Hegel-Logique-tome-1

14.02.2021 Views

plus50 CHAPITRE VII.tirée de l'idée de l'Infini ou de YEtre parfait, lorsqu'elleest présentée sous forme syliogistique (1).Le point à démontrer est Yexistence de Dieu, et l'élémentessentielet décisif de la preuve, ou, pour parler plusexactement,la preuve entière réside dans l'idée primitiveiel' Infini ou de YEtre parfait-, car c'est de cette idée, etpar le procédé analytique qu'on doit faire sortir les troistermes du syllogisme. Or, on peut voir,en quelque sorte,à la simple inspection qu'un syllogisme ainsi formé doit êtreun cercle. En effet, en affirmant Y Infini, ou j'affirme uneréalité, un être réel, ou je n'affirme qu'une simple représentationsubjective, une certaine forme de la pensée, quine possède pas d'entité objective. Dans ce dernier cas, il n'ya point de syllogisme ; car il n'y a pas plus de connexion(1) Kant a fait, comme on sait, la critique de celte preuve, et sa critiquen'a qu'un but et un résultat négatifs. Il s'applique à démontrer par l'analysede la forme syliogistique, d'une part, et par celle de l'idée de l'infini, del'autre, que non-seulement on ne peut prouver l'existence de Dieu par voiede syllogisme, mais qu'on ne peut la prouver d'aucune façon et par aucunautre procédé. — Son argument est (et c'est là le fil régulateur, et le fond dela philosophie critique) que nous ne sommes pas autorisés à affirmerla réalité transcendante de l'infini ou des idées en général, parce quenous ne pouvons ramener cette réalité, ou l'objet qu'elles expriment etreprésentent à une intuition sensible, c'est-à-dire, que pour la philosophiecritique ce n'est pas l'idée qui fournit le critérium et la garantie duvrai, mais le phénomène. L'idée n'est qu'une forme subjective à l'aide delaquelle nous classons, nous ordonnons les phénomènes et nous les ramenonsà l'unité, mais qui objectivement n'a point de réalité. Ainsi, la philosophiecritiquetient par ses éléments essentiels, d'un côté, au sensualisme, et, del'autre, à la logique formelle. Les catégories et les idées ne sont que desformes qui jouent un rôle semblable à celui des formes de cette logique.Ce que Kaut appelle idées, concepts, catégories, l'ancienne logique l'avaitaussi appelé catégories, ou bien genres et espèces. — Pour l'un comme pourl'autre, ce ne sont que des formes subjectives de la pensée qui n'ont aucunrapport objectif et consubstantiel avec les choses. Conf. :et notre I>lrod. à la Phil. de Hegel, ch. II. § iv.bas, eh. XII.

LOGIQUE APPLIQUEE. 51entre Y existence réelle de l'infini et Vidée de l'infini qu'entreourse animal et ourse constellation. Si, au contraire, en affirmantrinfini, j'affirme une réalité, j'affirme par là, et enmême temps l'existence de l'intini, ou de l'être infini, eten ce cas la conclusion est contenue,non virtuellement etimplicitement, mais actuellement et explicitement dans lamajeure. Car lorsque nous posons comme principede ladémonstration que « V Infini est F être qui possède toutes lesperfections, » nous admettons, et nous ne pouvons ne pasadmettre que l'Infini existe, autrement la proposition n'auraitpas de sens (1).Par là notre démonstration se trouve complétée ; carnous avons établi que l'entrée dans le domaine de la métaphysiqueest interdite à la logique formelle, et qu'elle lui(1) L'argument est celui-ci :« L'infini ou l'être parfait doit posséder toutes les perfections.» L'existence est une perfection.» Donc l'être parfait existe, ou l'existence appartient à l'être parfait.»On peut aisément voir que ce syllogisme est fautif, à quelque point devue qu'on l'examine, même en nous conformant aux règles de la logiqueformelle. Car c'est un syllogisme de la seconde figure avec deux prémissesaffirmatives, tandis qu'une d'elles devrait être négative. Mais lors mêmequ'on accorderait que dans ce cas particulier les prémisses pourraient êtrepar exception toutes deux affirmatives, on ne saurait tirer d'elles aucuneconclusion légitime. En effet, la conclusion serait : « Vélre parfait existe, »ou « Vexistence appartient à Vêlre parfait. » Dans le premier cas, c'est lesujet de la conclusion qui serait le grand extrême, tandis que c'est le petitextrême qui devrait l'être ;dans le second cas, ce n'est qu'en intervertissantla position naturelle des termes, et en mettant la pensée et le langage à latorture que la conclusion est obtenue. Car si l'existence est un attribut ouune perfection de Dieu, elle doit occuper la place de l'attribut, et non celledu sujet.Les remarques contenues dans cette note et dans ce paragraphe s'appliquentégalement à toute preuve spéculative de l'existence et des attributs deDieu, ou, pour mieux dire, à tout argument qui prétend démontrer l'absolu,les idées et l'essence des choses suivant les règles de la logique formelle

LOGIQUE APPLIQUEE. 51

entre Y existence réelle de l'infini et Vidée de l'infini qu'entre

ourse animal et ourse constellation. Si, au contraire, en affirmant

rinfini, j'affirme une réalité, j'affirme par là, et en

même temps l'existence de l'intini, ou de l'être infini, et

en ce cas la conclusion est contenue,

non virtuellement et

implicitement, mais actuellement et explicitement dans la

majeure. Car lorsque nous posons comme principe

de la

démonstration que « V Infini est F être qui possède toutes les

perfections, » nous admettons, et nous ne pouvons ne pas

admettre que l'Infini existe, autrement la proposition n'aurait

pas de sens (1).

Par là notre démonstration se trouve complétée ; car

nous avons établi que l'entrée dans le domaine de la métaphysique

est interdite à la logique formelle, et qu'elle lui

(1) L'argument est celui-ci :

« L'infini ou l'être parfait doit posséder toutes les perfections.

» L'existence est une perfection.

» Donc l'être parfait existe, ou l'existence appartient à l'être parfait.»

On peut aisément voir que ce syllogisme est fautif, à quelque point de

vue qu'on l'examine, même en nous conformant aux règles de la logique

formelle. Car c'est un syllogisme de la seconde figure avec deux prémisses

affirmatives, tandis qu'une d'elles devrait être négative. Mais lors même

qu'on accorderait que dans ce cas particulier les prémisses pourraient être

par exception toutes deux affirmatives, on ne saurait tirer d'elles aucune

conclusion légitime. En effet, la conclusion serait : « Vélre parfait existe, »

ou « Vexistence appartient à Vêlre parfait. » Dans le premier cas, c'est le

sujet de la conclusion qui serait le grand extrême, tandis que c'est le petit

extrême qui devrait l'être ;

dans le second cas, ce n'est qu'en intervertissant

la position naturelle des termes, et en mettant la pensée et le langage à la

torture que la conclusion est obtenue. Car si l'existence est un attribut ou

une perfection de Dieu, elle doit occuper la place de l'attribut, et non celle

du sujet.

Les remarques contenues dans cette note et dans ce paragraphe s'appliquent

également à toute preuve spéculative de l'existence et des attributs de

Dieu, ou, pour mieux dire, à tout argument qui prétend démontrer l'absolu,

les idées et l'essence des choses suivant les règles de la logique formelle

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!