Hegel-Logique-tome-1

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312 LOGIQUE. — PREMIÈRE PARTIE.en ceci :que tout être réel contient des déterminations opposées,et que, par suite, connaître, et pour parler avec plus deprécision, connaître un objet suivant lanotion, c'est acquérirlaconscience de cet objet en tant qu'unité de déterminationsopposées. Maintenant, pendant que l'ancienne métaphysiqueemployait, comme nous l'avons fait remarquerci-dessus, et appliquait dans ses recherches les déterminationsabstraites de l'entendement en excluant leur contraire,Kant au contraire a cherché à démontrer commentà une affirmation on peut opposer, avec un égal droit etune égale nécessité, l'affirmation du contenu contraire.Kant s'est borné àdémontrer les antinomies que renfermela cosmologie de l'ancienne métaphysique, et suivant sonschèmedes catégories il les a ramenées à quatre. La 'premièreantinomie concerne la question : si l'on doit penserle monde comme limité, ou comme illimité dans l'espace etdans le temps. Dans la seconde, il s'agit de savoir si l'ondoit considérer la matière comme infiniment divisible, oucomme composée d'atomes. La troisième se rapporte à l'oppositionde la liberté et de la nécessité, ce qui amène laquestion de savoir si, dans l'univers, l'on doit considérertoutes choses comme conditionnées par le rapport de causalité,ou bien, si l'on doit aussi y admettre des essenceslibres, c'est-à-dire des commencements absolus d'action. Icivient s'ajouter comme quatrième antinomie le dilemme :le monde en général a ou n'a point de cause.— Le procédéque Kant suit dans l'exposition de ces antinomies consisteà placer l'une en face de l'autre, comme thèse et antithèse,les déterminations opposées qui y sont contenues, et à lesdémontrer toutes les deux, c'est-à-dire à démontrer qu'ellessi

SECOND RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'ORJET. 313sont les produits nécessaires de la pensée réfléchie. Et ildéclare en même temps expressément qu'il n'a pas cherchépar là des arguments captieux, et voulu, pour ainsi dire,fournir des preuves d'avocat. Mais dans le fait les démonstrationsque Kant emploie pour établir sa thèse et son antithèsene sont que des démonstrations apparentes (1), parceque ce qui doit être prouvé s'y trouve déjà dans laprésuppositiond'où l'onpart, et que c'est par un procédé diffus etdétourné qu'on introduit dans la démonstration l'apparenced'une médiation. Cependant cette théorie des antinomiesrestera comme un résultat fort important et fort remarquablede la philosophie critique, en ce qu'on y établit(bien que ce ne soit que d'une façon subjective et immédiate)l'unité réelle des déterminations que l'entendementmaintient dans leur état de scission. Ainsi, par exemple,dans la première des antinomies cosmologiques que l'onvientd'indiquer,il y a ceci :c'est qu'on doit considérer l'espaceet le temps non-seulement comme continus, maiscomme discrets, tandis que l'anciennemétaphysique s'entenait à lasimple continuité, et par suite elle considérait lemonde comme illimité dans l'espace et dans le temps. Ilestexact de dire que l'on peut aller au delà de tout espace,ainsi que de tout temps déterminés, mais iln'est pas moinsvrai que l'espace et le temps n'atteignent à leur réalitéque par leur déterminabilité , c'est-à-dire , tici et leprésent, et que cette déterminabilité réside dans leurnotion. Ceci s'applique également aux autres antinomies.(1) Scheinbweise. La preuve qui ne va pas au delà du Schein, de la sphèrede la réflexion, précisément parce qu'elle n'est pas la preuve spéculative quisaisit l'unité des contraires. Voy. sur les antinomies, Grande logique.

SECOND RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'ORJET. 313

sont les produits nécessaires de la pensée réfléchie. Et il

déclare en même temps expressément qu'il n'a pas cherché

par là des arguments captieux, et voulu, pour ainsi dire,

fournir des preuves d'avocat. Mais dans le fait les démonstrations

que Kant emploie pour établir sa thèse et son antithèse

ne sont que des démonstrations apparentes (1), parce

que ce qui doit être prouvé s'y trouve déjà dans la

présupposition

d'où l'on

part, et que c'est par un procédé diffus et

détourné qu'on introduit dans la démonstration l'apparence

d'une médiation. Cependant cette théorie des antinomies

restera comme un résultat fort important et fort remarquable

de la philosophie critique, en ce qu'on y établit

(bien que ce ne soit que d'une façon subjective et immédiate)

l'unité réelle des déterminations que l'entendement

maintient dans leur état de scission. Ainsi, par exemple,

dans la première des antinomies cosmologiques que l'on

vientd'indiquer,il y a ceci :

c'est qu'on doit considérer l'espace

et le temps non-seulement comme continus, mais

comme discrets, tandis que l'ancienne

métaphysique s'en

tenait à la

simple continuité, et par suite elle considérait le

monde comme illimité dans l'espace et dans le temps. Il

est

exact de dire que l'on peut aller au delà de tout espace,

ainsi que de tout temps déterminés, mais il

n'est pas moins

vrai que l'espace et le temps n'atteignent à leur réalité

que par leur déterminabilité , c'est-à-dire , tici et le

présent, et que cette déterminabilité réside dans leur

notion. Ceci s'applique également aux autres antinomies.

(1) Scheinbweise. La preuve qui ne va pas au delà du Schein, de la sphère

de la réflexion, précisément parce qu'elle n'est pas la preuve spéculative qui

saisit l'unité des contraires. Voy. sur les antinomies, Grande logique.

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