>en</strong>ue paraît<br />
diffi cile. Il faudra y placer des programmes possédant une plus grande<br />
tolérance au bruit et probablem<strong>en</strong>t prévoir un système de protection.<br />
- Recréer un front de rue nord pour la Pierre-à-Mazel, qui n’<strong>en</strong> possède<br />
actuellem<strong>en</strong>t pas. Les bâtim<strong>en</strong>ts accueillerai<strong>en</strong>t des programmes moins<br />
s<strong>en</strong>sibles au bruit, pouvant servir de protection pour les logem<strong>en</strong>ts situés au<br />
nord.<br />
143
144<br />
La distance <strong>en</strong>tre le site et le stade est de 20 mètre et de 70 mètres <strong>en</strong>tre le site et l’hôpital.<br />
Ensoleillem<strong>en</strong>t du site au solstice d’hiver.
- Au nord, la façade courbe de l’hôpital est éloignée de plus ou moins 70<br />
mètres, le projet, quel qu’il soit, ne risque pas de prétériter le dégagem<strong>en</strong>t<br />
offert aux chambres de l’institution, les bâtim<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t ainsi pr<strong>en</strong>dre de la<br />
hauteur et repr<strong>en</strong>dre le gabarit de l’immeuble voisin : rez + six étages.<br />
- Au sud, la distance est plus réduite. Elle est de 20 mètres, ce qui correspond<br />
à la situation du reste de l’av<strong>en</strong>ue plus à l’ouest. Afi n de laisser de la lumière<br />
au bâtim<strong>en</strong>ts situés au nord, la hauteur de ce bâtim<strong>en</strong>t doit être limitée et<br />
repr<strong>en</strong>dre le gabarit des bâtim<strong>en</strong>ts situés plus à l’ouest, soit : rez + trois ou<br />
quatre étages.<br />
- La prés<strong>en</strong>ce du stade au sud fait apparaître le problème de l’<strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>t.<br />
Les constructions situées <strong>en</strong> bordure de l’av<strong>en</strong>ue de la Pierre-à-Mazel ne<br />
bénéfi cierai<strong>en</strong>t pas d’un <strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>t lors de la période hivernale. Par<br />
contre, une construction sur la partie nord ne souffrirait pas de la prés<strong>en</strong>ce du<br />
stade. De même, une cour c<strong>en</strong>trale recevrait <strong>en</strong> partie le soleil.<br />
Le programme cité ci-dessus ainsi que les diverses idées développées ne doiv<strong>en</strong>t<br />
pas être considérés comme fi xes. Elles ne sont qu’une première approche et vont<br />
naturellem<strong>en</strong>t évoluer lors de la conception du projet. De nouvelles questions se<br />
poseront et je t<strong>en</strong>terai d’y répondre.<br />
145
146<br />
6. BIBLIOGRAPHIE<br />
Référ<strong>en</strong>ces sur la d<strong>en</strong>sité :<br />
Livres :<br />
- Amphoux Pascal, La d<strong>en</strong>sité urbaine, du programme au projet, ENAC, <strong>EPFL</strong>, 2001<br />
- Blumer Jacques, Pour une utilisation rationnelle du sol : Quelques bons exemples de<br />
construction, ASPAN, 1997, Berne<br />
- Fouchier Vinc<strong>en</strong>t, Les d<strong>en</strong>sités urbaines et le développem<strong>en</strong>t durable, le cas de l’île de<br />
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- Ruzicka-Rossier Monique, Kotchi Marie-Josée, D<strong>en</strong>sité et mixité, analyse d’une portion<br />
d’agglomération, l’ouest lausannois, Mandat de l’Offi ce Fédéral du<br />
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LADYT<br />
Articles :<br />
- Bassand Nicolas, L’épaisseur de la d<strong>en</strong>sité ou les qualités revisitées de l’habitat cond<strong>en</strong>sé,<br />
Matières numéro 7 2004, p.89<br />
- Bordas-Astudillo Flor<strong>en</strong>ce, Quelle forme urbaine pour quelle d<strong>en</strong>sité vécue, note de 4<br />
<strong>page</strong>s, Atelier parisi<strong>en</strong> d’urbanisme APUR, n°10, juin 2003<br />
- Habitat formes urbaines, d<strong>en</strong>sité comparée et t<strong>en</strong>dances d’évolution <strong>en</strong> France,<br />
