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BEN THE FISHERMAN
The village of Corossol. A shrine with a statue of Saint Louis
overlooks the bay with its boats at anchor. From its rocky
promontory, the patron saint of fishermen seems to keep watch
on the house below. A commemorative plaque: “In memory of the
sailors lost at sea. Eternal rest.”
A brightly colored shirt; a house with an opaline green façade;
the man who welcomes us on his doorstep seems to have been
out to sea a million times. Jean-Bernard Bernier, “but everybody
calls me Ben,” he announces. Returning to sit in the middle of the
polychromatic fishing nets that hang on the walls, knitting needles
in hand, he takes us back over eighty years in time. “I was born in
this little house, in the same room where we are now. I lived here
with my mother until I was 49, when she passed away. For the past
31 years I have lived alone in my little cottage.” Ben recalls the old
fishermen and the nuns that taught him how to knit, pointing a
slender finger at the casting nets and other kinds of netting that
he sold back then. “Little versions made for decoration, they sold
rapidly. If you look closely, in all the houses of Saint Barth, the
only curtains made like this are mine! Now that they are made
by machine, these are too expensive. Sometimes people ask me:
what kind of machine do you use to make them? The machine, it’s
right in front of you.”
Bobbins of dyed yarn from India, a small world of nuances
suspended in time in Ben’s little house, to which we were lucky to
be invited.
BEN LE PÊCHEUR
Quartier de Corossol. Dans sa petite chapelle, la statue de Saint-
Louis domine la crique aux ancres. Sur son promontoire rocheux, le
saint patron des pêcheurs semble veiller sur la case en contrebas.
Une plaque commémorative. « En mémoire des marins disparus en
mer. Repos éternel ».
Credit photo: ©EmilyLab
Chemise bariolée, façade de maison verte opaline, l’homme nous
accueille sur son seuil d’un regard qui semble avoir sondé mille
fois l’océan. Jean-Bernard Bernier, « mais tout le monde m’appelle
Ben », annonce la couleur. Retourné s’assoir au milieu des filets de
pêche polychromes qui tapissent les murs, aiguilles à tricoter en
main, l’hôte nous emporte d’emblée quatre-vingt-un ans en arrière:
« Je suis né dans cette petite maison, dans cette même chambre,
là où nous sommes. J’y ai vécu avec ma mère jusqu’à l’âge de
quarante-neuf ans, où elle m’a quittée. Depuis trente-et-un ans,
je vis désormais seul dans ma ‘tite case. » Ben évoque les vieux
pêcheurs et les « bonnes sœurs » qui lui auront appris l’art de la
maille, pointant d’un doigt délié les éperviers et autres filets sur les
murs qu’il vendait en ce temps-là, comme ça; « ‘tits modèles pour
la décoration, ça s’écoulait bien. Si tu regardes bien, dans toutes
les maisons de Saint-Barth, les seuls rideaux faits de la sorte, ce
sont les miens! Maintenant qu’on les fait à la machine, c’est plus bon
marché. On me demande d’ailleurs parfois: avec quelle machine
vous les faites ? La machine, elle est devant vous. »
Bobines de fils d’Inde colorées, petit monde de nuances au temps
suspendu qu’est la case de Ben dans laquelle nous voilà invités.