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DUMAS de Demain Vol. 1

The French Literary Magazine

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DANS CETTE PUBLICATION<br />

Interview avec Noémie Kopp-Tanaka………….……….5<br />

Critique littéraire par Phillip Michalak…..…………….15<br />

Le firmament ………………………………………….20<br />

R. Joseph Capet<br />

Comment sont faits les rêves………………………..........22<br />

Sierra July<br />

Mes mots………………………...…………………….24<br />

Mara Kinney<br />

La promesse ………..…………………………………26<br />

Sierra July<br />

La logoferme ……….………………………………....28<br />

Harriet Plouffe<br />

Entrevue avec Harriet Plouffe…………………………30<br />

Bergeronnette ………………………………..........…..35<br />

Manal Hamed<br />

Comment la Terre se fit décrire une orbite autour <strong>de</strong><br />

la Lune……………………………………………………… 38<br />

R. Joseph Capet<br />

Ablutions……..………………………………………..41<br />

Julianne Kincaid<br />

Geai Bleu…….…….……….……………………........44<br />

Manal Hamed<br />

Ce que je dirai à mon premier fils….….….….……..….47<br />

Beatrice Ludver


Colibri…………………………………………………50<br />

Manal Hamed<br />

Dis-moi dix mots……………….…………………...…54<br />

Sophie Everhard<br />

L’écriture…………………………………….………..58<br />

Manal Hamed<br />

Voyager………..……………………………………....62<br />

Manal Hamed<br />

On Bus, Little Boy Dreams of Clean Windows<br />

and Mango…………………………………………….70<br />

Dan Jeff<br />

On était perdu…………………………………………74<br />

Mariah Phillips<br />

Entrevue avec Mariah Phillips ………………………...86<br />

Souviens……………………………………………….90<br />

Sophie Everhard<br />

La cage dans la cage………….………...………..…....93<br />

Amy Tao<br />

Crépitement ……………………………..……….……98<br />

Giuseppe Zeldner<br />

Visualisation littéraire…………………………..……101<br />

Ryan Tanner


Note <strong>de</strong> l’éditeur<br />

Ce magazine littéraire est le résultat cumulatif <strong>de</strong><br />

génie crée par plusieurs cerveaux. Personnellement,<br />

j'ai toujours maintenu un amour profond pour la<br />

langue française, un amour que je désirais<br />

communiquer d'une façon ou d'une autre. En lisant<br />

les entrées, j’étais étonné et stupéfait par le nombre<br />

d'individus qui faisaient également preuve d’une<br />

admiration pour la langue et la littérature. Chaque<br />

auteur a une voix et un style différent. Notre but en<br />

tant qu'éditeurs a été <strong>de</strong> rassembler les œuvres les<br />

plus magnifiques, et d'encourager ces auteurs à<br />

chanter un peu plus fort. Dans cette première<br />

édition <strong>de</strong> Dumas <strong>de</strong> <strong>Demain</strong>, nous espérons que<br />

vous aimerez cette chanson polyphonique.<br />

──Phillip Michalak<br />

3


4


Interview avec un auteur :<br />

Noémie Kopp-Tanaka<br />

Auteur, activiste écologique


Interview avec un auteur<br />

Lorsque vous avez écrit Les Matriochkas <strong>de</strong><br />

Natacha, est-ce que vous avez appliqué un<br />

style d’écriture en particulier? Allez-vous<br />

continuer à écrire dans ce style?<br />

Alors j’ai clairement écrit en pensant <strong>de</strong>s<br />

contes, donc certainement « il était une fois »<br />

et puis le style <strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong>s paysages<br />

et <strong>de</strong>s personnages est certainement très<br />

proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s contes, mais je me suis<br />

laissé aller à certains libertés. Enfin, je ne me<br />

suis pas fixé un style précis, mais<br />

l’inspiration, c’est vraiment le conte<br />

traditionnelle, le conte populaire si on veut.<br />

Pouvez-vous nous donner un aperçu <strong>de</strong> votre<br />

personnage principal Natacha? Qu’est-ce qui<br />

fait d’elle un personnage intéressant?<br />

Natacha est une petite fille. Au départ, on voit<br />

qu’elle habite avec ces grands-parents.<br />

Ensuite c’est comme une histoire dans une<br />

histoire, on apprend pourquoi elle est avec<br />

ces grands-parents et pas avec ces parents,<br />

donc c’est un personnage relativement<br />

6


Noémie Kopp-Tanaka<br />

typique <strong>de</strong> certains contes. C’est une enfant<br />

unique qui est l’objet <strong>de</strong> désir <strong>de</strong> parents qui<br />

ne peuvent pas avoir d’enfants, et donc elle<br />

nait comme une sorte <strong>de</strong> ca<strong>de</strong>au, <strong>de</strong> don,<br />

offerte par une petite fée, la fée du printemps.<br />

Donc cette petite fille est née le premier jour<br />

du printemps, et elle est vraiment l’objet d’un<br />

grand bonheur pour les parents parce qu’ils<br />

n’avaient pas d’enfants.<br />

Est-ce que les situations figurées dans Les<br />

Matriochkas sont basées sur la vie d’un <strong>de</strong><br />

vos amis ou même d’événements dans votre<br />

propre vie?<br />

Je pense que le point <strong>de</strong> départ est vraiment<br />

inspiré d’une anecdote que j’ai vécu moimême,<br />

parce que mes grands-parents<br />

voyageaient beaucoup et ils m’ont ramené<br />

plusieurs fois <strong>de</strong>s petites poupées russes,<br />

mais surtout une fois ils m’ont ramené une<br />

gran<strong>de</strong> poupée russe, d’une style appelée<br />

matriochka, et je jouais beaucoup avec cette<br />

poupée. J’ai perdu la toute petite, et donc<br />

c’est cela qui a fait que j’ai écrit un petit livre<br />

quand j’avais environ 19 ou 20 ans, basé sur<br />

7


Interview avec un auteur<br />

cette histoire <strong>de</strong> la toute petite poupée d’une<br />

quinzième <strong>de</strong> poupées. Elle a roulé quelque<br />

part et je ne l’ai jamais retrouvé; je pense que<br />

cette perte a tout commencé. Quelques<br />

années plus tard, j’ai eu beaucoup plus<br />

d’idées autour <strong>de</strong> cette première idée qui a<br />

fait que j’ai écrit ce conte.<br />

Quelles sont les origines <strong>de</strong>s idées qui<br />

apparaissent dans vos écritures?<br />

Je lisais beaucoup <strong>de</strong> contes pour m’inspirer.<br />

De plus, j’étais extrêmement fascinée par la<br />

culture russe donc aussi la littérature ainsi<br />

que la musique, et donc je pense que tout ce<br />

paysage que je décris et que j’ai illustré--<br />

parce que ce livre n’est pas seulement écrit<br />

mais je l’ai aussi illustré--c’est extrêmement<br />

influencé par cette passion du moment qui<br />

était la culture russe.<br />

Alexandre Dumas utilisait <strong>de</strong>s couleurs dans<br />

ses écritures. Par exemple pour <strong>de</strong>s différents<br />

8


Noémie Kopp-Tanaka<br />

genres il utilisait <strong>de</strong>s différents couleurs pour<br />

les couvertures. … Est-ce que les couleurs<br />

ont aussi une influence dans le choix du<br />

couleur <strong>de</strong>s couvertures dans vos livres?<br />

Je ne pense pas que j’ai vraiment eu <strong>de</strong>s<br />

réflexions aussi symboliques avec les<br />

couleurs. Par exemple, ce livre a pour thème<br />

la couleur rouge parce que Natacha est une<br />

poupée rouge et c’est une couleur forte—par<br />

cela, on veut dire qu’elle est un petit<br />

personnage avec beaucoup <strong>de</strong> personnalité.<br />

En plus, beaucoup <strong>de</strong> ces poupées russes<br />

avaient un rouge très fort et je pense que ça<br />

donne un petit peu la qualité <strong>de</strong> russe.<br />

Quel genre littéraire vous attire le plus?<br />

Pourquoi?<br />

Je n’ai pas vraiment <strong>de</strong> préférence. J’ai<br />

toujours eu, comme on peut dire, <strong>de</strong>s gouts<br />

très, très éclectiques. Parfois c’est un tout<br />

petit peu au hasard selon les intérêts du<br />

moment, dont justement là j’avais vraiment.<br />

À l’époque, j’étais extrêmement attiré par la<br />

9


Interview avec un auteur<br />

littérature russe. Le théâtre, <strong>de</strong>s<br />

romans…donc c’était plutôt la culture qui<br />

m’intéressait. J’ai une autre époque quand<br />

j’étais absolument passionnée <strong>de</strong> sciencefiction,<br />

mais c’est une science-fiction qui<br />

avait énormément <strong>de</strong> contenu philosophique<br />

à mon avis. J’adore Ray Bradbury. C’est un<br />

auteur américain que je trouve toujours<br />

exceptionnel. Mais enfin, je n’ai pas vraiment<br />

<strong>de</strong> préférence; justement, il y a une question<br />

que tu me poses vers la fin ou te me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