Fédération nationale de ag<strong>en</strong>ces d’urbanisme FNAU, octobre 2006<br />
- Appréh<strong>en</strong>der la d<strong>en</strong>sité, notes rapides sur l’occupation du sol, IAURIF, n°382, juin 2005<br />
- Ley Elise, Loetscher Christoph, Seppey Fabi<strong>en</strong>ne, D<strong>en</strong>sifi ons, le cas du M2 à Lausanne,<br />
Master of advanced studies 2005-2006, <strong>EPFL</strong>, IDEHAP<br />
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Référ<strong>en</strong>ces sur la ville :<br />
Livres :<br />
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- Divorne Françoise, Berne et les villes fondées par les ducs de Zähring<strong>en</strong> au XIIe siècle,<br />
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- Kaijima Momoyo, Made in Tokyo, Kajima Institute Publishing Co, 2001, Tokyo<br />
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- Mangin David, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, Editions<br />
de la Vilette, 2004, Paris<br />
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- Panerai Philippe, Analyse urbaine, Editions par<strong>en</strong>thèses, 1999, Marseille<br />
- Rebois Didier, Construire la ville sur la ville, transformation de sites urbains contemporains,<br />
EUROPAN 4, résultats europé<strong>en</strong>s, EUROPAN, 1994, Paris-La-Déf<strong>en</strong>se<br />
- Rowe Collin, Koetter Fred, Collage City, Infolio éditions, 2002, Gollion<br />
- Secchi Bernardo, Première leçon d’urbanisme, Editions Par<strong>en</strong>thèses, 2006, Marseille<br />
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Marseille<br />
147
148<br />
Référ<strong>en</strong>ces sur le logem<strong>en</strong>t :<br />
Livres :<br />
- Arnold Françoise, le logem<strong>en</strong>t collectif, de la conception à la réhabilitation, éditions du<br />
moniteur, 2005<br />
- Bassand Michel et H<strong>en</strong>z Alexander, Habitation horizon 2000, PPUR, 1988, Lausanne<br />
- Durban Christoph, Koch Michael, Kurz Daniel, Merhr als wohn<strong>en</strong>, Gemeinnütziger<br />
Wohnungsbau in Zürich, 1907-2007, gta Verlag, 2007, Zürich<br />
- Fernandez Per Aurora, Mozas Javier, D<strong>en</strong>sidad D<strong>en</strong>sity, a+t ediciones, 2006, Vitoria-<br />
Gasteiz<br />
- Flagge Ingeborg, Geschichte des Wohn<strong>en</strong>s von 1945 bis heute Aufbau-Neubau-Umbau,<br />
Deutsche Verlags-Anstalt, 1999, Stuttgart<br />
- Lucan Jacques, Marchand Bruno, Steinmann Martin, Construire des logem<strong>en</strong>ts, habitat<br />
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- Schittich Christian, Habitat collectif, concepts, projets, réalisations, <strong>en</strong> DETAIL, Birkhäuser,<br />
2005, Bâle<br />
- Schneider Friederike, Grundrissatlas Wohnungsbau Floor Plan Manual Housing,<br />
Birkhäuser, 2004, Bâle<br />
- Schramm Helmut, Low Rise – High D<strong>en</strong>sity, Horizontale Verdichtungsform<strong>en</strong> im Wohnbau,<br />
Springer Verlag, 2005, Wi<strong>en</strong><br />
- Seraji Nasarine, Logem<strong>en</strong>t, matière de nos villes, chronique europé<strong>en</strong>ne, 1900-2007,<br />
Editions du pavillon de l’ars<strong>en</strong>al, 2007, Paris<br />
- Simon Axel, Wohn<strong>en</strong> in Zürich, Programme Refl exion<strong>en</strong> Beispiele 1998-2006, Niggli, 2006,<br />
Sulg<strong>en</strong> Zürich<br />
Articles :<br />
- Hanak Michael, Habitat <strong>en</strong> Suisse, développem<strong>en</strong>t territorial et logem<strong>en</strong>t, Offi ce fédéral du<br />
logem<strong>en</strong>t, Granges, 2006<br />
- L’habitat <strong>en</strong> Suisse, développem<strong>en</strong>t territorial et logem<strong>en</strong>t, bulletin du logem<strong>en</strong>t n°78,<br />
Offi ce fédéral du logem<strong>en</strong>t, 2006<br />
- Faces n°28, été 1993, Typologies<br />
- Werk, bau<strong>en</strong>+wohn<strong>en</strong>, n°3 2005, Wohnung<strong>en</strong> !
