REPÈRES CHRONOLOGIQUES Protectorat français, règne du Roi ...

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19. Le commerce. Dans ce pays ce sont les femmes qui s'entendent au commerce. Aussi, si un Chinois en arrivant là-bas commence toujours par prendre femme, c'est qu'il profite en outre des aptitudes commerciales de celleci. Chaque jour se tient un marché qui commence à six heures et finit à midi. Il n'y a pas [à ce marché] de boutiques où les gens habitent, mais ils se servent d'une espèce de natte qu'ils étendent à terre. Chacun a son emplacement. J'ai entendu dire qu'on payait aux autorités la location de la place. Dans les petites transactions, on paie en riz, céréales et objets chinois ; viennent ensuite les étoffes ; pour ce qui est des grandes transactions, on se sert d'or et d'argent. D'une façon générale les gens de ce pays sont extrêmement simples. Quand ils voient un Chinois, ils lui témoignent beaucoup de crainte respectueuse et l'appellent "Buddha". En l'apercevant, ils se jettent à terre et se prosternent. Depuis quelque temps, il y en a aussi certains qui trompent les Chinois et leur font tort. Cela tient au grand nombre de ceux qui y sont allés. 20. Les marchandises chinoises qu'on désire. Ce pays ne produit, je crois, ni or ni argent; ce qu'on y estime le plus est l'or et l'argent chinois, et ensuit les soieries bigarrées légères à double fil. Après quoi viennent les étains de Tchen-cheou, les plateaux laqués de Wen-tcheou, les porcelaines vertes (=céladons=) de Ts'iuan-tcheou, le mercure, le vermillon, le papier, le soufre, le salpêtre, le santal, la racine d'angélique, le musc, la toile de chanvre, la toile de houang-ts'ao, les parapluies, les marmites de fer, les plateaux de cuivre, les perles d'eau douce(?), l'huile d'abrasin, les nasses de bambou(?), les vans, les peignes de bois, les aiguilles. Comme produits plus communs et lourds, il y a par exemple les nattes de Ming-tcheou (Ning-po). Ce que ces gens désirent vivement obtenir, ce sont des fèves et du blé, mais l'exportation [de Chine] en est interdite. 21. La flore. Mémoires sur les coutumes du Cambodge de Tcheou Ta Kouan Mémoires sur les coutumes du Cambodge de Tcheou Ta Kouan Seuls la grenade, la canne à sucre, les fleurs et racines de lotus, le carambolier, la banane et le coniosélin(?) sont identiques à ceux de Chine. Le letchi et l'orange sont de même forme [que chez nous], mais acides. Tous les autres [fruits] n'ont jamais été vus en Chine. Les arbres aussi sont très différents. Les plantes florales sont en nombre encore plus grand, et de plus ont à la fois parfum et beauté. Les fleurs aquatiques sont d'espèces encore plus nombreuses, mais j'ignore leur noms. Quant aux pêchers, pruniers communs, abricotiers, pruniers mume, pins, cyprès, sapins, genévriers, poiriers, jujubiers, peupliers, saules, canneliers, orchidées, chrysanthèmes, etc..., ils n'en ont pas. Dans ce pays, il y a déjà à la première lune [chinoise] des fleurs de lotus. 22. Les oiseaux. Parmi leurs oiseaux, le paon, le martin-pêcheur, le perroquet n'existent pas en Chine. Pour le reste, ils ont [comme nous] vautours, corbeaux, aigrettes, moineaux, cormorans, cigognes, grues, canards sauvages, serins(?), etc...; mais il leur manque la pie, l'oie sauvage, le loriot, l'engoulevent, l'hirondelle, le pigeon. 23. Les quadrupèdes. Parmi leurs quadrupèdes, le rhinocéros, l'éléphant, le buffle sauvage et le cheval de montagne n'existe pas en Chine. Il y a en grande abondance tigres, panthères, ours, sangliers, cerfs, daims, gibbons, renards, etc... Ce qui manque, c'est le lion, le sing-sing, le chameau. Il va sans dire qu'on a en ce pays poules, canards, boeufs, chevaux, porcs, moutons. Les chevaux sont très petit. Les beufs abondent. Les gens montent les boeufs vivants, mais morts il n'osent ni les manger, ni les écorcher ; ils attendent qu'ils pourrissent, pour cette raison que ces animaux ont dépensé leurs forces au service de l'homme. Ils ne font que les atteler aux charrettes. Jadis il n'y avait pas d'oies; depuis peu des marins en ont apporté de Chine; aussi ont-ils cet animal. Ils ont des rats gros comme des chats, et aussi une espèce de rats dont la tête ressemble absolument à celle d'un tout jeune chien. 24. Les légumes. Comme légumes, ils ont les oignons, la moutarde, le poireau, l'aubergine, la pastèque, le citrouille; le concombre, l'ansérine(?): ils n'ont pas la rave, la laitue, la chicorée, l'épinard. Dès la première lune on a cucurbitacées et aubergines; il y a des plants d'aubergines qui ne s'arrachent pas de plusieurs années. Les arbres à coton peuvent dépasser en hauteur les maisons ; il y en a qui ne se remplacent pas pendant plus de dix ans. Beaucoup de légumes existent dont j'ignore le nom; les légumes aquatiques sont également très nombreux. 46 47