ce que je lis en ce moment, et je ne lis pas <strong>de</strong><br />

fiction. En fait, ça fait assez long temps que<br />

je n’ai pas lu <strong>de</strong> fiction. Donc je n’ai pas <strong>de</strong><br />

préférence particulière.<br />

Quels sont les défis rencontrés lors du<br />

processus d’écriture?<br />

Alors dans le cas <strong>de</strong>s matriochkas, je le<br />

mentionne d’ailleurs, je n’ai pas souffert--<br />

c’est venu très spontanément. Bien sûr,<br />

ensuite, j’ai travaillé une texte, j’ai<br />

reconstruit certains choses, et j’ai affiné si on<br />

veut, mais les idées sont venues toutes seules<br />

10


Noémie Kopp-Tanaka<br />

et certainement j’ai dû retravailler l’écriture<br />

et le langage et beaucoup <strong>de</strong> détails; je n’ai<br />

pas l’impression d’avoir souffert, par contre.<br />

Je pense que dans certains cas parfois, je<br />

voudrais m’exprimer par écrit, et c’est<br />

comme trop d’idées qui viennent se coincer à<br />

la porte au même moment. C’est parfois très<br />

difficile <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong> l’ordre dans <strong>de</strong>s idées et<br />

<strong>de</strong> l’exprimer d’une façon où on sent que sa<br />

pourrait toucher aussi le lecteur.<br />

Premièrement, il faut que a me plaît à moi,<br />

mais il faut aussi quand même prendre <strong>de</strong><br />

temps en temps <strong>de</strong> recul et <strong>de</strong> dire, “est-ce<br />

que c’est clair? Est-ce que c’est flui<strong>de</strong>?” Moi,<br />

j’aime l’écriture assez simple. Je pense qu’un<br />

<strong>de</strong>s défis, c’est la simplicité et c’est la fluidité.<br />

Parmi les connaissances que vous avez<br />

aujourd’hui, qu’est-ce que vous auriez bien<br />

aimé savoir quand vous étiez plus jeune?<br />

Des choses qui en fait n’ont rien avoir avec<br />

l’écriture et les livres, en effet. En ce moment,<br />

je suis en train <strong>de</strong> travailler sur la nourriture<br />

et l’impact <strong>de</strong>s activités humaines sur<br />

11


Interview avec un auteur<br />

l’environnement, et je réalise qui le mon<strong>de</strong><br />

est fait <strong>de</strong> chimie, <strong>de</strong> réactions chimiques que<br />

je trouve absolument fascinantes. Je me dis<br />

parfois que si, quand j’étais une élève, un<br />

professeur qui m’aurait fait comprendre que<br />

la chimie est partout, comme c’est fascinant<br />

et comme en parlant <strong>de</strong> n’importe quoi, on<br />

parle un peu <strong>de</strong> la chimie, cela aurait pu<br />

orienter ma vie complètement. Je n’ai aucun<br />

regret, mais je pense que j’aurais bien aimé<br />

avoir beaucoup plus <strong>de</strong> connaissances <strong>de</strong><br />

chimie que je n’ai toujours pas, mais j’ai<br />

compris l’importance et la fascination <strong>de</strong> la<br />

chimie. Il y a d’autres choses qui n’ont rien<br />

avoir non plus, comme la musique. Je suis<br />

absolument fascinée par la musique et le<br />

rythme et je pense que j’ai fait pas mal <strong>de</strong><br />

progrès ces <strong>de</strong>rniers temps, donc si j’avais eu<br />

le niveau que j’ai maintenant en étant jeune,<br />

je pense que je serai beaucoup plus loin.<br />

Alexandre Dumas est d’origines<br />

culturellement diverses, comme vous aussi<br />

d’ailleurs. Est-ce que cette diversité<br />

culturelle a une influence dans vos travaux<br />

écrits?<br />

12


Noémie Kopp-Tanaka<br />

Je ne pense pas que cela ait vraiment<br />

influencé mon écriture, mais a certainement<br />

influencé ma personnalité. Le fait d’avoir<br />

<strong>de</strong>ux cultures fait déjà qu’on est un peu plus<br />

ouvert--peut être d’esprit. Je suis très<br />

curieuse <strong>de</strong> connaître d’autres cultures.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> gens se diraient, pourquoi,<br />

étant brésilienne et française, ai-je écrit un<br />

conte russe? Du côté <strong>de</strong> ma mère il y a <strong>de</strong>s<br />

influences, <strong>de</strong>s origines russes, en tout cas <strong>de</strong><br />

l’Europe <strong>de</strong> l’est, donc je ne pense que cela a<br />

eu une petite influence sur ce livre en<br />

particulier. Récemment, j’ai traduit plusieurs<br />

livres du portugais au français donc là, je<br />

pense, il y a effectivement une très, très<br />

gran<strong>de</strong> influence dans ma vie.<br />

Merci beaucoup, Mme. Kopp-Tanaka. C’est<br />

un très grand plaisir.<br />

Merci à vous !<br />

~<br />

13


Interview avec un auteur<br />

14


Critique littéraire:<br />

Les Matriochkas <strong>de</strong><br />

Natacha


Critique littéraire<br />

Les Matriochkas <strong>de</strong> Natacha a été écrit<br />

par Noémie Kopp-Tanaka. Madame Kopp-<br />

Tanaka est une écrivaine française,<br />

brésilienne, et japonaise. Ses loisirs<br />

principaux sont voyager, jouer <strong>de</strong> la musique<br />

avec beaucoup d’instruments d’origines<br />

culturelles, et la gastronomie. Madame<br />

Kopp-Tanaka s’intéresse aussi à écrire <strong>de</strong>s<br />

contes et <strong>de</strong>s fables. Dans son œuvre Les<br />

Matriochkas <strong>de</strong> Natacha, nous observons un<br />

assemblage <strong>de</strong> toutes ses qualités diverses et<br />

extravagantes.<br />

Nous commençons avec la petite fille<br />

russe Natacha qui joue avec ses cinq poupées<br />

russes dans la maison <strong>de</strong> ses grands-parents<br />

au milieu d’une immense forêt en Russie.<br />

Quand la plus petite <strong>de</strong>s ses poupées, aussi<br />

appelée Natacha, est pris par un corbeau <strong>de</strong><br />

nuit, Natacha se met en quête pour trouver sa<br />

poupée. Après une longue poursuite du<br />

corbeau, Natacha se trouve dans un jardin<br />

16


Les Matriochkas <strong>de</strong> Natacha<br />

enchanté avec un palais mystérieux. Natacha<br />

continue à poursuivre le corbeau, jusqu’à ce<br />

qu’elle trouve enfin le corbeau au milieu du<br />

palais labyrinthique. Elle trouve aussi une<br />

chambre pleine <strong>de</strong> matriochkas avec un<br />

homme qui les construit. Mais pourtant,<br />

Natacha ne peut plus continuer. Le len<strong>de</strong>main<br />

matin, Natacha se retrouve dans son lit près<br />

<strong>de</strong> ses grands-parents et avec toutes ses<br />

poupées. Ainsi, elle découvre l’histoire <strong>de</strong> sa<br />

naissance et celui <strong>de</strong> ses parents. Après que<br />

ses grands-parents lui racontent cette histoire,<br />

un homme et une femme sont à la porte. Elle<br />

découvre que ses parents étaient ceux qui<br />

prirent les matriochkas seulement pour les<br />

copier pour repayer une <strong>de</strong>tte d’une sorcière.<br />

Natacha continua à vivre avec ses parents.<br />

Cet œuvre nous embarque sur un<br />

voyage <strong>de</strong> fantaisie dont on pourrait<br />

seulement en rêver. Ce livre est un plaisir à<br />

lire. Même les parents auront envie à<br />

17


Critique littéraire<br />

rejoindre leurs enfants en lecture. En effet,<br />

l’auteur réussit bien à faire <strong>de</strong>s connexions<br />

nécessaires et belles entre Natacha et ses<br />

parents perdues.<br />

18


POÉSIE


Le firmament<br />

Par R. Joseph Capet


Ces étoiles brillantes seront très épuisées<br />

quand les crayons d'un mille <strong>de</strong> mains<br />

[trouvent reste.<br />

Elles trembleront en se levant d'un bain<br />

comme l'Ophélie <strong>de</strong> John Everett Millais.<br />

Quand les chevalets avant la scène agreste<br />

se plient sur jambes <strong>de</strong> bois si fatiguées,<br />

ces étoiles, en train <strong>de</strong> faire le baisemain,<br />

fermeront les pages <strong>de</strong> notre Almageste.<br />

Les feux d'airain du ciel s'éteindront certes<br />

[enfin<br />

quand les artistes <strong>de</strong> Terre auront <strong>de</strong>ssiné<br />

