Hegel-Logique-tome-1

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1GG PRÉFACE DE HEGEL.sentielle et absolue par laquelle l'esprit se dislingue del'animal, et est apte à la vie religieuse (1). Cette religiositéqui se concentre dans le cœur doit faire de son humilité etde sa contrition un moment de sa rénovation, mais elledoit se rappeler aussi qu'elle a un cœur qui appartient àun esprit, que c'est de l'esprit que vient laforce du cœur,et que cette force ne saurait exister qu'autant que l'espritest lui-même renouvelé. Cette rénovation de l'esprit ,parlaquelle l'esprit s'affranchit de son état naturel d'ignoranceet d'erreur, se faitpar l'enseignement et par la croyance enla vérité objective, croyance qui suit le témoignage del'esprit (2). Et elle amène plusieurs résultats, mais elle apour conséquence immédiate la rénovation du cœur luimême,qu'elle délivre des notions vides de l'entendement,dont le cœur se targue pour montrer que le fini se distinguede l'infini, que la philosophie est ouïe polythéisme,ou, dans les esprits plus pénétrants, le panthéisme, etc. (3) ;en d'autres termes, elle affranchit de ces vues mesquinesque l'humilité piétiste oppose ta la science théologique, tout(1) Voy. sur ce point : Philosophie de l'esprit.(2) C'est-à-dire, l'esprit éclairé et développé par l'enseignement religieux,et plus encore par l'enseignement philosophique (et il faut entendre par làl'enseignement de la philosophie spéculative qui, pour Hegel, est la vraiephilosophie), se rend témoignage à lui-même de la vérité qui est en lui. —On conçoit le peu de goût qu'un esprit aussi sévère et aussi démonstratifque Hegel a dû avoir pour les vues étroites, vagues et superficielles dupiétisme et de la connaissance immédiate, dont l'un place le fondementde la religion et de la science dans le cœur et le sentiment, et l'autre dansune perception ou intuition immédiate, c'est-à-dire, à la surface des choses.(3) Il fait aussi allusion à Tholuk qui, dans l'ouvrage cité plus haut, avaitdirigé une polémique contre la philosophie, et distingué deux espèces dephilosophies, dont l'une, suivant lui, est le polythéisme, en ce qu'elle admetl'indépendance absolue des substances finies, et l'autre, le panthéisme, en cequ'elle ne reconnaît qu'un principe et une substance.

PRÉFACE DE HEGEL. 167aussi bien qu'à la philosophie. Lorsque la religiosité secontracte et se durcit dans cet état du cœur où l'esprit nepeut recevoir son développement, il ne faut pas s'étonnersi, en présence de l'expansion de l'esprit et de renseignementreligieux et philosophique, elle ne parvient à discernerque les oppositions de saforme bornée. Et cependant,ce n'est pas seulement l'esprit pensant (1), qui ne sauraitêtre satisfait d'une religiosité simple et naïve, mais ce piélismelui-même est l'œuvre de la réflexion et du raisonnementC'est en s'aidant des procédés superficiels de l'entendementqu'il se forge cetle haute délivrance, celledélivrance qui, suivant lui, doit l'affranchir de tout enseignement.Et s'il se tourne contre la philosophie, cette penséeeontngïcuse à laquelle il ne peut, lui aussi, échopper, c'estqu'il se place et se maintient par une sorte de violence surle terrain vide d'un sentiment abstrait et sans contenu. —Je ne puis m'empêcher de ciler ici les paroles que Fr.von Baadcr adresse aux partisans de celte doctrine dans sesFermentis cogniîionis (5 e livr. {Heft.) — Préf., p. 9 etsuiv.). « Aussi longtemps, dit-il, que vous ne chercherezpas à fonder de nouveau le respect qui est dû à la religionet à son enseignement sur la science et la libre recherche,et sur la conviction qui en résulte, vous, pieux et nonpieux (2), avec tous vos préceptes et vos prohibitions,avec vos discours et vos œuvres, vous ne parviendrez pas àéloigner d'elle le mal, et à la faire aimer en la faisant res-(1) Denkcndc geisl. L'esprit qui pense, dans l'acception commente du mot,c'est-à-dire la pensée spéculative.(2) Frumme und niclilfromme. Les piétistes, et autres,, mais qui, à l'égaldes piélisles, repoussent la science dans la religion.

PRÉFACE DE HEGEL. 167

aussi bien qu'à la philosophie. Lorsque la religiosité se

contracte et se durcit dans cet état du cœur où l'esprit ne

peut recevoir son développement, il ne faut pas s'étonner

si, en présence de l'expansion de l'esprit et de renseignement

religieux et philosophique, elle ne parvient à discerner

que les oppositions de sa

forme bornée. Et cependant,

ce n'est pas seulement l'esprit pensant (1), qui ne saurait

être satisfait d'une religiosité simple et naïve, mais ce piélisme

lui-même est l'œuvre de la réflexion et du raisonnement

C'est en s'aidant des procédés superficiels de l'entendement

qu'il se forge cetle haute délivrance, celle

délivrance qui, suivant lui, doit l'affranchir de tout enseignement.

Et s'il se tourne contre la philosophie, cette pensée

eontngïcuse à laquelle il ne peut, lui aussi, échopper, c'est

qu'il se place et se maintient par une sorte de violence sur

le terrain vide d'un sentiment abstrait et sans contenu. —

Je ne puis m'empêcher de ciler ici les paroles que Fr.

von Baadcr adresse aux partisans de celte doctrine dans ses

Fermentis cogniîionis (5 e livr. {Heft.) — Préf., p. 9 et

suiv.). « Aussi longtemps, dit-il, que vous ne chercherez

pas à fonder de nouveau le respect qui est dû à la religion

et à son enseignement sur la science et la libre recherche,

et sur la conviction qui en résulte, vous, pieux et non

pieux (2), avec tous vos préceptes et vos prohibitions,

avec vos discours et vos œuvres, vous ne parviendrez pas à

éloigner d'elle le mal, et à la faire aimer en la faisant res-

(1) Denkcndc geisl. L'esprit qui pense, dans l'acception commente du mot,

c'est-à-dire la pensée spéculative.

(2) Frumme und niclilfromme. Les piétistes, et autres,, mais qui, à l'égal

des piélisles, repoussent la science dans la religion.

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