Mémoires sur les coutumes du Cambodge de Tcheou Ta Kouan Mémoires sur les coutumes du Cambodge de Tcheou Ta Kouan 25. Les poissons et reptiles. Parmi les poissons et tortues, c'est la carpe noire qui est la plus abondante ; très nombreux sont ensuite les carpes ordinaires, les carpes bâtardes, la tanche. Il y des goujons(?), dont les gros pèsent deux livres et plus. Nombre de poissons existent dont j'ignore le nom. Tous les poissons ci-dessus viennent dans le Grand Lac. Quant aux poissons de mer, il y en a de toutes espèces, des anguilles, des congres de lac(?). Les indigènes ne mangent pas de grenouilles; aussi à la nuit pullulent -elles sur les routes. Tortues de mer et alligators(?) se mangent. Les crevettes de Tch'a-nan pèsent une livre et plus. Les pattes de tortue de Tche pou ont jusqu'à huit et neuf pouces. Il y a des crocodiles gros comme des barques, qui ont quatre pattes et ressemblent tout à fait au dragon, sauf qu'ils n'ont pas de cornes; leur ventre est très croustillant. Dans le grand Lac, on peut ramasser à la main bivalves et gastéropodes. On ne voit pas de crabes; je pense qu'il y en a également, mais que les gens ne les mangent pas. 26. Les boissons fermentées. Ces gens ont quatre classes de vins. La première est appelée par les Chinois "vin de miel" ; on la prépare au moyen d'une drogue à fermentation, et en mêlant du miel et de l'eau par moitié. La classe qui vient ensuite est appelée par les indigènes p'ong-ya-sseu; on l'obtient avec des feuilles d'arbre; p'ong-ya-sseu est le nom des feuilles d'un certain arbre. Encore au-dessous est le vin fait de riz cru ou de restes de riz cuit, et qu'on appelle pao-leng-kio; pao-leng -kio ( ranko>anka) signifie "riz". En dernier lieu vient le vin de sucre; on le fait avec du sucre. En outre, quand on pénètre dans l'estuaire, on a encore le long de la rivière du vin de suc de kiao (vin de kajang?) ; il y a en effet une espèce de feuilles de kiao qui pousse au bord de la rivière, et son suc peut donner du vin par fermentation. 27. Le sel, le vinaigre, le soy. Dans ce pays, l'exploitation de salines n'est soumise à aucune restriction. Tout le long de la côte, à partir de tchen-p'ou et Pa kien, on obtient le sel par cuisson de l'eau de mer. Dans les montagnes il y a aussi un minéral dont la saveur l'emporte sur celle du sel; on peut le tailler et en faire des objets. Les indigènes ne savent pas faire de vinaigre. S'ils désirent rendre une sauce acide, ils y ajoutent des feuilles de l'arbre hien-p'ing (? Ampil). Si l'arbre bourgeonne, ils emploient les bourgeons; si l'arbre est en graines, ils emploient les graines. Ils ne savent pas non plus préparer le soy, faute d'orge et de haricots. Ils ne fabriquent pas de levure de grains. Quand ils font du vin avec du miel, de l'eau et des feuilles d'herbe, c'est d'une mère de vin qu'ils se servent, ressemblant à la mère de vin blanche de nos villages. 28. Les vers à soie et le mûrier. Les indigènes ne s'adonnent pas à [l'élève des] vers à soie ni à [la culture du] mûrier, et leurs femmes n'entendent également rien aux travaux de l'aiguille et du fil, de la couture et du reprisage. Ils savent juste tisser des étoffes avec le [coton de] l'arbre à coton; encore ne savent-ils pas filer au rouet, et font-ils leur fil à la main. Ils n'ont pas de métier pour tisser; ils se contentent d'attacher une extrémité de la toile à leur ceinture et continuent le travail à l'autre extrémité. Comme navettes, ils n'ont que des tubes de bambou. Récemment des Siamois sont venus s'établir en ce pays, qui s'adonnent à l'élève des vers à soie et à la culture du mûrier ; leurs graines de mûriers et leurs graines de vers à soie viennent toutes du Siam. Les gens n'ont pas non plus de ramie, mais seulement du lo-ma. les Siamois se tissent avec la soie des étoffes damassées foncées dont ils se vêtent. Les siamoises savent coudre et repriser. Quand l'étoffe qu'ils mettent sur eux est déchirée, les indigènes prennent à gage [des Siamoises] pour la réparer. 29. Les ustensiles. Les gens ordinaires ont une maison, mais sans table, banc, cuvette ou seau. Ils emploient seulement une marmite de terre pour cuire le riz, et emploient en outre une poêle de terre pour préparer la sauce; Ils enterrent trois pierres pour faire le foyer, et d'une coquille de noix de coco font une louche. Pour servir le riz, ils emploient des plateaux chinois de terre ou de cuivre. Pour la sauce, ils emploient des feuilles d'arbre dont ils font de petites tasses qui, même pleines de liquide, n'en laissent rien couler. En outre, ils font avec de feuilles de kiao de petites cuillers pour puiser le liquide [dans ces tasses] et le porter à la bouche; quand ils ont fini, ils les jettent. Il en est ainsi même dans leurs sacrifices aux génies et au Bouddha. Ils ont aussi à côté d'eux un bol d'étain ou de terre plein d'eau pour y tremper les mains; c'est qu'ils n'emploient que leurs doigt pour prendre le riz, qui colle au doigts et sans cette eau ne s'en irait pas. Ils boivent le vin dans des gobelets d'étain; le pauvres emploient des écuelles de terre. Les maisons nobles ou riches emploient pour chacun des récipients d'argent, quelquefois même d'or. Pou le fêtes royales, on 48 49

