Hegel-Logique-tome-1

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46 CHAPITRE VII.qu'ici aussi la logique formelle est loin d'accomplir cequ'elle nous promet, qu'elle est loin, veux-je dire, defonder cette connaissance par des procédés légitimes etrationnels.L'objet suprême de la connaissance métaphysique est,strictement parlant, l'absolu, et l'absolu par cela mêmequ'il est l'absolu, est le principe dernier et le plus évidentde la démonstration. C'est là ce que veulent dire les expressions« Dieu est la lumière de l'intelligence : il estl'idéal de l'univers : il est la Pensée et FEtre: rien ne sauraitse concevoir ni exister sans lui. » Toutes ces expressionset d'autres expressions semblables impliquent nécessairementla notion que l'absolu est aussi l'absolu principede la démonstration, Il n'en est cependant pas ainsilorsqu'on s'en tient aux règles de la logique formelle ;car,suivant ces règles, l'absolu n'est d'aucun usage dans la démonstration.Et, en effet, lafonction que l'absolu peut remplirdans la démonstration est ou celle de petit terme, oucelle de grand terme, ou celle de moyen terme, ou cellede deux d'entre eux à la fois. C'est là le cercle des suppositionsque l'on peut taire à l'égard de l'absolu. Maintenant,il est évident que l'absolu ne saurait remplir la fonctionde petit terme, car le petit terme est toujours démontré,tandis que l'absolu démontre et ne peut être démontré*Mais il ne saurait non plus être le grand terme, puisque legrand terme n'est pas le moyen, et que c'est le moyen quitic ces formes. Lorsque de la chute des corps ou conclut à la loi universellede la pesanteur, quelque supposition qu'on fasse, et à quelque point de vuequ'on se place, cet argument n'a de valeur qu'autant qu'il y a un rapportontologique et métaphysique entre le phénomène et la loi, entre l'effetH sa cause.

LOGIQUE APPLIQUEE. 47joue le rôle leplus important dans le syllogisme. Enfin, ilne saurait constituer le moyen terme, car lemoyen, étantune espèce, est contenu dans le genre, et il lui est inférieur(1). Ainsi, ni le grand terme, par là même qu'il n'est nil'espèce ni le moyen, ni le moyen, par là même qu'il n'estpas le genre ou le grand terme, ne peuvent fournir le termeabsolu de la démonstration. Reste la dernière supposition,suivant laquelle l'absolu consisterait dans l'union de deuxtermes, de l'espèce etdu genre, ou du moyen et du grandterme ; de sorte que, lorsque, par exemple, nous disons :« Dieu ou l'absolu est l être parfait, ou possède toutes lesperfections » , les deux termes Dieu et toutes les perfectionsseraient aussi intimement unis que l'un ne saurait se concevoirsans l'autre. Mais cette supposition ne lève pas nonplus la difficulté. De fait, les deux termes de la propositionsont-ils absolument identiques? En ce cas, il n'y a enréalité qu'un seul terme, et leur distinction est purementverbale. Ou bien, sont-ils réellement et matériellement distincts?En ce cas, s'ils sont unis, leur union ne peut s'effectuerqu'en vertu d'un troisième terme, lequel par laraison même qu'il les unit leur est supérieur. Ce serait doncce troisième terme qui, dans cette supposition, constitueraitl'absolu. Enfin, soit que les propositions absolues, tellesque les suivantes : « L'être absolu est la source de touteperfection; ou : la cause absolue est le principe de touteschoses ; ou : le beau et le bien sont les principes de toutebeauté et de tout bien ; » soit, dis-je, que ces propositionsetd'autres propositions semblables soient ou ne soient pas(1) Voy. plus haut, ch. V.

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joue le rôle le

plus important dans le syllogisme. Enfin, il

ne saurait constituer le moyen terme, car le

moyen, étant

une espèce, est contenu dans le genre, et il lui est inférieur

(1). Ainsi, ni le grand terme, par là même qu'il n'est ni

l'espèce ni le moyen, ni le moyen, par là même qu'il n'est

pas le genre ou le grand terme, ne peuvent fournir le terme

absolu de la démonstration. Reste la dernière supposition,

suivant laquelle l'absolu consisterait dans l'union de deux

termes, de l'espèce et

du genre, ou du moyen et du grand

terme ; de sorte que, lorsque, par exemple, nous disons :

« Dieu ou l'absolu est l être parfait, ou possède toutes les

perfections » , les deux termes Dieu et toutes les perfections

seraient aussi intimement unis que l'un ne saurait se concevoir

sans l'autre. Mais cette supposition ne lève pas non

plus la difficulté. De fait, les deux termes de la proposition

sont-ils absolument identiques? En ce cas, il n'y a en

réalité qu'un seul terme, et leur distinction est purement

verbale. Ou bien, sont-ils réellement et matériellement distincts?

En ce cas, s'ils sont unis, leur union ne peut s'effectuer

qu'en vertu d'un troisième terme, lequel par la

raison même qu'il les unit leur est supérieur. Ce serait donc

ce troisième terme qui, dans cette supposition, constituerait

l'absolu. Enfin, soit que les propositions absolues, telles

que les suivantes : « L'être absolu est la source de toute

perfection; ou : la cause absolue est le principe de toutes

choses ; ou : le beau et le bien sont les principes de toute

beauté et de tout bien ; » soit, dis-je, que ces propositions

et

d'autres propositions semblables soient ou ne soient pas

(1) Voy. plus haut, ch. V.

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