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Le Monde/ - Politique, Seg, 14 de Maio de <strong>2012</strong><br />

CLIPPING INTERNACIONAL (Conseil Constitutionnel)<br />

L"affaire Mediator : retour sur 18 mois de<br />

scandale<br />

Lundi 14 mai s"ouvre devant le tribunal correctionnel<br />

de Nanterre (Hauts-de-Seine) le premier procès pour<br />

"tromperie aggravée" des laboratoires Servier et de<br />

leur fondateur Jacques Servier, 90 ans, poursuivis<br />

pour la commercialisation entre 1976 et 2009 du<br />

Mediator qui aurait provoqué la mort de 500 à 2 000<br />

personnes. Retour en vidéos sur la plus grave crise<br />

sanitaire en France depuis l"affaire du sang contaminé<br />

dans les années 1980.A l"origine de l"éclatement du<br />

scandale, une femme. En 2007, la pneumologue Irène<br />

Frachon constate chez plusieurs de ses patients des<br />

cas de valvulopathie, une maladie grave détruisant les<br />

valves cardiaques. Tous ont un point en commun : ils<br />

sont ou ont été traités par le benfluorex, principe actif<br />

du Mediator, un antidiabétique du laboratoire Servier<br />

commercialisé en 1976, et depuis largement détourné<br />

comme coupe-faim. Le 25 novembre 2009, l"Agence<br />

française de sécurité sanitaire des produits de santé<br />

(Afssaps) arrête la vente du Mediator et de ses<br />

dérivés, après que les résultats de l"étude<br />

épidémiologique d"Irène Frachon ont confirmé ses<br />

doutes sur la dangerosité du produit.En juin 20<strong>10</strong>, elle<br />

publie un livre polémique intitulé Mediator 150 mg,<br />

combien de morts ?, que les laboratoires Servier<br />

tentent de faire interdire pour calomnie, en vain. Elle y<br />

met l"Afssaps en cause pour son absence de réaction.<br />

Pour la pneumologue, "le médicament devait être<br />

retiré en même temps que l"Isoméride", un autre<br />

coupe-faim des laboratoires Servier proscrit en<br />

1997. Si le directeur de l"Afssaps, Jean Marimbert,<br />

admet que le Mediator était en cours d"évaluation<br />

depuis le début des années 2000, il précise que "très<br />

peu de signalements d"effets indésirables sont<br />

remontés dans le courant des années 2000." "On a<br />

quelques dizaines de cas (de valvulopathie) qui nous<br />

sont signalés courant 2009. Et à partir de là, on<br />

suspend le produit", se défend-il. Une déclaration<br />

désavouée par l"Inspection générale des affaires<br />

sociales (IGAS). Dans un rapport publié le 15 janvier<br />

2011, elle dénonce une "incompréhensible tolérance"<br />

à l"égard du Mediator dès le départ, c"est-à-dire dès<br />

son autorisation de mise sur le marché accordée en<br />

1974. Le retrait de ce médicament "aurait pu être<br />

décidé dès 1999", soit dix ans avant son retrait effectif,<br />

selon le rapport d"enquête remis au ministre de la<br />

santé, Xavier Bertrand. Ce dernier met en cause "une<br />

responsabilité première et directe" des laboratoires<br />

Servier, s"engageant par ailleurs à "rebâtir un nouveau<br />

système de sécurité sanitaire" pour éviter "un nouveau<br />

Mediator".Malgré l"interdiction de l"Afssaps et les<br />

nombreuses sollicitations des agences de<br />

pharmacovigilance, l"affaire ne sera révélée au grand<br />

public qu"un an plus tard, en novembre 20<strong>10</strong>, par<br />

Xavier Bertrand. "Tout patient qui a pris du Mediator<br />

doit consulter son médecin généraliste", déclare-t-il à<br />

la presse. "Et tout patient qui a pris du Mediator<br />

pendant trois mois au moins ces quatre dernières<br />

années doivent tout particulièrement consulter son<br />

médecin." L"IGAS est alors mandatée pour étudier la<br />

question du renforcement de la pharmacovigilance. La<br />

question du nombre de patients concernés est aussi<br />

posée, Xavier Bertrand annonçant le chiffre probable,<br />

mais non vérifié à l"époque, de 300 000<br />

consommateurs depuis 2006, qui feraient écho aux<br />

quelque 500 à 2 000 morts estimés, selon plusieurs<br />

études. Un chiffre contesté par les laboratoires<br />

Servier. En janvier 2011, Jacques Servier lui-même le<br />

minimise lors d"une allocution devant ses employés.<br />

"Les 500 victimes attribuées au médicament ne<br />

seraient qu"un chiffre marketing", aurait-il déclaré,<br />

selon le quotidien Libération. Un déni en toute<br />

connaissance de cause, selon le Figaro : un rapport<br />

aurait été commandé en juillet 2009 par Servier, dont<br />

les résultats, communiqués en octobre 2009, sont<br />

sans équivoque : sur 45 malades testés, le Mediator<br />

est dangereux dans près de deux tiers des cas. Le 11<br />

janvier 2011, le président de l"Association des victimes<br />

de l"isoméride et du Mediator (AVIM),<br />

Dominique-Michel Courtois, dépose à Paris 116<br />

plaintes pour homicides et blessures involontaires de<br />

victimes présumées du Mediator. Moins de deux mois<br />

plus tard, le 9 mars, coup d"éclat : le groupe Servier<br />

annonce être disposé à indemniser les plaignants s"ils<br />

consentent à retirer leurs plaintes. Refus catégorique<br />

de la part des parties civiles, pour qui cette annonce<br />

montre que Servier reconnaît implicitement la<br />

dangerosité du produit : "Le point principal à mon<br />

sens, c"est que pour la première fois, le laboratoire<br />

reconnaît qu"il existe des victimes de Mediator et que<br />

le Mediator est un produit nocif pour la santé<br />

humaine", affirme Charles-Joseph Oudin, avocat de<br />

victimes du Mediator. Le 6 septembre 2011, à moins<br />

de trois semaines de la comparution de Jacques<br />

Servier devant le tribunal correctionnel de Nanterre,<br />

nouvelles révélations fracassantes : les laboratoires<br />

Servier auraient, dès les années 1970, dissimulé<br />

plusieurs éléments sur la composition et les effets du<br />

médicament, afin d"en obtenir la mise sur le marché.<br />

Selon deux scientifiques entendus par les juges<br />

d"instruction, Servier aurait gommé toute référence à<br />

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