Hegel-Logique-tome-1

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256 LOGIQUE. — PREMIÈRE PARTIE.leur propre des déterminations de l'entendement, nicetteforme suivant laquelle on déterminerait l'absolu en y ajoutantdes prédicats (1).REMARQUE.Ces prédicats sont, par exemple : Yexistence, commedans la proposition : Dieu existe : la finité ou l'infinité,comme dans la question : si le monde est fini ou infini:simple ou composé, comme dans la proposition : l'âmeestsimple : ou bien : la chose est une, elle est un tout, etc.Dans ces propositions on ne recherche ni quelle véritécontiennent ces prédicats, ni si la forme du jugement, peutêtre la forme de la vérité.Zusatz. L'ancienne métaphysique partait de cettecroyance, que la pensée saisit Yen soi des choses, et queles choses ne sont dans leur vérité qu'autantqu'elles sontpensées. Le sentiment et la nature sont un Protée mobileet changeant, et l'on fait naturellement réflexion que leschoses ne sont pas en elles-mêmes, telles qu'elles se présententdans leur état immédiat. — Ce point de vue del'ancienne métaphysique est opposé au résultat de la philosophiecritique. On peut bien dire que, d'après ce résultat,l'homme n'est fait que pour draguer laboue.Mais, pour ce qui concerne le procédé de cette anciennemétaphysique, il faut remarquer qu'elle ne s'élève pas audessusde la pensée qui pense suivant l'entendement (2).(1) Comme on peut le voir, cette critique s'adresse principalement à laphilosophie de Leibnitz et au Wolfianisme que Hegel désigne plus loin, § 31,par le nom de dogmatisme pour la distinguer de la philosophie de Kant.(2) Verstàndige Denken. Voy. Plul. de l'Esprit, § 423 et suiv.

PREMIER RAPPORT DE LA PENSÉE AVEC L'OBJET. 257Elle prend les déterminations de lapensée d'une façon immédiate,et la valeur qu'elle leur accorde c'est d'être desprédicats du vrai. Lorsqu'il est question de la pensée, ondoit distinguer lapensée finie, la pensée suivant l'entendement,de la pensée rationnelle, infinie. Les déterminationsde la pensée, telles qu'elles sont d'une façon immédiate, àl'état individuel, sont les déterminations finies. Mais le vraiest l'infini en lui-même, que le fini ne saurait exprimer etplacer devant la conscience. L'expression, pensée infiniepourra paraître singulière à celui qui ne peut s'affranchir del'opinion (1) de ces derniers temps, suivant laquelle lapensée serait toujours pensée finie. Mais, dans le fait, lapensée est par son essence infinie. Abstractivement parlant,le fini est ce qui a une fin ; c'est ce qui est, mais quifinit là où il est en rapport avec son contraire, et qui par suiteest limité par lui. Par conséquent, le fini consiste dans unrapport avec son contraire, qui est sa négation et sa limite.Mais la pensée demeure en elle-même, est en rapport avecelle-même et a elle-même pour objet.Lorsque mon objetest une pensée, je suis en rapport avec moi-même. Le moi,la pensée est, par conséquent, infinie, parce que, dans lapensée, elle est en rapport avec un objet qui est ellemême.L'objet, en général, est un contraire, un être négatifen face de moi. La pensée, en se pensant elle-même,a un objet qui n'en est pas un, c'est-à-dire un objet supprimé,un moment de l'idée (2). La pensée comme telle,(1) Vorstellung ; représentation. C'est une représentation, ce n'est pas unepensée vraiment scientifique, ou spéculative. C'est à la philosophie de Kantet à celle de Jacobi que Hegel fait allusion.(2) Et, partant, de la pensée elle-même.VERA. — Logique de Hegel. I. — 17

256 LOGIQUE. — PREMIÈRE PARTIE.

leur propre des déterminations de l'entendement, ni

cette

forme suivant laquelle on déterminerait l'absolu en y ajoutant

des prédicats (1).

REMARQUE.

Ces prédicats sont, par exemple : Yexistence, comme

dans la proposition : Dieu existe : la finité ou l'infinité,

comme dans la question : si le monde est fini ou infini:

simple ou composé, comme dans la proposition : l'âme

est

simple : ou bien : la chose est une, elle est un tout, etc.

Dans ces propositions on ne recherche ni quelle vérité

contiennent ces prédicats, ni si la forme du jugement, peut

être la forme de la vérité.

Zusatz. L'ancienne métaphysique partait de cette

croyance, que la pensée saisit Yen soi des choses, et que

les choses ne sont dans leur vérité qu'autant

qu'elles sont

pensées. Le sentiment et la nature sont un Protée mobile

et changeant, et l'on fait naturellement réflexion que les

choses ne sont pas en elles-mêmes, telles qu'elles se présentent

dans leur état immédiat. — Ce point de vue de

l'ancienne métaphysique est opposé au résultat de la philosophie

critique. On peut bien dire que, d'après ce résultat,

l'homme n'est fait que pour draguer la

boue.

Mais, pour ce qui concerne le procédé de cette ancienne

métaphysique, il faut remarquer qu'elle ne s'élève pas audessus

de la pensée qui pense suivant l'entendement (2).

(1) Comme on peut le voir, cette critique s'adresse principalement à la

philosophie de Leibnitz et au Wolfianisme que Hegel désigne plus loin, § 31,

par le nom de dogmatisme pour la distinguer de la philosophie de Kant.

(2) Verstàndige Denken. Voy. Plul. de l'Esprit, § 423 et suiv.

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