Spectrum_01_2022
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LES PENSÉES DE...
Illustrations Alyna Reading
Combler le vide
Texte Maxime Staedler
Ça vous est sans doute déjà arrivé. Vous êtes, au hasard, en pleine pandémie, et vous faites des
études. Tout le monde doit porter un masque en intérieur et rares sont les occasions de voir
les visages de vos camarades. Un jour, c'est la surprise lorsque vous découvrez, à l’occasion
d’un exposé, que cette personne que vous n’avez jamais vue sans masque, mais que vous côtoyez
depuis plusieurs mois, a un visage différent de celui que vous aviez imaginé. C’est troublant,
car vous apercevez pour la première fois son vrai visage et, pire, vous vous rendez compte qu’il
ne correspond absolument pas à ce à quoi vous vous attendiez.
Mais d’où vient donc cette nécessité de combler le vide ? C’est étrange tout de même, ce
besoin irrépressible d’inventer un visage sous le masque... Je ne peux pas tout simplement me
contenter de ces yeux, de ces cheveux ? Faut-il absolument que j’imagine ce qui manque, quitte
à être à côté de la réalité ?
Il faut savoir que le cerveau humain n’aime pas l’inconnu, c’est (presque) une question de
survie. Il n’y a pas si longtemps à l’échelle de l’évolution, nous étions encore une espèce
nomade qui était confrontée quotidiennement à la nature, à ses imprévus, à ses dangers. On
était bien loin du confort et de la sécurité apportés par nos sociétés modernes: nos bâtiments,
nos chambres, nos lits. Pour survivre, il valait mieux savoir réagir vite pour se protéger face à
l’inattendu. Un bruit nouveau, une vision indéfinie, et la première émotion est la peur.
Pour ne plus avoir peur, il faut apprendre à connaître, pour apprivoiser, voire dominer. Pensez
par exemple à la maîtrise du feu. De même que le cerveau humain n’aime pas l’inconnu, il
n’aime pas non plus le vide. Il a besoin de savoir pour être rassuré, de combler pour être en
sécurité C’est une réaction primitive de nos corps qui n’ont pas évolué au même rythme que
nos civilisations. En somme, l’Homo sapiens, en tant qu’entité biologique, n’est pas aussi moderne
que le monde dans lequel il vit. Nous traînons avec nous ces reliquats d’êtres sauvages,
qui nous étaient forts utiles en ces temps immémoriaux, mais qui sont presque complètement
obsolètes aujourd’hui.
Dans ce cas-là, imaginer un visage sous un masque reviendrait-il à convoquer cette part ancestrale
de nous-même afin de nous sentir rassuré·e·s en cette période troublée? Vous avez quatre
heures…
Ein Freund fürs
Leben?
Text Tim König
«Freunde fürs Leben, heut und für ewig, Ich & Meine Maske», rappte Sido schon 2008, noch ohne
Pandemie im Hinterkopf. Aus unserem Alltag sind Hygienemasken aktuell nicht mehr wegzudenken
und dominieren den heterogenen Begriff der Maske vollständig. Auch wenn wir diese hoffentlich
nicht mehr lange tragen sollten, steht diese als Sinnbild für eine Zäsur in der modernen Geschichte.
Mit einem Mund- und Nasenschutz macht man damit die unsichtbare Gefahr eines Virus sichtbar
und so steht sie für mehr als sie eigentlich ist. Das wird dem Begriff jedoch nicht gerecht. So hat diese
Art der Gesichtsbedeckung seine Ursprünge in frühen, spirituellen Ritualen, wobei Schutzgottheiten
angebetet wurden oder im antiken Griechenland Theater gespielt wurde. Dabei standen nicht die
Schauspieler – zu dieser Zeit ausschliesslich eine Männerdomäne – im Zentrum, sondern die Maske
und die damit verbundene Figur. Damit konnten Geschichten trotz wechselnder Besetzung immer
weitererzählt werden. Heute kann sich eine Person auch maskieren, wenn sie sich der Öffentlichkeit
aussetzt und so ihr wahres Ich davor bewahrt, publik zu werden. Stellvertretend tritt stattdessen die
gewählte Maske ins Rampenlicht und so kann von der Person losgelöst ein Statement gemacht, etwas
karikiert oder infrage gestellt werden, wie das beispielsweise bei der Fasnacht Brauch ist. Während
also über die Hintergründe des Maskentragens debattiert werden kann, begleitet sie uns auf die eine
oder andere Weise immer ein wenig.
12 spectrum 02.22