Hegel-Logique-tome-1

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li2S LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.fini est de ce côté, et l'infini de l'autre côté, on accordeau fini la même importance et la même indépendance qu'àl'infini ; on fait du fini un être absolu, un être qui dans cedualisme se suffità lui-même. On craint que si l'infini, pourainsi dire, touche le fini, il ne l'annule. Ainsi il ne doitpoint le toucher, et ilfaut qu'ils soient séparés par un pont,par un abîme infranchissable, et que l'infini se tienne audelà et le fini en deçà de la limite.La doctrine qui prétends'élever au-dessus de toute métaphysique en maintenantcette séparation du fini et de l'infini ne fait au fond quese mouvoir dans la sphère de l'entendement le plus ordinaire.Il lui arrive précisément ce qui a lieu dans le progrèsindéfini. On accorde d'abord que lefini n'est pas en et poursoi, qu'il ne possède pas une réalité indépendante, qu'iln'est pas l'être absolu, mais qu'il n'est qu'un être qui passe,et puis l'on oublie tout cela, et l'on place le fini en face del'infini en le séparant absolument de lui,et en se le représentantcomme subsistant par lui-même et comme affranchide toute limitation.— Ainsi lapensée qui croit par là s'éleverà l'infini arrive à un résultat opposé à celui auquelelle vise ; elle arrive à un infini qui n'est que le fini ; etquant au fini qu'elle croit avoir, pour ainsi dire, laisséderrière elle, elle ne cesse pas de le reproduire, et d'enfaire un être absolu.En considérant de cette façon ce qu'il y a de faux dansla manière dont l'entendement conçoit le rapport du finiet de l'infini (on pourra utilement consulter ce que ditsur ce point Platon dans lePhilèbe), on sera ici aussi facilementamené à exprimer ce rapport par les propositions :le fini et l'infini ne font qu'un ; le vrai, ï infinité véritable

DOCTRINE DE L'ÊTRE. — QUALITÉ. ft29est l'unité du fini et de Vinfini. Ce que nous avons l'aitobserver relativement à l'unité de l'être et du non-êtres'applique également à ces propositions, savoir, que si, d'uncôté, elles contiennent une pensée vraie, elles sont, d'unautre côté, inexactes et équivoques. On pourrait ensuiteleur adresser le reproche de limiter l'infini, de rendrel'infini fini. Car le fini y apparaît comme s'il subsistait encore;il n'y est pas expressément marqué comme supprimé.—Eu outre, on pourra faire observer que si le fini,étant posé comme ne faisant qu'un avec l'infini, ne peutdemeurer tel qu'il est hors de cette unité, et il faut que sanature soitau moins modifiée (semblable à l'alcali qui en secombinant avec l'acide perd de ses propriétés), l'infiniaussi devra subir le même sort, et dans sa négation (1) ilse trouvera lui aussi émoussé par son contraire (2). C'estlà, en effet, ce qui arrive à l'infini abstrait et exclusif del'entendement. Mais le véritable infini ne se comporte pascomme l'acide exclusif (3), car il garde sa nature (4). Lanégation de la négation n'est pas une neutralisation, maisl'infini est la vraie affirmation, et il n'y a que le fini quisoit supprimé.Avec Y être-pour-soi se produit la détermination de(1) Als das Négative: en tant qu'il est l'être, le terme négatif, c'est-àdireen tant qu'il nie le fini.(2) An dem Andern abgestumpft : le fini qui se combinant avec l'infinil'émousse.(3) Einseitige. L'alcali est exclusif, c'est-à-dire limité, fini, parce que s'ilmodifie l'alcali, il subit à son tour l'action de l'alcali, et ii se trouve luiaussi modifié.(4) Es erhidt sich : il se conserve, il ne perd rien de sa nature, à la différencede l'alcali.

li2S LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.

fini est de ce côté, et l'infini de l'autre côté, on accorde

au fini la même importance et la même indépendance qu'à

l'infini ; on fait du fini un être absolu, un être qui dans ce

dualisme se suffit

à lui-même. On craint que si l'infini, pour

ainsi dire, touche le fini, il ne l'annule. Ainsi il ne doit

point le toucher, et il

faut qu'ils soient séparés par un pont,

par un abîme infranchissable, et que l'infini se tienne au

delà et le fini en deçà de la limite.

La doctrine qui prétend

s'élever au-dessus de toute métaphysique en maintenant

cette séparation du fini et de l'infini ne fait au fond que

se mouvoir dans la sphère de l'entendement le plus ordinaire.

Il lui arrive précisément ce qui a lieu dans le progrès

indéfini. On accorde d'abord que le

fini n'est pas en et pour

soi, qu'il ne possède pas une réalité indépendante, qu'il

n'est pas l'être absolu, mais qu'il n'est qu'un être qui passe,

et puis l'on oublie tout cela, et l'on place le fini en face de

l'infini en le séparant absolument de lui,

et en se le représentant

comme subsistant par lui-même et comme affranchi

de toute limitation.— Ainsi la

pensée qui croit par là s'élever

à l'infini arrive à un résultat opposé à celui auquel

elle vise ; elle arrive à un infini qui n'est que le fini ; et

quant au fini qu'elle croit avoir, pour ainsi dire, laissé

derrière elle, elle ne cesse pas de le reproduire, et d'en

faire un être absolu.

En considérant de cette façon ce qu'il y a de faux dans

la manière dont l'entendement conçoit le rapport du fini

et de l'infini (on pourra utilement consulter ce que dit

sur ce point Platon dans le

Philèbe), on sera ici aussi facilement

amené à exprimer ce rapport par les propositions :

le fini et l'infini ne font qu'un ; le vrai, ï infinité véritable

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