Référ<strong>en</strong>ces sur le site :<br />
Livres :<br />
- Béguin Jacques, Le château de Neuchâtel, Edition de la Baconnière, 1948, Boudry<br />
- Bettinelli Ennio, Jelmini Jean-Pierre, Un pays vu du ciel: le canton de Neuchâtel, Presses<br />
du belvédère, 2007, Sainte-Croix<br />
- Burkhalter Didier, « La Maladière » un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’éternité, Editions Gilles Attinger, 2007,<br />
Hauterive<br />
- Callet-Mollin Vinc<strong>en</strong>t, Des catholiques <strong>en</strong> terre protestante, la paroisse Notre-Dame de<br />
Neuchâtel 1806-2006, Editions Gilles Attinger, 2006, Hauterive<br />
- Charlet R<strong>en</strong>é et Courvoisier Jean, Neuchâtel Rétro à travers des cartes postales, Editions<br />
du Ruau, 1988, Saint-Blaise<br />
- Courvoisier Jean, Les Monum<strong>en</strong>ts d’art et d’histoire du canton de Neuchâtel, Tome1, la<br />
ville de Neuchâtel, Editions Birkhäuser, 1955, Bâle<br />
- Da Cunha Antonio, Piguet Vinc<strong>en</strong>t, Rérat Patrick, Atlas du canton de Neuchâtel, Editions<br />
Gilles Attinger, 2006, Hauterive<br />
- Di<strong>en</strong>er Roger, Herzog Jacques, Meili Marcel, de Meuron Pierre, Schmid Christian, La<br />
Suisse portrait urbain, 2006, Birkäuser, Basel<br />
- Jelmini Jean-Pierre, Neuchâtel, l’esprit, la pierre, l’histoire, Editions Gilles Attinger, 1994,<br />
Hauterive<br />
- Maillard Nadja, Architecture moderne & contemporaine <strong>en</strong> ville de Neuchâtel,<br />
- Morgan Stuart, Lecture aéri<strong>en</strong>ne de la Suisse médiévale : bourgs, églises et châteaux<br />
forts, Editions Payot, 1976, Lausanne<br />
- Schetty Jürg, Neuchâtel il y a 100 ans, Editions de l’auteur, 1994, Auvernier<br />
Articles :<br />
- Débats sur la ville, supplém<strong>en</strong>t du journal l’express, mai 2007<br />
- Quincerot Richard, Woeffrey Bernard, Le réseau urbain neuchâtelois (RUN), ou comm<strong>en</strong>t<br />
faire pour que «l’av<strong>en</strong>ir soit notre affaire» ?, in die Stadt –Les villes, 2/05<br />
- Projection, magazine de l’association Ecoparc, novembre 2001, juin et novembre 2002,<br />
juin et novembre 2003, été 2004, hiver 06-07<br />
- Werk, bau<strong>en</strong>+wohn<strong>en</strong>, n°6 2006, Neuchâtel etc<br />
- Conception directrice cantonale de l’aménagem<strong>en</strong>t du territoire 2004, République et<br />
Canton de Neuchâtel<br />
149
150<br />
Référ<strong>en</strong>ces diverses :<br />
Livres :<br />
- Lucan Jacques, Matière d’art, architecture contemporaine <strong>en</strong> Suisse, birkhäuser, 2001,<br />
Bâle<br />
- Steinmann Martin, Forme forte, écrits 1972-2002, Birkhäuser, 2003, Bâle<br />
Articles :<br />
- 5ème Workshop, « Projets Urbains », Procès verbal, 22.11.2006, Granges, DETEC et ARE<br />
- Projets Urbains, 19.02.2007, DETEC et ARE<br />
- Habitat et vie urbaine, changem<strong>en</strong>t dans les modes de vie, PUCA plan urbanisme<br />
construction et architecture, Les actes du colloque 14 et 15 mars 2006<br />
- Forum du développem<strong>en</strong>t territorial, bulletin d’information, Offi ce fédéral du<br />
développem<strong>en</strong>t territorial ARE, 3/2003<br />
- Face n°41, été 1997, Di<strong>en</strong>er & Di<strong>en</strong>er<br />
- La ville <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, Magazine Environnem<strong>en</strong>t, Offi ce fédéral de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,<br />
3/2007<br />
- Tracés, bulletin technique de la Suisse Romande, n°12, 2007<br />
Littérature sur la ville :<br />
- Calvino Italo, Les villes invisibles, Editions du seuil, 1974, Paris<br />
- Gracq Juli<strong>en</strong>, La forme d’une ville, Editions José Corti, 1985, Paris<br />
- Perec Georges, Espèce d’espaces, Editions Galilée, 1974, Paris<br />
Autre :<br />
- Atelier du professeur Philippe Gueissaz, cours de théorie du projet, année 2003-2004<br />
- Atelier du professeur Martin Stainmann, cours de théorie du projet, année 2004-2005<br />
- Ateleir du profeseur Jean-Paul Jaccaud, cours de théorie du projet, semestre d’hiver 2006-<br />
2007<br />
- Atelier du professeur Patrick Berger, cours de théorie du projet, semestre d’été 2006-2007<br />
- Unité d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t B, critique architecturale, le logem<strong>en</strong>t contemporain, été 04-05<br />
- Cours de théorie urabaine, El<strong>en</strong>a Cogato-Lanza<br />
- Cours d’architecture et construction de la ville, Christian Gilot<br />
- Docum<strong>en</strong>ts mis à disposition par le service d’urbanisme de la ville de Neuchâtel.
