Hegel-Logique-tome-1

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86 CHAPITRE XI.réciproque (1); et la cause et l'effet ne sont pas, en tant <juedistincts, ce qu'ils sont dans leur rapport. Ou bien, la lumièreet l'ombre sont autres en tant que lumière pure et ombrepure, et en tant que lumière troublée par l'ombre, ou ombreéclairée par la lumière, ou, sil'on veut, en tant que lumièreet ombre dans leur rapport. D'où l'on voit aussi que cestermes ne se combinent et ne se transforment qu'autantqu'ils se limitent et qu'ils s'opposent, et que c'est en supposantet en se transformant qu'ils se complètent, et qu'ilspassent de l'état abstrait à l'état concret, d'un état d'imperfectionà un état de plus en plus parfait. Et ainsi tout systèmeest un cercle où le commencement se continue dansle milieu, et le milieu se continue dans la fin, où la fin estla fin du commencement, et le commencement est le commencementde la fin, et où à chaque point on retrouvecomme concentrés et transformés tous les points précédents,et comme indiqués et à l'état d'ébauche tous lespoints qui suivent. Ici l'analyse et la synthèse sont inséparables,car on n'analyse que pour synthétiser, et en synthétisanton ne réunit pas des éléments pris au hasard et étrangersà la chose, mais lesélémenlsque l'analyse elle-mêmea trouvés et déterminés, ou, pour mieux dire, l'analyse etla synthèse se font et se développent avec eux. C'est ainsi,par exemple, que dans l'organisme on retrouve concentrés,et comme élevée à une plus haute puissance, tous les degrésinférieurs de la nature, — ses rapports mécaniques, physiqueset chimiques, — et qu'à son tour l'organisme seretrouve dans la vie, la vie dans l'âme, et l'âme dans lapensée.(1) Voy. Logique, 155.

LA FORME EST ESSENTIELLEMENT SYSTÉMATIQUE. 87Si telle est la méthode, ou la forme absolue des choses,telle sera aussi la méthode, ou la forme absolue de la connaissance.Et, en effet, connaître ce n'est pas connaître lepremier terme sans le second, ou le second sans le premier,ou le premier et le second sans le troisième, ou bienle troisième sans le premier et le second ;mais c'est connaîtreles troistermes, et les connaître dans leur différenceet dans leur unité, ou, si l'on veut, c'est poser les troistermes, et, en les posant, montrer et, pour ainsi dire, fairetoucher du doigt comment et pourquoi ces trois termes sontainsi posés et ainsi constitués, comment et pourquoi ense posant ils s'opposent, et en s'opposant ils se concilient.On pourrait appeler cette méthode méthode syllogistique.Mais c'est une syllogistique d'une tout autre nature quel'ancienne syllogistique, et qui n'a de commun avec elleque la triplicité des termes dont elle se compose. Ou bien,on pourrait l'appeler une déduction. Mais c'est aussi unedéduction qui diffère de l'ancienne déduction partes termesque l'on déduit, aussi bien que par lemode dont on les déduit.C'est ce que nous avons déjà faitobserver, et c'est cequi deviendra plus évident encore en examinant l'autre côtede la question, c'est-à-dire le contenu de la logique.

LA FORME EST ESSENTIELLEMENT SYSTÉMATIQUE. 87

Si telle est la méthode, ou la forme absolue des choses,

telle sera aussi la méthode, ou la forme absolue de la connaissance.

Et, en effet, connaître ce n'est pas connaître le

premier terme sans le second, ou le second sans le premier,

ou le premier et le second sans le troisième, ou bien

le troisième sans le premier et le second ;

mais c'est connaître

les trois

termes, et les connaître dans leur différence

et dans leur unité, ou, si l'on veut, c'est poser les trois

termes, et, en les posant, montrer et, pour ainsi dire, faire

toucher du doigt comment et pourquoi ces trois termes sont

ainsi posés et ainsi constitués, comment et pourquoi en

se posant ils s'opposent, et en s'opposant ils se concilient.

On pourrait appeler cette méthode méthode syllogistique.

Mais c'est une syllogistique d'une tout autre nature que

l'ancienne syllogistique, et qui n'a de commun avec elle

que la triplicité des termes dont elle se compose. Ou bien,

on pourrait l'appeler une déduction. Mais c'est aussi une

déduction qui diffère de l'ancienne déduction partes termes

que l'on déduit, aussi bien que par le

mode dont on les déduit.

C'est ce que nous avons déjà fait

observer, et c'est ce

qui deviendra plus évident encore en examinant l'autre côte

de la question, c'est-à-dire le contenu de la logique.

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