Hegel-Logique-tome-1
/|68 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.qui amène le rapport quantitatif. Lorsque, par exemple,nous disons, 2 :4, nous avons deux grandeurs qui n'ontpas une valeur dans leur état immédiat comme tel, maisseulement dans leur rapport réciproque. Mais ce rapport(l'exposant du rapport) est lui-même une grandeur qui sedistingue des deux grandeurs mises en rapport en ce que,avec son changement change le rapport lui-même, tandisque le rapport est indifférent au changement des deux côtés,aussi longtemps que l'exposant ne change pas. Ainsi à laplace de 2 : h nous pouvons mettre 3:6, sans que le rapportchange, car l'exposant 2 demeure le même dans lesdeux cas (1).(1) Le degré est la quantité déterminée, un quantum. Ce n'est pas cependantun quantum qui a le multiple en lui-même, mais qui est bien plutôtune multiplicité, c'est-à-dire uue quantité où le multiple se trouve réuni dansune détermination simple.Lorsqu'on parle de 10, 20 degrés, on ne veut pasdésigner par là une quantité qui est une somme ou un nombre particulier,mais le 10 e et le 20 e degré, ou uue quantité qui a atteint ce degré, et quicontient la détermination des nombres 10, 20, mais qui la contient commeun nombre qui a été supprimé, et qui lui est extérieur. De même que 20comme grandeur continue contient les 20 uns comme grandeur discrète, demême un degré contient les uns comme une quantité continue qui formecette multiplicité simple. C'est le 20 e degré, qui n'est que le 20 e degré ;mais qui n'est le 20 e degré que par l'intermédiaire des 20 uns, qui cependantse distinguent de lui, et sont autre cbose que lui. Par conséquent, dans ledegré se réalise cette détermination de la quantité où une grandeur n'estelle-même que parce qu'elle est autre chose qu'elle-même, et qu'elle n'estelle-même qu'en étant autre chose qu'elle-même. Ainsi une grandeur appelleune autre grandeur, un degré un autre degré, une limite une autre limite.D'où l'on voit que non-seulement une quantité peut changer, mais qu'elledoit nécessairement changer; qu'elle n'est pas une limite qui est, mais unelimite qui devient. C'est ce devenir qui amène d'abord le progrès de la fausseinfinité quantitative. Et, en effet, le progrès, la série infinie n'est que la répétitionindéfinie de cette contradiction que renferme le quantum, qui, touten ayant une limite, va au delà de la limite, et qui, partant, est indifférentà toute limite. Il est l'expression de cette contradiction, mais il n'enest pas la solution. L'entendement cherche cette solution dans l'infiniment
DOCTRINE DE l'ÊTRE. QUANTITÉ. 469§CVI.Les côtés durapport sont encore de quanta immédiats,et leur détermination à la fois qualitative et quantitativeleur est encore extérieure. Mais par là que la quantité est,dans son extériorité, en rapport avec elle-même, ou, si Tonveut, par làque Têtre-pour-soi et l'indifférence deladétergrandou dans l'infiniment petit. Mais si Ton considère ces deux infinis dansleur rapport, ils expriment plutôt la contradiction à son plus haut degréd'intensité qu'ils n'en offrent la solution. Si on les considère séparément, onverra que ni l'infiniment grand, nil'infiniment petit ne sauraient constituerle vrai infini quantitatif, précisément parce que le premier n'est que l'infinimentgrand, et que le second n'est que l'infiniment petit. Il faut ensuiteremarquer que ces deux infinis, aussi longtemps qu'ils sont des quantités,sont variables, et dès qu'ils cessent d'être des quantités, ils diffèrent dela quantité, non-seulement quantitativement, mais qualitativement. Ainsipour l'infiniment grand on cherche une grandeur, c'est-à-dire un quantum,et une grandeur infinie, c'est-à-dire une grandeur qui n'est plus une grandeur.De même pour l'infiniment petit, l'on cherche une quantité qui demeureabsolument, c'est-à-dire qualitativement, trop petite pour tout autrequantité, et qui lui est partant opposée. Cependant dans cette série indéfiniede termes où l'on voit les grandeurs