10/05/2012 - Myclipp
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Le Monde/ - Politique, Qua, 16 de Maio de <strong>2012</strong><br />
CLIPPING INTERNACIONAL (Conseil Constitutionnel)<br />
Un réformiste de gauche à l"Elysée<br />
Socialiste ? Social-démocrate ? Progressiste ? Le<br />
septième président de la Ve République, celui qui,<br />
désormais, comme l"a rappelé Jean-Louis Debré,<br />
président du Conseil constitutionnel, "incarne la<br />
France", est d"abord et avant tout un réformiste.<br />
François Hollande se réclame du "réformisme de<br />
gauche", qui est pour lui à la fois une méthode et une<br />
stratégie. C"est en mai 2003, lors du congrès de Dijon<br />
du Parti socialiste, le premier qui a suivi l"élimination<br />
de Lionel Jospin au soir du premier tour de la<br />
présidentielle de 2002, que le député de Corrèze<br />
impose le concept de "réformisme de gauche". Il le fait<br />
à travers une motion qui réclame, au passage, une<br />
réorientation des missions de la Banque centrale<br />
européenne...Pour celui qui va être durant onze ans à<br />
la tête du PS et qui n"a jamais voulu créer sa propre<br />
chapelle, il s"agit de tracer son sillon pour favoriser la<br />
reconstruction d"un parti défait par le 21 avril 2002.<br />
L"homme de la synthèse ouvre une troisième voie<br />
entre l"aile gauche du PS, qui, rassemblée alors<br />
autour de Jean-Luc Mélenchon, se veut l"héritière<br />
radicale d"une première gauche étatiste, et les amis de<br />
Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius, qui<br />
réunissent derrière l"étendard de la modernité les<br />
fidèles de la deuxième gauche. A travers son<br />
"socialisme de la réalité", François Hollande esquisse<br />
une troisième gauche, qui lui paraît la réponse<br />
"adéquate à la fois pour assumer notre identité, fixer la<br />
ligne stratégique et marquer le<br />
renouvellement".Jusqu"à la fin de son mandat de<br />
premier secrétaire du PS, en novembre 2008, à l"issue<br />
du calamiteux congrès de Reims, François Hollande<br />
assumera son réformisme. Avant son départ, il fera<br />
même adopter, en juin 2008 et à l"unanimité d"une<br />
formation pourtant très divisée, une nouvelle<br />
déclaration de principes qui affirme : "Le Parti<br />
socialiste est un parti réformiste. Il entend exercer les<br />
responsabilités de gouvernement, à tous les niveaux,<br />
afin de changer la société. Il porte un projet de<br />
transformation sociale radicale."La durée, la méthode,<br />
graduelle et contractuelle, le renouvellement de la<br />
pensée sont les maîtres mots de ce "réformisme de<br />
gauche", de ce "hollandisme". C"est le fil conducteur<br />
de Droit d"inventaires (Seuil, 2009), le livre<br />
d"entretiens avec le journaliste Pierre Favier, qu"il a<br />
publié près de dix-huit mois avant de déclarer, le 31<br />
mars 2011, sa candidature à l"élection présidentielle.<br />
Un ouvrage qui éclaire la philosophie du nouveau<br />
président de la République, une philosophie qu"il<br />
partage pleinement avec Jean-Marc Ayrault, son<br />
premier premier ministre.François Hollande a<br />
l"obsession d"installer la gauche dans la durée. S"il<br />
affiche une forte admiration, teintée de mimétisme,<br />
pour François Mitterrand, le second président<br />
socialiste de la Ve République déplore l"occasion<br />
manquée de 1981 qui a tourné au feu de paille : "Cette<br />
idée que la gauche pouvait tout changer en deux ou<br />
trois ans, voire en cinq ans, était pernicieuse,<br />
dangereuse même. Laisser penser que la réalisation<br />
des 1<strong>10</strong> propositions devait installer le socialisme en<br />
France n"était pas une utopie, mais une illusion qui<br />
appelait forcément un dénouement brutal et qui<br />
induisait la précarité politique." De ces années<br />
Mitterrand, le futur président a tiré la conclusion que la<br />
démarche la plus adaptée résidait dans un réformisme<br />
fondé sur un "gradualisme" et des étapes : "La durée<br />
pour assurer le changement et le changement dans la<br />
durée."Pour François Hollande, l"objectif de ce<br />
réformisme est de "promouvoir une démocratie de la<br />
réussite, celle où le collectif qui représente la nation<br />
permet la promotion de l"individu et où le succès de<br />
chacun contribue à la performancedu pays". Sa<br />
méthode réside dans l"art de gouverner. Refusant<br />
d"être, à l"image de Nicolas Sarkozy, un<br />
"hyperprésident", il entend "fixer les priorités" et, à<br />
l"opposé, laisser son premier ministre gouverner, le<br />
Parlement légiférer, les corps intermédiaires faire<br />
entendre la voix de la société civile. L"instrument, c"est<br />
le contrat. "Je crois dans la démocratie sociale", a<br />
déclaré le nouveau président, dans son discours<br />
d"investiture, mardi 15 mai, ajoutant devant les<br />
dirigeants des syndicats et du patronat, invités pour la<br />
première fois à une telle cérémonie, que "de nouveaux<br />
espaces de négociation seront ouverts aux partenaires<br />
sociaux, qu"(il) respectera".Constatant que, depuis<br />
plusieurs années, "le socialisme navigue à vue" et qu"il<br />
pratique "l"équilibrisme, comme un funambule qui<br />
craint de tomber à droite ou à gauche et quin"avance<br />
plus, tétanisé par le vide", François Hollande veut,<br />
enfin, lui redonner une identité réformiste : "Rien ne<br />
sert de vouloir ressembler à d"autres pour séduire :<br />
être plus à gauche, plus en vert, plus au centre. (...)<br />
Nul besoin de réinventer la mission, la perspective ou<br />
les valeurs mais obligation nous est faite de repenser<br />
régulièrement nos instruments, nospolitiques, nos<br />
moyens". A ses yeux, il s"agit en premier lieu de<br />
"repenser le travail, l"éducation et la redistribution".Le<br />
nouveau président veut réhabiliter la réforme, en<br />
combinant "la durée et l"équité, la sécurité et l"équité".<br />
"Aucun acquis n"est pérenne, écrivait-il encore en<br />
2009, mais il est possible d"y renoncer en fonction<br />
d"un nouvel équilibre, d"un nouveau pacte<br />
générationnel, d"une nouvelle stabilité. Ce qui entrave<br />
la réforme, c"est le défaut de justice et le manque de<br />
visibilité." Son réformisme de gauche se veut<br />
pragmatique. Il reste à François Hollande à démontrer<br />
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