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Remarques sur le projet essentialiste de Brian Ellis en Philosophie de la Nature | Philippe Gagnon<br />

80<br />

le chloride d’hydrogène (HCl) y devient un acide en vertu du fait qu’il peut donner un proton et non parce qu’il<br />

contient des ions H + . C’est une théorie affectionnée de la part de ceux qui travaillent intensément sur des solutions<br />

aqueuses. Or elle n’est applicable qu’à des systèmes où l’on retrouve des protons en solution, si bien qu’elle n’est<br />

d’aucune utilité pour des solvents non protoniques, tel le tétroxyde de diazote (N 2 O 4 ). Lorsque l’intérêt s’est<br />

déplacé vers les réactions dans des solvents non aqueux, une définition qui ne prendrait pas en compte le proton est<br />

devenue désirable. On a alors parlé du système de solvent, un acide étant un solute donnant un cation (ion +), alors<br />

qu’une base fourni un anion (ion -). Quels en sont les avantages pour des solvents qui ne contiennent pas de<br />

protons ? Essentiellement d’avoir permis de comprendre le comportement de composés chimiques instables dans<br />

l’eau. Ce système par contre n’est applicable qu’à des réactions en solution, et s’il a permis d’étendre l’idée d’acide<br />

et de base aux solvents non protoniques, il a dû être élargi.<br />

Dans théorie de Lewis, la présence d’un solvent est tout à fait secondaire et la question de savoir si la<br />

neutralisation aura lieu dépend de la disposition des électrons dans les réactants. Toutes les bases y sont considérées<br />

comme ayant en commun une paire d’électrons qui peuvent entrer en liaison. Les acides en revanche ont des<br />

orbitales inoccupées. On rend compte de la neutralisation par la formation de liaisons covalentes. Cette théorie est<br />

tellement générale qu’elle permet souvent de deviner si des composés réagiront, sans toutefois remplacer<br />

l’expérience puisque des désaccords entre prédiction et expérience se sont produits. Une autre manière de<br />

l’exprimer serait de dire que le chimiste se sert d’une théorie en dépendance de ce qu’il étudie et des possibilités de<br />

déduction uniforme eu égard à l’objet considéré.<br />

Ellis envisage l’objection selon laquelle les composés chimiques n’auraient pas de pouvoir causal essentiel.<br />

Selon celle-ci leur pouvoir (1) dépendrait entièrement des structures atomiques où se trouve l’essence des types<br />

moléculaires, et de plus (2) ces structures moléculaires étant des propriétés catégorielles, les lois des<br />

comportements chimiques devraient alors être considérées comme contingentes. Cet argument, nous dit Ellis, est en<br />

défaut à cause de la prémisse (2) ; en effet, les structures atomiques ne sont pas des propriétés catégorielles, parce<br />

qu’une structure exige des éléments causalement connectés. Ellis défend donc l’existence de pouvoirs causaux<br />

présents sous les structures moléculaires. Ces lois sont a posteriori, mais selon lui ceci n’implique pas leur<br />

contingence. On pourrait déterminer par exemple que le sucre est soluble dans l’eau si nous en savions assez à<br />

propos des pouvoirs causaux des composants subatomiques des atomes A et B, leur arrangement respectif et la<br />

manière dont ils sont disposés à interagir. La conséquence en est qu’une propriété d’une chose ou type naturel<br />

possédée nécessairement peut ne pas être une propriété essentielle des entités de ce type 64 . Ellis revient ainsi sur son<br />

affirmation faite dans Scientific Essentialism d’après laquelle les propriétés essentielles d’un type incluent toutes les<br />

propriétés intrinsèques et les structures qui le font le type de chose qu’il est. Il corrige cette affirmation en arguant<br />

que les propriétés essentielles d’un type incluent toutes et seulement les propriétés intrinsèques et les structures qui<br />

le font ce qu’il est. Si le sucre est soluble dans l’eau et doux au goût, ces traits n’en sont pas des propriétés<br />

essentielles. La composition de l’eau n’implique pas non plus qu’elle ait la capacité de dissoudre le sucre.<br />

MARZO<br />

2012<br />

64 The Metaphysics of Scientific Realism, p. 112-113. Cf. notre note 39, supra.

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