Hegel-Logique-tome-1

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4l/lDISCOURS DE HEGEL.temps, des circonstances paraissent surgir, au milieudesquelles la philosophie peut espérer d'attirer la mêmeattention, de se voir entourée du même amour qu'autrefois,et de faire entendre sa voix, naguère muette et silencieuse.C'étaient, d'une part, les nécessités du temps quidonnaient naguère une si grande importance aux mesquinsintérêts de la vie de tous les jours; c'étaient, d'autre part,les intérêts plus élevés de la réalité, les luttes qui avaientpour objet de rétablir, et d'affranchir l'État, et la vie politiquedes peuples, qui s'étaient emparés do toutes lespuissancesde l'esprit, de l'énergie de toutes les classes, ainsique de tous les moyens extérieurs; de façon que la vie intérieurede l'esprit ne pouvait obtenir le calme et le loisirqu'elle exige. L'esprit du monde, absorbé qu'il était parlaréalité,et déchiré au dehors, ne pouvait se replier sur luimême,et jouir ainsi de lui-même dans son propre élément.Mais, puisque ce torrent de la réalité est maintenant brisé,et que le peuple allemand a rétabli cette nationalité qui estle fondement de toute vie réelle (1), le temps est aussi arrivéoù, à côté du gouvernement du monde extérieur, onpourra voir s'élever dans l'État le libre royaume de la pensée.Et l'esprit a déjà manifesté sa puissance en ce qu'iln'y a que les idées, et ce qui est conforme aux idées quipeut aujourd'hui se maintenir, et que cela seul a une valeurqui peut se justifier devant l'intelligence et la pensée.El c'est surtout cet État, qui m'a aujourd'hui adopté, quidoit à sa prépondérance intellectuelle d'avoir acquis uneinfluence légitime dans lemonde politique et réel, et de se(1) Lebendigen Lelens. Vie vivante, car la vie est in'omplHe là où il n'ys ni Élu t, ni nationalité.

DISCOURS DE HEGEL. 1/J5trouver égal en importance et en indépendance à desÉtals qui le surpassent par leur puissance matérielle. C'estici que la science se développe et grandit comme un desmoments essentiels de la vie de l'État. C'est dans cette université,qui est l'université du centre de l'Allemagne, quela science, qui est le centre de toute éducation de l'esprit,de toute science et de toute vérité, la philosophie, veux-jedire, doit trouver sa place véritable, et être étudiée avecplus d'ardeur. Mais, à côté de cette vie spirituelle, qui estl'élément fondamental de l'existence d'un Etat, nous avonsvu commencer ce grand combat où lespeuples se sont associésà leurs chefs pour assurer leur indépendance et laliberté de la pensée, et pour secouer le joug d'une dominationviolente et étrangère. C'est là l'œuvre de la puissanceintérieure de l'esprit, en qui s'est réveillée la conscience deson énergie, et qui dans ce sentiment a arboré son drapeau,et a manifesté sa puissance dans la réalité. Nous devonsconsidérer comme un bien inestimable que notregénération ait vécu et agi dans ce sentiment où se trouventconcentrés tout droit,toute moralité et toute religion.C'est par ces entreprises vastes et profondes que l'esprits'élève à sa dignité, que ce qu'il ya de vulgaire dans lavie et d'insignifiant dans les intérêts s'efface, et que lesopinions et les vues superficielles sont mises à nu et s'évanouissent.C'est cette pensée sérieuse qui, en s'empnrantde l'âme, établit le vrai terrain sur lequel se meut la philosophie.La philosophie est impossible là où la vie est absorbéepar les intérêts et les nécessités de tous les jours, etoù dominent des opinions vaines et frivoles. Dans l'âmeque ces nécessités et ces opinions ont asservie, il n'y aVÉRA. — Logique de Hegel. I. — 10

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temps, des circonstances paraissent surgir, au milieu

desquelles la philosophie peut espérer d'attirer la même

attention, de se voir entourée du même amour qu'autrefois,

et de faire entendre sa voix, naguère muette et silencieuse.

C'étaient, d'une part, les nécessités du temps qui

donnaient naguère une si grande importance aux mesquins

intérêts de la vie de tous les jours; c'étaient, d'autre part,

les intérêts plus élevés de la réalité, les luttes qui avaient

pour objet de rétablir, et d'affranchir l'État, et la vie politique

des peuples, qui s'étaient emparés do toutes les

puissances

de l'esprit, de l'énergie de toutes les classes, ainsi

que de tous les moyens extérieurs; de façon que la vie intérieure

de l'esprit ne pouvait obtenir le calme et le loisir

qu'elle exige. L'esprit du monde, absorbé qu'il était parla

réalité,

et déchiré au dehors, ne pouvait se replier sur luimême,

et jouir ainsi de lui-même dans son propre élément.

Mais, puisque ce torrent de la réalité est maintenant brisé,

et que le peuple allemand a rétabli cette nationalité qui est

le fondement de toute vie réelle (1), le temps est aussi arrivé

où, à côté du gouvernement du monde extérieur, on

pourra voir s'élever dans l'État le libre royaume de la pensée.

Et l'esprit a déjà manifesté sa puissance en ce qu'il

n'y a que les idées, et ce qui est conforme aux idées qui

peut aujourd'hui se maintenir, et que cela seul a une valeur

qui peut se justifier devant l'intelligence et la pensée.

El c'est surtout cet État, qui m'a aujourd'hui adopté, qui

doit à sa prépondérance intellectuelle d'avoir acquis une

influence légitime dans le

monde politique et réel, et de se

(1) Lebendigen Lelens. Vie vivante, car la vie est in'omplHe là où il n'y

s ni Élu t, ni nationalité.

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