Hegel-Logique-tome-1

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376 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE,circonstances extérieures, et d'après, cette façon d'envisagerla mort il y aurait dans l'homme deux propriétés particulières,celle de vivre, et aussi celle demourir. Mais lavraie façon de se représenter la chose consiste à considérerla vie comme telle comme portant en elle-même le germede la mort, et le fini en général comme portant en luimêmesa contradiction, et partant comme se supprimantlui-même. — En outre, on ne doit pas confondre la dialectiqueavec la sophistique, dont l'essence consiste précisémentà affirmer et à faire valoir les déterminations del'entendement dans leur état d'isolement, et de fairevaloircelle que demande l'intérêt momentané de l'individu etde sa position. Il y a, par exemple, dans la sphère del'action ce moment essentiel ,que j'existe , et que jedois avoir des moyens pour mon existence. Mais si j'isolece côté, ce principe de mon bien, et que j'en tirela conséquence que le vol m'est permis, ou qu'il m'estpermis de trahir mon pays, je raisonnerai à la façon dessophistes. De même, mon action implique ma liberté subjective,en ce sens que dans ce que je fais j'y suis commeprincipe essentiel avec mon dessein et ma conviction. Maissi je raisonne exclusivement d'après ce principe, je raisonneraiaussi d'une façon sophistique, et je bouleverseraitous les principes fondamentaux de la vie sociale. — Ladialectique se distingue essentiellement de cette façon deraisonner, car ce qu'elle considère c'est précisément lanature intime des choses, démontrant par là la imitédes déterminations exclusives de l'entendement. —- Dureste la dialectique n'est nullement- un principe nouveaudans la philosophie. Parmi les anciens, on attribue à Platon

TROISIÈME RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 377l'invention de la dialectique : ce qui est vrai, en ce sens quec'est dans la philosophie platonicienne que le dialectiquese produit sous sa forme vraiment scientifique,et parlantobjective. Chez Socrate ce qui domine dans sadialectique,en harmonie avec le caractère général de sa faconde traiterla philosophie, c'est encore la forme subjective, la formede Yironie. Socrate dirige surtout sa dialectique contre laconscience ordinaire en général, et en particulier contreles sophistes. Dans ses entretiens il s'appliquait plutôt àfaire ressortir l'apparence, qu'à pénétrer dans la naturede la chose en question. Il adressait ainsi toute espècede questions, et il amenait par là ses interlocuteurs àadmettre l'opposé de ce qu'ils avaient d'abord regardécomme vrai. Si, par exemple, les sophistes s'attribuentle nom de précepteurs, Socrate par une série de questionsamène l'un d'eux, Protagoras, à convenir que toutsavoir n'est qu'une réminiscence. — Mais Platon démontredialectiquementdans ses Dialogues strictement scientifiquesla finité des déterminations de l'entendement. C'est ainsi,par exemple, que dans le Parménide il déduit d'un côté lemultiple de l'un, et qu'il démontre, de l'autre, comment lanature du multiple consiste à se déterminer comme un. C'estlà le sens profond que la dialectique reçoit entre les mainsde Platon. — Denosjours c'est principalement à Kant qu'ondoit d'avoir tiré de l'oubli et remis en honneur la dialectique,et cela par ses antinomies de la raison dont il a étéquestion précédemment (§ 48), où il ne s'agit pas d'unsimple balancement de raisonnements et d'un fait purementsubjectif, mais où l'on démontre comment toute déterminationde l'entendement, prise en elle-même etsépa-

TROISIÈME RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 377

l'invention de la dialectique : ce qui est vrai, en ce sens que

c'est dans la philosophie platonicienne que le dialectique

se produit sous sa forme vraiment scientifique,

et parlant

objective. Chez Socrate ce qui domine dans sa

dialectique,

en harmonie avec le caractère général de sa faconde traiter

la philosophie, c'est encore la forme subjective, la forme

de Yironie. Socrate dirige surtout sa dialectique contre la

conscience ordinaire en général, et en particulier contre

les sophistes. Dans ses entretiens il s'appliquait plutôt à

faire ressortir l'apparence, qu'à pénétrer dans la nature

de la chose en question. Il adressait ainsi toute espèce

de questions, et il amenait par là ses interlocuteurs à

admettre l'opposé de ce qu'ils avaient d'abord regardé

comme vrai. Si, par exemple, les sophistes s'attribuent

le nom de précepteurs, Socrate par une série de questions

amène l'un d'eux, Protagoras, à convenir que tout

savoir n'est qu'une réminiscence. — Mais Platon démontre

dialectiquementdans ses Dialogues strictement scientifiques

la finité des déterminations de l'entendement. C'est ainsi,

par exemple, que dans le Parménide il déduit d'un côté le

multiple de l'un, et qu'il démontre, de l'autre, comment la

nature du multiple consiste à se déterminer comme un. C'est

là le sens profond que la dialectique reçoit entre les mains

de Platon. — Denosjours c'est principalement à Kant qu'on

doit d'avoir tiré de l'oubli et remis en honneur la dialectique,

et cela par ses antinomies de la raison dont il a été

question précédemment (§ 48), où il ne s'agit pas d'un

simple balancement de raisonnements et d'un fait purement

subjectif, mais où l'on démontre comment toute détermination

de l'entendement, prise en elle-même etsépa-

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