Mémoires sur les coutumes <strong>du</strong> Cambodge de Tcheou Ta Kouan Mémoires sur les coutumes <strong>du</strong> Cambodge de Tcheou Ta Kouan<br />

25. Les poissons et reptiles.<br />

Parmi les poissons et tortues, c'est la carpe noire qui est la plus abondante<br />

; très nombreux sont ensuite les carpes ordinaires, les carpes bâtardes,<br />

la tanche. Il y des goujons(?), dont les gros pèsent deux livres et<br />

plus. Nombre de poissons existent dont j'ignore le nom. Tous les poissons<br />

ci-dessus viennent dans le Grand Lac. Quant aux poissons de mer, il y en<br />

a de toutes espèces, des anguilles, des congres de lac(?). Les indigènes<br />

ne mangent pas de grenouilles; aussi à la nuit pullulent -elles sur les<br />

routes. Tortues de mer et alligators(?) se mangent. Les crevettes de<br />

Tch'a-nan pèsent une livre et plus. Les pattes de tortue de Tche pou ont<br />

jusqu'à huit et neuf pouces. Il y a des crocodiles gros comme des<br />

barques, qui ont quatre pattes et ressemblent tout à fait au dragon, sauf<br />

qu'ils n'ont pas de cornes; leur ventre est très croustillant. Dans le grand<br />

Lac, on peut ramasser à la main bivalves et gastéropodes. On ne voit<br />

pas de crabes; je pense qu'il y en a également, mais que les gens ne les<br />

mangent pas.<br />

26. Les boissons fermentées.<br />

Ces gens ont quatre classes de vins.<br />

La première est appelée par les Chinois "vin de miel" ; on la prépare au<br />

moyen d'une drogue à fermentation, et en mêlant <strong>du</strong> miel et de l'eau<br />

par moitié.<br />

La classe qui vient ensuite est appelée par les indigènes p'ong-ya-sseu;<br />

on l'obtient avec des feuilles d'arbre; p'ong-ya-sseu est le nom des<br />

feuilles d'un certain arbre.<br />

Encore au-dessous est le vin fait de riz cru ou de restes de riz cuit, et<br />

qu'on appelle pao-leng-kio; pao-leng -kio ( ranko>anka) signifie "riz".<br />

En dernier lieu vient le vin de sucre; on le fait avec <strong>du</strong> sucre.<br />

