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Azurs

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FRANCK LOZAC'H

AZURS


Cotangentes

Paysage nocturne

La nuit bleue se déverse lentement

Les transposées sont dans l’azur encore clair

Beautés et vert-de-lune fustigent l’impossible à aimer

Là, le dernier émoi se confond dans sa puissance

Zébrures diaprées

D'un bleu azur, l'éclatement neuf avec zébrures diaprées.

La nuit est obscure dans nos bras, et ce sont des avalanches d'ivresses, de

plaisirs, de coïts nouveaux qui cavalcadent dans l'air éternellement

renouvelé.

2


Diaphanes

Fragilité

Pierres sur le chemin

Et je tremble de toutes mes douleurs

Je te contemple Azur

Comme un Sphinx irréel

Rempli de puretés ou de saletés idéales

- C'est vrai, j'existe !

Du moins, j'essaie d'exister

Je m'agrippe à vous

Mes seins tremblent ou

Sont offerts et souffrants

Je vous aime suppliant

3


Paradise On House

Je sais que tu es la plus belle

Je t’imagine infiniment éternelle

Ton éclat jamais ne s’éteindra

Ta beauté irréelle s’éternise à jamais

Voyageons sur les zéphyrs de nos amours

Atteindras-tu de nouveaux rivages

Dans l’amertume de l’indomptable en rêvant

l’incomparable en suçant

jutant

déplaçant

prétendant

acceptant

Je te sais fragile et subtile

Fille d’azur tu vas partant

et délaissant

encore

encore

encore une heure

4


un temps

te sublimant

Je t’aime

au plus offrant

5


Ads And More

Un midi étrangement profond II

Un midi étrangement profond où se consume l'air pur de

nos actes. D'anciennes survivances d'un passé moyenâgeux,

des allégories puis des spectacles déployés à l'infini contre les

murs de la Cité.

Les esprits mercantiles s'usent et agitent leurs bras pour

des signes et des tours ; sur leurs ventres bedonnant, ils

protestent, râlent et exigent une autre vérité. vraiment !

Comme tout ceci est affreux. C'est du lucre stupide et sale.

Où est la pureté ? des syllabes mâchées dans des bouches

pourries et des contestations obscènes. On ne peut que haïr

ce spectacle hideux.

Quant à moi, je dois marcher, marcher encore et

soumettre mes idées dans ce hall visqueux, - car tout

mélange est de règle -, et obtenir une place à l'ombre des

infortunés ! Voilà le nouvel exploit pour ces incertitudes :

trébucher et parvenir. Oui, parvenir.

Je dirai mes souffrances accumulées : ordres de

6


l'architecture, déplacements erronés et stupides, files

d'attentes inouïes.

Eux, ces détestables commerçants exultent pour une

réussite mercantile - rêve barbare et damnation future. Ils

côtoient leur propre image déformée et grimaçante, et

croient encore en leur magnificence.

Pourtant des Beautés divines parlent, les mettent en

garde, expriment de puissants discours.

Des étalages à vendre pour toute rançon ! Ils vont se

putréfier dans leur arrière-boutique.

Absurdes valeurs ! Tu changeras les visions. Oublie ces

règles et convoite un autre lien.

Leurs affreuses balances les jetteront dans le feu

inexorable. Ils sont bien loin des promesses du Temple !

Quelles infortunes ! l'amour de l'argent plonge au Néant,

certainement.

Fuir ! Fuir ! Mais où ? Quelle destination sublime ?

7


Quel mal voudra nous dépecer encore ?

Je suis parti ! Une mélodie d'évasion. Un instant de

solitude espéré depuis tant de mois. Puis... La chute !

Ainsi toujours d'interminables combats en moi. Mes

forces redoutables s'affaiblissent petit à petit.

Pourtant dans l'Azur clair, je vois parfois les premières

fondations d'un Temple et je souris d'extase quand les frais

rayons frappent d'un éclat solennel les plus hautes fenêtres

de ma demeure.

8


Errances

1

Fuyant de soi à soi

Que cet infini finisse enfin !

Je n'ai rien à changer

Je dois tout déployer dans mon Azur

Et c'est une réalité à soustraire

De toi à moi, je me sens moins

Vais-je me résigner

Je me transmets un impossible à atteindre

Ma réelle souveraineté : de toi, de te

Désirer dans l'invisible abstrait

Ceci n'est pas assez - je me déverse en mauvais

J'ignore toutes tes ingratitudes

La vérité est prête de céder

9


Dans son mouroir, elle succombe à un nouveau vrai

2

Que cet infini infinissable moi-même se donne tout à coup !

pour prononcer ses chimères et ses jouissances insoupçonnées...

Calque - calque et surpense dans l'irréel de l'impossible ~

et propose une écriture nouvelle.

jamais.

Je veux te déplacer, déplacer tes idées pour te rejoindre à tout

3

Jusqu'à cet infini inpensable en moi

Et je m'élève dans un absolu perplexe

Croyant me voir évidemment

10


New sessions

L'immense fuite

Fuir, fuir ! Mais où ? Quelle destination sublime ou quel mal nous

dépècera encore ? Quel regard qui m'a vu naître me tendra les bras ?

Douteuses visions du passé accompagné d'hésitations, je féconde les

traces de mon chemin.

Je suis parti. C'était hier. La route jonchée d'arbres immenses et de

lumières fugaces frappe le blanc de l’œil.

Je suis parti. Une mélodie étrange d'évasion, un instant de solitude espéré

depuis tant de mois... Et puis…la chute ! La mort avec de sinistres

gémissements. Je compose la nuit pour prolonger mon enterrement. Un

suicide sanglant ? Non ! Les mains sont propres. Là est le drame. Une

cérémonie coûteuse sans fleurs ni couronnes. Point de prêtres. De

vulgaires écritures. Voilà tout.

Je crie faiblesse. Je me conseille la patience. Je titube, la mémoire

confuse, troublée de livres fort anciens. Ô l'incertitude, sœur de mon

enchaînement, quand me délivreras-tu ?

11


Pourtant dans l'azur serein, je crois voir parfois les premières pierres d'un

Temple, et je souris quand les rayons frappent d'un éclat vermeil les plus

hautes fenêtres de ma demeure.

12


Approches mutantes

Les blés tendres

Vers l'azur, les blés tendres

Enivrés de soleils et d'éclairs incessants

Que s'éveille la beauté frêle dans l'idéal du matin !

Que sait-on de la sève : seront-ce braises chaudes ?

13


Lettre d'un fou

Je t'adresse des citronnelles d'injures,

des citronnelles d'azur également.

Tu sais que je vois constamment déambuler ces absurdités

de filles-cerfs tachant de m'octroyer quelques baisers malgré

mes humeurs détestables

Je vais encore dans le plus sûr, et j'enchevêtre mon impossible

- l'aléa est imprévisible, disent-ils ! Je préfère croire en ton clair

scintillement.

C'est le montre et son contraire. C'est l'obligation

toujours retournée.

Je pousse ou vole dans mes absurdes et j'espère

quelques saveurs aigres.

14


Les filles sont classiques et portent sur le peu.

Je les préférerais dans leurs chatoiements imprécis

du moins pour les concevoir à leur aise

ou à leur guise - que sais-je !

J'avance dans le plus pur et je déplace

les nuances d'absurdités et d'imbécillités. Ceci est

une grave carence - eux-mêmes sont déroutants

dans leur contraire.

Il faut toujours s'enchevêtrer dans des principes délirants.

Je pense toutefois tenter de concevoir des invisibles futurs.

Merci fol ami d'intégrer mes carences

pour ce passage désuet.

À te lire, ton ronchon.

15


GPS

À travers le Néant avec le triste Azur encadré

à vue de pensées pour se perdre dans l'étrange

C'est cette carte accumulative en tiède-moite

où je détermine mon infini pour partir

Je cherche le sable et le fertile à tout niveau

Immobilité de l'écran dès l'aube à grande échelle

Applications mâchées contre toute couleur

Certitudes saccadées GPS

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Quelques déités

En piètres vagissements

Là dans le stupide de l'intime,

je m'octroie quelques déités

Souffles avec nuages et pensées

translucides exprimées ça et là

Dans le vaste-peu, je m'y suppose parfois

Je déplace des désirs, j'invoque des Azurs

Glus de femmes en belles gorgées

Appétit de substances pour des roulis ombragés

dans le Néant-mien

17


Apparences

Décide-toi

Décide-toi enfin dans l'exil le plus pur.

Conçois quelque mensonge pour t'exprimer dès lors.

Je veux, je veux et n'ose pas penser encore

A la jouissance nouvelle sublime dans l'Azur.

Avec les danses

Avec les danses pour l'Au-delà

La pensée est intacte je me morfonds dans l'insipide

espérant l'inutile

Ce sont des étreintes abandonnées encore observant l'espace

vide des entités obsolètes

Je me morfonds dans ces Beaux-arts implorant la nature

blême et ses audaces oubliées

J'accuserai toujours l'irréel de mieux apparaître dans les

18


azurs clairs, dans la folie de l'impossible accompli

19


Variances

Azurs repensés

Vers des azurs repensés - recadrés en quelque

Sorte. Ils accédèrent à ma misère. Ceci est le

Choix primitif - comme un cristal alternatif, dénué

De tout givre. Maintenant je me recompose en

Lambeaux de frissons, en - c'est à vue d'œil, dans

L'optique d'un changement, d'une évolution, d'un autrement.

Admirables immobilités recouvertes de vapeurs

Ou de rosée dans les interstices inconnus. Oui, ce

Sont de nouveaux précipices - myrrhes épaisses

Pour recracher les saveurs d'un été ou d'un monde

Oublié.

Invoque une météorite ou une sonde cassée.

Qu'est-ce là devant soi - quel espace apparaît enfin ?

Que puis-je prétendre voir ?

Seulement aux abords

Du visage - là devant soi - en expectatives de rumeurs.

20


L'Un et l'Autre

Sous une laitance impossible de vols d'idées

concepts désordonnés dans une post-pensée inutile

concernant un Principe où l'Autre serait l'empreinte

et Soi la matrice plongeant dans l'abîme

périphérique où la pourpre et l'azur s'étalent malignement

Incertitude et audace jets de la pensée

dans ma logique agrammaticale franchis allégrement

Le monde de l'Un se vide quand l'Autre se remplit

s'accrochant à des grappins virtuels ou à des cordes invisibles

Sous quelle assise nouvelle, la coexistence

de l'Un pour l'Autre déploiera-t-elle de claires

applications indues ?

N'est-ce point vainement que cela s'accomplit ?

21


Selon l’époque

Selon l'époque amplifiant les modèles rien n'est à toi

Tu sembles confuse dans ce monologue incessant

Si je présume, toi tu confirmes de-ci delà

Tu désires posséder le vrai avant autrui

Des coulées de flots clairs avec des coïncidences

qui heurtent ta pensée épurée

Entre l'exécrable et l'essentiel, qu'aurais-tu pu inventer ?

- De mièvres

simulacres, des heures tant espérées ? - Absolument rien !

Tu te détournes de moi et regagnes l'Azur tourmenté

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Elles égrènent

Elles égrènent, et c'est en ma faveur du blé pour ma maturité

avec Azur et sublimes éblouissements

Cette encore cette ardeur de fabrique poétique avec

nécessité d'applications

Expulse clairement ou plonge dans l'opacité

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Encore tremblait

En des transparences inconnues palpitant

pour un idéal d'éblouissements

D'azur et d'air, encore tremblait suffoquant

sous une plénitude interdite - aveugle et suppliant,

Oui, atteignant son comble pour la conciliation impossible

Mais aérienne dans les vastes profondeurs

- plongeant dans l'opacité

24


D'azur

D'azur, de transparence, d'orgie et de lumière.

Grande raison ample. Il explose au fond

de son génie obscur. Avivant des espaces. Lui,

pensant dans sa finalité extrême. Cherchant

l'exil ou la sublime évolution. Embourbé

dans son magma.

Autre bleu

Déplace-toi dans le bleu

(ceci est une autre transparence)

- d'azur, d'orgie et de lumière ample.

J'explose dans mon fond obscur

espérant quelque grâce d'idéal rêveur.

25


Les longues filles

Cette longue fille aux jambes immenses

qui me trouble dans sa sphère érotique,

qui n'a ni pitié de l'intelligence humaine

ni pitié du désir masculin,

active ses appétits sensuels contre

une autre fille d'azur et de lumière

Leur ballet sexuel est une offre de beauté à l'amour,

à la douceur, à la quiétude charnelle

Elles disparaissent à tout jamais dans le reflet de l'écran

26


Crime-là

Crime-là, ici-bas, à travers. Tu vois, je suis encore avec toi, Andrea

afin de t'épier dans tes Azurs toujours verts.

Très proches, mes perles de durée sont des audaces - quelles

resplendissent ou non dans des hivers fertiles !

27


I

L'air donc découpé en lamelles fines de strates supérieures

(coupe d'abri préhistorique)

Éternel intervalle de temps comptés et redimensionnés

Je passe d'un espace à l'autre

Montées-descentes-renvois

L'inconnu est mieux défini

L'azur-poète s'égale dans le renvoi à soi

C'est l'égarement qui freine

Ici et là s'enflamment les espoirs envolés

Je sème une onde auditive et tactile, un sens exact

d'essence-mienne

Fuyez, fuyez, beaux nuages

Je croissais dans le temps où vous ne fûtes jamais

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Jadis sera demain en gloire posthume d'avancées à

reculons ~ j'y suis !

