Hegel-Logique-tome-1

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276 LOGIQUE. — PREMIÈRE PARTIE.exclut lanégation, et suivant laquelle Dieu serait Y essencela plus réelle. Mais il est aisé de voir que cette essence laplus réelle, par là qu'on éloigne d'elle la négation, estexactement l'opposé de ce qu'elle doit être, et de ce quel'entendement croit avoir en elle. Car, loin d'être l'essencela plus riche et la plus accomplie, elle est, au contraire, parsuite de la façon abstraite sous laquelle on l'a conçue, laplus pauvre et la plus vide. Le sentiment demande avecraison un contenu concret, mais il n'y a de contenu concretque là où il ya en lui une déterminabilité, c'està-direune négation. Lorsque la notion de Dieu n'est saisieque sous laraison de l'essence abstraite, ou la plus réelle,Dieu devient par là même un être qu'on ne peut atteindre,et il ne saurait être question de sa connaissance, car là oùil n'y a pas de détermination, il ne peut non plus y avoirde connaissance.La lumière pure est la pure obscurité.La seconde question sur laquelle cette théologie rationnellea dirigé son attention concerne la preuve de l'existencede Dieu. Ce qu'il faut surtout remarquer à ce sujet, c'est quela preuve, telle qu'elle est conçue par l'entendement, consistedans un rapport de dépendance qui lie une déterminationaune autre. On a, dans cette façon de démontrer, unprincipe présupposé d'où découle une conséquence. Ondémontre par là comment une détermination dépend d'uneprésupposition. Mais démontrer de cette façon l'existencede Dieu, c'est faire dépendre cette existence d'autres déterminations,car ce sont celles-ci qui en contiennent laraison. On peut voir ici tout ce qu'il y a de louche danscette preuve, car c'est Dieu qui est la raison de touteschoses, et ce n'est pas, par conséquent, lui qui peut dé-

PREMIER RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC l'oRJET. 277pendre d'autre chose. De nos jours on a dit à cet égard quel'existence de Dieu ne doit pas être démontrée, et qu'elleest connue d'une façon immédiate. Mais la raison entendladémonstration d'une tout autre manière que l'entendement,et le sens droit (1) est aussi d'accord avec elle. Ladémonstration vraiment rationnelle part, il est vrai, elleaussi, d'une détermination autre que Dieu. Seulement, danssa marche elle ne laisse pas subsister cette déterminationcomme un être immédiat, mais elle la montre comme unêtre médiatisé et posé, et par là Dieu se produit commel'être qui contient la médiation en tant que moment qui s'estabsorbé en lui, et, par suite, ilse produit comme l'être vraimentimmédiat, originaire, qui a en lui-même sa raisond'être. Lorsqu'on dit : « regardez la nature, elle vous conduiraà Dieu, et vous trouverez ainsi une finalité absolue »,on n'entend pas dire que Dieu est un être médiatisé (2)mais seulement que c'est nous quiallons d'un autre principeà Dieu, de telle façon que Dieu, en tant que conséquence,est en même temps la raison absolue du principed'où l'on part, et qu'ainsi la position est renversée, c'està-direque ce qui apparaît comme conséquence se posecomme raison première, et que le point de départ se trouverabaissé au rôle de conséquence. C'est là la marche de ladémonstration rationnelle (3).Si maintenant, d'après les considérations que nous venonsd'exposer, nous jetons encore un coup d'œil sur le procède(1) Der gesunde Sinn.(2) Ein VermiUeltes : G'est-à-dire un être médiatisé, ou médiat, et qui,par suite, a sa raison non en lui-même, mais dans un autre être.(3) Voyez sur ce point sa Philosophie de la religion, et plus spécialementses Leçons sur la pmwe de l'existence de Dieu.

PREMIER RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC l'oRJET. 277

pendre d'autre chose. De nos jours on a dit à cet égard que

l'existence de Dieu ne doit pas être démontrée, et qu'elle

est connue d'une façon immédiate. Mais la raison entend

la

démonstration d'une tout autre manière que l'entendement,

et le sens droit (1) est aussi d'accord avec elle. La

démonstration vraiment rationnelle part, il est vrai, elle

aussi, d'une détermination autre que Dieu. Seulement, dans

sa marche elle ne laisse pas subsister cette détermination

comme un être immédiat, mais elle la montre comme un

être médiatisé et posé, et par là Dieu se produit comme

l'être qui contient la médiation en tant que moment qui s'est

absorbé en lui, et, par suite, il

se produit comme l'être vraiment

immédiat, originaire, qui a en lui-même sa raison

d'être. Lorsqu'on dit : « regardez la nature, elle vous conduira

à Dieu, et vous trouverez ainsi une finalité absolue »,

on n'entend pas dire que Dieu est un être médiatisé (2)

mais seulement que c'est nous qui

allons d'un autre principe

à Dieu, de telle façon que Dieu, en tant que conséquence,

est en même temps la raison absolue du principe

d'où l'on part, et qu'ainsi la position est renversée, c'està-dire

que ce qui apparaît comme conséquence se pose

comme raison première, et que le point de départ se trouve

rabaissé au rôle de conséquence. C'est là la marche de la

démonstration rationnelle (3).

Si maintenant, d'après les considérations que nous venons

d'exposer, nous jetons encore un coup d'œil sur le procède

(1) Der gesunde Sinn.

(2) Ein VermiUeltes : G'est-à-dire un être médiatisé, ou médiat, et qui,

par suite, a sa raison non en lui-même, mais dans un autre être.

(3) Voyez sur ce point sa Philosophie de la religion, et plus spécialement

ses Leçons sur la pmwe de l'existence de Dieu.

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