YEARBOOK OF THE ALAMIRE FOUNDATION

MUSIQUE ET POLITIQUE À FLORENCE
Soverch’amor: Alexandre était connu pour sa vie débauchée et ses passions féminines.
Son cousin Lorenzino lui tend un piège dans la nuit du 5 janvier 1537, lui laissant
croire à un rendez-vous amoureux. Les commentateurs ont vu tour à tour la belle
Caterina Ginori ou Laudomia, la propre sœur de Lorenzino, servir d’appât pour attirer
Alexandre dans les appartements de Lorenzino. 23
Serv’in fraude/serv’infido: Lorenzino de’ Medici, cousin du duc, était l’un de ses
courtisans et l’un de ses plus proches compagnons de débauche.
Au-delà des circonstances du drame, qui sont décrites avec précision, le poème
cherche à en tirer des conséquences morales: c’est bien sûr l’amour tout-puissant et
aveuglant, ainsi que la trahison d’un serviteur infidèle qui sont responsables de la
mort du duc. Mais le premier vers, «miseri padri e folli», pointe la personnalité de
Clément VII comme étant à l’origine de l’assassinat de 1537.
Dans ce madrigal comme dans le précédent, on ne trouve nulle trace de compassion
envers l’un des plus importants personnages de la famille Médicis, qui était
également l’un des plus controversés. Ces deux textes montrent qu’à la cour de Cosme
1 er , vers 1550, la célébration familiale n’est pas exempte de critique, et que la période
troublée qui précède 1537 est analysée avec une certaine objectivité. C’est d’ailleurs
la même impression qui ressort à la lecture des histoires contemporaines rédigées
dans l’entourage de Cosme, et parfois à sa demande. François Guichardin, Bernardo
Segni ou Benedetto Varchi, malgré leur dépendance à l’égard du duc, ne s’abstiennent
pas pour autant de toute critique envers les membres de la famille Médicis qui
l’ont précédé, qu’il s’agisse d’Alexandre ou de Clément VII. 24
NOSTALGIE DE L’ÂGE D’OR: LAURENT LE MAGNIFIQUE ET HIPPOLYTE
Les deux autres madrigaux politiques contenus dans les manuscrits de Masacone se
distinguent des précédents pour deux raisons: d’abord, ils montrent un narrateur beaucoup
plus engagé personnellement, beaucoup plus acteur des événements que ne
l’étaient ceux des précédents madrigaux; ensuite, ces textes sont plus difficiles à analyser,
car les circonstances précises auxquelles ils font allusion ne sont pas clairement
identifiables. La présentation qui suit propose des hypothèses quant à une interprétation,
avant de tenter une évaluation globale de ce répertoire et de sa signification.
23 La relation la plus détaillée (et sans doute la plus fidèle) des faits est celle de VARCHI, Istoria delle
guerre della republica fiorentina. Voir aussi A. GAREFFI, La scrittura e la festa, Bologne, 1991, chap.
6, pp. 219–242.
24 Une vision d’ensemble de l’historiographie florentine sous le règne de Cosme 1 er est fournie par VON
ALBERTINI, Firenze dalla repubblica al principato, chap. 5, pp. 306–350.
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