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SOCIÉTÉ

Texte Eleonora Bobbià

Illustration Pixabay

Le GHB: Un problème culturel

Lors des mois d’octobre et novembre 2021, plusieurs personnes

ont affirmé avoir été droguées à leur insu dans toute la Suisse romande.

Léa Romanens et Rana Bassil racontent les événements

de la soirée de Halloween 2021 soirée et les mesures pour la suite.

ors de la soirée de la haute école d'hôtellerie

de Lausanne, plusieurs personnes

L

ont affirmé avoir été droguées à leur insu à

l'aide de seringues contenant du GHB. L’information

a provoqué la panique. Puisque

la méthode permet davantage de discrétion

qu'une tablette, les victimes éprouvent encore

plus de difficultés à se protéger…

GHB en seringue

En octobre 2021 le New York Times publie

le témoignage d'une femme qui, lors d'une

soirée dans une discothèque en Angleterre,

a ressenti une sensation de pincement au

niveau du bras. Après 10 minutes, elle peinait

à se lever. Elle aurait été en toute vraisemblance

droguée au GHB au moyen d’une

aiguille hypodermique.

Peu de temps après, des témoignages similaires

se font entendre en Suisse, notamment

à Lausanne. Le club Mad est sous le

feu d’accusations que la direction dément

rapidement. Un procès est d’ailleurs actuellement

en cours. Toutefois, comme le rap-

portent les journaux 20minutes, rts et rtn,

les mois qui ont suivi, bien que riches en

cas d’empoisonnement au GHB - notamment

dans les clubs “Fri-Son” et “le Nouveau

Monde”à Fribourg ainsi qu’au “Bikini”

à la Chaux-de-Fonds - n’ont pas confirmé la

présence des seringues en Suisse même si,

parmi les étudiants, la rumeur demeure un

sujet d’inquiétude.

Léa Romanens, secrétaire générale de Fri-

Son, et Rana Bassil, co-directrice de Nouveau

Monde affirment qu'à Fribourg personne

n'a signalé de seringues et que la situation

n’aurait pas encore atteint la ville.

La soirée d’Halloween à Fribourg

Au cours de la soirée du 31 Octobre, dans les

deux clubs où des fêtes d’Halloween se tenaient,

des personnes se sont approchées du

personnel indiquant qu'elles pensaient avoir

été droguées. Suite à quoi une annonce a été

communiquée afin que les gens réalisent le

danger et fassent particulièrement attention

à leur verre. Les deux boîtes ont une procédure

à respecter lors de telles situations.

Cette dernière a été développée en collaboration

avec le collectif Mille Sept Sans. Elle

prend le nom de “charte Aretha”.

Hausse de cas et méthodes de prévention

“Avant Halloween il y avait eu un cas de

GHB, On a donc publié différentes annonces

en disant de faire attention aux verres.

Après Halloween il y a eu encore plus de

cas et avec Fri-Son on s’est dit qu’il s’agissait

d’une tendance plutôt que d’un événement

singulier.” se souvient Rana Bassil. Après

avoir averti la police et écrit un communiqué

de presse, l’association du Nouveau

Monde s’est entretenue à plusieurs reprises

avec Fri-Son, Mille Sept Sans, l’association

Genre Nocturne et la Police afin d’élaborer

un plan de mesures pour l’avenir. Des cacheverres

ont déjà été commandés. Par ailleurs,

Fri-Son, comme l'explique Léa Romanens,

introduira également des « anges gardiens

» qui feront le tour des salles durant les

soirées pour vérifier que chacun.e s’amuse

en toute sécurité. Toutefois, comme l'expliquent

les responsables du Nouveau Monde

et de Fri-Son, ce ne sont que des méthodes

de prévention qui ne vont pas éradiquer le

problème à sa racine: “Les cache-verres ne

représentent qu’une solution à court terme,

une solution à long terme serait de s’adresser

directement aux agresseur et pas aux

victimes” affirme Léa Romanens.

Un problème de culture

"On dit "faites attention au verre", mais on

ne dit pas "ne droguez pas" et il faudrait travailler

là-dessus, mais c’est difficile. On peut

dire à une personne qu’elle ne doit pas faire

ci et qu’elle n’est pas la bienvenue si elle fait

ça, mais si elle a envie de le faire, elle le fera”

affirme Rana Bassil, rapidement soutenue

par Léa Romanens. Lorsqu’on leur demande

si cet aspect devrait également être pris

en considération par l'État ou par les écoles,

toutes deux répondent par l’affirmative : "Ce

sujet devrait être introduit dans un cours

d’éducation civique ou éthique. C’est une

façon de se comporter qui est grave et qui

doit être découragée » conclut Léa Romanens.

Les deux responsables s’opposent à la

culture du viol et souhaitent faire de Fri-Son

et du Nouveau Monde des espaces sûrs de

partage culturel et d’innovation comme en

témoignent leurs programmes… P

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