Hegel-Logique-tome-1

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CHAPITREIIIESQUISSE DE L ANCIENNE LOGIQUE.Pour justifier l'exactitude de ces remarques, je vais tracerd'abord une rapide esquisse de l'ancienne logique, meme bornant à indiquer lestraits les plus essentiels de cettescience, ce qui nous suffira pour mettre en lumière ses lacunes,et ce qu'il y a, pour ainsi dire, d'illogique en elle, etnous servira comme de préparation et de passage à la logiquehégélienne.Que la logique soit une science universelle, c'est là unpoint sur lequel les philosophes sont d'accord. En effet,que la logique soit la science de la forme, ou qu'elle soitla science du raisonnement, l'unité de l'intelligence, ainsique l'unité de la science, exigent qu'il y ait une scienceuniverselle qui s'étend à toutes les branches de la connaissanceet de la pensée. Mais si, d'un côté, la logiqueest une science universelle, elle doit, de l'autre, avoirun objet déterminé, et par suite un champ de rechercheslimité, et, en ce sens, elle doit être une science particulière.Car, si elle n'était qu'une science universelle,elle serait la science universelle et la seule science, et lesautres sciences ne seraient alors que des parties ou des di-

ESQUISSE DE l' ANCIENNE LOGIQUE. 15visions de la logique. Par conséquent, il se présente laquestion de savoir comment la logique peut être unescience universelle et particulière tout ensemble, dans ^quel sens et jusqu'à quel point elle embrasse les autressciences, et en quel sens elle constitue une science suigeneris, ayant un objet distinct et déterminé.Or, lorsque nous analysons la pensée, nous y découvronsdeux éléments : la chose elle-même (qu'elle soit d'ailleurspurement pensée ou signifiée par des mots), et le modesuivant lequel les différentes choses sont unies et disposéesdans et par la pensée, en d'autres termes, nous y découvrons,d'une part, ce qu'on a appelé la matière, ou le contenu,et, de l'autre, la forme. Si dans la proposition :Fhomme est mortel, nous ne considérons en aucune façonce qui se rapporte à l'être objectif et réel soit de Yhomme,soit de mortel, comme, par exemple, s'il y a un tel êtreappelé homme, ou ce qu'il est, ou s'il y a des choses mortelles,et en quoi consiste être mortel, etc., mais seulementla manière dont ces termes ou des termes semblables sontou peuvent être unis,nous aurons la forme universelle decette proposition. C'est par le même procédé analytiqueque nous découvrons dans un raisonnement desélémentset des rapports analogues. Et sinous étendons ce procédéaux formes diverses à l'aide desquelles nous pensons leschoses, nous aurons le point de vue fondamental de l'anciennelogique, c'est-à-dire nous aurons, d'une part, \& matièrede la pensée, et les sciences qui s'y rapportent, tellesque la métaphysique et laphysique, et, de l'autre, la formede la pensée, et la science de la forme ou la logique.Maintenant, comme il ne peut y avoir de pensée sans

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visions de la logique. Par conséquent, il se présente la

question de savoir comment la logique peut être une

science universelle et particulière tout ensemble, dans ^

quel sens et jusqu'à quel point elle embrasse les autres

sciences, et en quel sens elle constitue une science sui

generis, ayant un objet distinct et déterminé.

Or, lorsque nous analysons la pensée, nous y découvrons

deux éléments : la chose elle-même (qu'elle soit d'ailleurs

purement pensée ou signifiée par des mots), et le mode

suivant lequel les différentes choses sont unies et disposées

dans et par la pensée, en d'autres termes, nous y découvrons,

d'une part, ce qu'on a appelé la matière, ou le contenu,

et, de l'autre, la forme. Si dans la proposition :

Fhomme est mortel, nous ne considérons en aucune façon

ce qui se rapporte à l'être objectif et réel soit de Yhomme,

soit de mortel, comme, par exemple, s'il y a un tel être

appelé homme, ou ce qu'il est, ou s'il y a des choses mortelles,

et en quoi consiste être mortel, etc., mais seulement

la manière dont ces termes ou des termes semblables sont

ou peuvent être unis,

nous aurons la forme universelle de

cette proposition. C'est par le même procédé analytique

que nous découvrons dans un raisonnement des

éléments

et des rapports analogues. Et si

nous étendons ce procédé

aux formes diverses à l'aide desquelles nous pensons les

choses, nous aurons le point de vue fondamental de l'ancienne

logique, c'est-à-dire nous aurons, d'une part, \& matière

de la pensée, et les sciences qui s'y rapportent, telles

que la métaphysique et la

physique, et, de l'autre, la forme

de la pensée, et la science de la forme ou la logique.

Maintenant, comme il ne peut y avoir de pensée sans

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