Hegel-Logique-tome-1
j(ri PRÉFACE DE HEGEL.L'histoire de la philosophie est l'histoire des découvertesde la pensée, touchant l'absolu, qui est son objet. Parexemple, on peut dire que Socrate a découvert la causefinale (1), découverte qui a été mieux déterminée parles recherchesde Platon, et plus encore par celles d'Arislofe.Il y a une telle absence de critique dans l'histoire de laphilosophie de Brucker, nou-seulement pour ce qui concerneles données extérieures de l'histoire, mais pour cequi concerne les doctrines, que l'on y trouve vingt, trente,je ne sais quel nombre de principes que Brucker attribueaux anciens philosophes grecs, et dont il n'y en a pas unseul qui leur appartienne. Ce sont des conséquences qu'il atirées d'après la fausse philosophie de son temps, et qu'ila mises sur le compte de ces philosophes. 11 faut distinguerdeux espèces de conséquences. Il y a des conséquencesqui ne font qu'étendre les principes à des détails ;il y en a d'autres qui sont comme un retour à des principesplus profonds. Faire connaître à quels individus appartiennentcette exposition et ce développement plusprofondsde la pensée, c'est là le véritable objet de l'histoirede la philosophie. Quant à l'autre procédé, on doit le rejeter,non-seulement parce que les philosophes auxquelson prête certaines conséquences n'ont ni tiré eux-mêmes,ni expressément énoncé ces conséquences, mais aussi etplus encore parce qu'en tirant ces conséquences, on leurprête des pensées et des rapports finis qui sont opposés aleur esprit éminemment spéculatif, et qu'on ne fait quecorrompre et vicier par là l'idée de la philosophie.Mais, si(l) Le texte dit : Zweck, bv>, lequel se distingue de la cause, comme oupeut le >oir § cciv.
MtÉFÀCE DE HEGEL. U)àune (elle falsification est excusable, lorsqu'il s'agit d'anciensphilosophes, sur les doctrines desquelsnous ne possédonsque des documents insuffisants, celte excuse n'existeplus lorsqu'il s'agit d'une philosophie qui saisit l'idée pardes pensées déterminées, et qui recherche et définit la valeuret la signification des catégories. Car on fausse et ondéfigure l'idée, lorsqu'en dépit de tout cela on la prendpar fragments,considérant un de ses moments comme untout, ainsi que cela a lieu à l'égard de l'identité (1), ou quel'on présente les catégories grossièrement, et tout au pluscomme elles se produisent dans la conscience vulgaire,sous leur forme obscure, imparfaite et exclusive. La connaissancescientifique (2) des rapports de la pensée est lapremière condition pour bien saisir la réalité philosophique.Le principe de la connaissance immédiate non-seulementjustifie, mais pose en principe l'absence de touteéducation delà pensée. Cependant, la connaissance des pensées,et, partant, l'éducation delà pensée subjective est aussipeu une connaissance immédiate que ne l'estune science,ou un art,ou une adresse quelconque.La religion est cette forme, ce mode de la consciencesuivant lequel la vérité est faite pour tous les hommes,quelle que soit la différence de leur éducation. La connaissancescientifique, au contraire, est une forme particulièrede la vérité dans la conscience. Elle n'appartient pas àtous les hommes, mais à un petit nombre d'entre eux. Le(i) C'est-à-dire qu'on se représente l'identité comme une déterminationqui ne contient pas de différence, tandis que la vraie identité contient unedifférence.[2) G ebildele : formée par l'éducation philosophique, qui doit surtout seproposer d'habituer l'esprit à saisir les rapports de la pensée et des idées;
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MtÉFÀCE DE HEGEL. U)à
une (elle falsification est excusable, lorsqu'il s'agit d'anciens
philosophes, sur les doctrines desquels
nous ne possédons
que des documents insuffisants, celte excuse n'existe
plus lorsqu'il s'agit d'une philosophie qui saisit l'idée par
des pensées déterminées, et qui recherche et définit la valeur
et la signification des catégories. Car on fausse et on
défigure l'idée, lorsqu'en dépit de tout cela on la prend
par fragments,
considérant un de ses moments comme un
tout, ainsi que cela a lieu à l'égard de l'identité (1), ou que
l'on présente les catégories grossièrement, et tout au plus
comme elles se produisent dans la conscience vulgaire,
sous leur forme obscure, imparfaite et exclusive. La connaissance
scientifique (2) des rapports de la pensée est la
première condition pour bien saisir la réalité philosophique.
Le principe de la connaissance immédiate non-seulement
justifie, mais pose en principe l'absence de toute
éducation delà pensée. Cependant, la connaissance des pensées,
et, partant, l'éducation delà pensée subjective est aussi
peu une connaissance immédiate que ne l'est
une science,
ou un art,
ou une adresse quelconque.
La religion est cette forme, ce mode de la conscience
suivant lequel la vérité est faite pour tous les hommes,
quelle que soit la différence de leur éducation. La connaissance
scientifique, au contraire, est une forme particulière
de la vérité dans la conscience. Elle n'appartient pas à
tous les hommes, mais à un petit nombre d'entre eux. Le
(i) C'est-à-dire qu'on se représente l'identité comme une détermination
qui ne contient pas de différence, tandis que la vraie identité contient une
différence.
[2) G ebildele : formée par l'éducation philosophique, qui doit surtout se
proposer d'habituer l'esprit à saisir les rapports de la pensée et des idées;