Hegel-Logique-tome-1

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310 LOGIQUE. — PREMIÈRE PARTIE.l'esprit. L'on accordera sans difficulté que l'esprit trouvedes contradictions dans le monde phénoménal, — et lemonde phénoménal est lemonde de l'esprit subjectif, de lasensibilité et de l'entendement. Après cela on sera étonnéde voir cette espèce de bonhomie et d'humilité avec laquelle,lorsqu'on compare l'essence du monde avec l'essencede l'esprit, on pose en principe que ce n'est pas l'essencedu monde, mais l'essence pensante, la raison quicontient la contradiction. Et il ne sert de rien, en quelquesorte, de tourner la difficulté, en disant que la raison netombe dans la contradiction qu'en appliquant les catégories.Car on enseigne en même temps qu'une telle application estnécessaire, et que la raison ne saurait connaître qu'en seservant des catégories. La connaissance est, en effet, lapensée, la pensée déterminante et déterminée.Une raisonqui n'est qu'une pensée vide et indéterminée ne penserien. Réduire la raison à cette identité vide (Voy. § suivant),c'est, sans doute, la débarrasser de la contradiction,mais c'est l'en débarrasser en lui enlevant toute valeur ettout contenu.On peut ensuite remarquer que c'est l'absence d'un examenplus profond des antinomies qui a conduit Kantà n'enreconnaître que quatre. Il y est arrivé en présupposant,comme dans les paralogismes, la table des catégories, appliquantainsi le procédé si suivi depuis, et qui consiste Aranger les déterminations d'un objet sous un schème préparéd'avance, au lieu de les déduire de la notion elle-même.D'autres imperfections de la théorie des antinomies, je les aià l'occasion signalées dans ma logique. — Ce qu'il fautavant tout remarquer, c'est que les antinomies ne se rencon-

SECOND RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 311trcnt pas seulement dans les quatre objetscosmologiques,mais dans tout objet, à quelque espèce qu'il appartienne,dans toute représentation, dans toute notion, et dans touteidée. Se pénétrer de cette vérité, et connaître les chosesdans cette propriété (1),c'est là l'objet essentiel de l'investigationphilosophique. C'est cette propriété qui constitue,comme on le verra plus loin, le moment dialectique de lalogique.Zusatz. Suivant l'ancienne métaphysique, on admettaitprécédemment que, lorsque la connaissance tombedans la contradiction, il n'y a là qu'une erreur accidentelleet qui vient d'une imperfection subjective dans la faculté deraisonner.Suivant Kant, au contraire, c'est dans la naturemême de la pensée de tomber dans la contradiction (lesantinomies),lorsqu'elle veut connaître l'infini. Bien qu'ondoive considérer cette doctrine des antinomies comme unprogrès fort important de la connaissance philosophique,ainsi que nous l'avons fait remarquer ci-dessus, en ce quel'on a par là écarté le dogmatisme rigide de la métaphysiquede l'entendement, et qu'on a appelé l'attention sur lemouvement dialectique de la pensée, il faut cependant remarqueren même temps que Kant est arrivé iciaussi à unrésultat négatif, à l'impossibilité d'atteindre à la connaissancede l'essence des choses (2),et qu'ainsi la significationpositive des antinomies lui échappe. Maintenant, la significationvraie etpositive des antinomies consiste en général(1) Car les choses sont dans, et par cette propriété (Eigenschaft)^ la dialectique.(2) Ansich der Dinge : l'en soi des choses : expression équivaleute à 1chose en soi.

SECOND RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 311

trcnt pas seulement dans les quatre objets

cosmologiques,

mais dans tout objet, à quelque espèce qu'il appartienne,

dans toute représentation, dans toute notion, et dans toute

idée. Se pénétrer de cette vérité, et connaître les choses

dans cette propriété (1),

c'est là l'objet essentiel de l'investigation

philosophique. C'est cette propriété qui constitue,

comme on le verra plus loin, le moment dialectique de la

logique.

Zusatz. Suivant l'ancienne métaphysique, on admettait

précédemment que, lorsque la connaissance tombe

dans la contradiction, il n'y a là qu'une erreur accidentelle

et qui vient d'une imperfection subjective dans la faculté de

raisonner.

Suivant Kant, au contraire, c'est dans la nature

même de la pensée de tomber dans la contradiction (les

antinomies),

lorsqu'elle veut connaître l'infini. Bien qu'on

doive considérer cette doctrine des antinomies comme un

progrès fort important de la connaissance philosophique,

ainsi que nous l'avons fait remarquer ci-dessus, en ce que

l'on a par là écarté le dogmatisme rigide de la métaphysique

de l'entendement, et qu'on a appelé l'attention sur le

mouvement dialectique de la pensée, il faut cependant remarquer

en même temps que Kant est arrivé ici

aussi à un

résultat négatif, à l'impossibilité d'atteindre à la connaissance

de l'essence des choses (2),

et qu'ainsi la signification

positive des antinomies lui échappe. Maintenant, la signification

vraie et

positive des antinomies consiste en général

(1) Car les choses sont dans, et par cette propriété (Eigenschaft)^ la dialectique.

(2) Ansich der Dinge : l'en soi des choses : expression équivaleute à 1

chose en soi.

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