Bien rêvés en intimes, doux poèmes faits de miel, pensestu

ce grand nom ?

II

Insultes sanguinolentes de douleurs invisibles - mais si !

Mais si ! - C'était en moi

Je vous secours après passage : j'y comptais bien

blancs

Ô beaux silences de myrrhe et d'encens et de purs oiseaux

Hélas ! Ma jeunesse harcelée, dévorée par tant de haine -

couteaux insensés enfoncés dans la chair

Raretés, propos intelligents ---) poursuivons

Les conseils des génies prodigués en cavalcades

d'avalanches pour ma sombre demeure - nourris-toi

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Ce sont de luxuriantes d'heures rarissimes

III

Routes à poursuivre si en toi de là-bas où tu es

seul, chacun revient

Fais converger les parages - de grandes lignes fluidifiées -

tu es le centre

Ton seras-pas, de toi-en-loupé, de raté-raté (ironisons, -

ceci est faiblesse de critique toutefois), de KO down, p'tit gars

IV

Rentre dedans, glisse-toi - toutes ces anfractuosités, ces

passages possibles-interdits de pénétrer en ouvrent sur de

nouveaux espaces

Je te prétends dans l'ombre et creuse pour y trouver la

lumière morte

30


V

Vers d'autres paysages - le devenir

31


La douceur azurée

Où la douceur azurée d'être plus haut dans la brise claire et

fuyante d'un été

Douces douceurs d'extases suspendues en finitudes

d'orgasmes

D'un éternel jamais glorifie-toi, tu es ! Contemple tes

dérives, décline en lassitude

Vers l'évasement d'un ciel poudreux appelant le soir de

quelque subtil murmure, voile tes pénombres - là, endors-toi

Les sources jaillissent sonores, virginités belles et

paresseuses

Les limbes d'une beauté limpide s'essoufflent nuitamment.

Elles s'essaient à transluire vers la pâle clarté

D'évanouissement en évanouissement, des filles-ombres,

des femmes-mousseline se nourrissent de vapeurs poreuses

tout près, contre moi

32


Ombre délivrée de la chair fangeuse, pieuse et suppliante,

éveille-toi enfin et fais s'enfuir l'impossible paysage.

Oui, là éveille-toi

33


A

Ta verbalité - l'as-tu donc ?

Je veux me débarrasser de ce fragment

Séquestré en personne la découpure de soi

La turgescence cérébrale

la poussée hors

Mauvais azur où s'enflamment des soies noires

Caprice de l'intelligence ou réelle construction autre ?

d'hier

Je pénètre et ne suis là où flamboient les chers matins

B

Faut-il déplacer le sens exact ? Casser, recasser, détruire

pour reconstruire ?

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Nuages, vous m'apparaissez tout fébriles en...Croisez-vous

et fuyez !

Ce qui les freine

C

À chacun son arbre ou son ombre

Ce qui m'égare sous les lumières tamisées

Perdu ! Perdu en comparaison magnifique

D’être peu ou rien ---) de retour vers mon Néant

Mais que faire ? Qu’écrire ? Quelle inspiration ?

Ce qui m’égare ? ---) Non ! Les faibles mécanismes

d’extraction - Les découvertes ? - A rire ou à pleurer. Là est la

vérité.

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D

En torses, torsades - croisez, croisez, jeunes flûtes avec

nuages apparents

Pour les yeux qui sanglotent, quel espoir à naître ?

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I

Déchiquetant, démêlant encore

dans la suave luisance d’une ligne qui fuit

en création de luxe appuyé sur la plume

Prometteuses épaisseurs en strates infinies, en strates

Parcourues, parcourues dans la folie chimérique du rien,

Il est clair, en certitude lozachienne, là, par-dessous,

avec ire et violence, - repense ! ou capitule, que sais-je !

II

L’esprit pour jouir et ne pas mépriser

donc onduler, osciller sur mouvements embarqués

d’écriture vers ce vieil azur toujours vert

avec affinités troyennes ou rimbaldiennes pour presser le passé

37


I

Ô habiter dans l’indécis

Penchées en équilibre, vous m’élevez vers l’abandon

Songe et ne puis

Halos halos de fuites évanouies en évanescences d’astres,

ici point le clos mais lové en soi

renais et reviens en fumées déliées

et là encore, oui là abandonné

II

Fragment joint au disjoint

L’éclat des poussières devient phosphore devant mon front

salvateur

Le rayonné m’éclaire tout à coup

La turgescence de l’être

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Et cette finalité insignifiante qui noie ma brûlure dans le

chagrin de la douleur

C’est une fin subtile avec essence : me voici dans l’ombre

Fébrilement troublé, léger sur ce fragment d’azur

Ô yeux tournés vers l’intérieur, phares de la raison, que voyezvous

? Quelles perceptions internes pouvez-vous décrire ?

Conçois le songe qui se propose en toi, vasque qui se dilate

et ondoie sous l’effet de la pensée

39


Les mots

Troublés en toute signification par la variabilité du termechoix

Ne répondant pas aux appels de l’expression traditionnelle

Sur la page répartis, jetés par le hasard

Se font additionnels d’additionnels enrubannés dans des

délices de sonorités

Ou encore, explosent ici et là étincelles projetées dans

l’espace retombant

Ils, les mots, en lumière d’ombre, troublés et frissonnants

se posent pour construire ou organiser l’élan de la phrase

Ici mais oui et encore en fragments d’assemblages inutiles

- en parfait petit débraillé sans génie inventif

L’incompétence de l’inutile - la gloire du ridicule !

40


Les flocons de neige tressaillent ou tremblent (Ceci pour

des effets poétiques !), les orages de poche éclaboussent sur

des miroirs ensorcelés

Quels gâchis dans le scintillement de gouttes vierges !

Et là-haut, que dit-on ?

Les azurs sont toujours verts et déploient leurs ailes

41


Il déborde

Je recueille au plus profond

de quel étourdissement et je féconde

pour d'autres subtils endroits avec silence

Où vibre s'évertue et produit

de l'orgasme avec magnificences d'apothéoses

Mystérieusement à tout à l'entour,

elle se perd, elle trempe avec brio

Je ne fais qu'habiller les azurs

de gorge en sexe et je saisis l'intime sensuel rêvé

Il se tient, il est mûr, il déborde en

flots et cascades de sperme répandus

Elle se tord m'ayant perdu fuyant

dans ces éternels orgasmes assouvis

42


Autres jeunes filles

Crépuscules azurés, embaumés d'aurores très légères, je

couronne l'idéal divin.

Les jeunes filles se posent et s'étreignent dans des bouffées

d'orgasmes

Elles, elles, amours en de si nombreuses offenses

interdites - plaignez-moi, je vous désire.

43


Froideur d'échelle

À quelle froideur d'échelle me conduis-tu ? Qui se dégrade

ou quel hasard jamais vu ?

Le crépuscule est un chant meilleur. Je te distingue dans

l’entre jour. Voici des valves de glace. Suffocante, tu jailliras.

Ici sans fin, je te revois.

Tu es moi, tu es cet écrin de chair vive ou mielleuse. Je

t'admire dans ton suicide. Clairsemés, dépravés, nous

jaillissons dans l'azur de vice et de métal.

Les aubes mouvantes pétillent parfois. Les beautés

dévorantes sont des formules d'amour. Pour qui agissons-nous ?

44


Effréné, sous quelle

I

quelle

Jamais plus effréné, jamais plus - sous quelle échelle, sous

Dieu, de me séparer, de me ravir encore

Toi, beauté que je distingue haletante aux soirs

Parfois un chant suave avec crépuscule et filles ouvertes

Le vrai de ton regard me revient parfois

Suffocante, tu jailliras de dessous les orgasmes et

supplieras vers l'azur clair

Mûre est cette saveur et j'embrasse mes extases dans les

senteurs des feuilles mouillées

Vers de nouvelles saveurs pour des couronnes de gloire

mais Dieu le souhaite-t-il ?

45


II

Dans le feu de l'azur et l'impossible tremble. Qui le

tourmente - qui avec neige de soifs et de s'aventurer ici ? Se

déploie tel un gémissement avec source acide, tu es.

Tu es car cette tombe vacille. Un midi clairsemé évoque

de nombreuses attitudes - statues, pensées équestres - délires

en somme. Je consume mon anxiété dans l'impossible veule et

j'attends.

D'autres danses après ces dévorantes infirmités d'automne.

L'amour est encore informulé - j'attends et désespère, et

désespère.

Il se peut qu'un souffle en fille d'hier et d'aujourd'hui

s'épanouisse en pures apothéoses - attendons, espérons. Oui,

quémandons encore.

III

Cérébralement déconcerté dans mes pensées - je vais, je

vais et ne vois. Hébété, ahuri comme certitude entière. Se

46


dérobe ici dans un avant l'éternel impossible du temps qui se

déploie.

Le soir et le vent s'abolissent ici. Le génie m'échappe.

Quel soleil va

mourir avant moi ?

IV

Pensées effrayées sous l'éclat de l'attente, où déchiré

j'invoque un duel

Près de ma mordante et dramatique condamnation, je

tremble et je pleure

Je sais : mon souffle est impétueux, - la détresse est

immense.

Oui, se désespère - oui, vacillent des tourbillons

d'orgasmes impossibles dans les flux noirs de l'enfer

Affaiblie ma lumière mais le vent est à naître et je puis

supposer

47


V

Et je sais toutes choses nouvelles exister - le vent déploie

sa corolle d'extase - tel mon langage princier inaccessible et

profond - Voilà mes erreurs et mes délinquances ! Je vous

promets à genoux mes superbes paresses.

Je t'ai pensée sublime et corrompue, chevelure et sexe, et

sécheresse prête à implorer - qui s'insinue dans le dernier

regard de l'équivoque. Avide, vaine lumière suppliant un

défunt, tu espérais encore.

VI

Toute idée de trêve et de triomphe, de sommeil et de gloire

- toute idée de trêve en profonde paresse - et te voilà formé en

halos successifs - en

Tu es prête avec tes gémissements et doutes - toujours

convaincue en toi, principe vrai que la pensée déploie.

48


Dans le très bien

Jeunes à fouiller dans le très bien. Qui lèchent. Ici dans le

meilleur. Voyons. Jouets. Minuscules batailles de flots en flots

- écumes paradisiaques. Tout est tendu pour un Azur sublimé.

Il nage dans l'humide, dans l'odeur du sec. Tendresse.

Caresse. Pour le plus tendre. Au raz de l'herbe, la gelée blanche

comble les crevasses.

49


Brunes et Vénus

À travers des impossibles comme espaces plombés -

Vénus à mes pieds

et Brunes diffusées dans l'instant du soleil.

Programmées, efficiences et dualités nocturnes - je vous

aime et supplie mes aises -

Est-elle donc là si jeune en imposture ? - Je dois me

réjouir avec âme belle en givre d'avenir.

Je te sais combler mes délices - pour quel amour joyeux ?

- Jamais tu ne demeures en moi.

D'Azur, ravive mes interdits. Au plus profond.

50


En sur-érection

Certes ! Certes ! En sur-érection de se le dire :

en écoulements vrais de vrais impossibles - autrement que

salive ! À portée de mains, et combien de fois brisées !

Tout glisse dans l'ombre-Azur - en troupeau de belles qui

jouissent et gémissent ou...

Moi, en coups de ratés - de nous hommes aimés de personne -

Je te sais usé par le temps - de hyper en - avec apothéoses de

salive et de lumières obsédantes - oui, moi ou trois pour

l'éclatement du plaisir en feu.

Tout ceci est vérité ou folie d'orgasme.

Il y a pleurs ou gémissements - de touche-en-moi-toucheencore

- ceci est l'effort de : toujours je te quémande.

Oui, ce sont des trous indéfendables - ou luxures de pauvres.

51


Ô habiter

Ô habiter dans le profond du dense en prévision de pensées à

entrevoir, et c'est abandon de présence ! - Abandon pur qui se

défait en murmurer...

- Et là c'est une froide escorte qui crie vers l'Azur. (Personne -

personne n'y croit - nul ne gémit)

Oui, elles dépouillées, assombries, suppliantes toutefois - en

douces cruautés de jouir et d'aimer.

Lèche-moi - lèche-moi encore en saveurs reniflées dans les

trous à aimer - ceci est une belle perversion !

52


Les Roses ensevelies

Sur-inventer

Non, certes pas, mais sur-inventer ~ sur-inventer dans le

délire optique

Les lignes pensées qui se déploient en pointillés, en

préexistences phénoménologiques, en fluides étirés, en sèves

bouillonnantes, en

Sperme-écoulements de ton vrai

Azur consubstantiel azur contre azur vous que j'ai

déchirés d'un bruissement d'aile pour confluer vers mon Néant

En carrefour à plat, en bornes interdites, en recto de verso

pour aplanir la plume qui glisse

Très savant et sensible : signes émouvants, fluidifiez mes

envies appliquées dans l'aléa de l'écriture pour venir féconder

de sublimes connaissances !

