Hegel-Logique-tome-1

14.02.2021 Views

—,172 PRÉFACE DE HEGEL.droit absolu de sa liberté, s'obstine, et avec raison, à seréconcilier avec le riche contenu qui est devant elle, enapprenant à le revêtir de sa forme essentielle, qui est laforme delà notion, la forme de la nécessité, qui lie toutcontenu et toute pensée, et qui, en les liant ainsi, les.place dans laliberté de leur nature. Si le passé, — je veuxdire la forme du passé, car le contenu est toujours jeune,doit être rajeuni,la forme de l'idée, telle qu'elle s'est produitechez Platon, et plus encore chez Aristote, mérite d'êtreravivée (1) bien plus que tout autre forme, et cela, entreautres raisons, parce qu'en nous dévoilant à nous-mêmescette forme, et en nous l'appropriant par l'éducation denotre pensée, non-seulement nous apprenons àl'entendre,mais nous amenons un progrès, — un pas en avant (2) —dans la science. Ce n'est pas cependant à la surface queréside l'intelligence de ces formes ; ce ne sont pas les fantasmagoriesgnostiques et cabalistiques qui peuvent nousla donner, mais c'est en entendant la nature de l'idée ellemêmeet l'accord de ses déterminations, que nous pouvonsapprendre à saisir ces formes et à les exprimer.De même que l'on a dit avec raison de la véritéqu'elle est index sui et falsi )mais que le faux ne peut pointnous donner la conscience du vrai, ainsi la notion s'entendelle-même, et elle entend aussi la forme où elle nese trouve pas (3), tandis que cette dernière n'entend pas(1) Der Erinnerung wiïrdig : est digne de souvenir.(2) Ein Forlschreiten. C'est un progrès, en ce sens que ces formes, en seperpétuant, fournissent à l'esprit l'occasion, les moyens et le point de départde nouveaux développements.(3) Begrifflosen : c'est-à-dire, elle entend si, et jusqu'à quel point, lesdoctrines religieuses et philosophiques sont conformes à l'idée.

PRÉFACE DE HEGEL. 173lanotion. La science (1) entend le sentiment et la foi, maiselle ne saurait être jugée que par la notion sur laquelleelle s'appuie, et comme elle est un développement d'ellemême,tout jugement qu'on pourrait porter sur elle, et quiserait fondé sur la notion, ne serait pas tant un jugementqu'un développement et une progression qui, si l'on peutainsi dire, se font avec l'objet que l'on juge (2).C'est un teljugement que je désire pour celte recherche, c'est le seulque je puis apprécier etprendre au sérieux.Berlin, 25 mai 1827.(1) C'est-à-dire, la philosophie spéculative entend le sentiment et la foi,qui ne sont que des degrés de l'esprit.(2) La pensée de Hegel et celle-ci. Une critique qui ne se fonde pas surune idée n'a pas de valeur philosophique. Mais si elle se fonde sur une idée,le jugement qu'elle porte sur la philosophie spéculative ne peut avoir lieu d'unpoint de vue étranger à cette philosophie, qui embrasse la totalité desidées, et, par conséquent, c'est un jugement qui doit se former en entrantdans ses données, et en suivant ses développements; car cette philosophie sedéveloppe par elle-même et par sa vertu propre, et chaque développementest uue démonstration et une confirmation de sa vérité. Par conséquent,pour la réfuter, il faut démontrer qu'elle n'est pas conforme à la notion,c'est-à-dire à la notion de la science et des choses, et il faut le démontrer enlui substituant un système qui soit fondé sur cette notion, et qui lui soitplus conforme qu'elle.

PRÉFACE DE HEGEL. 173

la

notion. La science (1) entend le sentiment et la foi, mais

elle ne saurait être jugée que par la notion sur laquelle

elle s'appuie, et comme elle est un développement d'ellemême,

tout jugement qu'on pourrait porter sur elle, et qui

serait fondé sur la notion, ne serait pas tant un jugement

qu'un développement et une progression qui, si l'on peut

ainsi dire, se font avec l'objet que l'on juge (2).

C'est un tel

jugement que je désire pour celte recherche, c'est le seul

que je puis apprécier et

prendre au sérieux.

Berlin, 25 mai 1827.

(1) C'est-à-dire, la philosophie spéculative entend le sentiment et la foi,

qui ne sont que des degrés de l'esprit.

(2) La pensée de Hegel et celle-ci. Une critique qui ne se fonde pas sur

une idée n'a pas de valeur philosophique. Mais si elle se fonde sur une idée,

le jugement qu'elle porte sur la philosophie spéculative ne peut avoir lieu d'un

point de vue étranger à cette philosophie, qui embrasse la totalité des

idées, et, par conséquent, c'est un jugement qui doit se former en entrant

dans ses données, et en suivant ses développements; car cette philosophie se

développe par elle-même et par sa vertu propre, et chaque développement

est uue démonstration et une confirmation de sa vérité. Par conséquent,

pour la réfuter, il faut démontrer qu'elle n'est pas conforme à la notion,

c'est-à-dire à la notion de la science et des choses, et il faut le démontrer en

lui substituant un système qui soit fondé sur cette notion, et qui lui soit

plus conforme qu'elle.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!