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Amours Parallèles - Samie Louve - PREVIEW

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<strong>Samie</strong> <strong>Louve</strong><br />

<strong>Amours</strong> <strong>Parallèles</strong><br />

Take Your Chance


© Take Your Chance – Pau 2015 – ISBN 978-2-37351-045-4<br />

Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tous<br />

procédés en tous pays, faite sans autorisation préalable est illicite et exposerait le contrevenant<br />

à des poursuites judiciaires. Réf. : loi du 11 mars 1957, alinéas 2 et 3 de l’article 41.Une<br />

représentation ou reproduction sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français<br />

d’exploitation du droit de copie (20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris) constituerait une<br />

contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal


Il est un bout de ciel<br />

Qui n'appartient qu'à moi<br />

...<br />

C'est celui que je caresse<br />

En pensant à toi.<br />

<strong>Samie</strong> <strong>Louve</strong>.


Le silence l’aidait à réfléchir : de temps en temps, un soupir<br />

empreint de regrets sortait de sa poitrine.<br />

Elle voulait oublier. Elle se forçait à oublier mais son regard scrutait<br />

malgré elle l’horizon de son chagrin. Les arbres dans leur raideur<br />

majestueuse, le ciel gris monotone, incertain de l’hiver, paraissait<br />

l’aider à faire resurgir son accablante solitude. Sa passion<br />

dévorante laissait place à une profonde inertie. Seules ses<br />

paupières alourdies marquaient le temps en clignant au-dessus de<br />

son corps vide de tout. Pas une larme mais des images sorties de<br />

son regard hagard de souvenirs... des mouvements, des ombres du<br />

passé... des visions de son amour à l’infini gesticulaient devant ses<br />

yeux.<br />

Le souvenir est une force de l’âme. Ce pouvoir de rêver la réalité<br />

passée, enfouie en nous rejaillit quand le souffle est coupé. Les<br />

scènes éparses la fige... perdue, éperdue dans son bonheur déchu,<br />

assassiné. Forcément malheureuse, un voile ténébreux assombrit<br />

sa vue. Une seule question revenait dans sa tête : pourquoi ? Elle<br />

ne saura jamais !<br />

Dans son esprit fatigué, le courage n’a plus de prise. La passion<br />

s’éteint ... l’émotion prend sa place, la rend impuissante. C’est<br />

comme si des abeilles bourdonnaient dans sa tête, virevoltaient. Sa<br />

raison s’envole, elle assiste impuissante à la perte de son bonheur...<br />

son amour est ravi, il a fui, c’est le drame ! Le néant aboutit sur son<br />

passé, le chagrin ride son visage d’expressions douloureuses. Elle<br />

pleure enfin, désespérée, tressautant, vaincue par les spasmes. Sa<br />

tête alourdie s’appuie désormais sur son épaule engourdie, tenant<br />

le corps sans vie. Combien de temps lui reste-t-il pour se souvenir<br />

qu’elle a aimé aussi fort !<br />

Cette coulée de fol amour s’était emparée d’elle faisant des<br />

ravages, la troublant au plus haut point ! Mais comment imaginer,


comment dans ces moments, empêcher le plaisir dévastateur de<br />

s’attaquer à soi.<br />

Elle voudrait voler... libérer son corps des chaînes qui la<br />

retiennent... se retrouver trois années avant, crier, hurler son<br />

désarroi... sa douleur : se vautrer dans l’amour, s’enivrer de lui,<br />

rompre ou se plier mais le faire revivre. Ces cris de «mon amour»,<br />

ces mots confus... est-ce qu’elle les prononce, elle ne sait plus !<br />

Rien ne peut définir cette langueur qui émane de son corps, la mort<br />

