Hegel-Logique-tome-1

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380 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.conscience de la dialectique dans les mots bien connus :Lahauteur vient avant la chute (1) ; trop fin s'attrape, etc. (2).La sensibilité aussi, lasensibilité physique comme la spirituelle,a sa dialectique. On sait comment les extrêmes dela douleur et delà joie passent l'un dans l'autre. Le cœurrempli de joie se soulage dans les larmes, et clans de certainescirconstances la douleur la plus profonde se manifestepar le rire.Zusatz II.On nedoitpas considérer le scepticisme commeconstituant une doctrine qui enseigne le doute, mais bienplutôt comme une doctrine qui a la certitude de son objet,c'est-à-direde l'insuffisance de toute chose finie. Celui quise borne à douter nourrit toujours l'espoir que son doutepourra trouver une solution, et que, parmi les déterminationsdiverses entre lesquelles il oscille, ily en a une peutêtreoù il trouvera un point d'appui solide et inébranlable.Le scepticisme proprement dit implique au contraire lerejetabsolu de tout principe déterminé de l'entendement,et la disposition interne qui en résulte est une fermeté inébranlableet une concentration en soi-même (3). C'est là cescepticisme élevé, le scepticisme antique, tel que nous lerencontrons surtout dans Sextus Empiricus, et qui dans lesderniers temps de Rome reçut son dernier développementcomme complément des doctrines dogmatiques des stoïcienset des épicuriens. On ne doit pas confondre ce scepticismeantique avec le scepticisme moderne dont il a été(1) Hochmuth komml vor dem Fail.(2) Allzuscharf machl schartig : ce mot ou proverbe allemand n'est pasexactement rendu par trop fin s'attrape, mais nous n'avons pas trouvéd'expression qui pût mieux le rendre.(3) In tsich beruhen : se repuser sur soi-même.

TROISIÈME RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 381question plus haut (§ 39), soit avec le scepticisme qui a précédéla philosophie critique, soit avec la scepticisme qui estsorti de cette philosophie. Ces scepticismes consistent simplementà nier la vérité et la certitude du monde suprasensible,et à enseigner qu'on doit s'en tenir à l'être sensibleet à la réalité fournie par la sensibilité.Du reste, à ceux qui aussi de nos jours considèrent lescepticisme comme un adversaire irréconciable de touteconnaissance positive, et partant de la philosophie, en tantque l'objet de la philosophie est cette connaissance, il fautfaire observer que dans le fait ce qui doit redouter le scepticismeet ne saurait luirésister ce n'est pas la philosophie,mais la pensée finie, abstraite et suivant l'entendement ;laphilosophie au contraire contient la scepticisme comme unde ses moments, c'est-à-dire,comme moment dialectique.Seulement laphilosophie ne s'arrête pas au résultat négatifde la dialectique, ainsi que cela a lieu dans le scepticisme.Celui-ci méconnaît son résultat, en ce qu'il n'y voit qu'unesimple négation, c'est-à-dire une négation abstraite. Maisparla que la dialectique a pour résultat un terme négatif,celui-ci est en même temps, et cela précisément en tantque résultat, un terme positif (1), car il contient commeabsorbé en lui (2) ce d'où il résulte, et n'est point sans lui.C'est là la détermination fondamentale de la troisièmeforme de ridée logique, savoir, de la forme spéculative oude la raison positive (3).(1) Das Positive : le positif.(2) Als aufgehoben. C'est ce qui fait la nature, l'unité concrète du résultat.(3) Das Spéculative oder Positio Vernunftige : le spéculatif, ou le rationnelpositif, ou le positivement rationnel.

380 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.

conscience de la dialectique dans les mots bien connus :

La

hauteur vient avant la chute (1) ; trop fin s'attrape, etc. (2).

La sensibilité aussi, la

sensibilité physique comme la spirituelle,

a sa dialectique. On sait comment les extrêmes de

la douleur et delà joie passent l'un dans l'autre. Le cœur

rempli de joie se soulage dans les larmes, et clans de certaines

circonstances la douleur la plus profonde se manifeste

par le rire.

Zusatz II.

On nedoitpas considérer le scepticisme comme

constituant une doctrine qui enseigne le doute, mais bien

plutôt comme une doctrine qui a la certitude de son objet,

c'est-à-dire

de l'insuffisance de toute chose finie. Celui qui

se borne à douter nourrit toujours l'espoir que son doute

pourra trouver une solution, et que, parmi les déterminations

diverses entre lesquelles il oscille, il

y en a une peutêtre

où il trouvera un point d'appui solide et inébranlable.

Le scepticisme proprement dit implique au contraire le

rejet

absolu de tout principe déterminé de l'entendement,

et la disposition interne qui en résulte est une fermeté inébranlable

et une concentration en soi-même (3). C'est là ce

scepticisme élevé, le scepticisme antique, tel que nous le

rencontrons surtout dans Sextus Empiricus, et qui dans les

derniers temps de Rome reçut son dernier développement

comme complément des doctrines dogmatiques des stoïciens

et des épicuriens. On ne doit pas confondre ce scepticisme

antique avec le scepticisme moderne dont il a été

(1) Hochmuth komml vor dem Fail.

(2) Allzuscharf machl schartig : ce mot ou proverbe allemand n'est pas

exactement rendu par trop fin s'attrape, mais nous n'avons pas trouvé

d'expression qui pût mieux le rendre.

(3) In tsich beruhen : se repuser sur soi-même.

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