Hegel-Logique-tome-1
Û6ft LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.où Ton exprime cette pensée que le vrai infini ne doitpas être considéré comme quelque chose qui est au delà dufini, et que pour atleindre à la conscience du vrai infininous devons supprimer ce progressas in infoùtum.Zusatz. Pythagore a, comme on sait, fait des nombresl'objet de la philosophie, et il a considéré le nombre commeconstituant la détermination fondamentale des choses. Aupremier coup d'œil, celte conception doit paraître paradoxaleet même insensée à la conscience vulgaire. Il faut,par conséquent, se demander cequ'on doit penser d'elle.Pour répondre à cette question rappelons-nous d'abord quela tâche de la philosophie consiste surtout à ramener leschoses àdes pensées, et à des pensées déterminées. Or lenombre est une pensée, et la pensée qui se rapproche le plusde l'êtresensible, ou, pour nous exprimer d'une façon plusdéterminée, la pensée de l'être sensible lui-même, autant quenous entendons par là l'extériorité et le multiple. Par conséquent,dans la tentative pour saisir l'univers comme nombrenous trouvons le premier pas vers la métaphysique. Dansl'histoire de la philosophie, Pythagore se place, comme onsait, entre la philosophie ionienne et la philosophie desEléates. Ainsi, pendant que les premiers ne franchirent pasles limites de l'être matériel (SXyj) en lequel, comme leremarque Aristote, ils placèrent l'essence des choses, etque les seconds, et surtout Parménide, s'élevèrent à lapensée pure sous la forme de l'être, c'est la philosophiepythagoricienne qui vint se placer comme un pont, si l'onpeut ainsi dire, entre l'être sensible et l'être suprasensible.Et ici l'on voit aussi ce qu'on doit penser de l'opinion de ceuxqui croient que Pythagore est allé trop loin en concevant
DOCTRINE DE l'ÉTRE. QUANTITÉ. 465l'essence des choses comme un simple nombre, en y ajoutanten même temps cette remarque qu'on ne saurait nullementnier que les choses peuvent être calculées, mais quetoutefois elles sont plus que de simples nombres. Quantà ce plus qu'on attribue aux choses, on doit sans douteaccorder que les choses sont plus que de simples nombres.Seulement il s'agit de savoir ce qu'il faut entendrepar ce plus. La conscience, sensible ordinaire, ne trouverapas de difficulté à répondre à cette question conformémentà son point de vue en s'adressant à la perceptionsensible, et en faisant observer que les chosespeuvent non -seulement être nombrées, mais qu'elles sontvisibles, qu'on peut les sentir, les toucher, etc. D'aprèscela, et suivant la façon de voir de nos jours, le reprocheadressé à la philosophie pythagoricienne signifieraitque c'est une philosophie trop idéaliste. Mais dansle faitc'est le contraire qui est le vrai, comme on peut déjàle voir par la remarque que nous venons de faire touchantla position historique de la philosophie pythagoricienne.Car lorsqu'on accorde que les choses sont plus que de pursnombres, il faut l'entendre de cette façon que la simplepensée du nombre est insuffisante pour exprimer l'essencedéterminée ou la notion des choses. Par conséquent, au lieude poser en principe que Pythagore est allé trop loin dans saphilosophie des nombres, on devrait au contraire enseignerqu'il n'est pas allé assez loin. Ce sont, en effet, les Éléatesqui ont marqué un pas en avant sur la voie de la penséepure. — Cependant il faut dire aussi qu'il y a non deschoses, mais des états de choses, et en général des phénomènesde la nature, dont la déterminabilité s'appuie essen-VÉRA. — Logique de Héjel. I.— 30
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l'essence des choses comme un simple nombre, en y ajoutant
en même temps cette remarque qu'on ne saurait nullement
nier que les choses peuvent être calculées, mais que
toutefois elles sont plus que de simples nombres. Quant
à ce plus qu'on attribue aux choses, on doit sans doute
accorder que les choses sont plus que de simples nombres.
Seulement il s'agit de savoir ce qu'il faut entendre
par ce plus. La conscience, sensible ordinaire, ne trouvera
pas de difficulté à répondre à cette question conformément
à son point de vue en s'adressant à la perception
sensible, et en faisant observer que les choses
peuvent non -seulement être nombrées, mais qu'elles sont
visibles, qu'on peut les sentir, les toucher, etc. D'après
cela, et suivant la façon de voir de nos jours, le reproche
adressé à la philosophie pythagoricienne signifierait
que c'est une philosophie trop idéaliste. Mais dans
le fait
c'est le contraire qui est le vrai, comme on peut déjà
le voir par la remarque que nous venons de faire touchant
la position historique de la philosophie pythagoricienne.
Car lorsqu'on accorde que les choses sont plus que de purs
nombres, il faut l'entendre de cette façon que la simple
pensée du nombre est insuffisante pour exprimer l'essence
déterminée ou la notion des choses. Par conséquent, au lieu
de poser en principe que Pythagore est allé trop loin dans sa
philosophie des nombres, on devrait au contraire enseigner
qu'il n'est pas allé assez loin. Ce sont, en effet, les Éléates
qui ont marqué un pas en avant sur la voie de la pensée
pure. — Cependant il faut dire aussi qu'il y a non des
choses, mais des états de choses, et en général des phénomènes
de la nature, dont la déterminabilité s'appuie essen-
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