est si proche, elle ne l’a pas vu venir. Cette étrange impression de<br />

revenir en arrière, pour arrêter le temps, à l’instant où Julien lui fait<br />

face, où les yeux dans les yeux, figés mais pleins d’audace, ils<br />

apprennent l’enchantement.<br />

Enfouies au loin dans son inconscient, ces réminiscences du passé<br />

affluent, elles affectent son esprit, se bousculent dans ce temps<br />

d’hier mais si proche qu’elle voudrait le retenir ! La confusion<br />

perturbe son esprit... son corps est gagné par le froid... la peur la<br />

gagne ! Vivre encore... revenir dans sa mémoire, ne pas douter,<br />

respirer ces moments de joies vécues, cette flamme qu’elle<br />

voudrait encore vive. Alors, elle se souvient de ce désir qui<br />

imprègne son être, son visage qui rougit quand il lui sourit.<br />

Il la suit du regard ; elle le sait, elle le sent. Elle est émue, enjouée,<br />

ravie, droite : l’idée de se sentir embrassée des yeux l’emplit d’une<br />

gaieté satisfaite. Cette réunion entre amis ne lui disait pourtant<br />

rien ; il y a bien longtemps qu’elle ne sortait pas, d’autant pensaitelle<br />

que les soirées d’anniversaire ne sont faites que pour oublier :<br />

oublier l’âge, le temps passé ou à venir, les années vécues seule ou<br />

à deux quelquefois, bref, la mélancolie. Mais sur l’insistance de son<br />

amie Paule, la voici au milieu de ce chahut, de ces gens qu’elle<br />

connaît ou si peu ! «Tu ne vois plus personne, tu vis en recluse, il<br />

faut rompre avec la monotonie de tes journées», lui a-t-elle


conseillé. Elles ne sont guère lassantes ses journées, mais si peu<br />

variées, partagées entre son travail et son foyer.<br />

Son travail est une activité choisie, qu’elle exerce sereinement et<br />

qui lui prend les trois quarts de son temps. Son foyer, encore simple<br />

maison, est une création, elle y est bien, heureuse d’y retrouver ce<br />

qui lui procure sa joie de vivre : la clarté, la tempérance, la musique,<br />

pour l’esprit. Son chien, son chat, qu’elle aime tant, pour vivre<br />

mieux sa solitude. Son instinct de femme, mais surtout ses relations<br />

amoureuses l’ont conduite à choisir une vie de solitaire, et ce,<br />

depuis bien longtemps. Ses plaisirs, ses amours, futiles ou pas, ses<br />

réunions, tout cela se passe en dehors de chez elle. Cet abri, ce<br />

refuge, elle y vit seule pour y cacher ses peines, ses secrets,<br />

quelques fois ses remords : mais surtout son envie de liberté. La<br />

quarantaine et quelques mois ne facilitent pas les choses de la vie,<br />

mais elles n’engendrent pas non plus, la mélancolie. Evidement, les<br />

habitudes s’installent, l’accoutumance à demeurer seule aussi. La<br />

femme pudique mais sans réserve, celle-là, autonome et joviale<br />

n’attendant rien de la vie de peur de s’engager, menant son corps<br />

avec aisance et ses journées tambour battant, cette femme vient<br />

de charmer !<br />

Un verre à la main, elle discute, aimable, elle se contente de<br />

répondre, d'acquiescer... le visage ouvert aux sollicitations.<br />

Sa curiosité l’excite néanmoins : elle voudrait se retourner, revoir<br />

ce visage, ce jeune homme particulier qui a suscité ce trouble en<br />

elle... mais elle s’y refuse. L’attente fait naître le désir profond,<br />

cette exaltation... elle s’y réfugie.<br />

L’attente a du bon quelques fois !<br />

Tout en parlant, elle se prend à sourire, à espérer : espérer qu’il<br />

vienne la courtiser, la prendre par la main... l’emmener hors de cet<br />

endroit... l’attirer à lui, l’embrasser.