aux villes et aux champs leur modèles<br />

[célestes<br />

qui seront <strong>de</strong>venu eux-mêmes les fusains.<br />

21


Comment sont faits les<br />

rêves<br />

Par Sierra July


Dans les arbres, la lumière du soleil<br />

Jaune et bleu comme les étoiles<br />

A travers le mon<strong>de</strong>, ils tombent<br />

Et chantent quand ils le font.<br />

Ils sont contents, heureux et<br />

Ils font en sorte que les autres ressentent <strong>de</strong><br />

[même.<br />

Ils sont nos rêves.<br />

23


Mes mots<br />

Par Mara Kinney


Où est mon fils<br />

Et où sont les nuages?<br />

Où as-tu mis<br />

Le temps passé?<br />

Il n’y aura pas <strong>de</strong> remè<strong>de</strong><br />

Pour les arbres blanchis <strong>de</strong> cendre,<br />

Mais plonges ta tête dans la mer<br />

Si leur chanson te concerne.<br />

25


La promesse<br />

Par Sierra July


Les oiseaux chantent d’une promesse,<br />

Celui qu’ils ont caché. Les yeux sont ouverts<br />

Et veulent voir. Les oiseaux enterrent la<br />

[promesse.<br />

Là où elle ne mourra pas, c’est dans les<br />

[cœurs <strong>de</strong>s jeunes.<br />

27


La logoferme<br />

Par Harriet Plouffe


Une conversation<br />

Sans terminaison,<br />

Dont jamais doit-on<br />

Se rappeler les termes.<br />

Nos <strong>de</strong>ux langues communes—<br />

Reliées en une—<br />

Se jouissent en lacunes<br />

(De tout ce qui est à dire.)<br />

Paroles comme <strong>de</strong>s chevaux<br />

Descendant d’en haut.<br />

Au galop, <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>aux—<br />

Notre amour : une logoferme.<br />

29


Entrevue avec Harriet<br />

Plouffe<br />

(en anglais)


