Hegel-Logique-tome-1

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102 CHAPITRE XII.sens, ilsignifie, d'abord, qu'il y a une idée, ou un principeuniversel et absolu qui possède une valeur propre et indépendante,et qui n'est absolu qu'à cette condition. Ilsignifieensuite que, par cela même que c'est un principeuniverselet absolu, il doit se retrouver dans les choses commeun de leurs éléments essentiels, bien que combiné avecd'autres éléments, tels que la lumière, le temps, l'espace,etc. Car c'est là appliquer. Et ainsi, si l'on considère laformule mathématique dans son état abstrait, ilest vrai dedire qu'elle enveloppe tous les rapports et toutes les déterminationsquantitatives possibles ;si on la considère dansl'être concret, où elle se trouve combinée avec d'autreséléments, d'autres propriétés et d'autres rapports, il estvrai de dire qu'elle est enveloppée par lui. Or, la logiquede Hegel accomplit d'une manière systématique, par unprocédé supérieur, et en embrassant la sphère entière desidées logiques, dont laquantité elle-même ne forme qu'undegré, ce que les mathématiques n'accomplissent que dansune sphère limitée,d'une manière, en un certain sens, irréfléchieet par des procédés imparfaits. Quelques exemplesferont mieux comprendre notre pensée. Prenons, pourainsi dire, au hasard, quelques-unes des idées logiques, lesidées de force et de centre (1). Commençant par cettedernière, nous ferons observer que la détermination de l'idéede centre appartient à la logique, que la logique hégéliennepeut seule expliquer la centralité, ou la loi descentres, comme on l'appelle, et que hors de cette logique(I) Sur les idées de force et de centre, voyez aussi notre Introduction à laPhilos, de la Nature de Hegel.

LA LOGIQUE A UN COîNTBNU ABSOLU. 103cette loi demeure inexpliquée et inexplicable. Car ce n'estni le géomètre, ni le physicien qui nous l'expliquent, etqui peuvent nous l'expliquer, et cela parce que la déterminationdernière et absolue de cette loi dépasse la limite deleur science. En effet, le géomètre prend le centre tequ'il le trouve dans les limites de l'objet de ses recherches,et il le prend sans se demander d'où il lui vient,quelle est son origine et sa signification véritables. Nousdire, par exemple, que le centre est un point à une certainedislance de certaines lignes, ou d'autres points, etque cette distance est ou égale, ou constante pour toutesces lignes, ou pour tous ces points, ce n'est pas nous donnerla notion vraie et absolue du centre. Car on se demandera,d'abord, comment le centre, même le centre géométrique,peut être un point. On peut tout au plus l'admettrepour le cercle, bien qu'ici aussi on nous donne commeun fait\e rapport du centre à la circonférence, sans nousexpliquer comment la circonférence peut être déterminéepar le point, comment ce qui n'a ni dimension, niposition déterminée, peut déterminer une courbe quienveloppe l'espace, et qui tourne autour d'un point. Ensuiteles centres paraissent se multiplier avec lesfigures, on nesait trop comment, ni pourquoi. Carie centre de l'ellipsen'est pas le centre du cercle. Et lorsque, pour expliquercette différence, on nous dit qu'on peut considérer le cerclecomme un cas particulier de l'ellipse,en supposant que lesdeux foyers se confondent en un seul, on ne voit pas quepar cette supposition, qui est tout à fait arbitraire et artificielle,et qui n'est nullement fondée sur la nature mêmedu cercle, ou de l'ellipse, on ne voit pas, dis-je, qu'au

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sens, il

signifie, d'abord, qu'il y a une idée, ou un principe

universel et absolu qui possède une valeur propre et indépendante,

et qui n'est absolu qu'à cette condition. Il

signifie

ensuite que, par cela même que c'est un principe

universel

et absolu, il doit se retrouver dans les choses comme

un de leurs éléments essentiels, bien que combiné avec

d'autres éléments, tels que la lumière, le temps, l'espace,

etc. Car c'est là appliquer. Et ainsi, si l'on considère la

formule mathématique dans son état abstrait, il

est vrai de

dire qu'elle enveloppe tous les rapports et toutes les déterminations

quantitatives possibles ;

si on la considère dans

l'être concret, où elle se trouve combinée avec d'autres

éléments, d'autres propriétés et d'autres rapports, il est

vrai de dire qu'elle est enveloppée par lui. Or, la logique

de Hegel accomplit d'une manière systématique, par un

procédé supérieur, et en embrassant la sphère entière des

idées logiques, dont la

quantité elle-même ne forme qu'un

degré, ce que les mathématiques n'accomplissent que dans

une sphère limitée,

d'une manière, en un certain sens, irréfléchie

et par des procédés imparfaits. Quelques exemples

feront mieux comprendre notre pensée. Prenons, pour

ainsi dire, au hasard, quelques-unes des idées logiques, les

idées de force et de centre (1). Commençant par cette

dernière, nous ferons observer que la détermination de l'idée

de centre appartient à la logique, que la logique hégélienne

peut seule expliquer la centralité, ou la loi des

centres, comme on l'appelle, et que hors de cette logique

(I) Sur les idées de force et de centre, voyez aussi notre Introduction à la

Philos, de la Nature de Hegel.

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