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YEARBOOK OF THE ALAMIRE FOUNDATION

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210 PHILIPPE CANGUILHEM<br />

couronnement de l’empereur à Bologne en 1530. 8 En tout, ce sont donc quatre madrigaux<br />

qui seront étudiés ci-dessous: ce travail portera avant tout sur les textes chantés,<br />

en faisant abstraction de leur musique, qui dans le cas présent, n’est d’aucun secours<br />

pour aider à l’établissement des circonstances de création de ces œuvres. 9<br />

LE SAC DE ROME ET CLÉMENT VII<br />

Le premier événement évoqué de façon certaine se trouve dans un madrigal attribué<br />

à Arcadelt dans une autre source, mais avec un texte légèrement différent.<br />

Ce madrigal, à la différence des autres madrigaux politiques contenus dans les<br />

deux manuscrits de Masacone, n’est pas à proprement parler un unicum, puisqu’il est<br />

paru en 1545 dans la réédition du quatrième livre de madrigaux d’Arcadelt, mais le<br />

texte imprimé et la version transmise par Masacone varient sensiblement. Comme le<br />

fait apparaître la mise en regard des deux versions, le texte original a été modifié pour<br />

permettre d’illustrer une circonstance précise, l’invasion de Rome par les troupes<br />

impériales en mai 1527. Le détournement du texte s’est opéré de façon assez simple:<br />

la femme aimée est devenue l’Eglise, qui a «caché ses beaux yeux» à l’amour, en<br />

d’autres termes qui s’est détournée de ses missions premières, causant ainsi la douleur<br />

et la cécité de Rome. Les très légères modifications qui altèrent ensuite le texte<br />

original sont presque superflues, tant sa lecture au deuxième degré est aisée: l’Eglise<br />

appartient plus aux autres (c’est à dire à ses fidèles) qu’à elle-même (c’est à dire à<br />

ses dirigeants); enfin, le dernier vers doit être à présent compris au sens propre, et<br />

non plus au sens figuré. 10<br />

8 Sur le motet original, voir l’excellent article de K. PIETSCHMANN, A Motet by Costanzo Festa for<br />

the Coronation of Charles V, dans Journal of Musicological Research, 21 (2002), pp. 319–354. La transformation<br />

de l’acclamation liturgique traitée sous forme d’ostinato et les variantes musicales légères<br />

mais significatives montrent qu’il s’agit d’une version postérieure à celle destinée au couronnement de<br />

1530: peut-être a-t-elle été donnée à l’occasion de l’entrée de Charles V à Florence en mai 1536.<br />

9 Je réserve l’étude musicale de ces pièces à un ouvrage actuellement en préparation, qui comprendra<br />

également les partitions les plus intéressantes des unica présents dans Civ1 et Corsini. A l’exception<br />

de Deh perche si rebella, on ignore le nom des compositeurs des madrigaux étudiés ici. D’après leur<br />

style musical, ils pourraient avoir été composés aussi bien par Corteccia que par Arcadelt, ou que par<br />

un de leurs contemporains.<br />

10 Il n’est toutefois pas impossible que le texte initial soit déjà une critique de l’Eglise prenant la forme<br />

d’une métaphore, plus subtile, et que la version transmise par le manuscrit de Corsini en soit une «explication»:<br />

voir par exemple la célèbre métaphore de Michel-Ange, Per molti, donna, anzi per mille<br />

amanti, ou le madrigal de Verdelot cité dans la note suivante.

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