Harriet Plouffe<br />

1. Why is poetry important?<br />

Hmmm—let’s go with: because<br />

making rhythm out of language is a<br />

way of being honest about our<br />

relationship to language—that it’s as<br />

mystical as it is rational, and as<br />

sensory it is referential.<br />

2. Do you recall how your interest in<br />

writing poetry originated?<br />

No, but I remember one of my first<br />

poems, which my mother found while<br />

snooping through my room, and<br />

which my entire family has ma<strong>de</strong> fun<br />

of me for ever since. I wrote it after<br />

getting in big trouble for something or<br />

other. I was about nine. It went<br />

something like this:<br />

“Why does my mother hate me? Don’t<br />

know, don’t know.<br />

Why is my mother so cruel to me?<br />

Don’t know, don’t know.<br />

Why doesn’t my mother love me?<br />

Don’t know, don’t know.”<br />

It went on like that for about twenty<br />

verses.<br />

31


Entrevue<br />

In terms of how this masterpiece<br />

relates to what I write now, I’m going<br />

to call on Stendhal and hope that it<br />

doesn’t:<br />

« Je n’ai aucune foi dans l’esprit <strong>de</strong>s<br />

enfants annonçant un homme<br />

supérieur. Dans un genre moins sujet<br />

à illusions, car enfin les monuments<br />

restent, tous les mauvais peintres que<br />

j’ai connus ont fait <strong>de</strong>s choses<br />

étonnantes vers huit à dix ans et<br />

annonçant le génie. Hélas ! rien<br />

n’annonce le génie, peut-être<br />

l’opioniâtreté serait un signe. » (Vie<br />

<strong>de</strong> Henry Brulard)<br />

3. Has your i<strong>de</strong>a of what poetry is<br />

changed since you began writing poems?<br />

One thing that’s remained<br />

unwavering is my total disdain for<br />

Bukowski. What a fraud.<br />

4. Is there anything you find particularly<br />

challenging when writing poetry?<br />

Not stopping in the middle with the<br />

intention of “coming back to it later.”<br />

32


Harriet Plouffe<br />

That never works for me with poems,<br />

like it does with prose. If I stop in the<br />

middle of a poem, the rest will never<br />

get written.<br />

5. How does a poem begin for you—<br />

with an i<strong>de</strong>a, a form, an image or something<br />

else?<br />

Usually it begins with some snippet of<br />

interior monologue that catches my<br />

ear and becomes a kind of refrain in<br />

my mind until I figure out what to do<br />

with it.<br />

6. What conditions help you with your<br />

writing process?<br />

Obsessive time management, mostly.<br />

7. What is the relationship between your<br />

speaking voice and your written voice?<br />

Lots more “ums” in my speaking<br />

voice, malheureusement.<br />

33


Entrevue<br />

8. Alexandre Dumas once said: “All<br />

human wisdom is summed up in two<br />

words—wait and hope.” How does this<br />

statement apply to the wisdom of poetry?<br />

Sounds like it was a clever way for<br />

Dumas to immobilize his literary<br />

rivals while keeping his own prolific<br />

pace.<br />

34


Bergeronnette<br />

Par Manal Hamed


Bergeronnette<br />

Bergeronnette<br />

près du<br />

Métro …<br />

N’ait pas peur …<br />

la queue<br />

en haut<br />

puis<br />

vers le bas<br />

Mon froncement <strong>de</strong> sourcils<br />

Transforma<br />

en<br />

Un sourire …<br />

comme<br />

ta chanson belle et flottante …<br />

Trop …<br />

charmant<br />

oiseau<br />

36


Manal Hamed<br />

qui connaît<br />

Ma solitu<strong>de</strong>.<br />

Les mouvements rythmés<br />

M’éloignent <strong>de</strong><br />

ma tristesse<br />

Joie éphémère<br />

37


Comment la Terre se fit<br />

décrire une orbite autour<br />

<strong>de</strong> la Lune<br />

Par R. Joseph Capet


Comment la Terre se fit décrire une orbite autour <strong>de</strong> la<br />

Lune<br />

La robe lunaire tomba en grands rouleaux;<br />

la princesse sans royaume, avec son<br />

[patrimoine<br />

en flammes d'orange et d'or hermétique,<br />

se tint <strong>de</strong>bout, nue dans sa peau d'antimoine.<br />

Avec ses yeux gris sombrement aquatique<br />

comme une déesse <strong>de</strong> marbre <strong>de</strong> Macédoine,<br />

elle est épandue par <strong>de</strong>ssus les eaux.<br />

L'œil <strong>de</strong> l'homme Terre, concupiscent et bleu<br />

regarda la fille, l'argent <strong>de</strong> ses cheveux.<br />

Il prit sa jeunesse dans un capteur <strong>de</strong> rêves—<br />

le péché original d'Adam contre Ève.<br />

Là fut elle allongée, tombée comme une<br />

[étoile,<br />

saignée à blanc par peur, et ne vacillant plus.<br />

39


R. Joseph Capet<br />

Tendre comme un amant, furtif comme un<br />

[voleur,<br />

il prit un cheveu fin dans doigts fort résolus.<br />

Il fit un nœud, baissa la tête, à sa hauteur<br />

se pendit à la fin <strong>de</strong> la mèche étendue.<br />

Il se balance encore, démêlant sa voile.<br />

40


Ablutions<br />

Par Julianne Kincaid


Ablutions<br />

Un Natatoire. Un grand Stadium—<br />

ou plutôt un parc en plein air—<br />

ça ne change<br />

peu.<br />

Profond. Olympique<br />

un bleu cristallin, une fenêtre<br />

ouverte<br />

au mon<strong>de</strong> benthique<br />

<strong>de</strong>s "I"s noirs, rampants, peints,<br />

l'uniforme d'un prisonnier<br />

sur la toile blanche <strong>de</strong> son<br />

fond.<br />

Une eau froi<strong>de</strong>. Elle agite les<br />

sens--<br />

42


Julianne Kincaid<br />

Les voies emprisonnent<br />

les nageurs et les "I"s<br />

dans l'eau.<br />

De la pierre. Une masse <strong>de</strong> saphir contenue<br />

[par <strong>de</strong> la pierre,<br />

apathique<br />

elle crée l'indifférence,<br />

<strong>de</strong> la pierre assez glissante pour<br />

perdre<br />

l'équilibre<br />

et tomber.<br />

43


Geai Bleu<br />

Par Manal Hamed


Manal Hamed<br />

Geai bleu<br />

Pour te <strong>de</strong>ssinais avec<br />

mes crayons bleues..<br />

Pour te donnes un chose a<br />

manger ..<br />

Ou a boir..<br />

Tu connais l'amour<br />

comme<br />

Peut etre tout les oiseaux?<br />

geai bleu<br />

Chante moi un chanson..<br />

Qui me fait oublier…<br />

Le chagrin..<br />

Et un jour ..<br />

Je tecrairais dans mon cahier..<br />

Ou..te coller..<br />

Comme je fais avec mes mémiores..<br />

45


Geai Bleu<br />

Parmi les fleurs <strong>de</strong>s souvenirs..<br />

Les iris n'attirent plus..mon amant..<br />

Ni la poésie.<br />

Peut être les oiseux va le faire!<br />

46


Ce qui je dirai à mon<br />

premier fils<br />

Par Béa Ludver


Ce qui je dirai à mon premier fils<br />

Tiens-toi bien droit<br />

quand tu es sûr <strong>de</strong> toi<br />

et quand tu ne l’es pas.<br />

ne marche pas dans les herbes<br />

qui sont trop hautes<br />

ou trop courtes,<br />

n’embête jamais tes voisins,<br />

qui ont <strong>de</strong>s mémoires <strong>de</strong> fer<br />

et qui pourront bâtir <strong>de</strong>s clôtures <strong>de</strong> fer.<br />

il ne faut jamais parler avec une bouche<br />

pleine,<br />

soit <strong>de</strong> pain et <strong>de</strong> fromage,<br />

soit <strong>de</strong> mots durs et affligés.<br />

quand tu es avec une fille que tu aimes<br />

remarque les étoiles<br />

remarque la tendresse <strong>de</strong> sa main.<br />

48


Béa Ludver<br />

quand tu te sentiras petit,<br />

fais confiance en la force<br />

<strong>de</strong> tes mains<br />

et sache, mon enfant<br />

que quand tu croiras même que tes mains ne<br />

[suffisent pas<br />

que ta mère t’a déjà vu porter le mon<strong>de</strong>.<br />

49


Colibri<br />

Par Manal Hamed


Manal Hamed<br />

Dans un livre<br />

en train <strong>de</strong> se échapper<br />

Les ailes flottent, Les yeux<br />

Se ferment… Si petit<br />

Libéré<br />

Inquiet<br />

Près d'une fleur<br />

Sirotant le nectar.<br />

Heureusement; Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

Comment il vole comme ca<br />

La beauté est dans tous les coins<br />

Colibri dans<br />

Les peintures <strong>de</strong> Frida<br />

Ainsi<br />

Une joie <strong>de</strong> Cœur<br />

51


Colibri<br />

Est arrivé<br />

Avec le colibri!<br />

Fauve...<br />

Fauve...<br />

Certes…<br />

Vers loin…<br />

Vers bâtiments verts comme<br />

Toi et comme l’inspiration...<br />

Cette mer bleue<br />

Vagues qui touchent d’autre vagues..<br />

Doucement...<br />

Emmenez-moi à mes rêves<br />

D’avant<br />

à la beauté crue<br />

à tes mots qui<br />

Donnent<br />

52


Manal Hamed<br />

La consolation<br />

Le soulagement<br />

Ce pont<br />

Ces bateaux ou chaussures<br />

Pas important<br />

L’essentiel est<br />

Le sentiment<br />

L’expression <strong>de</strong> mes pensées<br />

Fauves...sauvages...une vague<br />

Verte s’approche.<br />

Que tu lis...que tu vois les <strong>de</strong>ssins<br />

Sur mon lit<br />

Une nature morte.<br />

Mais je le nomme vivante<br />

Puisque tes regards la voient<br />

Une fleur <strong>de</strong> joie<br />

Quand tu le donne l’eau !<br />

53


Dis-moi dix mots<br />

Par Sophie Everhard


Sophie Everhard<br />

Un coup <strong>de</strong> foudre frappe mes yeux, frappe<br />

mon cœur, frappe mon corps.<br />

Un coup <strong>de</strong> foudre trop vite, trop bref, trop<br />

fort.<br />

C’est un coup qui me laisse toute seule<br />

quand tu passes <strong>de</strong>vant moi dans la rue, sans<br />

t’arrêter, sans me voir.<br />

Dans ces cachets, je me promène vers notre<br />

passé. Un passé rempli d’espoir, <strong>de</strong> joie, <strong>de</strong><br />

sourires. Un passé qu’on croyait unique,<br />

infini, être l’avenir.<br />

Ta tête comme un bouquet <strong>de</strong> fleurs fraiches<br />

la première fois qu’on s’est rencontrés.<br />

55


Dis-moi dix mots<br />

Chaque fleur me fascinait. Chaque fleur<br />

floraison avec son savoir-faire. Le bouquet<br />

vibre, les couleurs <strong>de</strong> pétales jouent, vert<br />

contre rouge contre blanc. Tu avais <strong>de</strong> la<br />

puissance.<br />

Vis-à-vis, tu m’as dit, « Tes fleurs, elles sont<br />

faibles, elles sont petites, elles sont jeunes. »<br />

Vis-à-vis, tu m’as dit, « Tes fleurs<br />

ma<strong>de</strong>moiselle, je pourrais les renforcer, je<br />

pourrais les agrandir, je pourrais les<br />

protéger. »<br />

Je ne savais pas que ma tête était un bouquet<br />

56


Sophie Everhard<br />

<strong>de</strong> fleurs aussi.<br />

On formait une équipe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux, nous étions<br />

