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Hegel-Logique-tome-1

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LA LOGIQUE, LA NATURE ET L'ESPRIT. 133

matière, l'unité de l'idée se brise, et devient une unité

extérieure. C'est là

ce qui fait que l'idée est comme cachée

et voilée dans la nature. Entre le soleil, les planètes, la

terre et les êtres qui la couvrent, en un mot, entre les

diverses parties de la nature, il y a une connexion, et il faut

bien qu'il y en ait une, car ni le tout, ni les parties ne saus'ils

étaient parfaitement connus et parfaitement définis; c'est-à-dire on

suppose que l'on sait ce que c'est que Dieu, et ce que c'est que le monde,

et que Dieu et le monde sont complètement séparés, et que l'on sait également

ce que c'est que la toute-puissance, et la liberté divine. C'est là ce

qu'on suppose, mais ce qu'on ne sait point.

Or, sans insister ici sur ce côté vulnérable de l'argument, voyons s'il atteint

le but qu'il se propose, c'est-à-dire, si en réalité il sauvegarde les perfections

divines. Et, d'abord, si la liberté divine est une liberté de choix, Dieu

est placé, comme l'homme, eutre le meilleur et le moins bon, et ce meilleur

et ce moins bon ne peuvent pas être hors de lui, puisqu'on dit qu'il a tiré le

monde du néant, mais bien en lui, dans sa pensée et dans sa nature. Et s'il a

choisi le meilleur, il a laissé le moins bon dans sa nature ; et s'il a choisi le

moins bon, sa liberté, et, parlant, sa nature entière est imparfaite et finie.

Quant à sa puissance, si c'est la puissance de tout faire, et non la puissance

d'agir conformément à la raison et à la nature éternelle des choses, qui est

la nature immuable et éternelle des idées, et partant de Dieu lui-même,

il n'y aura plus ni vérité, ni rapport absolu, rien d'immuable dans

les choses. Et ainsi la matière ne serait pas pesante, et ne remplirait

pas l'espace, parce qu'il est dans sa nature d'être pesante et de remplir

l'espace, mais parce que Dieu le veut, et, s'il voulait le contraire, il pourrait

le faire. Et l'espace lui-même ne serait pas ce qu'il est, avec son étendue,

ses trois dimensions et ses autres propriétés, parce que telle est sa

nature immuable

et absolue, mais parce que Dieu le veut ainsi. Et, en étenJaut cette

façon de raisonner à toute vérité, il n'y aurait pas de vérité qui serait

telle par sa nature intrinsèque, mais parce que Dieu le veut. Après cela, on

ne voit pas pourquoi on excepterait Dieu

lui-même de ce renversement universel

de toute vérité par sa puissance, et pourquoi on ne serait pas fondé

à dire que Dieu est ce qu'il est, parce qu'il le veut, et que, s'il le voulait,

il pourrait être autrement qu'il n'est. — Ainsi ce mystère de la création ex

nihilo, auquel on a recours pour expliquer d'autres mystères, ou pour sauvegarder

la perfection divine, non-seulement n'explique aucun mystère,

non-seulement il ne sauvegarde pas les perfections divines, mais il trouble

tous les rapports, bouleverse toutes les vérités, et va jusqu'à atteindre

l'unité, l'immutabilité et la nécessité de la nature divine elle-même.

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