Hegel-Logique-tome-1
206 INTRODUCTION DE HEGEL.rieures et contingentes qui accompagnent ces phénomènes,et que l'esprit sent ainsi s'éveiller en lui le besoin del'universel. Une physique ou une histoire expérimentalede cette espèce, faite avec intelligence, pourra renfermerune certaine connaissance rationnelle de la nature et des'choses humaines, mais elle ne sera qu'une image extérieure,un simulacre de la notion.§ XVII.Pour ce qui concerne le commencement de la philosophie,il semble d'abord que celle-ci devrait débuter, commeles autres sciences, par une supposition subjective ou parun objet particulier, qui ,pour les autres sciences, est l'espaceou le nombre, par exemple, et qui pour elle serait la pensée.Seulement, il faut remarquer à cet égard que c'est parun acte libre que la pensée se place à ce point de vue où ellen'existe que par elle-même, et où elle engendre et se donneelle-même son objet. 11 faut, en outre, que ce point de vuequi apparaît comme un point de vue immédiat devienne unrésultat, et le dernier résultat au-dedans de lascience ellemême,et qu'ainsi l'on retrouve le point de départ dans lerésultat, et qu'en arrivant au résultat on revienne au pointde départ. De cette façon, la philosophie est un cercle quirevient sur lui-même, qui ira pas de commencement dansle sens où les autres sciences en ont un ; de telle sortequ'ici le commencement n'existe pas pour la science ellemême/maisseulement pour le sujet qui se livre à la recherchephilosophique. En d'autres termes, la notion de lascience et, par suite, la notion première (1 )(et c'est précisent)Erste : première, dans le sens depoinfde départ, de commencement.
IM'KODUCTION DE HEGEL. 207ment parce qu'elle est la première qu'elle contient cettescission où la pensée se pose comme objet en quelque sorteextérieur au sujet philosophant) doit être saisie parla scienceelle-même. Atteindre «à la notion de sa notion, ramenerainsi la notion à son point de départ, la placer dans un étatde parfaite satisfaction, c'est là l'œuvre et le but de la philosophie(1).§ XVIII. ,Comme on ne saurait tracer a l'avance le dessin générald'une doctrine philosophique par la raison que l'expositionde l'idée implique le développement entier des diversesparties de la science, par cette même raison on n'en saurait(1) Pour bien saisir ce passage, il faut se placer au point de vue de l'identitéde la connaissance et de son objet. En partant de ce point de vue, il estévident que la notion de l'objet se confond avec la notion de la science, etcomme la science, dans lesenséminent du mot,etla philosophie ne font qu'un,la philosophie et son objet se confondent aussi. S'il en est ainsi, on ne peutpas dire que la philosophie ait un commencement quant à son objet. Soncommencement n'a lieu que par rapport au sujet qui se livre à la recherchephilosophique, tandis que dans les autres sciences il y a un commencementaussi bien pour l'objet que pour le sujet. Or, comme pour Hegel c'est lapensée qui fait l'unité des choses, le point de départ de la science, ainsique son terme extrême, sont l'œuvre d'un acte libre de la pensée. La différencequi existe à cet égard entre le commencement et la fin, c'est que la pensée, auterme de sa carrière, s'est saisie complètement elle-même, et s'est retrouvéedans son objet. Et il faut remarquer que cette évolution de la pensée estcontenue dans la notion même de la science ; car dans la notion de la science setrouvent contenues la scission du sujet et de l'objet, et leur unité tout ensemble.Mais puisque par cet acte suprême et absolu la pensée se reconnaît commeprincipe absolu, elle se reconnaît aussi comme constituant le point de départde la connaissance, et par là elle identiGe le commencement et la On de laconnaissance. Tout autre connaissance, de quelque façon qu'on l'envisage, età quelque degré qu'on la prenne, doit être considérée comme un préliminaire,comme un moyen dont l'objet final est d'élever la pensée à cette formeabsolue de l'existence. — Voy. Introd. àla Phil. de Hegel, chapitres IV et VI;plus haut, Introd. §§ ix et xm ; et Philosophie de l'Esprit, § 573 et suiy.
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ment parce qu'elle est la première qu'elle contient cette
scission où la pensée se pose comme objet en quelque sorte
extérieur au sujet philosophant) doit être saisie parla science
elle-même. Atteindre «à la notion de sa notion, ramener
ainsi la notion à son point de départ, la placer dans un état
de parfaite satisfaction, c'est là l'œuvre et le but de la philosophie
(1).
§ XVIII. ,
Comme on ne saurait tracer a l'avance le dessin général
d'une doctrine philosophique par la raison que l'exposition
de l'idée implique le développement entier des diverses
parties de la science, par cette même raison on n'en saurait
(1) Pour bien saisir ce passage, il faut se placer au point de vue de l'identité
de la connaissance et de son objet. En partant de ce point de vue, il est
évident que la notion de l'objet se confond avec la notion de la science, et
comme la science, dans lesenséminent du mot,etla philosophie ne font qu'un,
la philosophie et son objet se confondent aussi. S'il en est ainsi, on ne peut
pas dire que la philosophie ait un commencement quant à son objet. Son
commencement n'a lieu que par rapport au sujet qui se livre à la recherche
philosophique, tandis que dans les autres sciences il y a un commencement
aussi bien pour l'objet que pour le sujet. Or, comme pour Hegel c'est la
pensée qui fait l'unité des choses, le point de départ de la science, ainsi
que son terme extrême, sont l'œuvre d'un acte libre de la pensée. La différence
qui existe à cet égard entre le commencement et la fin, c'est que la pensée, au
terme de sa carrière, s'est saisie complètement elle-même, et s'est retrouvée
dans son objet. Et il faut remarquer que cette évolution de la pensée est
contenue dans la notion même de la science ; car dans la notion de la science se
trouvent contenues la scission du sujet et de l'objet, et leur unité tout ensemble.
Mais puisque par cet acte suprême et absolu la pensée se reconnaît comme
principe absolu, elle se reconnaît aussi comme constituant le point de départ
de la connaissance, et par là elle identiGe le commencement et la On de la
connaissance. Tout autre connaissance, de quelque façon qu'on l'envisage, et
à quelque degré qu'on la prenne, doit être considérée comme un préliminaire,
comme un moyen dont l'objet final est d'élever la pensée à cette forme
absolue de l'existence. — Voy. Introd. àla Phil. de Hegel, chapitres IV et VI;
plus haut, Introd. §§ ix et xm ; et Philosophie de l'Esprit, § 573 et suiy.