Hegel-Logique-tome-1

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296 LOGIQUE. PREMIÈRE PARTIE.posé dans cette unité se trouve pénétré par elle et changéen elle. Le moi est, si l'on peut ainsi dire, le creuset etle feu où la multiplicité vient se dissoudre, et est ramenéeà l'indifférence et à l'unité. C'est là ce que Kant appelleaperception pure, à la différence de l'aperceptionordinairequi reçoit en elle le multiple comme tel, tandis qu'on doitconsidérer l'aperception pure comme l'activité du moi quifait sien et unifie le multiple dans son unité. — Maintenantil faut dire que cette doctrine exprime bien la naturede la conscience. L'homme aspire surtout à la connaissancedu monde, il aspire à se l'approprier et à se le soumettre,et il faut que la réalité du monde en quelque sorte s'efface,c'est-à-dire s'idéalise devant l'activité humaine. Mais il fautaussi observer que ce n'est pas l'activité subjective de laconscience de soi qui ramène le multiple à l'absolueunité.Celte unité est bien plutôt l'absolu lui-même, la véritéelle-même. C'est, pour ainsi dire, la bonté de l'absoluqui laisse aux existences individuelles la jouissance d'ellesmêmeset les stimule en même temps à revenir à leurunité absolue.Zusatz 2. Des expressions, telles que unité transcendantalede la conscience de soi, paraissent très-obscures,comme si elles cachaient quelque chose d'extraordinaire.Mais la chose est bien simple. Ce que Kant entend partrascendantal on le voit par la différence de ce mot avectranscendant. L'être transcendant est en général ce qui dépassela limite de l'entendement, etc'est dans ce sens qu'ilse produit d'abord dans les mathématiques. Par exemple,on enseigne en géométrie qu'il faut se représenter la circonférencecomme composée d'unnombre infini de lignes

SECOND RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 297infiniment petites. Ici l'on pose expressément commeidentiques des déterminations, la droite et la courbe, quisont absolument différentes pour l'entendement. Maintenantla conscience de soi, identique avec elle-même etinfinie en elle-même, est aussi un être transcendant decette espèce, à la différence de la conscience ordinaire,qui est déterminée par une matière finie. Cependant Kanta appelé cette unité transcendantale, entendant parla qu'elleest une unité purement subjective, et quelle n'appartientpas aussi aux objets tels qu'ils sont en eux-mêmes.Zusatz 3. Que les catégories doivent être considéréescomme n'appartenant qu'à nous, que comme des élémentssubjectifs, c'est ce qui pourra paraître fort bizarre à la consciencenaturelle. Et il faut dire qu'il y a quelque chose desingulier dans cette façon de les considérer ainsi. Ce qu'ily a ici de vrai c'est que les catégories ne sont pas contenuesdans la sensation immédiate. Un morceau de sucre,par exemple, est dur, blanc, doux, etc. Nous disons quetoutes ces qualités se trouvent réunies dans un objet, etcette unité n'est pas dans la sensation. Il en est de mêmelorsque nous considérons deux événements comme étantentre eux dans le rapport de cause et d'effet. Ce que l'onperçoit ici ce sont les deux événements distincts qui sesuivent dans le temps. Mais que l'un soit la cause et l'autrel'effet,— leur connexion causale, — c'est ce qui n'est pasperçu, et qui n'est saisi que par la pensée. Mais si lescatégories, l'unité, la cause, l'effet, etc., sont du ressort dela pensée comme telle, il ne suit nullement de là qu'ellesne sont que nos déterminations, et qu'elles ne sont pasaussi les déterminations des objets. C'est cependant ainsi

SECOND RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 297

infiniment petites. Ici l'on pose expressément comme

identiques des déterminations, la droite et la courbe, qui

sont absolument différentes pour l'entendement. Maintenant

la conscience de soi, identique avec elle-même et

infinie en elle-même, est aussi un être transcendant de

cette espèce, à la différence de la conscience ordinaire,

qui est déterminée par une matière finie. Cependant Kant

a appelé cette unité transcendantale, entendant parla qu'elle

est une unité purement subjective, et quelle n'appartient

pas aussi aux objets tels qu'ils sont en eux-mêmes.

Zusatz 3. Que les catégories doivent être considérées

comme n'appartenant qu'à nous, que comme des éléments

subjectifs, c'est ce qui pourra paraître fort bizarre à la conscience

naturelle. Et il faut dire qu'il y a quelque chose de

singulier dans cette façon de les considérer ainsi. Ce qu'il

y a ici de vrai c'est que les catégories ne sont pas contenues

dans la sensation immédiate. Un morceau de sucre,

par exemple, est dur, blanc, doux, etc. Nous disons que

toutes ces qualités se trouvent réunies dans un objet, et

cette unité n'est pas dans la sensation. Il en est de même

lorsque nous considérons deux événements comme étant

entre eux dans le rapport de cause et d'effet. Ce que l'on

perçoit ici ce sont les deux événements distincts qui se

suivent dans le temps. Mais que l'un soit la cause et l'autre

l'effet,

— leur connexion causale, — c'est ce qui n'est pas

perçu, et qui n'est saisi que par la pensée. Mais si les

catégories, l'unité, la cause, l'effet, etc., sont du ressort de

la pensée comme telle, il ne suit nullement de là qu'elles

ne sont que nos déterminations, et qu'elles ne sont pas

aussi les déterminations des objets. C'est cependant ainsi

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