Sites internets :<br />
- http://www.stadt-zuerich.ch/internet/hbd/home/plan<strong>en</strong>_bau<strong>en</strong>.html<br />
- http://ltha.epfl .ch<br />
- http://www.urbanisme-neuchatel.ch<br />
- www.pacom-neuchatel.ch<br />
- www.ecoparc.ch<br />
- http://www.unige.ch/ia/g<strong>en</strong>eral/<strong>en</strong>seignants/HPELEB.html<br />
- http://www.europan.ch/index.html<br />
- http://www.aspan-so.ch/index.php<br />
- http://www.vlp-aspan.ch/fr/home<br />
- www.mehr-als-wohn<strong>en</strong>.ch<br />
- http://mct.sbb.ch/mct/fr/immobili<strong>en</strong><br />
- http://www.esch<strong>en</strong>park.ch<br />
- http://www.logisbale.ch<br />
- http://www.krahnbahn.ch<br />
- http://www.are.admin.ch<br />
- http://www.ouest-lausannois.ch<br />
- http://www.lokomotive-winterthur.ch<br />
- http://www.quartierecoparc.ch<br />
- http://www.basel.ch/de/basel/stadt<strong>en</strong>twicklung<br />
- http://www.nfp54.ch/f.cfm?Slanguage=f<br />
- http://www.habitation.ch/<br />
- http://geoconfl u<strong>en</strong>ces.<strong>en</strong>s-lsh.fr/<br />
- http://www.staedteverband.ch/<br />
- http://www.observatoiredelaville.com/<br />
151
152<br />
Table des illustrations :<br />
Page de titre: Photographie de Michael Wolf, Architecture of d<strong>en</strong>sity<br />
1. L’habitat <strong>en</strong> Suisse, développem<strong>en</strong>t territorial et logem<strong>en</strong>t, bulletin du logem<strong>en</strong>t n°78,<br />
Offi ce fédéral du logem<strong>en</strong>t, 2006, <strong>page</strong> 31<br />
2. Idem, <strong>page</strong> 33<br />
3. Idem, <strong>page</strong> 12<br />
4. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
5. Bettinelli Ennio, Jelmini Jean-Pierre, Un pays vu du ciel: le canton de Neuchâtel, Presses<br />
du belvédère, 2007, Sainte-Croix, <strong>page</strong> 55<br />
6. Idem, <strong>page</strong> 89<br />
7. Photographie personnelle<br />
8. Photographie personnelle<br />
9. Photographie de H. H<strong>en</strong>z, tirée du site : www.gueissaz-arch.ch<br />
10. Idem<br />
11. Mangin David, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, Editions<br />
de la Vilette, 2004, Paris, <strong>page</strong> 317<br />
12. Mangin David, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, Editions<br />
de la Vilette, 2004, Paris, <strong>page</strong> 343<br />
13. Idem, <strong>page</strong> 309<br />
14. Panerai Philippe, Analyse urbaine, Editions par<strong>en</strong>thèses, 1999, Marseille, <strong>page</strong> 35<br />
15. MUTATIONS, <strong>page</strong> 405<br />
16. Godard Francis, La ville <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, découvertes Gallimard 410, 2001, <strong>page</strong> 38<br />
17. Idem, <strong>page</strong> 18<br />
18. Idem, <strong>page</strong> 78<br />
19. Kaijima Momoyo, Made in Tokyo, Kajima Institute Publishing Co, 2001, Tokyo, <strong>page</strong> 135<br />
20. Mangin David, La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, Editions<br />
de la Vilette, 2004, Paris, <strong>page</strong> 331<br />
21. Ruzicka-Rossier Monique, D<strong>en</strong>sité et mixité à l’échelle des agglomération suisses : le cas<br />
de l’agglomération lausannoise, 2002, offi ce fédéral du développem<strong>en</strong>t durable, <strong>page</strong> 16<br />
22. Idem, <strong>page</strong> 16<br />
23. Fouchier Vinc<strong>en</strong>t, Les d<strong>en</strong>sités urbaines et le développem<strong>en</strong>t durable, le cas de l’île de<br />
France et des villes nouvelle, Editions du SGVN, décembre 1997<br />
24. Idem
25. Idem<br />
26. Idem<br />
27. Amphoux Pascal, La d<strong>en</strong>sité urbaine, du programme au projet, ENAC, <strong>EPFL</strong>, 2001,<br />
<strong>page</strong> 136<br />
28. Panerai Philippe, Analyse urbaine, Editions par<strong>en</strong>thèses, 1999, Marseille, <strong>page</strong> 77<br />
29. Divorne Françoise, Berne et les villes fondées par les ducs de Zähring<strong>en</strong> au XIIe siècle,<br />
Aux Archives d’Architecture Moderne, 1991, Bruxelles, <strong>page</strong> 112<br />
