Hegel-Logique-tome-1

14.02.2021 Views

232 LOGIQUE.Mais, en réalité, il n'est pas plus donné de penser que dese nourrir pour un autre. Ce n'est donc là qu'un pléonasme.— Dans la pensée réside d'une façon immédiate laliberté, parce que la pensée est l'activité de l'universel, etpar suite un rapport abstrait avec soi-même, une concentrationen soi-même indéfinie suivant le côté subjectif, etqui, en même temps, suivant le côté du contenu, ne s'attachequ'à la chose même et à ses déterminations. Par conséquent,lorsqu'on parle de modestie et d'humilité, et qu'onaccuse la philosophie d'orgueil, on devrait, ce nous semble,laver la philosophie de ce reproche, s'il est vrai quel'humilité et la modestie consistent à ne rien s'attribuerd'une qualité et d'une action. Car, suivant le contenu,la pensée n'est pensée véritable qu'autant qu'elle seplonge dans la chose même, et, suivant la forme, ellen'est pas l'être particulier ou l'action particulière du sujet,mais elle est précisément laconscience qui se pose commemoi abstrait, comme moi affranchi de toute particularité deses qualités, de ses états, etc., et ne produit que l'universeloù il est identique avec tous les individus. — Aristoteveut que le philosophe garde sa dignité. Cette dignité consisteprécisément à se défaire des opinions particulières,et à ne laisser dominer dans la conscience que l'universelet l'essence.ti§ XXIV -D'après ces déterminations on pourra appeler les penséespensées objectives, et parmi ces pensées on doit rangeraussi les formes que la logique ordinaire ne considère quecomme formes de la pensée dans la conscience. Par con-

PRÉLIMINAIRES. 233sëquent, la logique se confond avec lamétaphysique, aveclascience qui saisit les choses dans les pensées, auxquelleson accorde ici la faculté d'exprimer l'essence des choses.REMARQUE.Le rapport des formes, telles que la notion, le jugement,le syllogisme, la causalité, etc., ne peut se produire qu'ausein de la logique elle-même. Mais, ce que l'on doit aussiremarquer à l'avance, c'est que, lorsque lapensée chercheà se faire une notion des choses, cette notion(et par suiteses formes les plus immédiates, le jugement et le syllogisme)ne saurait se composer de déterminations et derapports qui sont étrangers aux choses. La réflexion, nousvenons de le faire observer, élève à l'universel dans leschoses; mais l'universel est lui-même un moment de lanotion. Dire que l'entendement, la raison est dans lemonde, revient à dire que la raison contient des penséesobjectives. Mais cette expression est insuffisante, parcequ'on a trop l'habitude de considérer les pensées commen'appartenant qu'à l'esprit et à la conscience, et de n'attribuerprécisément l'objectivitéqu'aux choses autres quel'esprit (1).Zusatz \ .Lorsqu'on dit que la pensée, en tant que penséeobjective, constitue le principe interne de l'univers, ilsemble qu'on devrait par là attribuer la conscience auxchoses de la nature. Mais nous éprouvons, au contraire,une répugnance à concevoir comme pensée l'activité internedes choses, car nous disons que l'homme se distingue(1) Ungeistigem : la chose, l'être non-spirituel.

232 LOGIQUE.

Mais, en réalité, il n'est pas plus donné de penser que de

se nourrir pour un autre. Ce n'est donc là qu'un pléonasme.

— Dans la pensée réside d'une façon immédiate la

liberté, parce que la pensée est l'activité de l'universel, et

par suite un rapport abstrait avec soi-même, une concentration

en soi-même indéfinie suivant le côté subjectif, et

qui, en même temps, suivant le côté du contenu, ne s'attache

qu'à la chose même et à ses déterminations. Par conséquent,

lorsqu'on parle de modestie et d'humilité, et qu'on

accuse la philosophie d'orgueil, on devrait, ce nous semble,

laver la philosophie de ce reproche, s'il est vrai que

l'humilité et la modestie consistent à ne rien s'attribuer

d'une qualité et d'une action. Car, suivant le contenu,

la pensée n'est pensée véritable qu'autant qu'elle se

plonge dans la chose même, et, suivant la forme, elle

n'est pas l'être particulier ou l'action particulière du sujet,

mais elle est précisément la

conscience qui se pose comme

moi abstrait, comme moi affranchi de toute particularité de

ses qualités, de ses états, etc., et ne produit que l'universel

où il est identique avec tous les individus. — Aristote

veut que le philosophe garde sa dignité. Cette dignité consiste

précisément à se défaire des opinions particulières,

et à ne laisser dominer dans la conscience que l'universel

et l'essence.

t

i

§ XXIV -

D'après ces déterminations on pourra appeler les pensées

pensées objectives, et parmi ces pensées on doit ranger

aussi les formes que la logique ordinaire ne considère que

comme formes de la pensée dans la conscience. Par con-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!