Hegel-Logique-tome-1

14.02.2021 Views

462 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.nous à reconnaître un tel être capable d'être augmenté etdiminué? Ce ne serait pas répondre d'une façon satisfaisanteà cette question que d'en appeler toutsimplementà l'expérience, car,laissant de côlé que nous aurions ainsila représentation et nullement la pensée de la grandeur,celle-cise produirait comme une simple possibilité (la possibilitéde devenir plus grande et plus petite), mais la nécessitéqui fait qu'elle est ainsi constituée nous échapperait.Par contre, dans le cours de ce développement logique nousn'avons pas seulement vu la quantité se produire commeune sphère de la pensée qui se détermine elle-même, maisnous avons vu aussi que le progrès de la notion de laquantité c'est d'aller au delà d'elle-même, et qu'ici nousn'avons pas affaire à une simple possibilité, mais à unedéterminationnécessaire.Zusatz. C'est surtout au progrès quantitatif infini ques'arrête l'entendement réfléchissant, lorsqu'il s'occupe del'infinité en général. Mais d'abord la remarque que nousavons faite plus haut touchant le progrès infini qualitatif,savoir, que ce progrès n'exprime pas la vraie, mais lafausse infinité, l'infinité qui ne va pas au delà du simpledevoir être, et qui par suite demeure en réalité dans leslimites du fini, cette remarque, disons-nous, s'applique égalementà cette forme de progrès infini. Pour ce qui concerneensuite plus particulièrement cette forme que Spinoza aavec raison désignée par le nom d'infini de l'imagination[infinitum imagmationis), les poètes aussi (nommémentHaller et Klopstock), emploient souvent cette représentationpour donner une intuition non-seulement de la nature,mais de Dieu. Par exemple, nous trouvons chez Haller

DOCTRINE DE l'ÉTRE. QUANTITÉ. 463la description bien connue de l'infinité de Dieu où ilest dit: J'entasse des nombres sans fin,Des milliers de montagnes,J'ajoute le temps au temps,Je place monde sur monde,Et lorsque de cette hauteur effrayante,Pris de vertige, je me tourne de nouveau versLa puissance du nombretoi,Augmentée des milliers de foisN'est pas encore une partie de toi (1).Nous avons ici ce mouvement où la quantité, et, plu sparticulièrement le nombre vont sans cesse au delà d'euxmêmes,et que Kant aussi appelle effrayant (2), mais oùTon ne devrait vraiment s'effrayer que de l'ennui que causecette limite qu'on pose et qu'on supprime sans cesse, etqui fait qu'on reste toujours à la même place. Cependant lepoëte que nous venons de citer conclut la description de lafausse infinité par ces paroles remarquables :« Je me détourne de toi, et lu es tout entier devant moi » (3).(1) Ich hâufe ungeheure Zahlen,(2) Schauderhaft.Gebirge Millionen auf,Ich setze Zeit auf ZeitUnd Welt auf Welt zu Hauf,Und wenu ich von der grausen HôhMit Schwindel wieder nach Dir seh :Ist aile Macht der ZahlVermehrt, zu Tausendmal,Noch nicht eiu Theil von Dir.(3) Ich zieh sie ab, und du liegst ganz vor rnir.

462 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.

nous à reconnaître un tel être capable d'être augmenté et

diminué? Ce ne serait pas répondre d'une façon satisfaisante

à cette question que d'en appeler tout

simplement

à l'expérience, car,

laissant de côlé que nous aurions ainsi

la représentation et nullement la pensée de la grandeur,

celle-ci

se produirait comme une simple possibilité (la possibilité

de devenir plus grande et plus petite), mais la nécessité

qui fait qu'elle est ainsi constituée nous échapperait.

Par contre, dans le cours de ce développement logique nous

n'avons pas seulement vu la quantité se produire comme

une sphère de la pensée qui se détermine elle-même, mais

nous avons vu aussi que le progrès de la notion de la

quantité c'est d'aller au delà d'elle-même, et qu'ici nous

n'avons pas affaire à une simple possibilité, mais à une

détermination

nécessaire.

Zusatz. C'est surtout au progrès quantitatif infini que

s'arrête l'entendement réfléchissant, lorsqu'il s'occupe de

l'infinité en général. Mais d'abord la remarque que nous

avons faite plus haut touchant le progrès infini qualitatif,

savoir, que ce progrès n'exprime pas la vraie, mais la

fausse infinité, l'infinité qui ne va pas au delà du simple

devoir être, et qui par suite demeure en réalité dans les

limites du fini, cette remarque, disons-nous, s'applique également

à cette forme de progrès infini. Pour ce qui concerne

ensuite plus particulièrement cette forme que Spinoza a

avec raison désignée par le nom d'infini de l'imagination

[infinitum imagmationis), les poètes aussi (nommément

Haller et Klopstock), emploient souvent cette représentation

pour donner une intuition non-seulement de la nature,

mais de Dieu. Par exemple, nous trouvons chez Haller

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!