Hegel-Logique-tome-1
176 INTRODUCTION DE HEGEL.humain, ainsi que de leurs rapports, soit entre eux, soitavec Dieu. En ce sens, la philosophie peut présupposer laconnaissance de son objet, sans cependant y attacher unegrande importance; et cela parce que la conscience commence,dans l'ordre du temps, par se donner lareprésentationdes objets avant d'en posséder la notion, et que cen'est qu'en traversant lasphère des représentations et eny appliquant son activité, que l'esprit s'élève à la connaissancespéculative de la vérité.Cependant, en examinant la chose attentivement, l'onvoit que le but essentiel de la philosophie consiste à exposerles développements nécessaires de son contenu, et àdémontrer aussi bien l'être que lesdéterminations de sonobjet. D'où l'on voit pourquoi la connaissance représentativene saurait atteindre à ce résultat, jet pourqui on doitécarter ses présuppositions et ses affirmations, ettous lesefforts qu'elle fait pour les légitimer. 11 faut ajouter que ladifficulté qu'il y a à déterminer le commencement de lascience vient également de ce que ce commencement, entant que principe immédiat, donne naissance àune supposition,ou, pour mieux dire,est lui-même une supposition,su.La philosophie peut d'abord se définir d'une façongénérale : l'investigation des choses par la pensée. S'il estexact de dire — et il l'est en effet — que l'homme se distinguede l'animal par la pensée, tout ce qui est humainn'est tel que parce qu'il est l'œuvre de la pensée. Maiscomme la philosophieconstitue un mode particulier de la
INTRODUCTION DE HEGEL. 177pensée, mode à l'aide duquel la pensée devient connaissance,et connaissance qui pénètre dans l'intimité deschoses, la pensée philosophique a, par cela même, un caractèrespécial qui la distingue de toute autre activité humaine,bien que les produits de la pensée humaine soientles produits d'une seule et même pensée. Car la penséedemeure identique avec elle-même, et ses différences viennentde ce que le contenu de la conscience, qui a son fondementdans la pensée, ne prend pas d'abord la forme delapensée, mais celle du sentiment, de l'intuition et de lareprésentation, formes qui se distinguent de la pensée entant que forme absolue (1).REMARQUE.C'est une ancienne opinion et un adage vulgaire, quel'homme ne se distingue de la brute que par la pensée.C'est là, en effet, un adage vulgaire, et l'on doit s'étonnerde se voir obligé de rappeler une si vieille croyance. Etcependant il faut la rappeler, en présence du préjugé denotre temps, qui sépare le sentiment et la pensée au pointde les considérer comme opposés et hostiles, et qui prétendque le sentiment, et surtout le sentiment religieux,perverti et comme souillé par la pensée, menace de s'éteindre,et que la religion et la piété n'ont nullement leurfondement et leur racine dans lapensée. On oublie en celaque l'homme seul est apte à la vie religieuse, et que lareligion n'est pas échue enpartage aux animaux, pas plusque la moralité et la justice (2).(1) Le texte a seulement : als form : eu tant que forme. Voy. sur cepoint : Phénoménologie de l'esprit et notre écrit : Problème de l'absolu.(2) C'est-à-dire que l'homme ne possède la moralité, la justice, etc., queVÉRA. — Logique de Hegel. I. — 12
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pensée, mode à l'aide duquel la pensée devient connaissance,
et connaissance qui pénètre dans l'intimité des
choses, la pensée philosophique a, par cela même, un caractère
spécial qui la distingue de toute autre activité humaine,
bien que les produits de la pensée humaine soient
les produits d'une seule et même pensée. Car la pensée
demeure identique avec elle-même, et ses différences viennent
de ce que le contenu de la conscience, qui a son fondement
dans la pensée, ne prend pas d'abord la forme de
lapensée, mais celle du sentiment, de l'intuition et de la
représentation, formes qui se distinguent de la pensée en
tant que forme absolue (1).
REMARQUE.
C'est une ancienne opinion et un adage vulgaire, que
l'homme ne se distingue de la brute que par la pensée.
C'est là, en effet, un adage vulgaire, et l'on doit s'étonner
de se voir obligé de rappeler une si vieille croyance. Et
cependant il faut la rappeler, en présence du préjugé de
notre temps, qui sépare le sentiment et la pensée au point
de les considérer comme opposés et hostiles, et qui prétend
que le sentiment, et surtout le sentiment religieux,
perverti et comme souillé par la pensée, menace de s'éteindre,
et que la religion et la piété n'ont nullement leur
fondement et leur racine dans la
pensée. On oublie en cela
que l'homme seul est apte à la vie religieuse, et que la
religion n'est pas échue en
partage aux animaux, pas plus
que la moralité et la justice (2).
(1) Le texte a seulement : als form : eu tant que forme. Voy. sur ce
point : Phénoménologie de l'esprit et notre écrit : Problème de l'absolu.
(2) C'est-à-dire que l'homme ne possède la moralité, la justice, etc., que
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