fleuristes chez le fleuriste, artistes dans<br />

l’atelier, les couleurs dans nos têtes<br />

<strong>de</strong>venaient complémentaires et équilibres.<br />

Monet, il a eu ses coquelicots, on a eu<br />

l’autre.<br />

Voilà, aujourd’hui, le coup <strong>de</strong> foudre me<br />

trouve, et je le suis, et je me souviens<br />

d’arroser mes fleurs.<br />

57


L’écriture…<br />

Par Manal Hamed


Manal Hamed<br />

Le poète se consomme<br />

À cause d'amour frustré<br />

Une fois son Cœur dansait comme<br />

Les ailes <strong>de</strong> papillons<br />

Ou…ses moments sont mêlé<br />

De joie…enfin j'ai trouvé les mots<br />

Pour les donner a<br />

Ce qui j'aime vraiment<br />

La peine <strong>de</strong>vient <strong>de</strong>s poèmes<br />

Qui brillent sur les pages ten<strong>de</strong>rs<br />

Les nuits d'insomnie sont fidèles<br />

Car c'est le temps <strong>de</strong> pensée<br />

De parler…avec la lune<br />

De capter les premiers rayons<br />

De crépuscule<br />

Et toutes les histoires d'amour<br />

S'éclipsent<br />

59


L’écriture<br />

Tous les évènements<br />

Deviennent banales<br />

Les conflits les guerres<br />

L'argent<br />

Rien n’a une signification<br />

Sauf la voix <strong>de</strong> rossignol qui chante<br />

Pour attirer son amant<br />

La nature même<br />

Devient plus belle<br />

Comme si un peintre a touché le tableau<br />

Avec les pinceaux <strong>de</strong> miel<br />

Et l'audace <strong>de</strong>vient arme<br />

Contre...les batailles <strong>de</strong> tous les jours<br />

La peur est gardée pour ce qu'on aime<br />

Et la vie <strong>de</strong>vient un nuage…les larmes<br />

Le parfum <strong>de</strong> mémoire…<br />

Et comme une chan<strong>de</strong>lle…<br />

60


Manal Hamed<br />

Le feu…brille en mangeant l'âme <strong>de</strong><br />

poète…<br />

Et la poésie le témoin<br />

De ses moments <strong>de</strong> la tendresse<br />

En pensant aux étoiles<br />

Qui murmurent entre eux<br />

Les vagues <strong>de</strong> la mer lui rappelle...d'amour<br />

Tellement fou...et tellement sage<br />

La plume<br />

Est dans l'encrier magique<br />

Qui ne finira pas<br />

Ne finira jamais<br />

L'ami fidèle avant les papiers<br />

Et les gouttes d'eau prennent<br />

Les messages aux colombines qui<br />

Sont les premiers à avouer<br />

Un consentement mélodieux!<br />

61


Voyager<br />

Par Manal Hamed


Manal Hamed<br />

Wan<strong>de</strong>rer<br />

Voyager<br />

la mer n’est pas suffisante..<br />

le vin ne calme pas les souffles <strong>de</strong>s<br />

[aventures<br />

voyager<br />

Tes cheveux comme un poète<br />

Romantique.<br />

Le charme <strong>de</strong> la lune<br />

fait écho à ton charme.<br />

“Reisen<strong>de</strong>”<br />

They say writing a<br />

Poem in<br />

Several languages<br />

Is difficult..<br />

63


Voyager<br />

Comment alors<br />

Les musiciens sentent-ils<br />

toute la musique du mon<strong>de</strong>..<br />

Comment est-ce que je t’écrit<br />

Mon âme..alors..?<br />

Comme un fleuve<br />

qui passe par tout<br />

Les continents<br />

They say…<br />

Une seule langue suffit..<br />

pour comprendre le mon<strong>de</strong>..<br />

Comment alors les chansons<br />

<strong>de</strong>s oiseaux sont-elles si différentes<br />

et variées?<br />

Ich liebe dich, weil (je t’aime, parce que<br />

ich habe gelernt, ( j’ai appris<br />

für <strong>de</strong>ine honigen Augen . ( pour tes yeux <strong>de</strong><br />

[miel<br />

64


Manal Hamed<br />

Je traduit seulement la langue <strong>de</strong> mon coeur<br />

le migrateur<br />

They say…<br />

poets are foolish..<br />

la folie…peut…trouver un moyen<br />

car je t'aime<br />

j'appris<br />

pour tes yeux <strong>de</strong> miel<br />

you know that I love you.<br />

So…..<br />

love is a great teacher…!<br />

You know!<br />

Pourquoi…est la mélancolie<br />

Si belle.<br />

65


Voyager<br />

Si attirante.<br />

Hamlet plus attirant que…<br />

Les pièces <strong>de</strong> théâtre comiques…<br />

Pourquoi les pleurs et<br />

les larmes…<br />

66


Manal Hamed<br />

Même salées sont plus sucrées…<br />

Que…<br />

Les cerises en<br />

rouge…<br />

Comment cette sourire entre<br />

nous peut transformer<br />

Au ri<strong>de</strong>s <strong>de</strong> tristesse?<br />

Chevalier…brun?<br />

67


68


PROSE


On Bus, Little Boy<br />

Dreams of Clean<br />

Windows and Mango<br />

Par Dan Jeff


Dan Jeff<br />

Il y a <strong>de</strong> la poudre noire comme la mort<br />

qui vole autour <strong>de</strong> mes chevilles. Comme moi,<br />

elle est poussée par le vent, la seule<br />

différence entre nous étant que je suis ... plus<br />

lour<strong>de</strong>—mais pas beaucoup plus. Je fais <strong>de</strong>s<br />

tâches sur mes feuilles mais je <strong>de</strong>vrais faire<br />

du boulot pour le journal, écrire l’article qui<br />

est à rendre ce soir, mais je n’y arrive pas.<br />

Aucun mot ne m'arrive, seules <strong>de</strong>s tâches<br />

d'encre y parviennent. Je gratte les<br />

gouttelettes aqueuses jusqu'à ce qu'elles<br />

<strong>de</strong>viennent trop foncées pour la page, qui ne<br />

peut plus les supporter, et se laisse être<br />

déchirée en <strong>de</strong> petits accrocs trempés.<br />

Je vois les enfants arriver <strong>de</strong> loin, et je<br />

m'apprête à me lever du banc. Mon frère est<br />

le plus petit parmi eux, avec son cartable<br />

rouge comme <strong>de</strong>s bisous. Ses camara<strong>de</strong>s<br />

ramassent <strong>de</strong>s objets et tracent <strong>de</strong>s lignes<br />

71


On Bus, Little Boy Dreams of Clean Windows and<br />

Mango<br />

dans la terre, et on aurait pu dire que <strong>de</strong> la<br />

fumée montait <strong>de</strong> leurs pieds à chaque pas<br />

dans <strong>de</strong> beaux nuages secs.<br />

Quand il est plus près <strong>de</strong> moi, il me dit,<br />

j’ai faim et j’ai soif au même temps. Je lui dis<br />

alors que, pour cela, il n’y a qu’un remè<strong>de</strong>:<br />

“Il te faut <strong>de</strong> la mangue”. Nous quittons ses<br />

amis qui ont <strong>de</strong> très sales mains. Au fait, mon<br />

frère a aussi <strong>de</strong> très sales mains mais ... il<br />

pourra toujours les essuyer sur ma chemise.<br />

Ce n’est que <strong>de</strong> la poussière—vraiment.<br />

Le propriétaire du magasin M. Zouli ...<br />

a <strong>de</strong>s cheveux comme <strong>de</strong> la craie. Dans son<br />

magasin je déci<strong>de</strong> d'acheter une<br />

grosse mangue pour mon frère. Le vieil<br />

homme en arrache une du panier, ses mains<br />

sèches tremblantes et drapées <strong>de</strong> peau me<br />

rappelant l'océan, <strong>de</strong>s vagues inexorables ...<br />

s'écrasant contre elles-mêmes. La peau<br />

72


Dan Jeff<br />

épluchée <strong>de</strong> la mangue tombe par terre,<br />

révélant la chair orange, juteuse ... comme le<br />

soleil. Mon frère n'a ni soif, ni faim.<br />

Nous attendons le bus près du parc et<br />

je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il a passé une bonne journée.<br />

“Oui,” me dit-il. “J’ai eu un contrôle en maths<br />

aujourd’hui mais j’ai bien étudié alors il n’y<br />

a pas <strong>de</strong> problème.” De loin, on entend <strong>de</strong><br />

doux craquements. ... Mon frère s’approche<br />

<strong>de</strong> moi. Dans l’espace entre nous je ressens<br />

sa peur, la petite froi<strong>de</strong>ur qui envahi ses yeux,<br />

ses lèvres. Le bus arrive, et mon frère a fini<br />

sa mangue. Il suce ses doigts.<br />

73


On était perdu<br />

Par Mariah Phillips


Mariah Phillips<br />

On était perdu. Toi, avec tes cartes et<br />

mécanismes, tu nous avais dit que le chemin<br />

se trouverait un peu plus loin, si on était<br />

patient. Nous étions patients. Nous étions<br />

plus perdus qu’avant.<br />

Le premier qu’on a perdu était René. Il<br />

s’était arrêté pour pisser sur un arbre. Il se<br />

tenait aux <strong>de</strong>ux mains comme on tient un<br />

chapelet. Lorsqu’on est arrivé à côté <strong>de</strong> lui, il<br />

avait déjà perdu la foi. L’arbre est tombé, trop<br />

grand pour être supporté. On l’a laissé là-bas<br />

dans le crépuscule dégoutant. René qui riait<br />

comme <strong>de</strong>s éclats <strong>de</strong> verre est mort dans le<br />