53


Et faillir dans des figures aberrantes, obséquieuses avec

cette fille sale et répugnante, vicieuse et splendide ~ avec ma

chienne soumise et aboyante ~ tu vois, nous cherchons encore

54


Radieuses et limpides

Longtemps combattre en soi en déviances et appartenances,

Toujours questionné l’être cher tapi au fond de soi

Avec ses souffles inconnus en plaintives insistances

Quand l'ombre se déploie sur l'esprit éclairé

Ô filles, filles émerveillées de mes claires plénitudes

Dans le faux crépuscule de ma chair embaumée

Endormies, vous radieuses et limpides espérant

Je ne sais quelque conquête d'or de toison tissée

Encore fraîches et légères sur la sphère azurée

Mon errance se meurt vers l'espoir le plus pur

Pourtant je crains ces noires divagations obscures

Et je baigne ma tête couverte de surdités !

Belles étreintes de phosphores inconnus, présentes en

Saurez-vous à jamais me vouloir éclairer ?

55


De se

De se barricader, de se construire là dans

L'ombre. Oui, en noir. Avec le bel azur et

La musique étrange. En strates, stratifié,

Avec filtres et mélanges. Dans l'air éclairé :

Poésie aseptisée. Hier je fus racine, aujourd'-

Hui folie désinvolte. Mais quoi ? Qu'espérer ?

Fine particule de source ? Je ramasse autrement.

56


La femme effacée

Et ses pas alanguis dans l'esprit qui s'aère

Filant sur des orgasmes de fluidité exquise

Quelque chose de pur dans le mystère mien

Charmant, disparaissant vers l'exil à franchir

J'efface sa douleur sur des vents en délire

J'arrondis son visage et je berce ses traits

Belle mais belle encore, ajournée en demeure

Ou douce détournant sa chevelure claire

Puis des flammes d'azur tombent sur l'horizon

Encombrant de leurs voiles l'infini à décrire

Des poussées d'or s'esclaffent en tintamarre épais

Et là dans mon sommeil sa frêle invitation

M'offre des mots obscurs dans l'espoir à renaître

Je m'allonge hébété ne sachant que penser

57


Endormies sur le feu

Que pour te figurer

Que pour te figurer mais est-ce à dire ?

Une vague chronologie ondoyant sous des

Formes primitives, en entrelacement de roses

Claires ou grandes pour une piteuse collection,

Un subtil bouquet offert en nourriture,

De délicieuses choses proliférant dans ma main

Déjà froide.

Rayonnés si gentiment ces poèmes de l'absurde

Est-ce pour signifier ? Quelque vague parfum

Immatériel de l'âme ? Ou le balancement

Indécent de douces tiges élevées vers l'Azur ?

Ou reconnaître en vous l'idéal impossible

De quelque beauté à jamais évanouie ?

Quelle essence ? Quelle évanescence ? Quel infini ?

58


Pensées sculptées

Par une nuit profonde

Saint-Jean de la Croix

Dans la nuit connaissant

Avançant et sachant

Ô l'heureuse aventure

Qui dans l'esprit perdure !

Dans l'ombre s'éclairant

De mille vérités

Toujours recommencées

Et encore avançant

Pour que l'âme éclairée,

De la chair libérée

Enfin béatifiée

Dans les cieux les plus purs

Atteigne son azur

Et ses saints déifiés !

59


Suites/Relances

Les miroirs J. L Borges

Je me demande encore, après maint jour et mainte

Nuit perplexe sous la variété des cieux,

Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux

Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.

Miroirs, cieux, surfaces, espaces

Fragile et éphémère, poète tremblant dans le

Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets

Infinis avec l'impossible qui côtoie

L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,

Et de pulsions émotives ;

mais encore, - azur qui

Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans

Un ciel irréel ; lac, surface lisse où

La pureté d'un cygne vient troubler le

60


Repos du dormeur.

Variétés, formes du hasard

Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de

Tisser les lis avec subtilité !

Miroirs, cieux,

Surfaces, espaces pensés et regardés comme un

Hasard modulable, lieu du questionnement où

L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.

61


Encore pure, élevée

Encore pure, élevée, cherchant quelque saveur,

Dans la lumière, chaste, vaguement je discerne

Ses contours impalpables, oui déjà je respire

Le bouquet interdit des parfums féminins.

Une poussière de rose dans le feu des étoiles,

La musique s'évade vers l'azur toujours clair.

La chair encore la chair dans les jardins du soir

La désire et l'espère pour mourir lentement.

Que l'on aime embrasser cette musique étrange !

Puis dans le clair-obscur des tout premiers rayons,

L'éveil encore l'éveil pour le plaisir des corps

L'accouplement de sens, le ballet des substances.

Au-delà de l'Esprit toujours libre et qui pense

Le poète solitaire aspire à d'autres cieux.

62


*

Une humeur tiède et lointaine

Vague et nostalgique

Dans une aube perdue

Comme un désir qui s'évade

Là-bas, là-bas

La fièvre se répand

Enroule le rêve,

S'étale dans l'ombre

Pour mourir quelque peu

La tiédeur fugitive

Caresse tes rondeurs

Pour un désir azurin

Le sucré de tes lèvres

Est la clé de l'orgasme

63


*

Nul réconfort, de faiblesse absolue

Toi, toujours stagnant dans ta médiocrité

Littéraire - comment m'identifierai-je

A cette vague organisation insignifiante ?

Active tes misères, qu'elles vivent et croissent !

Pour l'inutile et l'illisible, poète d'ombre,

D’obscurs cul-de-sac, où l'on se cogne

La tête contre l'impossible à poursuivre ;

Où l'évolution créatrice n'existe pas,

Où l'abondance poétique a nulle raison.

Voici la trace de ton cimetière, voici

Tes poèmes perdus qui encombrent ton cadavre

Lapis-lazuli, ou tonnes de pommes de terre.

Comment jugera la Maître Intemporel ?

64


*

Langueur. Douceur. (Ceci est un commencement)

Petites tornades de plaisir. Efficience en plus.

Comment ont-ils ? Comment eux-t-ils ?

Se débusquer des albums très anciens.

(Ceci est une manière de voir)

Apeurés, effleurant le vent.

La médaille, et mon optique.

(Engrange le délire)

Je te propose à foison.

(Mais ne pas en rire serait meilleur)

Puis le flot de particules - à extraire,

Tout cela est tendu, à rire - tendu - ris

Il dit à peu près : " Manquement dans l'Azur ".

Passe par en dessous, joins-toi, joins-moi, et à nous deux ?...

Partout l'humide. L'humide dans le sec.

65


Empilés sur des rayons. Mais pourquoi ?

Je te fais cercueil. Tu triches.

La potentialité-tornade dans l'aube des interdits.

(Il vise à quoi avec ces impossibles à gérer,

avec ces contradictions insensées ? - freiner la conscience)

66


I

Dans le silence qui inspire

pour éprouver, pour épouser de nouvelles formes

des fuites comme des éclairs,

des fluides qui circulent

Il suppose encore des possibilités,

des aptitudes - il suppose

Pour oublier le vieillissement, ou quémander

une part d’immortalité :

passer ou être demain ?

Il aurait voulu être aimé dans la vérité

chronologique - pour aujourd’hui et le futur aussi.

II

La bouche se nourrit d’extase, de substances claires,

un souffle encore dans les draps de l’amertume,

le miel de ton poème, - c’est ça : imagine

67


hors du tragique dans le possible

avec audace toutefois

appelle ça la passion,

on rira bien !

III

Subtils effets autres empruntés, exploités, volés,

permis ?

mélanges, variantes, prendre, extraire, tirer

Patrice Delbourg écrit : alchimie et plagiat entre le blanc

et la blessure

Moi, je dois dépasser ma limite,

absence de repaires

et l’écho constant en vérité éternelle

d’ennui et d’inutilités.

Quelle grandeur ? - sentiment de petitesse

et crainte d’être en retard.

68


IV

Une ivresse éternelle avec l’espoir

de captiver l’interdit ou l’insignifiant

Une femme vacille dans le miroir flou de l’âme

je l’imagine chair, beauté et sensuelle.

Je capture le rêve pour lui interdire de m’échapper,

de fuir dans l’infini de ma conscience.

L’irréel et le factice des vérités rares,

impossibles, avec une constance dans le

déplacement de la norme.

J’entasse mollement des décombres du hasard

et je décompte les combinaisons-gains

me détestant plus encore

La réponse : RIEN

69


V

La position volante, imaginaire

voluptueuse et spirituelle

une sorte de lévitation

Le rêve qui remuait changeant les ombres,

les déplaçait dans les cases de la pensée

Il s’ennuyait, tentait de rendre sagace

son cerveau

produit,

La poésie c’est long et lent, surtout quand on a beaucoup

le savez-vous ?

VI

Pur désir impossible

azur sexuel - de pureté à atteindre

esclave de l’insomnie

azur utopique constamment désenchanté

Ô mon cher inconnu qui ne recherches nulle gloire

70


sinon celle d’être soi et d’avoir accompli

ce qui semblait probable.

Oui, pénétrer encore son monde solitaire

afin d’accéder à des délices cérébrales

dans l’espace vide de l’imaginaire

Toi, oublié toujours dans tes parfums.

71


I

Résonances

Pur désir mécanique esclave de l’insomnie

entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique

avec du rien dans son désert

cher inutile cultivant ta médiocrité !

L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire

Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -

Exact !

Des mots en synergie d’actions - du moins le croire

Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.

Ils pénètrent des vulves et je m’essaie

à des jouissances spirituelles quelle rigolade !

C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment

élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !

Et surtout les cacher,

ces poèmes de l’ombre !

72


II

Il veut subir

L’âme est ouverte

le poids des mots

la violence de la Femme

quand il conçoit des écrits

Nulle douceur acidité et râles râles

les pertes s’empilent sur la table

la bouche à pages une médiocrité de soi-même

Le sang fouetté dans la cervelle faible jouissance

il veut construire, produire encore encore

L’heure est complexe il n’obtient RIEN

73


*

Explose en ramier de couleurs

L’élan inventif et tel

Qui n’ayant su peindre les cœurs,

Ne pu suffire au bas mortel

Dans l’éphémère aptitude telle

D’un blanc cendré et cygne pur

Se mêle le battement pastel

Lancé dans le piteux Azur

Mais jamais renié en soi

En gerbes de savoirs réelles

Il méprise la simple aquarelle,

Et sa gloire au faîte du Moi

Unique, inconnue et vraie

Va au tombeau et disparaît.

74


*

Constamment, à tes heures, et sans nulle fatigue,

En exploitant encore la vétusté d’hier

La fugitive fille apparaît, disparaît

Dans l’invisible glace repolie par Stéphane

De mousseline nulle, mais nudité exquise

Et voltige et voltige en cercles et tourbillons

Pour l’antique pensée datant du dix-neuvième

Quand la course réelle se fait sur écran plat

A moins qu’un vrai mélange de cygnes et de beautés

Dans l’azur toujours clair de quelque tentative

Toutefois organise et conçoit le poëme

Avec solennité cherchant la vaine tierce

J’achève ce sonnet sans vol supérieur

Ayant irradié quelque peu mon esprit.

75


L’idéal menteur

Paroles sur paroles,

tentatives sur échecs

Imagine la possibilité de pureté des flots bleus

conçois des statues de grâce dont la chair

est plus douce que la soie des femmes

Que l’azur devienne miroir polissant ses idées d’idéal

menteur

Observe l’ombre claire s’enflammer d’orgasmes aériens,

réinvente un génie impossible, pascalien

et toi écrasé de soleil, roulant-boulant

sur des airs agressifs, propose ce colosse aux pieds d’argile,

cette construction remplie de vides, qu’ils disent !

Émeus-toi, tressaille de plaisirs intuitifs, portés par des

phares musicaux

Syntaxes cinglantes comme des lames d’acier

76


Ce qui agresse, ce qui violente

ce qui semble faire souffrir

n’est qu’un additionnel de syllabes

évocatrices, trompeuses, mensongères

exploitées pour produire de l’émotion

Et vous tous savez que le mensonge, l’excès,

l’ignoble tromperie sont des outils poétiques

indispensables pour concevoir un texte de qualité.

77


La coupe

La coupe, qui la prend, voit à l’intérieur

La peine ensanglantée sertie de glaires noires

Et buvant le premier, je la rends détestable

Aux hôtes du banquet conviés à ma table

Car moi, ce flux de nectar, Pindare, n’est point fruit

Pour l’esprit du vainqueur, ainsi je prophétise

La lyre et le cristal dans l’apparat des flûtes

Avec vrais crissements et douleurs du buveur

Ô puissante lignée par les jours éternels

De mémoire, de mémoire aux futurs couronnés

Ils habitent l’azur, tous ces princes en exil

Et je voudrais pour eux annoncer ces propos

De la beauté certaine, toujours il faut s’instruire

Aller vers l’avenir en cherchant le repos

78


Tout dire

Tout dire, oui,

Tout écrire,

Tout croire

Mon ciel, mon Dieu,

Mon pur Azur

Dans la production

Incessante et stupide

De moi-même

Un additionnel de syllabes

Un élan de dialogue

Toi et l’autre.

Vous, deux.

Accrochez-vous,

Couple de paroles !