En outre, quand on pénètre dans l'estuaire, on a encore le long de la rivière<br />

<strong>du</strong> vin de suc de kiao (vin de kajang?) ; il y a en effet une espèce<br />

de feuilles de kiao qui pousse au bord de la rivière, et son suc peut donner<br />

<strong>du</strong> vin par fermentation.<br />

27. Le sel, le vinaigre, le soy.<br />

Dans ce pays, l'exploitation de salines n'est soumise à aucune restriction.<br />

Tout le long de la côte, à partir de tchen-p'ou et Pa kien, on obtient le<br />

sel par cuisson de l'eau de mer. Dans les montagnes il y a aussi un minéral<br />

dont la saveur l'emporte sur celle <strong>du</strong> sel; on peut le tailler et en faire<br />

des objets.<br />

Les indigènes ne savent pas faire de vinaigre. S'ils désirent rendre une<br />

sauce acide, ils y ajoutent des feuilles de l'arbre hien-p'ing (? Ampil). Si<br />

l'arbre bourgeonne, ils emploient les bourgeons; si l'arbre est en graines,<br />

ils emploient les graines.<br />

Ils ne savent pas non plus préparer le soy, faute d'orge et de haricots.<br />

Ils ne fabriquent pas de levure de grains. Quand ils font <strong>du</strong> vin avec <strong>du</strong><br />

miel, de l'eau et des feuilles d'herbe, c'est d'une mère de vin qu'ils se servent,<br />

ressemblant à la mère de vin blanche de nos villages.<br />

28. Les vers à soie et le mûrier.<br />

Les indigènes ne s'adonnent pas à [l'élève des] vers à soie ni à [la culture<br />

<strong>du</strong>] mûrier, et leurs femmes n'entendent également rien aux travaux de<br />

l'aiguille et <strong>du</strong> fil, de la couture et <strong>du</strong> reprisage.<br />

Ils savent juste tisser des étoffes avec le [coton de] l'arbre à coton; encore<br />

ne savent-ils pas filer au rouet, et font-ils leur fil à la main. Ils n'ont<br />

pas de métier pour tisser; ils se contentent d'attacher une extrémité de<br />

la toile à leur ceinture et continuent le travail à l'autre extrémité. Comme<br />

navettes, ils n'ont que des tubes de bambou.<br />

Récemment des Siamois sont venus s'établir en ce pays, qui s'adonnent<br />

à l'élève des vers à soie et à la culture <strong>du</strong> mûrier ; leurs graines de mûriers<br />

et leurs graines de vers à soie viennent toutes <strong>du</strong> Siam. Les gens n'ont pas<br />

non plus de ramie, mais seulement <strong>du</strong> lo-ma. les Siamois se tissent avec<br />

la soie des étoffes damassées foncées dont ils se vêtent. Les siamoises<br />

savent coudre et repriser. Quand l'étoffe qu'ils mettent sur eux est déchirée,<br />

les indigènes prennent à gage [des Siamoises] pour la réparer.<br />

29. Les ustensiles.<br />

Les gens ordinaires ont une maison, mais sans table, banc, cuvette ou<br />

seau. Ils emploient seulement une marmite de terre pour cuire le riz, et<br />

emploient en outre une poêle de terre pour préparer la sauce; Ils enterrent<br />

trois pierres pour faire le foyer, et d'une coquille de noix de coco<br />

font une louche. Pour servir le riz, ils emploient des plateaux chinois de<br />

terre ou de cuivre. Pour la sauce, ils emploient des feuilles d'arbre dont<br />

ils font de petites tasses qui, même pleines de liquide, n'en laissent rien<br />

couler. En outre, ils font avec de feuilles de kiao de petites cuillers pour<br />

puiser le liquide [dans ces tasses] et le porter à la bouche; quand ils ont<br />

fini, ils les jettent. Il en est ainsi même dans leurs sacrifices aux génies et<br />

au Bouddha. Ils ont aussi à côté d'eux un bol d'étain ou de terre plein<br />

d'eau pour y tremper les mains; c'est qu'ils n'emploient que leurs doigt<br />

pour prendre le riz, qui colle au doigts et sans cette eau ne s'en irait pas.<br />

Ils boivent le vin dans des gobelets d'étain; le pauvres emploient des<br />

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