silence. Si un arbre tombe au milieu d’un<br />

fôret et personne s’y trouve pour l’entendre,<br />

fait-il un bruit?<br />

Moi, <strong>de</strong> ma part, je n’aimais point<br />

René. Il était trop bavard, trop égoïste.<br />

Personne n’aurait pu <strong>de</strong>viner qu’il<br />

75


On était perdu<br />

<strong>de</strong>viendrait le symbole <strong>de</strong> notre<br />

dépravation—mais voilà.<br />

Mais on était perdu, alors on continuait.<br />

Tu as dit qu’il fallait trouver un refuge avant<br />

la tombée <strong>de</strong> la nuit. C’était Cécile qui a<br />

trouvé du bois à brûler. Elle était scoute, elle<br />

m’a dit. Elle s’est brossée les cheveux avec<br />

une pomme <strong>de</strong> pincueillie du sol près <strong>de</strong> nos<br />

pieds. Elle connaissait René <strong>de</strong>puis la<br />

maternelle. Elle ne pleurait pas.<br />

«Tu sais, dit-elle, je ne savais pas. Tu<br />

sais que les pommes <strong>de</strong> pin font un très beau<br />

feu. Peut-être qu’on se serait trouvés comme<br />

ça alors. En tout cas, ça fera une très belle<br />

soirée.»<br />

Quand elle sortira du lycée, peut-être<br />

qu’elle ne sera plus aussi belle. Peut-être<br />

quand elle en sortira, elle trouvera que la vie<br />

est difficile quand la classe est trop gran<strong>de</strong><br />

pour être la plus belle et, d’ailleurs, il y aura<br />

76


Mariah Phillips<br />

toujours quelqu’un plus charmante, plus<br />

souriante, plus magnifique, plus mystérieuse,<br />

plus intelligente. Mais jusqu’à présent, elle<br />

était notre reine. Cécile regardait mon visage<br />

et ria. Elle m’a dit qu’il fallait rejoindre les<br />

autres. Je la suivi sans mots et sans émotions.<br />

La nuit était totalement noire. Je ne<br />

pouvais même pas voir ma propre main dans<br />

l’obscurité et j’imaginais que Janus<br />

m’approchait encore une fois. Toute la nuit, j<br />

e l'ai battu.<br />

Nous avons recommencé dès que le<br />

soleil se présentait. Cécile, alors qu’elle était<br />

scoute, ne nous conseillait pas comment<br />

trouver <strong>de</strong> l’eau douce.<br />

«J’oublie, se pardonnât elle. Nico,<br />

Janus, et Gammo n’ont rien dit <strong>de</strong> nourriture.<br />

Et toi, même toi, tu t’es fermé la gueule. À ce<br />

point, l’alcool était déjà sorti <strong>de</strong> nos veines,<br />

laissant à sa place une vilaine gueule <strong>de</strong> bois<br />

77


On était perdu<br />

et un besoin renouvelé <strong>de</strong> l’eau. J’avais <strong>de</strong>s<br />

bleus partout et je savais que la journée allait<br />

être longue. »<br />

Pendant <strong>de</strong>s heures, on a marché en<br />

cercle, j’en suis sûr. Chaque pas était plus<br />

difficile que le précé<strong>de</strong>nt, et nos têtes<br />

n’étaient plus à nous. Les talons <strong>de</strong> Cécile et<br />

Nico étaient dans leurs mains et leurs pieds<br />

s’étaient cheminés soigneusement dans la<br />

terre. Il ne restait que cinq cigarettes à Cécile.<br />

La robe <strong>de</strong> Nico avait perdu toutes ses<br />

paillettes. Gammo avait perdu une <strong>de</strong>nt, au<br />

moins quasiment, quand il est tombé; David<br />

avait perdu ses lunettes. Janus avait cassé<br />

<strong>de</strong>ux doigts à la main gauche et chez moi, un<br />

œil enflé. Toi, tout allait bien chez toi.<br />

Comme d’habitu<strong>de</strong>.<br />

Ma montre m’a dit qu’il était 14h36.<br />

Puis je l’ai perdue.<br />

Nico, Janus, et Gammo ont fait un<br />

78


Mariah Phillips<br />

repas. David a grimpé jusqu’à la branche la<br />

plus haute pour voir notre situation. Il nous a<br />

informé qu’on était absolument perdu, sans<br />

espoir. C’était lui, le prochain. Ses pieds<br />

n’étaient jamais sûrs. Il est tombé dans le feu<br />

et avec l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> peau brûlante, on savait<br />

qu’il avait raison; nous étions tous<br />

condamnés.<br />

Évi<strong>de</strong>mment, le repas était pourri.<br />

Personne ne voulait manger à côté du cadavre<br />

<strong>de</strong> David. On l’a laissé là, le feu déjà éteinté.<br />

Nous ne pûmes pas dormir.<br />

Un grand hurlement a interrompu le sommeil<br />

agité. «C’est David», a intimé Janus. Il<br />

voulait dire que les bêtes sauvages étaient<br />

attirées par sa peau. Nous avons monté les<br />

arbres maudits mais nous eûmes du mal à<br />

arrêter <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r la scène sanglante sous<br />

nos branches. Le soleil s’est levé. Le soleil<br />

s’est levé.<br />

79


On était perdu<br />

Le soleil s’est levé et on est <strong>de</strong>scendu<br />

à la terre trempée <strong>de</strong> sang. Les filles avec<br />

leurs pieds nus n’avaient point <strong>de</strong> choix à y<br />

marcher <strong>de</strong>ssus. J’ai offert mes chaussettes à<br />

Cécile, mais elle ne me dit rien. Enfin, c’était<br />

Nico qui les a prises. Cécile nous a trouvé <strong>de</strong>s<br />

framboises qui ne pouvaient pas nous<br />

satisfaire mais notre faim n’était pareille qu’à<br />

notre soif.<br />

Vers midi, on a passé René à nouveau.<br />

Et encore une fois <strong>de</strong>ux heures plus tard.<br />

Gammo pleurait chaque fois. Chaque fois,<br />

Janus lui a menacé. «Tais-toi, idiot!» Il<br />

n’était jamais très sensible. Janus était le plus<br />

petit, mais ça ne l’empêchait <strong>de</strong> se battre à<br />

n’importe quel moment. Au lycée, plusieurs<br />

avaient dit qu’il était un peu bellâtre, mais<br />

jamais à sa propre gueule, même s'il était le<br />

plus coiffé. Ils avaient peur <strong>de</strong> lui et ses coups<br />

<strong>de</strong> pied mortels. Pourtant, les filles l’aimaient<br />

80


Mariah Phillips<br />

trop, i<strong>de</strong>m pour les lectrices, un fait qui lui a<br />

aidé plus souvent que pas.<br />

J’étais presque mort la troisième fois.<br />

La nuit était déjà tombée, et Nico avait<br />

peur <strong>de</strong> passer une autre nuit dans la forêt.<br />

Notre feu brulait notre peau, mais on s’en<br />

fichait. L’espoir nous avait fuis.<br />

Janus avait disparu; on ne s’était rendu<br />

compte qu’au moment <strong>de</strong> son retour. Il était<br />

couvert <strong>de</strong> sang, puis il a jeté un morceau <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> dans le feu. L’o<strong>de</strong>ur était similaire au<br />

porc, mais plus fauve. On mangeait sans mot,<br />

sans poser <strong>de</strong>s questions. On savait bien ce<br />

qu’on bouffait. Silencieusement, on regardait<br />

Janus avec un mélange <strong>de</strong> peur et <strong>de</strong><br />

remerciement. Il a fait ce qu’on ne pouvait<br />

pas.<br />

C’est là, je crois, le moment où tu<br />

arrêtas à dire qu’on trouverait le chemin.<br />

81


On était perdu<br />

L’aube nous a apporté une nouvelle<br />

puissance. Même Gammo ne pleurait plus.<br />

Cécile a partagé sa <strong>de</strong>rnière cigarette avec<br />

moi, la fumée est entrée dans ses poumons<br />

comme un démon possédant son âme. Ses<br />

pieds ne ressemblaient plus humains, et ses<br />

yeux bleus clairs étaient vi<strong>de</strong>s.<br />

Ce soir-là, autour du feu, on riait pour<br />

la première fois <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> notre<br />

aventure. On mangeait avec gusto. On ne<br />

parlait plus <strong>de</strong> la vie hors <strong>de</strong> la forêt; chacun<br />