Oui et non - encore

Oui, oui,

Non, peut-être, vas’ y - essaie

Le non a raison parfois

Le oui, supplie, veut avancer

79


Il a tort.

Le non ..... doute

80


La ridicule histoire

Ici commence la ridicule histoire. C’étaient

Des petits bouts de fragments à accoler les uns aux

Autres. Je prenais mes habitudes, j’allai dans mon

Jardin. J’y fabriquai une personne. Les boutons d’or

De l’enfance se mourraient et les premières pensées bleues

Semblaient éclore. J’y dessinais une femme splendide,

Inouïe, impossible. Non, elles étaient plusieurs, car une

Seule... Dans le vent soufflé, j’offrai un cœur baigné

D’azur, d’écrits, de poèmes, de messages, j’offrai,

J’y déposai des oiseaux, des rossignols, des lyres,

Puis loin, elle irréelle, caressant des substances rares,

Circulant dans le parc fabuleux. L’étang, l’énergie

Mentale, les élans, j’observais encore, encore,

Et l’histoire de l’écriture, des tentatives, des peut-être...

... Pour finir sur un crépuscule de jardin embaumé, oublié.

81


Messages

Les objets

Les objets conservent leur pouvoir émotionnel ; dans

leur forme, se situe une charge de sensibilité qu’ignore la

vérité mathématique. Quand je prononce le mot “ Azur ”,

qu’engendre l’appel ? Chacun y voit à sa manière l’évocation

de son suprême. Quand j’écris 3,72 X 2,14 = 7,9608, on me

répond : Ha ! Bon ! ou bien sûr - cela et rien de plus.

82


Le Temple

Je décidais donc de me construire un Temple

éphémère ou immortel, un espace dans lequel reposerait mon

âme.

O temple de moi-même, éternel édifice

Rare construction plongeant au précipice

D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi

J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi.

La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite

de la pensée volage.

Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une

vérité de songe, dans un idéal chimérique.

La parole du poète comme un écho s’apprêtait à

retentir dans cette pièce immense.

Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de

fantômes rôdant pour un idéal d’écriture,

génies fortunés que j’invoquais et suppliais.

83


Des variables de sonorités semblaient courir ou

percuter le vaste dôme serein et puissant.

Je caressais des statues de femmes d’une beauté

inouïe et j’accédais au vertige de la contemplation fabuleuse -

c’était une sorte d’orgasme cérébral quand la perfection

esthétique atteint son paroxysme.

Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de

lumière éparse, elle, presque bleue au souffle clair constellé

d’or, s’avance et s’assoie sur les dalles de mon Temple.

la gloire.

Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de

En face, l’homme de l’indifférence détestant la

volupté, niant sa puissance virile, refusant de respirer la chaude

toison de son entrecuisse.

Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire

les limites de l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon

Temple, par degrés infinis.

84


Le non-vouloir

Il y a un non-vouloir, qui engendre de la stérilité. Le

mouvement se meurt et l’élan disparaît. L’on va de peu à peu,

et de peu à rien.

Comme un sexe qui débande, une femme qui se

courbe, des cheveux qui blanchissent, se détruit, s’éteint,

l’inspiré qui n’intéresse personne.

Le ciel, lui constamment se souvient, intégrant

autrement le temps dans le trajet de l’existence éternelle ou du

moins infinie. La mémoire des heures, elle, oublie.

La trace des grands par l’utilité ou le scandale, par la

naissance, chacun peut s’en souvenir.

Puis l’oiseau lance sa trace directionnelle vers l’Azur,

l’avenir, le futur. Nul ne s’en soucie prétendant que tout cela

est image poétique. Pourtant l’oiseau indique le chemin de

l’au-delà, indique la direction à suivre.

85


Il s’agit donc d’attendre l’avenir, et de s’y préparer, de

construire sa personnalité pour ce futur. Alors survient ce qui

doit arriver.

Toute mort appelle une autre vie. A la croisée de

l’existence l’un fuit, l’autre s’en vient. Dans l’espace, se joue

donc un principe réciproque en sens inversé.

Je plonge dans le Livre pour y chercher la vérité. Je

m’épuise à comprendre et ne sais jamais rien. Je veux

découvrir ce que personne n’a pu encore entrevoir.

86


Quelle trouée d’azur

Quelle trouée d’azur

s’est déchirée pour atteindre la foudre

quand ma chair hurlante

implorait la mort

de ses cris sanglants ?

87


Habillé, délaissant ...

Habillé délaissant allégé de juillet

dans l’éclair mais les bruits sourds

des filles exquises de rien de beauté

J ’écoutais l’hymne bizarre écla

té la douceur de la chair lubidu

neux vent d’azur rare

Le désir conduit à cet orgasme

De miel sirupeux d’odeurs aigres

Lit des ouvertures de feu et de

gémissements

Ton désir éclatait sous le dôme

de l’orage jaillir

88


Toi

Tu n’es rien pour personne

Je t’appelle Inconnu,

Car tu n’existes pas.

Tu es poète obscur scellé derrière un masque.

Mais qui viendrait y voir ? Qui voudrait te comprendre ?

C’est le même refus et le refus encore,

Tu t’en retourneras en cendre et en fumée.

Mais toi, es-tu un tout ? Tu es l’ombre d’un homme

Oublié, ignoré qui se meurt dans le noir.

Toi, toujours, tu as fui vers l’azur incompris

Devançant les aurores, chargé de crépuscules.

Et je t’appelle encore et je t’espère en vain

Au milieu des murmures ...

Oui, j’offre cette oreille qui entend le Néant

Et ne distingue rien.

89


Tu vis dans le silence

Je te parle toujours, mais tu n’existes pas.

Jamais tu n’as été, jamais tu ne seras.

90


Refus

Est : “ collapse et temps d’hier circlair

Abandon bidonnant de vernis

Basse escale invitant l’avenir ”

... Et fuite de la logique vers l’éther

Mais comment ? Comment autrement

Sans l’absurde avec le vrai, l’idéal, etc.

Est-ce possible ? J’essaie - mais quoi !

Est donc : “ Concentré d’invectives avec

L’azur, lézard ailé, battant faible écume ”

Non ! Ceci est trop - il faut en cesser-là

Et prétendre obtenir par l’intelligence

La combinaison, la fusion, la jeunesse, le savoir

Une production d’écriture autrement supérieure

91


L’âme se nourrit

L’âme se nourrit de sources claires, d’envolées

délicieuses. Cet azur est remarquable. Ce lourd soleil est bon

pour moissonner toute récolte renouvelée, tout avenir de

certitude poétique. Il annonce un espoir de gains, de cuivres,

de feuilles, d’honneurs. Il monte sublime et incandescent

chassant la nuit honteuse.

Il dissipe l’épaisse charge brumeuse. Il chasse les

stupides jugements des humains et participe à la production

d’actions mentales... Que de vérités apparaissent aussitôt !

Quel infini langage s’ébat, se développe et s’élève ! Les

procédés employés par l’intelligence sont éclairés de lumineux

éclairs pensants !

92


Plainte d’automne

Pensée d’automne, lente descente derrière les

peupliers

recherches de quiétude dans ce gris bleu chargé de

fatigue

d’espoir toutefois

Souffles poussifs sur les crêtes des forêts chevelues

Espace encore, espace d’écriture pour une écriture

Je ne plonge plus dans l’image délicieuse de l’enfance

où paraissent çà et là des silhouettes connues

mensonge.

J’ouvre l’almanach de l’imaginaire et j’invente du

Souviens-toi de cette lumière qui s’élançait vers l’azur ? ...

Oui, je reviens

Je murmure cette lourde poésie d’hier

- Entends-moi.

93


Non, je dois me taire. Ces mots ne sont

qu’insignifiance, que transparence de sens inutile.

Je déchire lentement les secrets de mon âme, mais je

ne puis entendre cette claire musique qui accompagnait l’élan

de ma jeunesse.

Encore cette saison, je m’obscurcis, je vieillis et je

disparais sans laisser de mémoire, hélas !

94


*

Insignifiant fut le triangle

Constellé de sperme

Auréolé de poils et de senteurs

Une histoire lamentable

Qui cherchait en ce lieu

Un passage éblouissant

Des hurlements fabriqués

Pour déchirer l’azur

Dans l’impensable chair

Celles qui s’agenouillaient

Quémandant l’orgasme

Gémissaient sous le fouet

Et là dans ma hauteur

De dominant pervers

J’inventais un théâtre

95


Voici

Voici l’écume de la mémoire

La vapeur claire mollement infinie

Caresses et filles savantes vers l’azur

Cerclées de robes fumantes et d’avenir

96


Aubes claires et bleues

Aubes claires et bleues

suspendues de rosée

miroitant sur les éclairs de neige.

Amours de cristal enflammées

de topaze, de flammes comme des fluides

qui circulent lentement dans l'éther.

Vols d'oiseaux qui déchirent

l'infini azuré

battements de soieries

légèretés caressées

dans l'idéal du ciel

tourbillonnez encore

pour l'espoir du poète etc.

97


Poème de David

Au plus haut dans l'azur se dresse le palais.

Des figurines d'or sur des marbres d'ébène

Serpentent les colonnes ciselées et sculptées.

Au balcon accoudée la beauté idéale

Pénétrée de soleil soupire et se prélasse.

Sa délicate main caresse avec saveur

Les cordes d'une lyre. Un son mélodieux

S'évade tristement vers l'oreille du prince,

Le vent emporte l'air frotté de notes douces.

Sur l'étendue d'un lac une nef égarée

S’éloigne doucement sur le clapotis clair

D'une vague chétive.

Les belles courtisanes

Dans la cour du palais dansent en souriant.

Les flûtes, les tambours accompagnent les rires.

Le peuple est invité à la fête royale.

Il s'écrie "Longue paix, longue paix à mon Sire."

Les Empereurs du ciel viennent me saluer.

98


Les poètes sublimes sur des nuages clairs

Descendent m'écouter : "Poursuivez, poursuivez,

Quelle belle facture ! Demain vous reviendrez.

Et vivez près de nous. Que notre majesté

Bénie par tant de Dieux laissent un nom éternel".

99


Souffles nouveaux

Forces qui inspirent

Et que sont-ce que ces forces qui inspirent au pur

solstice de minuit, dans l’azur noir constellé d’étoiles comme

scintillements d’extase ?

Oui, substances de merveilles où toute lumière

converge par idéal de pureté, je m’adresse encore à vous.

Quant à toi, je t’insulte, monstre de haine, médiocrité

de mal où la ténèbre, le vice et l’ignorance se mêlent dans le

néant du désespoir.

L’homme encore dans le vent pour produire et gravir,

l’homme encore de fortune divine, nourri à l’essence de

l’Esprit.

Et c’était pour obtenir de splendides richesses,

agrandir le savoir humain, avec l’espoir de détruire l’ombre

vicieuse, l’ombre de haine.

100


Apparition bleue

Quoi ! Plus pure encore là dans l’invisible glace

Que l’impossible esprit agite en ma faveur

Et anime inconnue par cet air qui efface

Sous la masse légère de mon effet rêveur

Mais proche et bondissante en mousseline nue

Apparaît et sourit voltigeuse si claire

En amas d’ombres jaunes de tête chevelue

Comme beauté stérile foudroyant un éclair

Et du réveil soudain s’échappe l’irréelle

Enveloppée de limbes et de pâles nymphes, elle

Décor agonisant fuyant dans roses bleues

Que je sais murmurer pour un plus bref azur

Éloigné mais si proche et s’enfuient à mesure

Que l’âme se défait de ses volutes feues.

101


Magnifique, superbe

Magnifique, superbe, supérieur et tel,

Oui, à se contempler dans l'infini néant

Qui déjà agonise, mais jamais ne consent,

Je me veux en moi-même Christ en son immortel.

Nulle apparition n'engendrera de gloire

Si ce n'est par l'effet du poëme illusoire

L'invisible avalanche de cascades de mots.

Je méprise l'honneur que consacre le vers,

Quand, offert à cet œil qui lit et qui apprend,

Dans un bond lumineux surgit et me surprend

La Force sublimée, mère de l'univers.

Quelle pure certitude (déjà par le tombeau !)

M'acclame tout à coup dans le noirâtre azur

Puisque de mon posthume je connais le futur !

102


L’apprenti prophète

N'espère surtout pas que je veuille me suffire

De ce simple produit extirpé de mon mieux

Imitant la manière sans pourtant des aïeux,

Enrubanné d'extase par un léger zéphyr...

Cela me paraît peu de m'essayer au vers,

D'y transpirer mes nuits pour quelque claire rythmique,

De contrefaire le sens d'un biais alchimique

En tâchant d'ordonner ce qui va de travers.

Que veux-tu que je tire d'un jeu avilissant

Répétant répétant des coups toujours les mêmes

Croyant des anciens atteindre leurs suprêmes ?

Il me faut, je le crois, tendre vers le futur

Qui se conçoit ici et va en grandissant

Et cueillir les doux fruits de ton superbe azur.

103


Fin stérile

À quelque fin stérile

De ne pouvoir écrire

Le mot le plus subtil

Extrait de mon soupir,

Je tente toutefois

Par mon jeu accablant

De la muse du doigt

Ce triste essai navrant.

Puis-je te faire sourire

Fille d'être et n'être pas

Pour ce piteux languir

Du poème, bien faible appât ?