s'évanouir, c'est-à-dire se nier les unesles autres, se trouve développée et posée la quantité telle qu'elle est dans sanotion. Une grandeur est niée par une autre grandeur, laquelle est à sontour niée par une autre grandeur. On a donc non-seulement une négation,mais la négation de la négation, c'est-à-dire une affirmation, ou le rétablissementdu premier terme, mais du premier terme qui a nié la premièrenégation, c'est-à-dire la fausse infinité. Dans une série infinie de grandeurson remarque qu'une grandeur, quelque grande ou quelque petite qu'ellesoit, doit s'évanouir ou se nier; mais on ne fait pas réflexion que par cettenégation le faux infini, cette limite, cet au delà qu'on veut atteindre, se nieaussi. Car c'est cet infini qui s'est évanoui dans la première tout aussi bienque dans la seconde négation. En d'autres termes, cette négation indéfiniede la limite n'est que le retour d'un seul et même terme, d'une seule etmême limite par laquelle le vrai infini, c'est-à dire la qualité de la quantitése trouve posée. Et cette qualité consiste précisément en ce que la quantitétrouve sa détermination par l'intermédiaire de sa propre négation dans uneautre quantité, ou ce qui revient au même, qu'elle n'est que dans, et par
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DOCTRINE DE l'ÊTRE. QUANTITÉ. 469
§CVI.
Les côtés du
rapport sont encore de quanta immédiats,
et leur détermination à la fois qualitative et quantitative
leur est encore extérieure. Mais par là que la quantité est,
dans son extériorité, en rapport avec elle-même, ou, si Ton
veut, par là
que Têtre-pour-soi et l'indifférence deladétergrand
ou dans l'infiniment petit. Mais si Ton considère ces deux infinis dans
leur rapport, ils expriment plutôt la contradiction à son plus haut degré
d'intensité qu'ils n'en offrent la solution. Si on les considère séparément, on
verra que ni l'infiniment grand, ni
l'infiniment petit ne sauraient constituer
le vrai infini quantitatif, précisément parce que le premier n'est que l'infiniment
grand, et que le second n'est que l'infiniment petit. Il faut ensuite
remarquer que ces deux infinis, aussi longtemps qu'ils sont des quantités,
sont variables, et dès qu'ils cessent d'être des quantités, ils diffèrent de
la quantité, non-seulement quantitativement, mais qualitativement. Ainsi
pour l'infiniment grand on cherche une grandeur, c'est-à-dire un quantum,
et une grandeur infinie, c'est-à-dire une grandeur qui n'est plus une grandeur.
De même pour l'infiniment petit, l'on cherche une quantité qui demeure
absolument, c'est-à-dire qualitativement, trop petite pour tout autre
quantité, et qui lui est partant opposée. Cependant dans cette série indéfinie
de termes où l'on voit les grandeurs s'évanouir, c'est-à-dire se nier les unes
les autres, se trouve développée et posée la quantité telle qu'elle est dans sa
notion. Une grandeur est niée par une autre grandeur, laquelle est à son
tour niée par une autre grandeur. On a donc non-seulement une négation,
mais la négation de la négation, c'est-à-dire une affirmation, ou le rétablissement
du premier terme, mais du premier terme qui a nié la première
négation, c'est-à-dire la fausse infinité. Dans une série infinie de grandeurs
on remarque qu'une grandeur, quelque grande ou quelque petite qu'elle
soit, doit s'évanouir ou se nier; mais on ne fait pas réflexion que par cette
négation le faux infini, cette limite, cet au delà qu'on veut atteindre, se nie
aussi. Car c'est cet infini qui s'est évanoui dans la première tout aussi bien
que dans la seconde négation. En d'autres termes, cette négation indéfinie
de la limite n'est que le retour d'un seul et même terme, d'une seule et
même limite par laquelle le vrai infini, c'est-à dire la qualité de la quantité
se trouve posée. Et cette qualité consiste précisément en ce que la quantité
trouve sa détermination par l'intermédiaire de sa propre négation dans une
autre quantité, ou ce qui revient au même, qu'elle n'est que dans, et par