Hegel-Logique-tome-1

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80 CHAPITRE XI.mier, et tout en lui étant opposé il est virtuellement en rapportavec lui. Et, en effet, lorsqu'on dit qu'un ternie estopposé à un autre ternie, on ne veut point dire qu'il est opposéà un terme quelconque, mais à un terme correspondant,ou à un terme qui est compris dans la même circonscriptionque lui (1).Ainsi la haine n'est pas opposée l\Yair,etplusieurs n'est pas opposé au soleil, mais la haine est opposéeà Y amour, et plusieurs est opposé à Yun. Par conséquent,Yamour et la haine, Yun et plusieurs ne sont pasopposés parce qu'ils n'ont rien de commun, mais ils sonttout au contraire opposés parce qu'ils tombent tous deuxdans la limite d'un seul et même principe, d'une seule etmême notion, Yâme ou h passion, et la quantité, par exemple; et c'est cette notion qui, pour ainsi dire, indiquée, et„ existant virtuellement et en soi dans chacun d'eux, est posée,et existe pour soi dans le troisième terme. D'où il suit quele premier terme, tout en étant autre que le second, contientle second, et est le second-, que le second terme,tout en étant autre que le premier, contient le premier, etest le premier; que le premier et le second, tout en étantautres que le troisième, contiennent le troisième, et sont leIroisième ; et enfin que celui-ci, tout en étant autre que lepremier et le second, les contient tous lesdeux, et est tousles deux (2). Mais dire qu'un ternie diffère d'un autre,(1) Les extrêmes se louchent, est l'expression spontanée et irréfléchie dela dialectique absolue.(2) 11 faut se garder ici, comme en général lorsqu'il s'agit de rapportslogiques absolus, d'attacher au mot contenir le sens qu'on y attache ordinairement,sens qui a sa source dans la représentation sensible, ou dans leshabitudes que crée en nous l'ancienne logique. Car il ne s'agit point icid'une contenance physique, ni d'une contenance quantitative, mais d'une

LA FORME EST ESSENTIELLEMENT SYSTÉMATIQUE. 81et qu'il est cet autre tout à la fois, c'est dire qu'il le nieet qu'il l'affirme, et qu'il est aussi nié et affirmé par lui.Et ainsi, le premier terme nie et affirme le second, et lesecond nie et affirme le premier, et le troisième, à sontour, nie et affirme les deux premiers, et il est nié eaffirmé par eux. Cependant, l'affirmation et la négation dutroisième terme, par là même que le troisième terme con- •cilié les deux premiers, et qu'il les concilie en les dépassant,et en amenant une nouvelle détermination, sont marquéescontenance transcendante et fondée sur l'essence même des termes. Unprincipe ne contient pas un autre principe comme un vase contient l'eau,ou comme le grand contient le petit. Un principe contient un autreprincipe en ce sens que l'un appelle nécessairement l'autre, que l'un étantdonné, l'autre est donné aussi, et que l'un ne saurait être sans l'autre. Introduiredes rapports quantitatifs entre Vêtre et le non-être, entre le sujet etV objet, entre Valtraclion et la répulsion, entre Yâme et le corps, entre lapossibilité et la nécessité, entre Dieu et le monde, etc., et chercher à expliquerces rapports par une sorte de calcul, par le grand et le petit, oupar le calcul des probabilités, c'est fausser le véritable rapport de ces termes,et s'en interdire la connaissance. Sans doute, la quantité a sou rôle et sonimportance dans la constitution des choses, et l'on pourra dire que letroisième terme ne concilie les deux premiers que parce qu'il est le troisième,et qu'il contient les deux premiers comme le nombre trois contientl'unité. Mais, quelle que soit l'importance des rapports quantitatifs, toujoursest-il qu'ils ne sont que des rapports subordonnés, c'est-à-dire, qu'au-dessusde ces rapports il y a des rapports idéaux, des rapports qui sont fondes surl'idée même des choses, et qui déterminent les rapports quantitatifs euxmêmes.L'être ne contient pas le non-être, et le non-être ne contient pasl'être, parce que l'un est plus grand ou plus petit que l'autre, mais parcequ'ils sont ainsi constitués que l'un ne peut exister sans l'autre. Et en supposantmême que l'être fût = 10 et le non-être = 5, on n'aurait là qu'unrapport secondaire, dépendant de la nécessité absolue de leur coexistence. Etle troisième terme qui les contient, que ce soit le devenir, ou un autre termequelconque, ne les contient pas non plus parce qu il est le troisième, ou parcequ'il est plus grand qu'eux, puisqu'au fond il n'est pas plus grand qu'euxsuivant la quantité. Car il n'est le troisième que par eux, et, par conséquent,sans eux il ne serait qu'un tiers du tout, ou une unité comme chacun d'eux.Il les contient donc, parce que telle est sa qualité ou son essence, et indépenvéba.— Logique de Hegel. I. — 6