30. Idem, <strong>page</strong> 113<br />
31. Idem, <strong>page</strong> 114<br />
32. Idem, <strong>page</strong> 115<br />
33. Idem, <strong>page</strong> 95<br />
34. Idem, <strong>page</strong> 118<br />
35. Morgan Stuart, Lecture aéri<strong>en</strong>ne de la Suisse médiévale, Editions Payot, 1976, Lausanne,<br />
<strong>page</strong> 79<br />
36. Delius Peter, Hattstein Markus, L’Islam, arts et civilisation, Könemann, 2004, Königswinter,<br />
<strong>page</strong> 311<br />
37. Maroux et Wilbaux, L’architecture traditionelle au Maroc. Habiter <strong>en</strong> médina, <strong>page</strong> 6<br />
38. Delius Peter, Hattstein Markus, L’Islam, arts et civilisation, Könemann, 2004, Königswinter,<br />
<strong>page</strong> 31<br />
39. Kaijima Momoyo, Made in Tokyo, Kajima Institute Publishing Co, 2001, Tokyo, <strong>page</strong> 45<br />
40. Idem, <strong>page</strong> 44<br />
41. Idem, <strong>page</strong> 72<br />
42. Idem, <strong>page</strong> 73<br />
43. Panerai Philippe, Analyse urbaine, Editions par<strong>en</strong>thèses, 1999, Marseille, <strong>page</strong> 125<br />
44. Idem, <strong>page</strong> 128<br />
45. Idem, <strong>page</strong> 100<br />
46. Idem, <strong>page</strong> 101<br />
47. Idem<br />
48. Ruzicka-Rossier Monique, D<strong>en</strong>sité et mixité à l’échelle des agglomération suisses : le cas<br />
de l’agglomération lausannoise, 2002, offi ce fédéral du développem<strong>en</strong>t durable, <strong>page</strong> 27<br />
49. Idem, <strong>page</strong> 28<br />
50. Rowe Collin, Koetter Fred, Collage City, Infolio editions, 2002, Gollion, <strong>page</strong>14<br />
153
154<br />
51. Bachmann Fritz, La Suisse à vol d’oiseau, Selection du Reader’s Digest SA, 1976, Zurich,<br />
<strong>page</strong> 110<br />
52. Schneider Friederike, Grundrissatlas Wohnungsbau Floor Plan Manual Housing,<br />
Birkhäuser, 2004, Bâle, <strong>page</strong> 23<br />
53. Koolhaas Rem, Boeri Stefano, Kwinter Sanford, Obrist Hans Ulrich, Mutations, Actar / Arc<br />
<strong>en</strong> rêve, 2000, Bordeaux, <strong>page</strong> 223<br />
54. Photographie personnelle<br />
55. Photographie tirée du site : www.kollhoff.de<br />
56. Photographie de Thomas Jantscher, tirée du site : www.gd-archi.ch<br />
57. Photographie personnelle<br />
58. Photographie personnelle<br />
59. Photographie tirée du site : www.baumschlager-eberle.com<br />
60. Idem<br />
61. Photographie tirée du site : www.neutelings-riedijk.com<br />
62. L’habitat <strong>en</strong> Suisse, développem<strong>en</strong>t territorial et logem<strong>en</strong>t, bulletin du logem<strong>en</strong>t n°78,<br />
Offi ce fédéral du logem<strong>en</strong>t, 2006, <strong>page</strong> 36<br />
63. Idem, <strong>page</strong> 38<br />
64. Idem, <strong>page</strong> 70<br />
65. Schittich Christian, Habitat collectif, concepts, projets, réalisations, <strong>en</strong> DETAIL, Birkhäuser,<br />
2005, Bâle, <strong>page</strong> 28<br />
66. Plans tirés du cours de théorie du professeur invité Philippe Gueissaz, année 2003-2004<br />
67. Plans tirés du cours de théorie du professeur invité Philippe Gueissaz, année 2003-2004<br />
68. Plans tirés du cours de théorie du professeur invité Philippe Gueissaz, année 2003-2004<br />
69. Plans tirés du cours de théorie du professeur invité Philippe Gueissaz, année 2003-2004<br />
70. Plans tirés du cours de théorie du professeur invité Philippe Gueissaz, année 2003-2004<br />
71. Plans tirés du cours de théorie du professeur invité Philippe Gueissaz, année 2003-2004<br />
72. Schittich Christian, Habitat collectif, concepts, projets, réalisations, <strong>en</strong> DETAIL, Birkhäuser,<br />
2005, Bâle, <strong>page</strong> 32<br />
73. Werk, bau<strong>en</strong> + wohn<strong>en</strong>, logem<strong>en</strong>ts, n°3 2005, <strong>page</strong> 21<br />
74. Idem<br />
75. Schittich Christian, Habitat collectif, concepts, projets, réalisations, <strong>en</strong> DETAIL, Birkhäuser,<br />
2005, Bâle, <strong>page</strong> 15<br />
76. ???