Fascinée par son regard, éblouie, telle une jeune fille, elle jubile...<br />

heureuse ; que lui arrive-t-il ?<br />

Ce n’est plus une nymphe non, mais quelle joie de se sentir<br />

courtisée, soumise aux avances d’un être qui vous plaît ! Frémir, se<br />

laisser glisser lentement dans l’air du temps, se voiler toute entière<br />

et resurgir enfin pour qu’il puisse l’attraper du regard afin de la<br />

couvrir de désir.<br />

Son image la guide parmi ce monde ; elle furète par-ci, par-là ne<br />

sachant trop que faire d’elle... mais elle attend. D’une soirée qu’elle<br />

pensait monotone, elle ne s’en souvient pas, elle est heureuse<br />

finalement de se retrouver là. Elle est loin de ces soirées<br />

discordantes et sans âme. Ce soir, dans cet univers, elle se sent en<br />

parfaite harmonie, ses sentiments évoquent en elle des images<br />

romanesques qui, elle l’espère, vont prendre place dans son coeur.<br />

Le temps est son allié : fini les amourettes, ce pressentiment lui<br />

colle à la peau.<br />

La spontanéité de son instinct fait naître cette inspiration : une<br />

femme ne peut pas se tromper... ce sera lui. Mais il ne bouge pas ;<br />

il rit, plaisante, la regarde... personne ne viendra donc les présenter<br />

l’un à l’autre ? Ce brouhaha : elle peste. Ce n’est guère la timidité<br />

qui la gêne d’ordinaire mais là, elle ne peut bouger, quelque chose<br />

la retient, lui interdit d’aller vers lui. Ses amis ne voient-ils pas<br />

qu’elle a besoin de se trouver près de lui ? Sont-ils tous aveugles<br />

pour ne pas s’apercevoir de son attirance pour lui ? Une seule chose<br />

l’obsède... ne l’entendent-ils pas hurler dans sa tête l’envie de le<br />

rejoindre ?<br />

- «Florence... Florence...!!! Je voudrais te présenter Julien.<br />

Julien... Florence... Florence... Julien.»


Les yeux dans le vague, Florence a l’impression que le sol se dérobe<br />

sous ses pieds. Son coeur bat très fort, elle réalise que ses mains<br />

sont moites, que son visage rosit de plaisir.<br />

Perdue dans ses divagations, elle ne s’était pas aperçue de leur<br />

approche : à présent qu’il est tout prés d’elle, elle voudrait<br />

s’évanouir, se perdre, se fondre dans le décor... n’exister que dans<br />

ses rêves à lui !<br />

Cette fièvre passée, elle exulte enfin, il est là, devant elle, avenant<br />

: mais comment faire pour ne pas montrer sa flamme ? Cette ardeur<br />

soudaine qui la prend au ventre, cet enthousiasme fait place à un<br />

rapprochement plus serein, puis la paix s’installe dans son corps.<br />

Réfrénant ses élans, c’est dans un balbutiement qu’elle savoure le<br />

plaisir de lui dire bonjour.<br />

Sa main ne touche pas la sienne, elle la caresse : ses yeux ne la<br />

regardent pas mais ils s’expriment avec transport, et, c’est sans<br />

équivoque qu’il la prend par le bras pour l’entraîner vers le buffet<br />

- «Vous permettez» ? murmure-t-il<br />

Jamais elle n’avait désiré quelque chose si ardemment.<br />

Ce n’est plus la Florence influente, sûre d’elle : sa fougue, son<br />

ardeur à plaire lui ont fait une réputation. Elle se sait belle,<br />

impétueuse, il lui arrive même de faire des envieuses et malgré son<br />

âge, sa vivacité fait concurrence avec impertinence à plus jeunes<br />

qu’elle ; alors, elle savoure ses victoires de femme. Elle sait bien<br />

que les femmes ne se pardonnent rien entre elles quand il s’agit<br />

des choses de l’amour. Son défi, une lutte contre le temps, pour<br />

plaire aux uns... déplaire le moins possible aux autres, pour peu à<br />

peu, selon, devenir un jeu.