Tu préfères mon azur

A la pâle césure...

104


Je me languis

Je me languis pour rien et je ne sais qu’écrire

Sur la côte d’Azur j’écris ces quelques mots.

Est-ce là un endroit pour faire quelque richesse ?

Richesse littéraire et richesse d’argent

Sont rarement des sœurs unies dans une vie.

105


Dans l’aurore délicate

Dans l’aurore délicate, le dormeur envolé

Roule sa chair d’extase sur des blondeurs d’azur

Les bruits d’ailes et d’oiseaux s’éparpillent d’espoir

Dans l’infime jeunesse de couleurs éblouies.

106


Au réveil, je spécule

Je m’éveille. Me souviendrai-je de mon rêve ? Il m’a

dit : “ Ouvre largement la bouche, que j’y glisse le Livre.”

J’ouvris largement la bouche, et je mâchais le petit volume.

Produire, écrire est un jeu facile, plus encore quand Celui qui

dicte est grand. On ne fait que recopier. L’Art est aisé. La

Science s’y intègre - je veux dire le savoir post mortem. Mais

qui me suit ! Pourtant je prétends que tout peut devenir

rapidement compliqué, secret ou subtil.

Je passe par la rose, la fille ou l’étoile. N’est-ce point

décevant ? Irai-je à l’Ange, au Char, à la Vision ? Suis-je apte à

passer du poète au prophète, du cours élémentaire à la faculté ?

Sera-ce cela et cela seulement !

Que me font ces astres ? Je leur préfère l’intelligence

humaine, le fonctionnement de la cervelle ! Pourquoi aller

chercher si loin ce que l’on a en soi ?

Certains écoutent pousser leurs cheveux, assis, les

bras croisés, d’autre la lyre à la main, se pâment dans l’azur,

prunelle renversée...

107


Les fleurs sont femmes, elles poétisent. Mais les

femmes ne sont pas des fleurs. La réciproque n’est pas vraie.

Une seule odeur suffit, celle de l’Esprit. Le reste est vraiment

peu de chose. On ne devrait vivre que pour l’explosion de

l’intelligence, que pour la sublimation de l’acte créateur.

108


Voyance ! Ô mes divins

Voyance ! Ô mes divins par l’esprit de lumière,

Les superbes effets baignés de transparence.

Pour l’espoir absolu de pure intelligence,

Je vous veux désormais dans ma pensée entière.

La puissance abolit l’opacité du mur :

Je peux glorifier la vision suprême.

Je me nourris d’extase comme le saint du Chrême.

Hagard et accompli, je supplie vers l’Azur.

Vous placez ma présence dans l’extrême grandeur

Où mon âme incomprise se suffit de l’exil

Et je contemple encore l’aspect de la splendeur,

La vôtre, si au plus près de l’éternité

Dans le produit d’étoiles insensé et fertile

Où même vous riez de votre immensité !

109


Cette pensée si belle

Cette pensée si belle voudra-t-elle me séduire ?

Dans quel azur fini cherche-t-elle à construire

Quelque temple futur où reposent les cieux ?

Au profond de moi-même y dort peut-être un dieu...

... Y dort l’aveugle-né tâtant à reculons,

Avançant doucement dans plaines et vallons !

Mais n’est-ce que cela architecture mienne ?

Le penseur amateur s’entortille, s’aliène,

Et prétend toutefois accéder à l’air pur.

La raison au plus bas dit : “ Qu’attends-tu, épure !

Élève-toi bien loin cherchant ta bien-aimée

À danser, à chanter, qui sait ? À l’épouser ! ”

110


Grappillages

Suicide

Que plus jamais la vie ne soit mise en mon âme.

J’en cesse pour toujours de respirer ta vie.

Donne-moi le pouvoir d’en finir avec toi.

Je ne pourrais jamais satisfaire tes désirs,

Je ne pourrais jamais satisfaire ta puissance.

Laisse-moi m’endormir et mourir à jamais,

Moi, ton esprit impur et jamais satisfait ...

De ton divin soupir, caresse-moi à mort

Que je languisse enfin, ...

Moi béatifié, moi sanctifié

Dans ton plus pur azur respirant l’immortel

Quelque chose de pur et de surnaturel, ...

111


Donne-moi le pouvoir de toujours m’élever.

Attardez par la mort

Mais je respire encore

Je l’entends bien ce cœur qui vacille sans cesse.

Quelles pensées impures pourraient te pénétrer ?

Ô soupirs du génie, et tu vis, tu respires !

Tu voudrais m’attarder à mes plus pures extases.

Pouvoir me libérer des chaînes invisibles,

M’extirper de moi-même vers ta pensée extrême...

Je dors et je m’endors et je m’abats sur moi.

112


... Qui

... Qui d’un souffle d’amour en tire la pure semence !

Sublime divinité dont l’azur enchanteur

Sur la chair de mon âme s’ébat avec douceur.

Extase d’un soupir qui se perd en moi-même.

113


Cesseras-tu

Cesseras-tu Seigneur de toujours me punir ?

Baigneras-tu tes yeux dans ma pure innocence ?

Je me nourris encore d’un silence planant,

Pénétrant dans l’espace, imperceptible azur.

Je vomis. Je devrais dire : je me vomis. Tous ces

crachats rouges, ces douleurs putrides. Mais vous n’avez que

faire de cette souffrance ? ... Elle est nulle, sur cette basse

terre. J’ai donc mal.

Je me souviens de vous, femmes plates à deux

dimensions. Là-haut, quand j’étais dans les airs. Vous êtes mes

inconnues, ô les âmes de Dieux mais esclaves et soumises,

inaptes à le comprendre.

Un moi imperceptible y songe à mes dépens.

114


Pernicieuses et impures

Pernicieuses et impures, filles de mon désordre,

Délices de mes extases qui désirent me mordre,

Je répands ma substance, je succombe et je cède

A ce délire de vivre que cette âme concède ! ...

Presque nues dans l’intime d’un esprit qui se pense,

Je confonds de vos formes le soupir qu’il dispense,

Et j’implore l’azur clair dont le rayon premier

Punira tout le doute de mon royaume entier ! ...

Enfin moi ! Du plus pur je renais de mon ordre

Qui m’obstine à chasser cet interdit rêvé,

Comme de ce mentir son mensonge est levé !

Enfin toi ! Qui enlaces et se veux de le tordre

Ce stérile baiser de la fleur qui enivre,

Mais qui de son soupir vain pleure et me délivre.

115


Substances nourricières

Imprègne-toi de moi ! Nourris-toi de substances

Enivrées de vermeil, et de subtiles absences ! ...

De ma chair faite d’essence observe l’azur rare

Qui se forme, se déforme ... et dans son nul s’égare ! ...

116


Superficiels

Superficiels et légers

Au ciel plumes d’ailes envolées

Azur turquoise et bariolé.

Les oiseaux assassinés

Saignent et plongent

Dans l’onde assoiffée.

Prolongent l’ombre

Mouvements vagues

Tourbillons sombres décolorés.

117


Celui qui pureté

Sonnets 84

Celui qui pureté atteindra l’Immortel

Passant de porte obscure à la claire Déité,

Celui-là obtiendra par sa félicité

Le bonheur qui confère le plaisir éternel.

Celui-là gagnera l’aile pure qui respire

Voltigeant, inconscient dans le sublime azur,

Et nageur fait d’espoir par la gloire du futur,

Construira de ses cendres la beauté d’un empire.

Les superbes princesses, les reines à genoux,

Seront saintes ou esclaves admirant sa grandeur,

Soumises à son génie, promises à sa hauteur.

Ou que ses frères d’esprit, haineux et en courroux,

Se fassent chiens et loups, par le Mal qui honore

Et de leurs crocs sanglants lui infligent la Mort.

118


Le Livre blanc

Il faut pleurer ce Dieu

Il faut pleurer ce Dieu d’infliger ces tortures

À la masse d’humains implorant vers les cieux

Des prières de paix contre un monstre odieux

Qui toujours se complaît dans les cris des blessures.

Je connais ton extase, ô beauté immortelle,

Et je bois à ta source, assoiffé de l’envie

De jouir des présents que compose ta vie

Éloignant au plus loin les souffrances charnelles.

Il est que mon sublime s’inspire de ton corps

Et chasse de son âme ses passions et remords

Refusant l’au-delà qui jamais ne m’inspire.

Je goûterais longtemps les plaisirs de ta chair

Me vautrant dans le lieu du bonheur qui délire

Voyant peu dans l’azur le signe d’un éclair.

119


Légende bretonne

Quand les noirs goélands voltigent dans l’air pur,

Dans la baie de Penmarc’h irradiée de soleil,

S’en vient se fracasser sur l’horizon vermeil

Un cri agonisant gémissant vers l’azur.

Le pleur d’un trépassé en souffrances obscures

Supplie dans la bruyère dorée d’ocre, et réveille

Les anciens naufragés aux douleurs immortelles

Se souvenant encore de leurs combats impurs...

Les légendes bretonnes racontées tous les soirs

Autour des cheminées amplifient les mémoires

Des vieilles dentellières assises près du feu.

Il paraît que les nuits favorables aux esprits

Les mourants se levant, les bras tendus vers Dieu

Implorent leur pardon sur la mer infinie.

120


Si dans le bel azur

Si dans le bel azur tout empourpré de rose,

De mon esprit zélé chassant son noir morose,

Ô ma Dame d’Amour de mon âme égarée

Peut se faire par ton cœur ma croyance dorée,

Je veux sur mes genoux implorer tes complaintes

Et prier par ta grâce mes douleurs et mes craintes.

Ô ma blanche irréelle invisible à mes yeux,

Je veux punir longtemps tous mes péchés odieux.

Et peut-être sensible aux terreurs qui m’enlacent,

Seras-tu dans mes songes éloigner les courroux

Et frapper en Enfer les Malins qui menacent ?

Ma douceur est si pure, la prière qui absout

Peut-elle justifier la belle délivrance

Toi qui sais que le feu est bienfait de souffrance ?

121


Il te faut parvenir

Il te faut parvenir, ô jeunesse affolée

Malgré le désespoir du vers incontrôlé

En ton âme pensante extirper le savoir

Et tirer de l’ancien la sublime mémoire.

Il te faudra longtemps extraire une substance

De tes maîtres savants, fils de la Renaissance,

Qui conquis par l’idée de l’esprit le plus pur

Ont pu dans l’au-delà regagner leur azur.

Je sais que ton cerveau se voudrait tout connaître

Encenser de leur gloire le génie des poètes

Et dénouer les nœuds qu’ils firent en se moquant.

Par delà les sueurs qu’inflige le sublime,

Je pourrais conseiller à ton cœur se mourant

D’implorer l’Idéal dans sa lueur divine.

122


Double quatrain

Me faudrait-il t’aimer, toi mon indifférence

Qui prétends de ton charme m’éloigner du plus pur,

Et qui confonds ta chair avec le bel azur

Et crois de volupté la blanche transparence ?

Me serait-il possible me roulant sur ta couche

De gémir l’élixir exprimé par mon cœur ?

Par semence sacrée trouverais-je bonheur

Expulsant le plaisir au profond de ta bouche ?

123


*

Je voudrais t’expliquer la torture qui déchire

Celle qui porte l’âme au gré de son navire

Et qui lève ses voiles dans le vent qui respire

Et se sait naufragée sans retour ni soupir.

À marcher sur les eaux, à courir dans l’azur

À te croire immortel dans mes rêves si purs

À te chercher encore dans des lieux jamais vus

À proposer ma chair à ton corps inconnu.

J’ai rêvé de douceurs sur le lit alangui

J’ai rêvé de chaleur au plaisir de ta nuit

J’ai cru en nos amours sur les draps de l’été

J’ai cru en tes discours que tu m’avais chantés.

124


Ce transfert stérile

Un transfert stérile de la capacité intellectuelle vers de

nouvelles données incomprises par l’âme pesante, une

recherche profonde de savoir, cette exploitation intime du moi

interne ! Et le pur Néant, facteur de détresses nocturnes,

d’investigations incompréhensibles, incompatibles avec la

réalité du lendemain !

Silence et pluies et brumes vers son Azur vert, amer et

précoce...

125


Sueurs sacrées

Ombre d'azur

Ombre d'azur toujours

Vous soupirez d'amour ;

Ombre de mort encore

Vous priez mon remords.

N'ai-je point dans l'espoir

Exprimé toute gloire ?

N'ai-je point au soupir

Offert tous mes désirs ?

Sombres purs à jamais

Tombez : je me défais ;

Tombes d'or cet exil

Je m'en vais dans mon île.

Vous criez mon départ,

Désir d'espoir hagard ?

Vous implorez ma mort ?

Craignez ; je tue mon corps.

126


Douleurs extrêmes

D’azur en ombres

D’azur en ombres ;

Du bel été à la mort la plus noire

Bavant, torturé par le mal immonde

J’ai, des horreurs, connu

Dans ma triste mémoire

Des hérésies si atroces

Que mon cœur en fut noir.

Conseil

Ombre dorée d’azur, sombre ou folle

Oublie les couleurs de l’amour ;

Ne couvre pas l’espoir d’inconnues,

D’impossibles dans le rêve à obtenir.

