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Remarques sur le projet essentialiste de Brian Ellis en Philosophie de la Nature | Philippe Gagnon<br />

pour un an, nous avons des chances similaires de voir une désintégration α. Observons 1 000 milliards de noyaux<br />

pendant un an, et nous aurons des chances d’observer 1 000 désintégrations. Outre qu’il n’y ait guère de sens à<br />

parler de l’essence d’un phénomène statistique, témoignant de l’absence de véritable considération pour<br />

l’explication statistique, cela a au moins le mérite de nous forcer à considérer le problème.<br />

4. La place de l’historicité dans la construction de l’explication<br />

La manière dont Ellis est prompt à tirer des conclusions assez grandioses sur la modalité du nécessaire<br />

relativement à la structure des éléments composant la matière pourra paraître imprudente au vu de certaines<br />

observation. Considérons un instant la question de la structure du tableau périodique. Dans les connaissances en<br />

astrophysique qui s’offrent à nous, en l’état présent de développement du savoir, une série de questions peuvent et<br />

peut-être même doivent surgir dans l’esprit à l’égard des premiers moments de l’évolution de la matière. Déjà L.<br />

Henderson dans The Fitness of the Environment (1913) avait attiré l’attention sur les propriétés étonnantes de<br />

l’atome de carbone, capable de se lier avec lui-même, et sur celles plus générales de la molécule d’eau. Plus on<br />

considère cette dernière, plus les questions nous viennent à l’esprit, comme on a encore tenté d’en rendre compte<br />

récemment 50 .<br />

Si nous nous reportons au premières minutes qui suivent l’explosion du big bang, nous verrons nos modèles<br />

suggérer que le carbone, qui est aujourd’hui le quatrième élément en termes d’abondance cosmique, après<br />

l’hydrogène, l’oxygène et l’hélium respectivement, n’y existe pas encore, pas plus que l’oxygène d’ailleurs. On ne<br />

trouverait nul d’entre eux lors des trois premières minutes. Il y a quelque chose dans la structure des éléments légers<br />

qui a empêché la formation initiale des éléments lourds. Initialement, des photons de haute énergie sont transformés<br />

en protons. Puis ceux-ci se combinent en isotopes de l’hydrogène, soit le deutérium (2H de masse 2), le tritium (3H<br />

de masse 3) et les particules α (de masse nucléaire 4 et équivalant aux noyaux d’hélium, réunissant 2 protons et 2<br />

neutrons). Il n’y a pas de masse stable de niveau 5 qui ait été alors produite. Elle seule aurait permis, par fusion, la<br />

formation immédiate du carbone et de l’oxygène 51 .<br />

Cette absence d’une masse stable de cinquième niveau est certainement liée de très près aux propriétés<br />

ultérieures du processus de composition cosmique des éléments qui prennent un temps long pour en arriver à la<br />

présence des éléments lourds. L’absence d’une gradation successive d’un seul niveau dans les masses nucléaires<br />

signifie qu’au lieu d’un ordonnancement régulier en échelle, nous sommes en présence d’un saut de quatre, ce qui<br />

rend difficile et pratiquement impossible la composition des noyaux lourds antérieurement à leur période<br />

d’incubation dans les étoiles. Sans un pareil « défaut » du tableau périodique, nous aurions vu la composition des<br />

éléments se produire rapidement, jusqu’aux métaux, sans l’abondance de carbone et d’oxygène dont fait montre<br />

74<br />

MARZO<br />

2012<br />

50 Cf. J. FINNEY, « An Introduction to the Properties of Water » in R. LYNDEN-BELL, S. CONWAY-MORRIS, J. BARROW, J. FINNEY et C. HARPER<br />

Jr., Water and Life: The Unique Properties of H 2 O, Boca Ranton, CRC Press/Taylor & Francis, 2010, p. 29-47.<br />

51 Cf. A. GUTH, The Inflationary Universe, New York, Basic Books, 1997, p. 97-98 ; également O. GINGERICH, « ’God’s Goof’ and the Universe<br />

that Knew we were Coming » in Science and Religion: Are They Compatible?, P. KURTZ (éd.), New York, Prometheus, 2003, p. 53. L’A. tire<br />

des conclusions sur le principe anthropique et le théisme qui ne font pas partie de notre présent propos. G. GAMOV pour sa part avait, dans My<br />

World Line (1950), ironisé sur ce Dieu semblant improviser au petit bonheur, considérations qui servent de point de départ à Gingerich.

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