Hegel-Logique-tome-1

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194 INTRODUCTION DE HEGEL.près, n'est autre chose que la méthode ordinaire, qui consisteà analyser un principe empirique, ou un principe provisoire,posé sous forme de définition On doit reconnaîtrela justesse de cette tentative en ce qu'on y met en évidencecomment le procédé ordinaire qui consiste à poser des présuppositionset des principes ordinaires n'est qu'un procédéhypothétique et problématique. Mais la justesse de cepoint de vue ne corrige nullement le défaut de ce procédé.Tout au contraire , elle fournit elle-même un exemple deson insuffisance.La philosophie peut aussi avoir pour fondement ce besoin,savoir, que l'esprit qui, en tant qu'esprit cloué de sensibilité,d'imagination, de volonté, n'a pour objet que desêtres sensibles, des représentations et des fins diverses,aspire, en opposition avec ces formes d'existence et de cesobjets, à satisfaire ce qu'il y a de plus intime en lui, c'està-direla pensée, et de s'élever à ce degré où il n'a qu'ellepour objet. C'est ainsi que l'esprit se saisit lui-même dansle sens le plus profond du mot, parce que son principe, lefond pur et identique de son être, c'est la pensée. C'est cependantdans ce travail, dans cette évolution, que la penséetombe et, pour ainsi dire, s'égare dans les contradictionset dans les différences des pensées, et que, par suite, aulieu de se saisir elle-même, elle demeure comme fixée dansson contraire. Mais ce n'est là qu'un résultat de la pensée,entant qu'entendement, en face duquel s'élève un plus hautbesoin, besoin qui fait que la pensée ne s'abandonne paselle-même, et que, dans cet état de séparation d'avec elle-

INTRODUCTION DE BÉGÊL. 195même, état dont elle a conscience, elle demeure fidèle àelle-même, de telle façon qu'elle parvient à surmonter lacontradiction, et qu'elle accomplit en elle-même la conciliationde ses propres contradictions.REMARQUE.Que la dialectique constitue la nature elle-même de lapensée, que, comme entendement, la pensée se nie et secontredise elle-même, c'est là un des points essentiels de lalogique. La pensée (1), désespérant de pouvoir tirer d'ellemêmela conciliation des oppositions qu'elle a elle-mêmeposées, se tourne vers les conciliations qui s'accomplissentdans une autre sphère ou forme de son existence, danscl'esprit ( 2). Mais dans ce mouvement de la pensée, quin'est qu'un retour de la pensée sur elle-même, celle-cine devrait pas tomber dans celte misologie (3) dont Platoneut un exemple devant lui, et prendre une attitudehostile vis-à-vis d'elle-même, ainsi que cela a lieu danscette prétendue connaissance immédiate qu'on présentecomme la seule forme légitime de la connaissance de lavérité(ù).1) En tant que pensée logique, ou en tant que nature(2) C'est-à-dire que la solution dernière et absolue des contradictions résidedans la pensée en tant qu'esprit.— Voy. Phil, de V Esprit; et Introduction à laPhilosophie de Hegel, en. XIII.(3) La sophistique.(4) C'est-à-dire que la connaissance immédiate ne constitue pas la vraieconnaissance, et que la pensée ne doit pas s'y arrêter, puisqu'en s'y arrêtantelle se met en désaccord avec elle-même; car la vraie connaissance est laconnais:>ance médiate. — Voy. § lx et suiv., Logique, passim ; et Philosophiede la Religion. I re part. en. III.

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près, n'est autre chose que la méthode ordinaire, qui consiste

à analyser un principe empirique, ou un principe provisoire,

posé sous forme de définition On doit reconnaître

la justesse de cette tentative en ce qu'on y met en évidence

comment le procédé ordinaire qui consiste à poser des présuppositions

et des principes ordinaires n'est qu'un procédé

hypothétique et problématique. Mais la justesse de ce

point de vue ne corrige nullement le défaut de ce procédé.

Tout au contraire , elle fournit elle-même un exemple de

son insuffisance.

La philosophie peut aussi avoir pour fondement ce besoin,

savoir, que l'esprit qui, en tant qu'esprit cloué de sensibilité,

d'imagination, de volonté, n'a pour objet que des

êtres sensibles, des représentations et des fins diverses,

aspire, en opposition avec ces formes d'existence et de ces

objets, à satisfaire ce qu'il y a de plus intime en lui, c'està-dire

la pensée, et de s'élever à ce degré où il n'a qu'elle

pour objet. C'est ainsi que l'esprit se saisit lui-même dans

le sens le plus profond du mot, parce que son principe, le

fond pur et identique de son être, c'est la pensée. C'est cependant

dans ce travail, dans cette évolution, que la pensée

tombe et, pour ainsi dire, s'égare dans les contradictions

et dans les différences des pensées, et que, par suite, au

lieu de se saisir elle-même, elle demeure comme fixée dans

son contraire. Mais ce n'est là qu'un résultat de la pensée,

entant qu'entendement, en face duquel s'élève un plus haut

besoin, besoin qui fait que la pensée ne s'abandonne pas

elle-même, et que, dans cet état de séparation d'avec elle-

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