<strong>de</strong> nous avait le sentiment que ce que nous<br />

étions en train <strong>de</strong> faire nous amènerait à<br />

l’Enfer.<br />

Mais nous étions au Paradis.<br />

Le len<strong>de</strong>main, Nico s’est cassée la<br />

jambe. « C’est le moins cruel», a dit Gammo,<br />

une pierre déjà bercée dans sa main. « Elle ne<br />

peut plus marcher. » On lui a convaincu que<br />

nous n’avions pas encore approché ce point-<br />

82


Mariah Phillips<br />

là. Nico a pris l’épaule <strong>de</strong> Cécile et Janus a<br />

repositionné la jambe à sa propre place. Sa<br />

cravate marchait bien pour la tenir. Gammo<br />

et Cécile la regardaient fixement avec <strong>de</strong>s<br />

yeux affamés.<br />

Cet après-midi, on a fini René. Face à<br />

une faim inoubliable, j’ai conspiré contre<br />

Nico avec les autres. Je prends la<br />

responsabilité pour ce qui suivait. Bref, ce<br />

soir-là, il n’y avait que moi, Janus, et Cécile.<br />

J’ai fait les maths au plus vite. Janus<br />

était amoureux <strong>de</strong> Cécile <strong>de</strong>puis toujours. Il<br />

me détestait, alors entre elle et moi, le choix<br />

serait toujours elle. Que choisirais-je? Les<br />

<strong>de</strong>ux étaient plus forts que moi. Cécile ferait<br />

ce qu’il faudrait au moment donné j’en étais<br />

sûr. Franchement, pendant un petit moment,<br />

j’ai pensé à te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s conseils. Puis je<br />

me suis souvenu.<br />

Pendant trois jours, on n’a pensé à rien.<br />

83


On était perdu<br />

Au moins, moi non.<br />

On a regagné une semblance <strong>de</strong> vie.<br />

Cécile, qui était scoute, a trouvé <strong>de</strong> l’eau<br />

douce et a fabriqué <strong>de</strong>s huttes pour que Janus<br />

ne sût pas qu’on couchait ensemble chaque<br />

nuit. Il y avait suffisamment <strong>de</strong> nourriture<br />

pour nous trois, et on a passé les jours sans<br />

problème.<br />

Le quatrième jour, il pleuvait. Nous<br />

dansions et se sommes lavé du sang. De<br />

nouveau, tout était possible. Même le Paradis.<br />

Le mensonge s’est cassé au dîner. Le<br />

bois était tout mouillé, rendant un feu<br />

impossible. On ne savait quoi faire. Janus<br />

nous a regardés pendant un bon moment.<br />

Dans sa main, il tenait le poignet <strong>de</strong> Gammo.<br />

Cassant l’os, il suçait la moelle. Cécile s’est<br />

mise à côté <strong>de</strong> lui et il lui a donné l’os.<br />

Elle l’a pris.<br />

84


Mariah Phillips<br />

À ce moment-là, je savais qu’elle<br />

n’était pas à moi. Elle ne l’était jamais. Entre<br />

moi et Janus, elle ne me choisirait jamais. Ce<br />

n’était pas une question d’une soirée entre<br />

amis, mais <strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> la mort. J’étais<br />

faible. Janus et elle étaient forts. Leurs<br />

bouches tachetées <strong>de</strong> sang souriaient.<br />

J’ai voulu être comme eux, mais je ne<br />

pouvais pas.<br />

Cette nuit, je dormais seul. Quand je<br />

me suis levé, ils étaient partis. Je me suis<br />

préparé avec un rocher et j’attendais, mais la<br />

nuit est tombée sans inci<strong>de</strong>nt.<br />

La lune ne m’a pas montré son visage<br />

et les nuages couvraient les étoiles. Je ne<br />

pouvais que croire que tout était fini, et que<br />

je resterai seul, seul avec toi qui n’existais<br />

que dans mes rêves.<br />

85


Entrevue avec<br />

Mariah Phillips


Mariah Phillips<br />

1. Pourquoi est la poésie importante?<br />

On voit souvent que la littérature est une<br />

façon <strong>de</strong> faire comprendre l'histoire.<br />

Mondiale, nationale, communautaire,<br />

personnelle. Cela rend nos expériences plus<br />

publiques mais aussi plus privées dans un<br />

certain sens.<br />

2. Vous rappelez-vous comment votre intérêt<br />

à écrire <strong>de</strong> la poésie est née?<br />

J'ai commencé à lire très tôt. Raconter, c'est<br />

une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ma vie familiale. Je ne<br />

me souviens plus du moment que les <strong>de</strong>ux se<br />

sont mélangés parce que c'était naturel.<br />

3. Est-ce votre idée <strong>de</strong> ce que c'est la poésie<br />

est changée <strong>de</strong>puis que vous avez commencé<br />

à écrire <strong>de</strong>s poèmes?<br />

Pas particulièrement, non. Mais par contre je<br />

suis très "un café noir en plein soleil, c'est ça<br />

la poésie! C'est ça, la vraie littérature !" qui<br />

<strong>de</strong>vient ennuyant pour les proches.<br />

87


Entrevue<br />

4. Y a-t-il quelque chose que vous trouvez<br />

particulièrement difficile lors <strong>de</strong> l'écriture <strong>de</strong><br />

la poésie?<br />

C'est toujours difficile <strong>de</strong> commencer à écrire.<br />

Cela me tente d'attendre l'idée complète ou le<br />

moment où tous les concepts <strong>de</strong>viennent<br />

clairs et présents, mais il ne faut pas toujours<br />

attendre.<br />

5. Comment une poème commence pour<br />

vous--avec une idée, une forme, une image<br />

ou autre chose?<br />

Pour moi, les contes commencent toujours<br />

avec un dialogue. Déjà, j'ai une sensibilité<br />

très cinématique, donc soit c'est un dialogue<br />

soit c'est une image isolée que je dois mettre<br />

en scène.<br />

6. Quelles sont les conditions que vous ai<strong>de</strong>nt<br />

dans votre processus d'écriture ?<br />

Cela dépend vraiment l'histoire que je tente<br />

an raconter. Par exemple, j'ai écrit mon<br />

premier scénario, fermée dans un hôtel<br />

berlinois, mais j'ai écrit cette histoire<br />

pendant le temps d'arrêt à mon stage.<br />

88


Mariah Phillips<br />

Certaines histoires ont besoin d'un peu <strong>de</strong><br />

musique, autres une silence parfaite.<br />

7. Quelle est la relation entre votre voix et<br />

votre voix écrite?<br />

Ma voix écrite est plus sûre que la mienne,<br />

même que j'écris souvent en première.<br />

8. Alexandre Dumas a dit une fois: "toute la<br />

sagesse humaine se résume en <strong>de</strong>ux mots--<br />

attendre et d'espérer." Comment appliquer<br />

cette déclaration à la sagesse <strong>de</strong> la poésie?<br />

La littérature se fait <strong>de</strong> toutes les vies que l'on<br />

n'aurait jamais et ne pourrait jamais vivre.<br />

La littérature, c'est nous à notre mieux, et oui,<br />

notre pire. C'est notre naissance, notre mort.<br />

La littérature est nos craints et nos espoirs<br />

librés afin d'être témoignés à la page.<br />

89


Souviens<br />

Par Sophie Everhard


Sophie Everhard<br />

Je me souviens <strong>de</strong>s papillons au ventre<br />

quand mon vol a décollé, laissant ma vieille<br />

vie au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> moi, <strong>de</strong>rrière moi. Je me<br />

souviens d’avoir fermé les yeux avant <strong>de</strong><br />

sauter <strong>de</strong> la jetée. Je me souviens d’avoir eu<br />

peur moins d’une secon<strong>de</strong>. Je me souviens<br />

d’avoir inhale <strong>de</strong> l’air salé. Je sentais le<br />

poisson <strong>de</strong> la mer et la pizza sur la promena<strong>de</strong>.<br />