LA FORME EST ESSENTIELLEMENT SYSTÉMATIQUE. 81

et qu'il est cet autre tout à la fois, c'est dire qu'il le nie

et qu'il l'affirme, et qu'il est aussi nié et affirmé par lui.

Et ainsi, le premier terme nie et affirme le second, et le

second nie et affirme le premier, et le troisième, à son

tour, nie et affirme les deux premiers, et il est nié e

affirmé par eux. Cependant, l'affirmation et la négation du

troisième terme, par là même que le troisième terme con- •

cilié les deux premiers, et qu'il les concilie en les dépassant,

et en amenant une nouvelle détermination, sont marquées

contenance transcendante et fondée sur l'essence même des termes. Un

principe ne contient pas un autre principe comme un vase contient l'eau,

ou comme le grand contient le petit. Un principe contient un autre

principe en ce sens que l'un appelle nécessairement l'autre, que l'un étant

donné, l'autre est donné aussi, et que l'un ne saurait être sans l'autre. Introduire

des rapports quantitatifs entre Vêtre et le non-être, entre le sujet et

V objet, entre Valtraclion et la répulsion, entre Yâme et le corps, entre la

possibilité et la nécessité, entre Dieu et le monde, etc., et chercher à expliquer

ces rapports par une sorte de calcul, par le grand et le petit, ou

par le calcul des probabilités, c'est fausser le véritable rapport de ces termes,

et s'en interdire la connaissance. Sans doute, la quantité a sou rôle et son

importance dans la constitution des choses, et l'on pourra dire que le

troisième terme ne concilie les deux premiers que parce qu'il est le troisième,

et qu'il contient les deux premiers comme le nombre trois contient

l'unité. Mais, quelle que soit l'importance des rapports quantitatifs, toujours

est-il qu'ils ne sont que des rapports subordonnés, c'est-à-dire, qu'au-dessus

de ces rapports il y a des rapports idéaux, des rapports qui sont fondes sur

l'idée même des choses, et qui déterminent les rapports quantitatifs euxmêmes.

L'être ne contient pas le non-être, et le non-être ne contient pas

l'être, parce que l'un est plus grand ou plus petit que l'autre, mais parce

qu'ils sont ainsi constitués que l'un ne peut exister sans l'autre. Et en supposant

même que l'être fût = 10 et le non-être = 5, on n'aurait là qu'un

rapport secondaire, dépendant de la nécessité absolue de leur coexistence. Et

le troisième terme qui les contient, que ce soit le devenir, ou un autre terme

quelconque, ne les contient pas non plus parce qu il est le troisième, ou parce

qu'il est plus grand qu'eux, puisqu'au fond il n'est pas plus grand qu'eux

suivant la quantité. Car il n'est le troisième que par eux, et, par conséquent,

sans eux il ne serait qu'un tiers du tout, ou une unité comme chacun d'eux.

Il les contient donc, parce que telle est sa qualité ou son essence, et indépenvéba.

— Logique de Hegel. I. — 6

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