77. Schittich Christian, Habitat collectif, concepts, projets, réalisations, <strong>en</strong> DETAIL, Birkhäuser,<br />
2005, Bâle, <strong>page</strong> 15<br />
78. Lucan Jacques, Matière d’art, architecture contemporaine <strong>en</strong> Suisse, birkhäuser, 2001,<br />
Bâle, <strong>page</strong> 39<br />
79. Idem, <strong>page</strong> 38<br />
80. Idem, <strong>page</strong> 35<br />
81. Photographie personnelle<br />
82. Photographie personnelle<br />
83. Photographie tirée du site : www.devanthery-lamuniere.ch<br />
84. Idem<br />
85. Photographie personnelle<br />
86. Photographie personnelle<br />
87. Photographie personnelle<br />
88. Photographie personnelle<br />
89. Photographie de Thomas Jantscher, tirée du site : www.gd-archi.ch<br />
90. Plan, tiré du site : www.gd-archi.ch<br />
91. Photographie de Thomas Jantscher, tirée du site : www.gd-archi.ch<br />
92. Photographie personnelle<br />
93. Photographie personnelle<br />
94. Photographie tirée du site : www.lokomotive-winterthur.ch<br />
95. Werk, bau<strong>en</strong> + wohn<strong>en</strong>, n°1/2 2007, Märkli et cetera, <strong>page</strong> 45<br />
96. Photographie personnelle<br />
97. Photographie personnelle<br />
98. Photographie personnelle<br />
99. Photographie personnelle<br />
100. Idem, <strong>page</strong> 40<br />
101. Idem, <strong>page</strong> 40<br />
102. Schneider Friederike, Grundrissatlas Wohnungsbau Floor Plan Manual Housing,<br />
Birkhäuser, 2004, Bâle, <strong>page</strong> 72<br />
103. Durban Christoph, Koch Michael, Kurz Daniel, Merhr als wohn<strong>en</strong>, Gemeinnütziger<br />
Wohnungsbau in Zürich, 1907-2007, gta Verlag, 2007, Zürich, <strong>page</strong> 178<br />
104. Idem, <strong>page</strong> 178<br />
155
105. Photographie personnelle<br />
106. Idem, <strong>page</strong> 179<br />
107. Idem, <strong>page</strong> 173<br />
108. Photographie personnelle<br />
109. Idem, <strong>page</strong> 173<br />
110. Idem, <strong>page</strong> 172<br />
111. Photographie de XXX, tirée du site : www.limmatwest.ch<br />
112. Idem<br />
113. Idem<br />
114. Coupe réalisée à l’atelier Gueissaz<br />
115. Photographie de XXX, tirée du site : www.limmatwest.ch<br />
116. Idem<br />
117. Durban Christoph, Koch Michael, Kurz Daniel, Merhr als wohn<strong>en</strong>, Gemeinnütziger<br />
Wohnungsbau in Zürich, 1907-2007, gta Verlag, 2007, Zürich, <strong>page</strong> 198<br />
118. Idem<br />
119. Simon Axel, Wohn<strong>en</strong> in Zürich, Programme Refl exion<strong>en</strong> Beispiele 1998-2006, Niggli, 2006,<br />
Sulg<strong>en</strong> Zürich, <strong>page</strong> 156<br />
120. Idem<br />
121. Durban Christoph, Koch Michael, Kurz Daniel, Merhr als wohn<strong>en</strong>, Gemeinnütziger<br />
Wohnungsbau in Zürich, 1907-2007, gta Verlag, 2007, Zürich, <strong>page</strong> 199<br />
122. Idem, <strong>page</strong> 169<br />
123. Plan tiré du cours de théorie du professeur invité Philippe Gueissaz, année 2003-2004<br />
124. Durban Christoph, Koch Michael, Kurz Daniel, Merhr als wohn<strong>en</strong>, Gemeinnütziger<br />
Wohnungsbau in Zürich, 1907-2007, gta Verlag, 2007, Zürich, <strong>page</strong> 168<br />
125. Photographie personnelle<br />
126. Durban Christoph, Koch Michael, Kurz Daniel, Merhr als wohn<strong>en</strong>, Gemeinnütziger<br />
Wohnungsbau in Zürich, 1907-2007, gta Verlag, 2007, Zürich, <strong>page</strong> 168<br />
127. Schittich Christian, Habitat collectif, concepts, projets, réalisations, <strong>en</strong> DETAIL, Birkhäuser,<br />
2005, Bâle, <strong>page</strong> 143<br />
128. Photographie personnelle<br />
129. Schittich Christian, Habitat collectif, concepts, projets, réalisations, <strong>en</strong> DETAIL, Birkhäuser,<br />
2005, Bâle, <strong>page</strong> 143<br />