127


Ombres bleues

Je baiserai longtemps

Je baiserai longtemps tes seins

Doux comme des pommes

Dans l'azur attendri d'un avril qui s'oublie.

Comme l'amour se donne

En fêtes de jouissance,

Vois, je reconnais ton absence

Que je discerne entre mille empressements.

128


Yeux, lacs

toujours clairs.

Yeux, lacs de mon enfance où j'ai bu des azurs

Les yeux de la femme sont les portes du mystère.

129


Prières - Phrases – Exil

Lumières et chasteté

L'Azur ainsi de bleutés

S'enivre ou s'exile

Vers l'astre du bel été

Il s'éclaire de parures,

Il décline lentement

Sous la ligne du Mort.

Choisis, parabole changeante

Les purs feux de l'exil !

Car ton âme transparente

Est revêtue de soies immobiles.

130


La plupart étaient des monstres

La plupart étaient des monstres d'horreur : sévices

sexuels, crimes vicieux, sadisme crapuleux. D'autres se

baignaient dans des mers de sang, et buvaient avec délice les

règles perlées.

Il y avait un ange qui survolait le conte. Je me

souviens de ses ailes d'or pailletées. Bêtement, je l'imaginais

dans l'Azur. Puis je me revois très nettement en boule

phosphorescente, imposant dans un règne astral l'éclipse des

mouvements perpétuels.

Lui perdait son poids et ses valeurs, moi je gravitais

dans les chiffres de l'impossible. A la chute, je fus

métamorphosé en ogre terrible jouant avec les maléfices.

131


Mémoire ; murmure

Mémoire ; murmure ;

Saphir ; cristal ; miroir.

Les seins de Florence,

Les colombes presque bleues.

Féeries mes amours.

Les lourdes chevelures

Couronnées de parfums

Et quelques-unes d'ivresse ;

Spectres royaux :

Réveils d'ombres, aurores,

Las vapeurs fluides

L'incandescence du ciel

L'envol dans le bel Azur

Votre très douce Sainteté

Marie, de grâce, voilée pieds nus

Et les transparences ailées.

Mes violons, vos harpes, ces violes

La légèreté des accords mélodieux

Et vous, mes anges, tourbillons de blancheur.

132


Les interdits

Azur

Des mains blanches comme des colombes

Tendaient leurs ailes au ciel

Pour une paix très longue

Presque éternelle.

Mais les doigts se sont crispés

Et se sont mis à frapper

La main s’est refermée

Ensanglantée.

133


Louanges du feu

Nature

Ligotez-moi derrière cet arbre que je m'évade comme

un prisonnier seul dans sa forêt regardant le bel azur.

Je veux que vive l'idée du suicide mauvais, afin que

poète je me détache à tout instant de la trace, de la terre et du

sol lait aussi.

La terre était ridée comme le visage d'une vieille

femme, et les points noirs étaient des corbeaux qui mangeaient

les semailles du sol fraîchement retournées.

134


Hélène

Azur ! C’est moi... Je viens des grottes de l'Enfer,

Et j'entends l'onde fracasser les rochers sonores,

Je revois les vaisseaux dans les blanches aurores

Renaître sous les ombres d'un bel univers.

Mes précieuses mains tendues vers les monarques

Suppliaient d'attendre fébriles leur noble venue.

Je priais ; mais jamais les navires ne débarquent,

Sur les rives de Troie, jamais galère n'est vue.

Moi je sais en maints rêves la militaire ardeur

Surgir des gouffres obscurs de mon néant de reine

Et venger mon destin de l'insigne vainqueur.

Mais les Dieux satisfaits de ma souffrance vaine

Au sourire exalté condamnent mes supplices.

Hélène se meurt d'ennui, de pleurs et d'injustices...

135


Élévations

Grégoriens

Allégoriques

Enchantés

Élevés

Envolés

Évaporés

ANGES

Air clair bleu

Clairière

Enchaînés Frustrés POETES

Amputés

Asexués

Correction démentielle

Dantesque

Dentelles blancs comptés BERGERES

Virginité

136


Innocence azur

Douceur aimée

légèreté

très pure.

137


Losanges

Des rires incertains

Des rires incertains au milieu de races de drapeaux

multicolores ; des meurtres, des sangs lèvent leurs voiles

claquant aux zéniths de l'amour.

La bataille croule sous les transparences, à pureté

d'azur. Ce sont des tas d'anges amoncelés au-dessus des arbres.

honte et rougit.

L'abricot perché maintenu dans les airs se gonfle de

La gloire me barricade sur un nuage d'épaisse

blancheur. Mon royaume stagne dans l'incertitude de la folie.

Ainsi se brame le poème.

À quinze cents pieds du sol, je suis toutefois retenu

par le cordon ombilical de la nourriture terrestre. Je m'inspire

des passions, des autres, des rages plutôt.

138


Baladin

Baladin agrippé à ta route légère, sillonneur des

contrées plus lointaines encore, pourquoi veux-tu partir ?

Et le poète répond : "Je ne suis pas l'escale ou le port,

je suis l'oiseau qui sillonne les immensités ou le vaste coup

d'aile au-dessus des humains, c'est moi qui frappe l'air avec ma

force vigoureuse ! Oui, je bats ou je vole. La danse légère du

ciel m'emporte au-delà des saignées et des viols, et je m'évade

comme un prince incompris.

Je pense dans l'azur, homme libre aimé des anges.

Personne, pas un Dieu ne me retient. Comme je sens l'Azur

m'appartenir ! Le bruit des vagues et des mers lointaines, le

choc des galets, la langue bleue des marées, et les focs qui

claquent dans les tempêtes !"

139


C'est la voix de la femme

C'est la voix de la femme qui a chanté la guerre,

Le combat inhumain si cruel pour l'extase.

Je condamne l'exil et l'oubli de la chair.

Je sillonne les airs dans mon ivresse, hélas !

Je ne veux pas de voiles ni de blancheurs qui dansent

Ni cet écho céleste ni l'oubli de l'azur.

Qu'ai-je à perdre sinon le hasard et la chance ?

Des espoirs pour la belle si éloignée, si pure ?

O fantômes gazés qu'en ma nuit je dispose

D'un éclair d'évidence sous ma mémoire sourde,

Pourront-ils resplendir pour un meilleur promis ?

Je me sens observer par la mort qui me juge

Qui tire les flambeaux des poitrines enflammées.

Moi, air pur, je voltige parmi les oiseaux ivres

Mais je meurs résidu d'un aileron brûlé !

140


N'importe quoi

Aux seuls soupirs ailés avec des bouquets d'ombre

Il me plaît de m'élire et de rompre l'instant ;

Mais je ne savais pas qu'afin de la détendre

La lumière du site suffisait mollement ;

Je suis, je suis et j'aime, alors je m'aperçois

Que la lune épinglée aux délices du nombre

Favorise le soir incertain, plutôt sombre ;

J'abandonne l'ardeur de l'inconnu, et roi.

À peine dévêtue du paysage en moi

La seconde se donne en mes mauvais penchants ;

Avec un air léger, synonyme, qui dit :

Plus rien en mes demeures de fatales pensées.

Je cours, je m'abandonne, baigné dans l'azur pur,

Et je n'existe pas. C'est fini, cette fois.

141


Pierres fétides où le temps

Pierres fétides où le temps abominablement

Jette sa passion et les vices écoulés,

L'heure éternelle pleure offrant un vain regard

Sur le nombre défunt de l'horloge oubliée.

Ainsi je veux qu'en d'autres plaines de soupirs

Mon plaisir se délasse de l'odorat pubis

Et que l'œil torve hélas vende un désir heureux.

En toi seule, toi chère, je sens s'évanouir

Mille oiseaux agacés déployés de colombes

Qu'un lourd vol transparent de battements encombre

Vers un azur désert pour des pays finis.

Sur ta bouche tombale rarement je me pose

Pour extraire du néant la langue rose, fine :

Je peux signifier que parfois j'en explose.

142


Collages

Calme lieu des soupirs

Calme lieu des soupirs confondus, étang de grâce où

glisse la pureté du cygne ; or jaune des immensités perdues, je

me flatte pourtant d'ignorer ton empire et de nier l'esclave de ta

puissante proie. Je plonge encore aux restes d'une cruelle

insoumise ! ...

Je renais vers des trésors enfouis. Je m'active, hurlant

de passions pour une vendange nouvelle, blancheurs des vins

d'orgasmes !

Jamais esprits de femmes ne burent les troupeaux

virils à la fontaine des soupirs.

Mais changeant ton regard de fille belle, oublierai-je

dans l'azur ta sublime passion ? Le feu dévorant jamais

n'expire en chaleur de flammes et de tentations !

143


Je reprends ma plainte immonde. Je crie dans les

draps travailleurs tandis qu'un murmure d'ombre, qu'un filet de

voix songe : je ne peux plus.

144


Ces fantômes voltigent

Ces fantômes voltigent tout autour de mon âme.

Ils enveloppent mon corps de leurs blancheurs de rêves,

Senteurs évaporées, roses vierges d'amour.

Mon oubli transparent ignore leurs caprices.

Le givre des glaciers hélas m'aura saisi !

Pucelage oublié sur des cuisses légères.

Je rêvais des voilures des femmes qui ont fui !

Limpide et ciel d'azur dans l'extase si claire...

Ô l'écume folâtre vers les haleines tendres !

La source belle où coulèrent les douceurs de sperme.

Et tes larmes et ta bouche imprégnées par le sel !

Premiers reflets d'argent sur une terre stérile.

Ô le miroir du cygne, les ailes de l'épousée !

Colombe entre mes doigts éclatants puis épris.

Nuages, bergère où je me suis évanoui.

145


Les nymphes égarées dans les tourbillons d'orgasmes.

Les seins nus, les voilures, légères et puis vêtues,

Mes rieuses aux dents blanches à la lèvre si rouge !

Infiniment courez vers la mer aux déluges !

Je danserai pourtant dans la pâleur des lys

Au noir des oriflammes, ou neige vers les cimes

Plutôt, je dormirai.

146


Un désir de changer

à coup.

Un désir de changer d'existence secoua mon âme tout

"Mon cœur, mon cher cœur défunt ne rêves-tu point

de l'oubli et à la paresse ? Ne veux-tu pas noyer le chagrin qui

t'obsède et t'éloigner, partir, fuir ? Regagner d'autres terres où

ton corps travaillé par la vermine trouvera refuge ? Il te faut la

langueur, la mollesse des îles enivrantes parfumées de musc et

de rêves des tropiques.

Oui, je crois voir une forêt de mâts baignée par la

pureté bleue de l'Azur. Et j'entends déjà les chants lugubres des

esclaves nègres, ivres de liberté, réconfortés par quelques

bouteilles de rhum !

Comme tout ceci est beau et prenant mon cœur ! La

houle berce mélodieusement ton corps et chasse l'ennui !"

Peut-être que le rêve et l'oubli m'éloignent de la triste

réalité où mon âme s'était mise.

147


Le Buis et le Houx

Les fées

Les diamants, les émeraudes et les saphirs

Habillent votre grâce de clartés éternelles,

Et comme ces habits vous saillent à ravir

Vous produisez dans cet azur des arcs-en-ciel !

Non ! Les nymphes d’hier n’égalent votre beauté,

La pureté des lèvres est un sublime charme,

Le pendentif qui s’étale de tous côtés

Déploie sur votre front la plus belle des larmes :

Fées à faire mourir ou à damner tous les dieux !

Hélas ! Vous regardez, c’est déjà vous aimer !

Encore, pour mon malheur, je relis dans vos yeux

La lueur d’un amour que j’avais tant pleuré !

Ha ! Quelle ingratitude pour le cœur et l’esprit !

Poètes, rêvons aux reines et aux déesses !

Leurs formes et leurs délires éblouissent nos nuits

Et enivrent nos corps de troublantes caresses !

148


Le peuplier

Sous un peuplier ardent

Enduit de mille feux,

La grandeur dans le vent

Brille pour ses yeux.

Oubliant les maléfices

Racontars d’un instant,

L’envieux pour mille artifices

Éclate dans le temps.

Sa musique sublime,

Embrasse l’esprit pur

Au chant de l’azur,

Exploite d’une rime

Le ventre assoiffé

Des âmes passées !

149


Elle courait

Elle courait comme à l’accoutumée

Dans les herbes folles de lavande et de blé.

Sur son front, quelques perles de sueur

S’évadaient tristement

Dans l’été refroidi.

Quand sa jupe s’envolait, l’embellie radieuse

Appelait la jeunesse pour soutenir mon cœur

Et ses mots tendres humaient

Des mots d’amour encore !

Le soir venu, j’embrassais dans la lueur de deux feux

Son ombre immense, et son fantôme aimé

Soutenait en puissantes caresses

Les dernières mélodies de mes poèmes éclairés.

Alors elle courait comme à l’accoutumée

Dans les herbes folles de lavande et de blé

Et son sein me parlait encore d’amour.

J’inventais un désir pour ses yeux azur

Et j’embrassais son corps dans l’espoir apaisé.

150


La Racine et la Source

Spleen V

Observant ce ciel bas azuré et lointain,

Je disais - parce que de lugubres pensées

S’étaient là installées dans mon esprit troublé

Qu’il serait bon d’avoir une femme et du vin.

