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YEARBOOK OF THE ALAMIRE FOUNDATION

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214 PHILIPPE CANGUILHEM<br />

Le jugement de Guichardin contribue également à éclairer le texte du madrigal suivant,<br />

encore plus critique à l’égard de Clément VII. 21<br />

Miseri padr’e folli<br />

Che pur tropp’amorosi et tropp’ai cari<br />

Dolci figluoi vi dimostrat’avari.<br />

Soverch’amor il molle fren’ogn’hora<br />

A quei rallenta et gli conduc’in parte<br />

Ove l’ingegn’et l’arte<br />

De serv’in fraude si convert’alhora<br />

Che la tenace man ritir’il morso<br />

Al piu veloce corso<br />

Cosi nel proprio nido<br />

Vien frandolent’il figlio il serv’infido<br />

Pères misérables et fous<br />

Qui êtes trop avares et trop amoureux<br />

De vos fils chers et doux<br />

L’amour souverain leur fait parfois lâcher<br />

Le léger frein, et les conduit en partie<br />

Là où l’esprit et l’art<br />

Des vils serviteurs s’est alors converti.<br />

Que la dure main enlève le mors<br />

Lors de la course la plus rapide:<br />

Alors dans son propre nid<br />

Le fils est détruit par le serviteur<br />

infidèle<br />

Nous voici devant un texte tout à fait étonnant, qui tranche avec les poésies habituellement<br />

mises en musique par les compositeurs de madrigaux. L’événement évoqué<br />

ici a eu lieu dix ans après le sac de Rome: en janvier 1537, le duc de Florence Alexandre<br />

était assassiné par son cousin, Lorenzino. Le poète, sans nommer explicitement les<br />

différents protagonistes, donne cependant suffisamment d’indices pour que le décryptage<br />

de son texte à portée moralisante soit aisé. En voici les principales clés: 22<br />

Padri: Il ne fait aucun doute que Clément VII est ici visé, lui dont on disait qu’il était<br />

le père véritable d’Alexandre, né d’une liaison avec une servante maure, Simonetta.<br />

Lui-même répandait la version officielle, selon laquelle Alexandre était le fils naturel<br />

de Laurent duc d’Urbin.<br />

Tropp’amorosi, ai cari dolci figliuoi: lorsqu’à la chute de la République florentine<br />

en 1530, Clément VII négocia avec Charles-Quint un retour des Médicis au pouvoir<br />

à Florence, il favorisa Alexandre aux dépens de son cousin Hippolyte, qui aurait dû<br />

logiquement être choisi, car il descendait d’une lignée plus directe. Afin d’écarter ce<br />

dernier des affaires florentines, il l’avait nommé cardinal en 1529.<br />

Avari: Clément VII avait la réputation d’être avare, comme le rappelle Guichardin<br />

ci-dessus.<br />

21 Texte établi à partir de Civ1, n° 48.<br />

22 Sur la rumeur bien répandue de la véritable paternité d’Alexandre, voir par exemple B. VARCHI,<br />

Istoria delle guerre della republica fiorentina, Leyde [recte Venise], 1723, col. 485. Sur Hippolyte,<br />

voir ci-dessous note 35.

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