130. Bassand Nicolas, L’épaisseur de la d<strong>en</strong>sité ou les qualités revisitées de l’habitat cond<strong>en</strong>sé,
Matières numéro 7 2004, <strong>page</strong> 92<br />
131. Idem<br />
132. Idem, <strong>page</strong> 91<br />
133. Idem, <strong>page</strong> 93<br />
134. Da Cunha Antonio, Piguet Vinc<strong>en</strong>t, Rérat Patrick, Atlas du canton de Neuchâtel, Editions<br />
Gilles Attinger, 2006, Hauterive, <strong>page</strong> 23<br />
135. Idem, <strong>page</strong> 23<br />
136. Idem, <strong>page</strong> 27<br />
137. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
138. Article du journal: Le Temps<br />
139. Da Cunha Antonio, Piguet Vinc<strong>en</strong>t, Rérat Patrick, Atlas du canton de Neuchâtel, Editions<br />
Gilles Attinger, 2006, Hauterive, <strong>page</strong> 47<br />
140. Idem, <strong>page</strong> 47<br />
141. Idem, <strong>page</strong> 51<br />
142. Idem, <strong>page</strong> 51<br />
143. Béguin Jacques, Le château de Neuchâtel, Edition de la Baconnière, 1948, Boudry,<br />
<strong>page</strong> 87<br />
144. Idem, <strong>page</strong> 102<br />
145. Idem, <strong>page</strong> 119<br />
146. Idem, <strong>page</strong> 129<br />
147. Schetty Jürg, Neuchâtel il y a 100 ans, Editions de l’auteur, 1994, Auvernier, <strong>page</strong> 222<br />
148. Photographie tirée du site : www.kevicar.com/cartes-postales<br />
149. Idem<br />
150. Idem<br />
151. Idem<br />
152. Idem<br />
153. Charlet R<strong>en</strong>é et Courvoisier Jean, Neuchâtel Rétro à travers des cartes postales, Editions<br />
du Ruau, 1988, Saint-Blaise, <strong>page</strong> 153<br />
154. Burkhalter Didier, « La Maladière » un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’éternité, Editions Gilles Attinger, 2007,<br />
Hauterive, <strong>page</strong> 24<br />
155. Photographie tirée du site : www.kevicar.com/cartes-postales<br />
156. Photographie tirée du site : www.kevicar.com/cartes-postales<br />
157. Schetty Jürg, Neuchâtel il y a 100 ans, Editions de l’auteur, 1994, Auvernier, <strong>page</strong> 225
158. Idem, <strong>page</strong> 9<br />
159. Photographie tirée du site : www.kevicar.com/cartes-postales<br />
160. Photographie personnelle<br />
161. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
162. Photographie de la télévision régionale Canal Alpha : www.canalalpha.ch<br />
163. Photographie de la télévision régionale Canal Alpha : www.canalalpha.ch<br />
164. Photographie personnelle<br />
165. Photographie personnelle<br />
166. Photographie personnelle<br />
167. Photographie personnelle<br />
168. Photographie de Thomas Jantscher, tirée du site : www.gd-archi.ch<br />
169. ???<br />
170. Photographie personnelle<br />
171. Photographie personnelle<br />
172. Photographie personnelle<br />
173. Photographie personnelle<br />
174. Photographie personnelle<br />
175. Photographie personnelle<br />
176. Burkhalter Didier, « La Maladière » un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’éternité, Editions Gilles Attinger, 2007,<br />
Hauterive, <strong>page</strong> 14<br />
177. Bettinelli Ennio, Jelmini Jean-Pierre, Un pays vu du ciel: le canton de Neuchâtel, Presses<br />
du belvédère, 2007, Sainte-Croix, <strong>page</strong> 94<br />
178. Photographie personnelle<br />
179. Photographie personnelle<br />
180. Photographie personnelle<br />
181. Photographie personnelle<br />
182. Photographie tirée du site : www.kevicar.com/cartes-postales<br />
183. Werk, bau<strong>en</strong> + wohn<strong>en</strong>, n° 6 2006, Neuchâtel et cetera, <strong>page</strong> 35<br />
184. Photographie personnelle<br />
185. Photographie personnelle
186. Photographie personnelle<br />
187. Photographie personnelle<br />
188. Photographie personnelle<br />
189. Photographie personnelle<br />
190. Photographie personnelle<br />