Tel un papillon, son caractère affable sait disposer du temps... libre<br />

ou métamorphosée, elle folâtre ou se tient enfermée.<br />

Mais ce soir là, Florence rêveuse et d’ailleurs avait une seule envie<br />

: Julien. Elle n’avait plus qu’un objectif : lui plaire.<br />

Il se tenait près d’elle, gracieux, charmeur : il parlait sans cesse,<br />

mais elle n’entendait rien ou quelques bribes, elle espérait qu’il<br />

serait lui aussi un brin attiré par elle.<br />

Son regard bleu profond, azuréen, large parce que riche de<br />

sentiments ne pouvait la tromper : il a le sourcil aguicheur, les<br />

cheveux blonds dorés qui ondulent au rythme de ses gestes, de ses<br />

rires.<br />

En le regardant, elle conjugue le verbe aimer...<br />

Le bruissement confus, continu de ses paroles est une invite à<br />

poursuivre son doux rêve.<br />

Par ses silences quelquefois, il réveille en elle la réalité : mais ils ne<br />

sont plus seuls à présent... elle ne s’en était même pas aperçu. Le<br />

cercle des amis de Julien s’était agrandi. Tous riaient sauf elle.<br />

Quelqu’un lui demanda comment elle allait !<br />

La solitude est lourde à porter, mais quel embarras que les<br />

indésirables !<br />

Mais il fallait paraître : paraître... voilà le juste mot pour une femme<br />

comme Florence.<br />

Elle en a marre de ce monde autour d’eux. Son verre vide à la main,<br />

elle pousse deux ou trois personnes, se fraie un chemin, fuit ce


groupe qui l’ennuie. Ils l’empêchent tous d’imaginer son fantasme,<br />

cette chimère d’amour qu’elle désire avec cet homme.<br />

Le Grand Amour... elle en a tant rêvé dans ce monde irréel qui est<br />

le sien !<br />

Appuyée nonchalamment sur le dossier d’un siège haut, elle le<br />

regarde gesticuler avec grâce... son sourire à lui seul donne envie<br />

d’embrasser sa bouche avec respect, tant pour le plaisir qu’il donne<br />

à autrui que pour le rayonnement qu’il procure.<br />

Tout ce petit monde écoute Julien, il est le centre d’intérêt de son<br />

auditoire.<br />

Son isolement au milieu de cette soirée est une passade, mais la<br />

volonté de séduire est la plus forte, elle l’empêche de partir.<br />

Quelqu’un a mis de la musique : le bourdonnement des voix semble<br />

s’atténuer mais certains haussent le ton et les rires dans la salle<br />

s’entrechoquent.<br />

Quelques danseurs exhibent leurs talents dans une ambiance où le<br />

flirt a sa raison d’être, bref, tous gesticulent, s’amusent, les uns<br />

pour faire plus ample connaissance, les autres pour faire durer le<br />

plaisir. Le bonheur peut se lire dans les yeux de quelques uns, le<br />

vague à l’âme aussi, malgré une certaine ironie. Chacun, pense<br />

Florence, est là pour trouver ce à quoi, il espère !<br />

Elle remarque de temps en temps, furtivement, le regard de Julien<br />

se poser sur elle.<br />

Le va et vient perpétuel des couples enlacés l’affecte : elle se sent<br />

abandonnée... ses mains caressent le verre vide, doucement, puis<br />

vite, comme le calme avant la tempête.<br />

La musique n’apaise pas son désarroi.


