Hegel-Logique-tome-1

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320 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.difficile pour l'esprit qui se meut dans la sphère de la représentation(1). On sera facilement porté à considérercomme absolument impossible,ou du moins comme bienmoins possible que l'on admette qu'il n'y a, pour ainsi dire,pas de monde, qu'il puisse venir à l'esprit de quelqu'unqu'il n'y a pas de Dieu. On croira bien plus facilement,ce qui ne fait pas notre éloge, qu'un système nie plutôtDieu que le monde, et l'on trouvera qu'il est beaucoupplus compréhensible qu'on nie Dieu que le monde.La seconde remarque concerne la critique du contenuqu'atteint d'abord cette élévation par la pensée (2). Ce contenu,lorsqu'il n'est déterminé que comme substance oucomme essence nécessaire du monde, ou comme causefinale et qui gouverne le monde suivant une fin, etc., n'estpas sans doute adéquat à ce qu'on entend, etl'on doit entendrepar Dieu. Mais en faisant abstraction de cequ'il ya d'irrationnelà présupposer une représentation de Dieu,et à juger le résultat d'après cette présupposition, il fautreconnaître que ces déterminations ont une grande importanceet qu'elles sont des moments nécessaires de l'idée deDieu. Seulement, pour placer sur cette voie devant la penséel'objet dans sa véritable détermination, c'est-à-dire la véritableidée de Dieu, on ne doit pas prendre pour point dedépart un contenu subordonné. Les choses purement contingentesfournissent une détermination fort abstraite. Lanature organique et ses déterminations appartiennent à une(1) Le texte a seulement : im Sinne der Vorstellung : dans le sens de lareprésentation : c'est-à-dire pour la pensée représentative, pour la pensée oul'esprit qui ne s'élève pas au-dessus de la représentation.(2) Jene denkende Erhebung : cette élévation pensante ; car c'est une élévationqui n'a pas lieu par le cœur ou le sentiment, mais par la pensée.

SECOND RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OfiJET. 321plus haute sphère, à la sphère de lavie. Mais, outre que laconsidération de la finalité de la nature vivante, ainsi quedes rapports des choses avec la finalité peuvent être fausséspar l'insignifiance des fins, et par l'emploi puéril qu'onen fait, la nature vivante elle-même ne constitue pas cettesphère où l'on peut saisir la vraie détermination de l'idéede Dieu. Dieu n'est pas seulement un être vivant, il estesprit. C'est la nature spirituelle qui fournit à la pensée del'absolu le point de départ le plus haut et le plus vrai,autant du moins que lapensée prend un point de départ, etqu'elle veut prendre celui qui se rapproche le plus d'elle.§ LI.L'autre voie de cette union où doit se réaliser l'idéaldela raison part d'un moment abstrait de lapensée, et arriveà une détermination où l'on n'a plus que l'être : preuveontologique de l'existence de Dieu. L'opposition, qui seproduit ici d'une façon abstraite et subjective (1), est l'oppositionde la pensée et de l'être,tandis que, dans le premiercas, l'être est commun aux deux côtés, et que l'oppositionne portequesurla différence de l'individuel et del'universel.L'objection que l'entendement dirige contre cette preuveest au fond (2) lamême que celle qu'il dirige contre la pre-(i) Le texte dit : Abstrakl Subjecliv : abstraciivemenl subjectif, ou subjectifd'une façon abstraite, expression plus exacte; car l'opposition, telle qu'ellea lieu dans la preuve ontologique, n'est pas l'opposition objective etconcrète,telle qu'elle a lieu dans la réalité, mais c'est l'opposition qui a lieu dans lapensée subjective, et dans une pensée subjective abstraite, c'est-à-dire dansune pensée qui n'est pas dans le système, et dans le processus de ses moments,mais hors du système et de ce processus.(2) An sich : en soi, virtuellement.VÉRA. — Logique de Hegel. I. — 21

320 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.

difficile pour l'esprit qui se meut dans la sphère de la représentation

(1). On sera facilement porté à considérer

comme absolument impossible,

ou du moins comme bien

moins possible que l'on admette qu'il n'y a, pour ainsi dire,

pas de monde, qu'il puisse venir à l'esprit de quelqu'un

qu'il n'y a pas de Dieu. On croira bien plus facilement,

ce qui ne fait pas notre éloge, qu'un système nie plutôt

Dieu que le monde, et l'on trouvera qu'il est beaucoup

plus compréhensible qu'on nie Dieu que le monde.

La seconde remarque concerne la critique du contenu

qu'atteint d'abord cette élévation par la pensée (2). Ce contenu,

lorsqu'il n'est déterminé que comme substance ou

comme essence nécessaire du monde, ou comme cause

finale et qui gouverne le monde suivant une fin, etc., n'est

pas sans doute adéquat à ce qu'on entend, et

l'on doit entendre

par Dieu. Mais en faisant abstraction de ce

qu'il y

a d'irrationnel

à présupposer une représentation de Dieu,

et à juger le résultat d'après cette présupposition, il faut

reconnaître que ces déterminations ont une grande importance

et qu'elles sont des moments nécessaires de l'idée de

Dieu. Seulement, pour placer sur cette voie devant la pensée

l'objet dans sa véritable détermination, c'est-à-dire la véritable

idée de Dieu, on ne doit pas prendre pour point de

départ un contenu subordonné. Les choses purement contingentes

fournissent une détermination fort abstraite. La

nature organique et ses déterminations appartiennent à une

(1) Le texte a seulement : im Sinne der Vorstellung : dans le sens de la

représentation : c'est-à-dire pour la pensée représentative, pour la pensée ou

l'esprit qui ne s'élève pas au-dessus de la représentation.

(2) Jene denkende Erhebung : cette élévation pensante ; car c'est une élévation

qui n'a pas lieu par le cœur ou le sentiment, mais par la pensée.

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