191. Photographie personnelle<br />
192. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
193. Coupe<br />
194. Coupe<br />
195. Coupe<br />
196. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
197. Photographie personnelle<br />
198. Photographie personnelle<br />
199. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
200. Burkhalter Didier, « La Maladière » un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’éternité, Editions Gilles Attinger, 2007,<br />
Hauterive, <strong>page</strong> 36<br />
201. Image tirée du site : www.tn-neuchatel.ch<br />
202. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
203. Photographie personnelle<br />
204. Photographie personnelle<br />
205. Photographie personnelle<br />
206. Photographie personnelle<br />
207. Photographie personnelle<br />
208. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
209. Jelmini Jean-Pierre, Neuchâtel, l’esprit, la pierre, l’histoire, Editions Gilles Attinger, 1994,<br />
Hauterive, <strong>page</strong> 131<br />
210. Photographie personnelle<br />
211. Photographie personnelle<br />
212. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
213. Photographie personnelle<br />
214. Photographie personnelle
215. Photographie personnelle<br />
216. Photographie personnelle<br />
217. Photographie personnelle<br />
218. Photographie personnelle<br />
219. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
220. Photographie personnelle<br />
221. Photographie personnelle<br />
222. Photographie personnelle<br />
223. Photographie personnelle<br />
224. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
225. Photographie personnelle<br />
226. Photographie de Thomas Jantscher, tirée du site : www.gd-archi.ch<br />
227. Photographie de Thomas Jantscher, tirée du site : www.gd-archi.ch<br />
228. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
229. Photographie personnelle<br />
230. Photographie personnelle<br />
231. Photographie de Thomas Jantscher, tirée du site : www.gd-archi.ch<br />
232. Photographie personnelle<br />
233. Jelmini Jean-Pierre, Neuchâtel, l’esprit, la pierre, l’histoire, Editions Gilles Attinger, 1994,<br />
Hauterive, <strong>page</strong> 132<br />
234. Photographie personnelle<br />
235. Photographie personnelle<br />
236. Photographie personnelle<br />
237. Photographie personnelle<br />
238. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
239. Photographie personnelle<br />
240. Photographie personnelle<br />
241. Photographie personnelle<br />
242. Photographie personnelle<br />
243. Photographie personnelle<br />
244. Photographie personnelle
245. Photographie personnelle<br />
246. Photographie personnelle<br />
247. Photographie personnelle<br />
248. Vue aéri<strong>en</strong>ne tirée du site internet de la République et Canton de Neuchâtel, www.ne.ch<br />
249. Photographie personnelle<br />
250. Photographie personnelle<br />
251. ???<br />
252. Bettinelli Ennio, Jelmini Jean-Pierre, Un pays vu du ciel: le canton de Neuchâtel, Presses<br />
du belvédère, 2007, Sainte-Croix, <strong>page</strong> 73<br />
253. Jelmini Jean-Pierre, Neuchâtel clair-obscur, Edition clair-obscur, 2001, G<strong>en</strong>ève, <strong>page</strong> 43<br />
254. Photographie personnelle<br />
255. Jelmini Jean-Pierre, Neuchâtel clair-obscur, Edition clair-obscur, 2001, G<strong>en</strong>ève, <strong>page</strong> 31<br />
256. Photographie personnelle<br />
257. Photographie personnelle<br />
258. Photographie personnelle<br />
259. Jelmini Jean-Pierre, Neuchâtel clair-obscur, Edition clair-obscur, 2001, G<strong>en</strong>ève, <strong>page</strong> 40<br />
260. Jelmini Jean-Pierre, Neuchâtel clair-obscur, Edition clair-obscur, 2001, G<strong>en</strong>ève, <strong>page</strong> 37<br />
261 à 276. Photographies personnelles