Ce blondinet la mine.<br />

L’amour, ou, ce que l’on appelle ainsi, est une souffrance<br />

délicieuse.<br />

Le visage de la personne aimée plaît et il le sait !<br />

Elle se crispe : les gens autour d’elle font ombrage à son amour<br />

naissant.<br />

- «Je suis sûr que vous pensez à la même chose que moi !»<br />

Ces mots jaillissent, fusent dans sa tête, la sortent de sa mélancolie.<br />

- «Oui !» dit-elle émue, prise sur le fait.<br />

- «Voulez-vous danser ?» demande-t-il.<br />

Sans hésiter, elle répond oui à son invitation. La récompense est là.<br />

Elle se laisse doucement prendre par le corps, glisse dans ses bras<br />

langoureusement. L’Amour la tient serrée, tout peut arriver, elle<br />

s’en moque ! Il est tellement bon d’obtenir ce que l’on désire si<br />

ardemment !<br />

Mais à présent, ne plus penser, goûter cet instant, se laisser<br />

entraîner, bercer dans les bras de Julien. Elle veut tout oublier. Qui<br />

elle est, son âge, sa raison surtout, elle qui voudrait lui interdire<br />

d’être dans les bras d’un homme plus jeune qu’elle. Et ce passé qui<br />

l’obsède !!!<br />

Elle dont le coeur bat lentement cette fois ; légère, elle se laisse<br />

mener... docile.<br />

Le temps peut s’arrêter, elle est soumise. Malgré elle ses mains<br />

s’appuient très fort sur les épaules solides de son partenaire.<br />

Comme pour la rassurer, il la serre contre lui. La tête à présent<br />

posée contre sa poitrine, Florence se sent sécurisée, féminine,


heureuse comme jamais. Le bonheur tisserait-il sa toile sur leurs<br />

corps enlacés ? Combien de temps va-t-elle pouvoir rester ainsi ?<br />

Ce moment devrait durer toujours !<br />

Leur étreinte est une esquisse voluptueuse. Nul mot ne peut définir<br />

ce qui se passe en eux pendant ces quelques instants de tendre<br />

complicité. L’air est embaumé : ils dansent comme ivres, se<br />

confondent, ondulent doucement, mollement rejoints par la force<br />

de leurs pensées.<br />

La musique, douce, rythme leurs balancements érotiques. S’il<br />

restait un doute à Florence sur ses sentiments envers Julien, cette<br />

danse le lui ôte désormais !<br />

Elle est amoureuse !<br />

Au loin : des cris, des piaillements. L’infini s’achève avec la réalité,<br />

la fête autour d’eux bat son plein. Chacun y va de ses cris, de ses<br />

vivats. La cérémonie tourne au tapage, fini le rêve ! Néanmoins,<br />

leurs mains restent serrées, c’est ensemble qu’ils rejoignent<br />

l’endroit des réjouissances.<br />

L’hôtesse, entourée de ses amis, reçoit avec béatitude les cadeaux,<br />

les applaudissements qui lui reviennent : soirée d’anniversaire<br />

oblige !<br />

Son imagination aidant, l’ivresse d’un instant auprès de cet homme<br />

avait fait oublier à Florence le pourquoi de sa présence dans cet<br />

endroit. Du fait de sa grande amitié avec Paule, son amie, plus<br />

encore quelques fois, complice des bons mais surtout des mauvais<br />

jours, elle se devait de partager cette soirée.<br />

Leur sensibilité les avait rapprochés tous deux... alors qu’ils se<br />

croyaient seuls au monde, celui-ci a tôt fait de les rattraper ; ainsi,<br />

les voilà de nouveau concernés par ce qui se passe autour d’eux.


Lui, du haut de ses trente ans a fini par lâcher sa main pour aller<br />

faire la bise ici, complimenter là, rendre hommage, puis à son tour,<br />

offrir le cadeau. L’entourage de la maîtresse de maison, ses amis,<br />

avaient bien organisé la soirée. Finalement, pense Florence, c’est<br />

agréable de se compter au nombre des gens heureux. L’ambiance<br />

est sympathique, le cadre chaleureux, seul le feu dans la grande<br />

cheminée fait penser à une soirée d’hiver.<br />

Une soirée de Janvier qu’elle n’est pas prête d’oublier.<br />

Et même si l’avenir lui donne tort, jamais plus le souvenir de ces<br />

quelques heures, de ce décor, ne sortira de ses pensées. Elle n’ose<br />

se faire à l’idée du lendemain, de ce futur proche auquel elle n’a<br />

pas droit, du moins le croit-elle.<br />

Ce soir enfin, pourra-t-elle espérer ? Julien, si jeune, si beau est-il<br />

cette certitude qu’elle attend depuis si longtemps, cet avenir<br />

qu’elle voudrait construire. Une nuit entre amis, une danse avec un<br />

inconnu peuvent-il présager quoi que ce soit ? Qu’il serait doux de<br />

pouvoir aimer, être aimée, pour oublier !!! Un baiser sur la joue la<br />

tire de son imaginaire. Derrière elle, Julien l’a enlacée. Un frisson<br />

envahi son corps, la tête en arrière, elle sourit, posant alors ses<br />

mains sur les siennes de peur qu’il ne s’en aille, fuyant vers d’autres<br />

horizons. Elle se sent bien, ses quarante ans ont trouvé une<br />

nouvelle jeunesse. Son corps voudrait s’enflammer ; les yeux<br />

fermés, elle s’abandonne contre lui, heureuse.<br />

- «Je vous quitte beauté !» susurre-t-il.<br />

- «Déjà... !» lui répond-elle.<br />

- «Nous nous revoyons bientôt j’espère... Promis... ?» lui dit-il<br />

Le temps de se retourner et le voilà parti. Le bruit d’une porte qui<br />

se referme puis cette sensation de vide. Alors qu’elle cherche du<br />

regard Paule pour lui annoncer son départ, Julien revient en toute


Mise en page et édition Take Your Chance<br />

Achevé d’imprimer par : Books on Demand GmbH,<br />

Norderstedt, Allemagne<br />

Dépôt légal : Novembre 2015<br />

ISBN 978-2-37351-045-4

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