Et je considérais que la vie était triste

Sans une consolatrice pour écouter son âme.

Et je pensais encore, la bouteille qui enflamme

Cette cervelle humaine peut la rendre moins triste ! ...

Je songeais à tout ça, mais je ne faisais rien

Car j’attendais encore que s’éclairât demain,

J’attendais que le temps filât dans son malheur ! ...

J’attendais écoutant le cri plaintif du cœur

Que cette nuit s’en vînt arracher le nuage

Qui avait recouvert ma détestable image ! ...

151


La fuite

J’irai demain, si Dieu m’accorde son pardon

Respirer l’herbe folle et la douceur des roses ;

Je m’en irai jouer des airs d’accordéon,

Ou encore, je ne sais, de bien plus belles choses !

Je m’en irai, comme je suis venu : sans bruit,

Et, répandrai des métamorphoses nombreuses

Dans ce pays où seul le grand phare reluit ;

Je partirai avec ma jeunesse conteuse.

Il est dit que là-bas les peupliers sont verts ;

Il est dit, je le crois, que le ciel pour Azur

Accorde ses lyres avec ses gouffres amers :

C’est pourquoi je partirai cueillir ses fruits mûrs.

Oui, je veux m’enivrer des chaleurs éternelles,

Des soleils, des amours et des vagues mouvantes,

Des miroirs d’émeraude et du vol des abeilles,

Des rivages chargés de merveilles troublantes.

152


Quelle fraîcheur

Quelle fraîcheur donnes-tu dans l’ombre de ce rien ?

Silence du plaisir et chair épanouie

Quelle pâleur de l’ombre éclaires-tu accalmie ?

Portes-tu de ces fruits sur le bord de tes seins ?

Mais si pâle et si muette, dormeuse de mes songes,

Par le souffle azuré aspirant la splendeur,

Agite ses pulsions aux rythmes de son cœur ! ...

Et l’esprit vagissant au murmure replonge ! ...

L’extase d’un feuillage ! Le pur ravissement

Plonge le rescapé aux affres de l’amour !

Tu es belle, ô Sandrine, tu tires ton penchant.

Tu berces ton nectar et clames mon retour.

Fraîche, désaltérée, l’extase d’un bonheur

Telle la source pensive expulse ses passions.

Ma puissance sacrée acclame les honneurs

De feux étincelants, les foyers de pâmoison.

153


Ô saison

Quand le soleil plus fort de rayons chaleureux

Alourdit la nature de ses lueurs vermeilles,

J’aime à me promener sous l’horizon du ciel,

Ce portique azuré mais toujours ténébreux.

Que j’aime à contempler les ombres qui grandissent

Quand vient mourir la nuit dans l’espace et le temps !

Et j’admire étonné s’engouffrer dans le vent

Mes deux ailes pensantes qui de désir frémissent !

154


Feutrée

Au bord des fenêtres

L’étrange papillon

Recouvert d’une crêpe,

Allègre aileron !

Retourne au lugubre

Disperse ses urnes,

Calmes avirons !

Poèmes et sonnets,

Je hais la pâleur

Des hommes et des bêtes

Conquis de douceurs.

Changement fécond,

Noble écrivaillon

Qui étale des pensées

Au rythme des saisons.

Race étrangère,

Bouche incendiaire

À qui rien ne va,

Jette le bel appât !

155


Folle, guimauve

Cerclée de mauve

Aux chiens édentés

Cent mille baisers !

Suspendue aux charmes

S’envole une larme ...

Ô bruit des aimons

Sans lamentation

Puissante et dormeuse

Belle ténébreuse

Golfes d’azur, d’amour

Ailleurs et pour toujours !

156


Elle, chatte

Elle montrait la pointe de ses seins

Et dévorait tous les azurs verts

Son sexe s’écartait au rythme des saisons

Infatigable ménagère

Nourrie d’amour et de relents,

La chatte promise aux feux des furies,

S’éclipsant dans les ébats

Pour les charmes des printemps.

Puis naquit l’étincelle nouvelle

Avec ses longs cils,

Qui enivre les marins

Avec ses jeux de glace

Ses jeux d’ombrelles

Farfouillant la quintessence

Des ongles et des mains

157


Ô chatte, ô belle chatte

Aux senteurs de l’été

Que j’aime doucement entrebâiller

Vos lèvres sublimes

Aux combles de vos reins !

158


Elle voulait des temps licencieux

Elle voulait des temps licencieux,

L’herbe morte et les baisers d’antan,

Une race toute neuve

Avec de longs soupirs,

La mer aux quatre vents

Et un sang de désirs,

Des roches sans naufrages

Des regards ardents,

Des ondes célestes, des mouettes d’azur.

Elle n’eut, la charmante compagne,

Qu’un souffle de bonheur,

Où le sein est aimé

Où le cœur est sans amour !

J’inventais la sirène de mes années,

La rançon de mon jeu,

La jambe d’un soupir.

Oh ! Chers Maîtres ! Le temps s’évadait,

Les fusées dévastaient ces peuples innés

159


Oh ! Grand monde !

Mais Dieu sait comme je l’ai aimée !

160


Le Moût et le Froment

Chute

Ton violet canonique

Sur l'écharpe des eaux

En rotations rythmiques

Lèche ses grands sanglots !

C'est ta voix qui s'épuise !

Maudis l'enchantement

Lui qui hante à sa guise

Miroirs, éclatements.

Mais les soleils se mirent,

Tu sembles l'oublier !

En cascades, respire

Ton azur détesté !

Horreurs de la saison,

Le vice est dans tes nus !

Afin que ta raison

Au cœur ne parle plus !

161


Le Germe et la Semence

Fictif sans toutefois

Fictif sans toutefois indulgent ou cruel, il domine les

torches d'un soleil fatigué. Et l'azur démentiel se contemple nu

sous des voilures hâlées.

C'est que promise aux satins bleus de l'été, sa démarche

florissante engendre des maléfices. Oh ! Les machiavéliques

bêtes, les anciennes gardes l'ont vu prospérer !

Mais métis, emporté ou se gavant de lumière, il respire

les fécondes et absurdes tentations. Il vampe, gracieux flegme,

l'horreur scabreuse de sa méditation.

162


Jetées d'alexandrins

Minuit qui se déploie en diadèmes extrêmes...

Par ce lit nuptial et amorphes dilemmes

Comme d'un vrai malheur qui un jour échappa,

Imitant dans l'ombrage l'agile et noble pas ;

Se déplacer dans la chaleur de sa pénombre ;

Cette horloge sinistre qui donne le Moi sombre,

Qui rappelle à l'instant la nudité ombreuse,

Cette folle existence où la fougue scabreuse...

Vraie femme, admirable flamme soit sur ma Loi !

Et ces langueurs émises pour un désir qui vont,

Faire onduler le corps, sein superbe et sans foi

Amour qui pour mon œil dressait sans passion...

La lune plus pâle encore resplendit son horreur,

Des symphonies de larmes ! Amoureuse et en pleurs,

Soumise à l'incarnat léger, ton cœur est doux !

Viens le rejoindre...

Éloigne-toi de l'affreux coup !

Par sa gorge, l'exploit d'un Ange, des terres aimées

163


Qui s'échappent, oraisons superbes et dévoilées !

Entends gémir les mots qui au cœur endurci

Ont raison des mémoires ténébreuses...

S'en suit

Un baiser obscurci. Des langueurs azurées,

Oui, telles des sentences, des nymphes admirées...

Le rayon jaune et pâle par mégarde pour Dieu

Fais scintiller le pur métal, éclair des yeux.

Ses nectars faits d'extase et de perles buvant ;

De ses jets les coulées d'un breuvage pensant

Se mêlèrent d'obscurcir les ailes d'un vengeur...

Sur son front, Temple clair, si le jour enfin pleure

Un organe inconnu accomplit ses nuisances.

Le réel oublié tel le guerrier aux lances

Mugit si fortement, le condamne et le tue !

Transformée sur ton cœur, cette attaque déchue

Subit la violence et reçoit le malheur !

Et toi puissante fée, sous chaque mot tu meurs !

Baigne-toi sur mon sein, condamne le pécheur !

164


Le vent est avivé d'immobilités faites.

Ho ! Qu'en ses jours de gloire accusés de sa fête,

Il soit en avalanches ! ... Il veut et il s'amuse,

Prosternant mon esprit en folie de ses muses !

Accomplis ce mélange, âme, sœur et grandis...

Vous, derniers soubresauts de l'être qui maudit...

La substance si pure a aimé de mon mieux

Le poète trahi, cet homme haï et pieux.

165


Je revois de mornes jets d'eau

Je revois de mornes jets d'eau accroupis dans l'ombre

d'un bassin de marbre. J'entends la chute des corps minuscules

et leur bruissement s'accoutume à ma présence. Derrière une

montagne d'herbe folle, une ancienne raconte : "Des cygnes

étranges se pâment dans les reflets de la mare, des poissons

bouche bée à la surface cherchent l'air périssable, une petite

cascade chante un refrain - rien - le calme, l'azur, l'immortalité

du temps". Il fallait bien du courage pour s'éloigner de cette

quiétude savante. J'y ai laissé mon enfance toute grise de rêves

interdits, morose d'espoirs qui se jouent.

Deux heures de repos. De sauvages promenades à

travers des ronces qui griffent les mollets. Des canicules où la

bouche embrassait le seul robinet d'eau potable. Des roses

dispersées finement taillées par la main experte du jardinier,

etc.

166


Brouillon II

Fuir ! Fuir ! Mais où ? Quelle destination sublime ou

quel mal nous dépècera encore ? (Quel regard qui m'a (fait) vu

naître me tendra les bras ? Douteuse vision du passé, d'une

hésitation, je féconde mon chemin. Je suis parti ! C'était hier -

une route jonchée d'arbres immenses, de lumières fugaces

frappant le blanc de l'œil.) (Et) une mélodie étrange d'évasion -

un instant de solitude espéré depuis tant de mois... Et puis... Et

puis la chute ! (La mort dans un gémissement, - que je

compose la nuit pour prolonger mon enterrement. Un suicide

sanglant ? Ho ! Non ! Les mains sont propres. Là est le drame ;

une cérémonie peu coûteuse sans fleurs ni couronnes. Point de

prêtres - de vulgaires écritures. Voilà tout.)

(Je crie ! Faiblesse - on reprend patience. Je titube, la

mémoire confuse ou troublée) (jonchée de livres fort anciens.)

(Déjà) ô (l')incertitude sœur de mon enchaînement ! Quand me

délivreras-tu ?

167


Pourtant dans l'Azur, le matin, je vois parfois les

premières pierres d'un Temple et je souris quand les rayons

frappent d'un éclat vermeil les plus hautes fenêtres de la

demeure.

168


C'est pourtant dans l'aigreur

C'est pourtant dans l'aigreur qu'un complice s'épuise..

Aux barreaux de tes cils, offre au sage penseur

Le fruit de ton calice... La race dispersée,

La brise dévêtue embrasse la distance,

L'ancienne destinée.

Tout s'imprègne de joie :

De noires éclaircies sur tant de chairs brisées !

Les charmes désirés, les chastes puanteurs

Donnent des perles pures, vacillent, et vont heurtant...

Ô l'humble rareté qui va s'évanouir !

Mais l'autre plus encore agile en sa mouvance,

Va, entraîne et soulève la tardive en minuit.

Ho ! Centre présumé qui se dit plénitude !

En proie aux certitudes la vierge ensanglantée

Se repaît de ses sucs, tortueuse et se plisse.

Par sa tiédeur scabreuse, le reptile est choyé.

169


Roi ou esclave, qu'importe ! Prier et sauver !

Car hors de sa durée, il se donne à l'effort.

Mais quel amant attendre ? Le convive se pense...

Et invente pour soi un azur effleuré ! ...

170


Une fougue tranquille

Une fougue tranquille et constellée d'amour.

Elle répand la complainte des extases faciles.

Dans le plus pur hasard, elle, suprême, ailée,

Sa folie est en transe ! La justice s'évade !

Sous ses feux mille savoirs vont foudroyer dès lors

Les décrets, les sentences et l'espoir des mots fins.

Pareillé de vieillesse et de plaisirs lascifs,

Je cherche dans ton corps la faiblesse et la mort.

Je jette l'âge blanc et le marbre et la pierre,

Les serments, oliviers des années de jeunesse.

Car je sais le sang fourbe, la dynastie extrême,

Où l'âme se morfond dans les cris de l'espoir,

L'exercice assidu de nos nobles tourments,

Les fleurs immortelles et les senteurs de tes seins.

Se sertir de pâleur, de noires ignominies ?

Affreux soulagement des soleils taciturnes !

Séquestrer l'embellie et le monde éveillé,

Puis subir la souffrance de cent mille ectoplasmes

Le rejet des outrances, le défi éternel ?

171


Hideux dans l'existence, déjà les chiens accourent.

Le souffle est tortueux, il sait l'ignominie.

Ô rubis de tristesse, pourquoi autant de spectres

Acclament la puissance égarée dans leurs songes ?

Ce sont des arriérés, ces tendres Mercenaires,

Sur des ondes célestes et des temples crevés.

La science a brûlé des envieux parfois.

Ô les mornes succès sur les routes glaneuses !

