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Hegel-Logique-tome-1

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22 CHAPITRE IV.

une critique si sévère, et, il faut bien le dire, en général si

peu fondée (1). Mais il

ne suit pas de là qu'Aristote ait conçu

la logique comme la

science des formes purement subjec-

/ tives de la pensée, et qu'il l'ait absolument séparée de l'ontologie

et de la

métaphysique. Tout au contraire, poursuivant,

à l'égal de Platon, l'unité de la science, il s'applique à

lier ensemble la logique, et la métaphysique, en les plaçant

toutes deux sur un terrain commun, en leur attribuant

les

mêmes principes et le même ordre de recherches. C'est

ce dont on pourra s'assurer, pour ainsi dire, à la plus

(1) En général tous les arguments qu'Aristote emploie pour renverser la

théorie platonicienne peuvent tout aussi bien être rétorqués contre sa propre

théorie que contre la science en général. Tels sont, par exemple, les deux

reproches adressés à Platon de séparer les idées des choses, ou de doubler

inutilement les êtres. Mais, à quelque point de vue que l'on se place, il faut

bien séparer les principes des choses dont ils sont les principes ; il faut les

séparer, bien entendu, non comme on sépare deux choses matérielles, mais

comme on doit séparer l'idée de la chose dont elle est l'idée, par exemple,

l'idée du triangle du triangle matériel, ou l'intelligence des choses qu'elle

entend. Que cette séparation soit difficile à concevoir on peut l'admettre, sans

que l'argument d'Aristote en devienne plus concluant, car cette difficulté

affecte tout aussi bien la théorie platonicienne que toute autre théorie en

général. Il en est de même de l'autre objection fondée sur le dédoublement

des êtres. En effet, dès qu'on admet des principes il faut bien doubler les

êtres, et cela de quelque façon qu'on envisage les principes, car il faut

admettre et les principes et les choses dont ils sont les principes. Mais ce

qu'il faut dire aussi c'est qu'Aristote construit sa théorie métaphysique avec

les mêmes éléments dont s'était servi Platon pour construire la sienne. Que

l'on prenne, par exemple, sa théorie du premier moteur. 11 est évident que

s'il y a théorie fondée sur l'idée, c'est bien celle-là; car un premier moteur, et

un moteur qui se meut sans se mouvoir, est une conception purement idéale,

c'est-à-dire une conception fondée sur Vidée d'un

moteur absolu, comme la

théorie du bien de Platon est fondée sur Vidée d'un bien absolu. Et si l'on

examine attentivement par quels procédés Arislote arrive à la conception

d'un moteur absolu, on verra que c'est par la dialectique, et par la dialectique

platonicienne. C'est qu'en effet il n'y a pas de métaphysique qui puisse

être fondée sur d'autres principes. Voy., sur ce point, notre Inlrod. à la

Phil de Hegel, ch. II, § i, et ch. IV, § v.

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