Dans les feux des miroirs, des lumières tremblantes

Accrochent un diadème sur l'or de ma mémoire..

Mais tout se désespère ! Sortilège de nuire !

La substance cachée, les orgasmes faciles

C'est ainsi qu'est sorti, tiré de mille grandeurs

Le plus pur des nectars par les mœurs éprouvées !

Navire, voile gonflée bandant tout son honneur,

L'ardeur prétentieuse dans les tourments du Nord

Approche du radeau, apaise l'agonie !

172


Car l'esprit des misères, ivre de sang n'est plus !

Grave dans tes pensées, la proue de l'avant-garde !

Vois les mages d'hier ! Noircis les cieux tendus !

Tonnerres, déracinés, ombres et assassins.

Je prie, vieillesse conteuse, l'acte lent des péchés.

Au plus clair de la nuit, le complot s'extasie.

Il implore la folie horrible et ténébreuse,

Il tient d'un geste grave les sentences déchues

De ses miteux poètes, mais ce sont ses amis !

De sa fougue s'extirpe l'hommage fin, subtil,

L'extraction de la langue ! Le cœur cafardeux,

Ho ! Le cœur sait hurler pour le plaisir des mots.

Il perd dans son aurore l'oiseau de sa jeunesse.

Il propose un soupir au profond de son eau.

Toute coiffée de fleurs, la chère amie provoque

L'énigme, veut sa valeur. Serpentins de femme

Sous son rutilement avec des anges honteux !

173


C'est un Midi très grâce au rythme long et court

Encombré de victimes, acte saint du complot.

Dans le plus pur des songes, tout l'azur resplendit

Et la forme et le sens trouvent enfin le repos.

Avancez fort d'un mot, embellie de nos yeux !

Je prétends ignorer cette dorure sacrée.

Mais sais-tu, ô démon, où l'âme s'est cachée ?

C'est vrai, la platitude de mes puissants troupeaux,

Source d'esprits cyniques acclamait le méfait.

C'est vrai, cette inconstance a voulu envahir

Cette immense chorale faite de jeux d'enfants.

Sous ces râles si faibles, ô Seigneur, le doit-on,

Par un regard magique ravaler cette source,

Son écume pesante et nos humbles soupirs ?

Car le vois-tu, s'agrippent les blondes dérobades

Aux pans de la vieillesse. Des ornements d'argent,

Des orgies somptueuses et des traits d'infortune !

Ce mélange est bien doux ! L'acte noble s'enfuit !

174


Des catacombes parlent de rives insensées,

Mais ce sont des carences, des plaies à tourmenter !

Elles en sont à voler aux sombres autochtones

Un bruissement de nuit, une soierie d'amour !

Belle de combattants, captive de vieux rêves,

Elle caresse l'écrit d'un rouge tamisé.

Ô les sombres pensées qui effeuillent l'écrit.

Des projections de sang ! Seigneur, tu entends ?

Si parsemé de roses, d'intrinsèques bêtises

Tirant des voiles neuves, le spectacle est blasé,

La fleur, ô Seigneur, a conquis les prunelles

Exploitant des succès, dissipant des serments !

Impitoyable soumission que tu veux !

Voltigeant à l'espace des substances inertes,

Des diphtongues, des jets et des propos putrides,

Elle monte sur les cimes étranges de l'espace !

175


Ô doux Dieu, quelle race dont le corps en délire

Exprime son extase dans le désert des chairs...

L'esprit se réjouit, enflamme ses ardeurs.

Les monceaux, les débris ! Les douceurs si passives,

Les tirades offertes, les espoirs si fertiles,

Les semelles argentées et l'or de mes mains !

Les vases, les amphores de ses deux seins tombant ?

Les forces et les rages ? Les femmes qui s'excitent ?

Cette cérémonie, fontaine de la mort,

Le vagin du devoir, jouissance indomptée...

Sentences en son pouvoir, et les chants des nuées ?

Insectes ! La folie s'empare de ses membres.

Une à une, elles éclatent, les constances du don !

Bercée de vêtements immondes, Serpentine

Conçoit l'acte maudit, change la noire face

De ce nœud sanguinaire. Tout éclaire le Coran.

Ce sont les dernières traces d'un saint chéri

176


Qui meublent la forte cavalcade du suc !

Les entrailles offertes expulsent leurs cadences !

Refaire tous ses oiseaux ? Vengeances de la terre !

Donner le mal au mal ? Pleurer lubriquement ?

Le doute veut choisir. Que puis-je lui répondre ?

L'étreinte épanouie ! La femme et son odeur !

Illuminée d'ivresse, effrayée sous sa peau,

Resplendit la sublime si prude dans mes bras ! ...

Qui viole l'éther et s'octroie un champ pur ?

Mon doute s'appauvrit. Race des invisibles,

Le don de ma splendeur écartèle le vol !

J'exulte l'arôme des ténèbres écarlates !

Ha ! Triste mort, où suis-je en ce désert sans fin ?

Elle mortelle et fine ! Je colore sa lèvre.

Fécondée de génie, elle est supérieure,

Et propose en ses rires la future oraison.

Cloison, rubis, âges de somnolence, j'extirpe

Les stigmates du cygne bleui. Je dévale

Aux sources du minuit les vallons trépassés !

177


Apaisée et lointaine, l'adorable feuillée

Se plaît avec son nombre ! Mais son lac ne saurait

Contenir sous sa vase ces mythes entrelacés.

Dans le blanc de son ciel, le reflet de la femme

Endormie s'évapore jusqu'à la brume claire !

Ô les souffles exilés ! Et la vulve et la chair

Encore s'épanouissent sous les marbres vieillis !

Des résonances claires s'endormaient sur leurs seins.

Toi profonde tendresse, toi soupir de l'exil,

Tu reposes sur moi, et tu sembles m'aimer !

Mais la chose terrible comme l'œil de Satan

Semblera plus encore cafardeuse et noircie.

Ce doute parsemé de soupçons inconnus

Offre au seuil gracieux les excès de son acte,

La hauteur excessive, et l'effroi du ciel blond.

Obsédée, prometteur, perdition, sagesse !

Le pourrais-tu répondre, saphir de mon orgasme

Toi qui te modulas aux grâces des faiblesses ?

Toi qui sus par ta vulve rythmer et saccader

178


L'haleine douce du regard ? Parleras-tu ?

La beauté est langage bercé de ses parfums

Secrets et savoureux. Les eaux naissent de toi.

Serait-ce l'ombre inerte ? La forêt obsédée

Éclaire de sa pierraille, son siècle d'épaisseur.

Elle crie ses soyeuses envies aux miracles

En subtils bruissements. Délice qui veillez,

Voyez cette chimère lourde de connaissances

Qui oublie ses désordres, qui d'un pied retenu

Léger et lumineux exalte l'excrément !

Que résonne en son âme cette féroce ivresse

Ô ma tour ! Car l'ennui vulgaire écumant

Ses ébats inconnus concevra mes travaux !

Farandole de noires, ô les chemins du jour !

Et l'enfant envolé sous mille étoiles claires

Sait soumettre la ville à son autorité !

Le troupeau ; la carcasse s'abandonne, le toit

Et le feu ; c'est la vierge qui appelle ses ponts

Ses intérieurs, ses changements au printemps.

179


Que le navire baigné des courants de la mer

Puisse embrassé, levé son ennui si fécond !

Que s'enfuit la Princesse à la hanche mouillée !

Que le souffle fatal expire sur ses voiles !

Les paresseux nuages alourdis d'invisibles

Sont des mères légères porteuses de blancheurs.

Les rythmes et les brises ; le rapace du Sud,

Vengeur de vieilleries, farouche dans sa nuit

A dominé la race des langueurs de poèmes.

Mais lui, singulier, triomphe de sa fange !

Par son venin stérile, exploité, il échappe

Au satyre, au captif ! L'extraction s'apaise

En son léger délice. Le murmure est humain ! ...

Le glas a résonné, mais sa charge est perplexe.

D'une attention extrême piquée d'une pointe,

Me naissent de sinueux accords immortels ! ...

Bercée par ses caresses, l'étoile semble rare.

Respire, le Dieu, orfèvre des pensées

Cet accident stupide dont je détruis le sens !

180


Mais l'honneur se refuse aux astres les plus beaux.

L'estime est un bandeau que trace mon orgueil.

Des lignes fugitives, de profondes paroles ?

Ô pesante attitude, mon sphinx est déformé !

Des vols ont soulevé les contours de sa masse.

La moindre inclinaison dans ses airs de pastels

Éloigne sa pensée, ses pures nudités

Ses tardives tristesses, ses plumes enchantées.

Un miroir presque fou proposant des Sylphides

Creuse dans l'innocence fragile des tombeaux

Et sous ces trous amorphes, une épée violente

S'engorge de nectar pour plaire à tous ses dieux !

Et plaintive la guerre renaît vers les aimées,

Ô batailles perdues dans le cœur des humains !

Voltige, tourbillonne dans les bras des aînés !

C'est la soumission pour le savant qui cherche ! ...

Est-ce en ces temps mauvais que toi mon cher Pinacle

Tu t'es galvanisé pour ton âme incomprise ?

181


Que de raisons honteuses ! Mais feignant un miracle

L'âme seule tel un peuple enivré d'esprits lents

Vers la symphonie hurle pour de pures frayeurs.

Au profond de son gouffre, pareillée de rubis

Elle, femme vicieuse du nombril à ses reins

Invisible et suave, blondeurs entrelacées...

On entend des louanges, de noires calomnies

De lubriques fantassins etc.

182


Le rêveur

L'Huile fraîche

L'œil voilé par l'azur qu'une lente descente

Éblouirait encore d'une clarté funèbre,

Prolonge une lugubre vision diurne entre

Les larges ifs plantés dans le lieu des ténèbres

Et succombe lentement, ô parabole magique,

À ce fade désespoir du paysage blêmi.

Comme buvant, perdu cette froideur de site

Que le maître du temps éloigne et abolit,

Il luit, rêveur ailé ! D'une pupille morne

Voit les tristes lueurs qui au lointain s'endorment.

La paupière que le ciel imperceptible bat

Couvre la pâle image, et le rêveur s'en va.

183


Il est un minuit

Il est un minuit qui se perd et que tu enjambes malgré

toi. Certaines concordances dissidentes naissent du coffre des

ombres. Des feuillées d'abeilles tourbillonnent par-delà les

minuits dans les grands regrets du mécanisme. Les tapis d'or

placés sur les dômes d'azur ne sont que des succursales

initiatrices de notre inconnu.

Léger comme l'envol, virevoltant sur des incendies

fraîchis, l'ange plonge dans les gaz et les étoffes et les

mousselines argentées.

L'horloge tinte les douze doigts de la présente année,

et semblable aux modulations des cloches à venir, s'évadent

des sonorités telles l'Angélus ou la Métaphore du Soir.

184


Les ondes turbulentes

Les ondes turbulentes, les nacres bouillonnantes, les

incendies, les glaives, les suprêmes disques de l'azur, les chocs

sinistres et deux contradictions dans l'ouragan frénétique !

Blessés, hommes terrassés, femmes défigurées,

vieillards impotents et cheval fougueux jetant sa crinière

blanche dans les cavalcades du temps.

Carnassiers de l'amour, spectre figuratif : qu'on

restitue l'image sacrée, qu'on étouffe les sanglots de nos

chœurs, qu'on brave la nécessité révoltante ! Quelle heure, quel

instant pour approfondir les causes de la cité ?

185


Fuir, fuir !

Fuir, fuir ! Mais où ? Quelle destination sublime ou

quel mal nous dépècera encore ?

Je suis parti ! Une mélodie étrange d'évasion, un

instant de solitude espéré depuis tant de mois... Et puis... et

puis la chute !

Oh ! L'incertitude, sœur de mon enchaînement, quand

me délivreras-tu ?

Pourtant dans l'Azur, le matin je vois parfois les

premières pierres d'un Temple, et je souris quand les rayons

frappent d'un éclat vermeil les plus hautes fenêtres de ma

demeure.

186


Pour l'ombre de toi-même

Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges

Dans le pur infini de ton morne délice.

Et battrais-tu de l'aile ? Toi tourmentée tu sondes

Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...

Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,

Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !

Sous le déchirement de l'éternel carnage

Un mage déployé venait et fécondait !

Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,

Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.

Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,

Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,

Du pur consentement toi tu vas et regagnes,

Les mâtures inventées, les vagues et les drames !

187


Rayons de pourpre

Rayons de pourpre ; des corps d'ébène sur des ivresses !

Des terrasses de marbre ; des ombres licencieuses ;

Plus lourde que la houle, l'onde écarlate tremble ;

Dressées les cathédrales, un mur de pierres poreuses ;

Le murmure et l'azur de Novembre, dessous ;

C'est la femme de grâce aux alizés si clairs ;

La résonance des ventres, si sublime ; deux êtres ;

Je lave ces douceurs qui coulent sur ma bouche !

Le ravin déchiré s'accuse de violence.

En effet, l'eau limpide, capiteuse pour nos corps.

Furie de l'âme impure - déroulement. Exact !

Transfuge d'un suicide où je rêvais, moi, terne ?

Qu'importe ! Le plus haï disperse mon âme.

Onde vaporeuse ou insouciance bénigne, que faire ?

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