Je me souviens d’avoir entendu <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

collisions, j’ai pensé que si je sautais, les<br />

vagues m’avaleraient. Je me souviens d’être<br />

tombée en plein air, pas vraiment, tombée,<br />

d’avoir dérivée ou flotté du ciel à la mer. Je<br />

me souviens du claquement produit par mon<br />

corps entrant dans l’eau. Ma tête brièvement<br />

sous la surface. Je me souviens <strong>de</strong> mon<br />

premier souffle quand j’ai quitté le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la mer. Halètement, mon corps a trouvé<br />

quelque chose qu’il a cherché—la<br />

91


Souviens<br />

satisfaction, l’allégresse. Je me souviens <strong>de</strong><br />

tout ce qui s’est passe cette nuit-là, mais je ne<br />

me souviens pas d’un autre jour où j’ai été<br />

aussi libre que ce jour du saut.<br />

92


La cage dans la cage<br />

Par Amy Tao


La cage dans la cage<br />

Il s’est retrouvé dans une massive cage<br />

<strong>de</strong> maillage fin. Curieusement, il n’a pas pu<br />

se souvenir exactement comment il y était<br />

arrivé. En fait, il ne savait rien à part qu’il<br />

était dans une cage qui s’appelait “école” (et<br />

Dieu sait ce que cela signifiait), et qu’il<br />

<strong>de</strong>vrait y rester treize années jusqu’à ce qu’il<br />

doive partir et que pendant cette pério<strong>de</strong>, il<br />

<strong>de</strong>vrait obéir aux règles et faire tout ce qu’on<br />

lui disait. Au moins, c’était ce que ses<br />

geôliers lui avaient dit. Ils lui ont aussi dit que<br />

l’extérieur <strong>de</strong> la cage était très agréable. Alors,<br />

avec les jours qui passaient, il a commencé,<br />

petit-à-petit, à croire ce qu’on lui disait.<br />

Chaque jour, il faisait les même choses:<br />

il se réveillait tôt chaque matin en entendant<br />

le sifflement perçant <strong>de</strong> ses geôliers, puis il<br />

travaillait sans arrêt jusqu’à ce qu’il ait été<br />

94


Amy Tao<br />

épuisé physiquement ainsi que mentalement.<br />

Il n’osait défier personne parce qu’il craignait<br />

les conséquences, dont les geôliers en avaient<br />

brèvement parlés. Il se doutait quelquefois <strong>de</strong><br />

ce qu’ils avaient dit mais il n’a pas voulu<br />

essayer <strong>de</strong> rompre les règles lui-même. De<br />

temps en temps, on lui donnait un repos<br />

bref—mais ces moments n’apportaient rien<br />

<strong>de</strong> plus que son temps <strong>de</strong> travail.<br />

Finalement, treize ans plus tard, le jour<br />

<strong>de</strong> son départ est arrivé. Rempli <strong>de</strong> joie et<br />

d’anticipation, il regarda ses geôliers qui<br />

ouvraient une énorme porte. Mais, à sa<br />

surprise, le paysage au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la cage était<br />

le même qu’à l’intérieur—<strong>de</strong>s murs blancs<br />

quelconques avec <strong>de</strong>s lignes grises.<br />

Cependant, son esprit enfiévré lui a fourni<br />

<strong>de</strong>s images majestueuses pour embellir la vue<br />

qu’il a désirévoir <strong>de</strong>puis si longtemps. La<br />

95


La cage dans la cage<br />

porte a fait un bruit métallique en s’ouvrant.<br />

Poussé par une joie immense instinctive, il<br />

s’était donc mis à courir. Tout était un mélimélo<br />

<strong>de</strong> couleurs <strong>de</strong> couleurs alors qu’il<br />

courait à gran<strong>de</strong> vitesse. À chaque pas il se<br />

réjouissait <strong>de</strong> sa nouvelle liberté.<br />

Et puis, au <strong>de</strong>rnier moment, il avait<br />

couru la tête première dans quelque chose <strong>de</strong><br />

ferme et métallique. Le mon<strong>de</strong> autour <strong>de</strong> lui<br />

s’est soudainement tourné au moment où il<br />

est tombé par terre. Il s’est relevé, la tête<br />

pleine <strong>de</strong> sang, pour essayer <strong>de</strong> comprendre<br />

ce qui avait bloqué son chemin vers la liberté.<br />

Mais il a réalisé qu’il était encore dans une<br />

autre cage. Le désespoir et l’impuissance se<br />

sont installés quand il a levé la tête—sur un<br />

panneau était écrit le mot “université”. Il a<br />

plissé les yeux pour voir les mots sur les<br />

cages au loin: “emploi,” “vie <strong>de</strong> famille”...<br />

96


Amy Tao<br />

Il se perdait dans le noir, mais il entendait une<br />

faible voix: “tu pourras sortir dans treize<br />

années…”<br />

97


Crépitement<br />

Par Giuseppe Zeldne


Giuseppe Zeldner<br />

La maison se trouvait là, piquant le ciel.<br />

Quelques fenêtres étaient cassées. Le vent<br />

portait <strong>de</strong> petits éclats <strong>de</strong> verre dans l'air,<br />

donnant vie à ces objets rigi<strong>de</strong>s, leur<br />

accordant une âme. Comme je voulais Une<br />

Âme. On entendait <strong>de</strong>s feux d'artifice tout<br />

près <strong>de</strong> la maison—une fête. Notre hôte nous<br />

a mené dans la maison. Je tapota mon portemonnaie:<br />

l'objet y était toujours. Nous avons<br />

échangé <strong>de</strong>s salutations et l'hôte nous a invité<br />

à dîner. Nous nous sommes assis à une<br />

longue table rectangulaire. J'ai posé le portemonnaie<br />

sur ma chaise, l'o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> vernis à<br />

ongles le contaminait. Quelques bougies<br />

illuminaient la nourriture: un vin exquis et<br />

<strong>de</strong>s steaks et du pain et <strong>de</strong> la beurre et <strong>de</strong>s<br />

fromages. J'étais bourré. Notre hôte nous a<br />

montré nos chambres puis a pris sa retraite<br />

dans la sienne. J'étais la première à prendre<br />

ma douche. L'eau chau<strong>de</strong> purifiait mon corps.<br />

99


Crépitement<br />

La vapeur chau<strong>de</strong> remplissait mes poumons.<br />

Avec chaque goutte d'eau qui tombait sur<br />

mon corps, je sentais une goutte <strong>de</strong> rectitu<strong>de</strong><br />

la remplacer. J'entendis <strong>de</strong>s voix. Ils venaient<br />

<strong>de</strong> la chambre <strong>de</strong> Jack. Une voix était celle<br />

d'Agathe. Je le savais, pensais-je. Je<br />

commençai avec colère vers la salle, traçant<br />

malicieusement ce que je ferais à mon mari<br />

tricheur et à Agathe. Ensuite, j'entendis <strong>de</strong>s<br />

cris. Je m'arrêtai. Il est difficile <strong>de</strong> raconter<br />

l'événement qui suit avec <strong>de</strong>s mots. Je<br />

m'approchai <strong>de</strong> sa chambre plus rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Avant que je ne puisse ouvrir la porte,<br />

j'entendis l'explosion d'un feu d'artifice<br />

<strong>de</strong>vant la maison. Je fus surpris. Je luttai pour<br />

ouvrir la porte. Faites-le! Une porte ouverte.<br />

La fumée provenant <strong>de</strong> la buse du pistolet<br />

atteignit le plafond. L'homme qui tenait le<br />

pistolet tenait un verre dans l'autre main. Un<br />

liqui<strong>de</strong> vermeil le remplissait. Jack se trouva<br />

dans une mare <strong>de</strong> sang. Un trou divisa Jack et<br />

100


Giuseppe Zeldner<br />

le mur <strong>de</strong>rrière lui en <strong>de</strong>ux. Notre hôte me<br />

regarda. "Ne vous inquiétez pas," commençat-il,<br />

buvant le sang. "Nous allons faire notre<br />

propre fête". Les feux d'artifice<br />

commencèrent à mourir. Il pointa l'arme vers<br />

mon cœur. Je fermai mes yeux. Puis je lâchai<br />

l'arme. Les yeux ouverts. Les feux d'artifice<br />

étaient morts.<br />

101


102


VISUALIZATION<br />

LITTÉRAIRE<br />

Par Ryan Tanner


Ryan Tanner<br />

Tes yeux, tes lèvres<br />

104


Visualization littéraire<br />

16 :34 dans un parc<br />

105


Ryan Tanner<br />

Rêverie<br />

106


Visualization littéraire<br />

Si j’étais roi<br />

Etu<strong>de</strong> numéro 1 : tendresse<br />

107


Ryan Tanner<br />

Une pensée<br />

Etu<strong>de</strong> numero 2 : solitu<strong>de</strong><br />

108


Visualization littéraire<br />

Je ne me souviens plus du temps avant la pluie<br />

Il était une fois<br />

109


Ryan Tanner<br />

Portrait d’un matin<br />

110


Visualization littéraire<br />

La cuisinière<br />

Incan<strong>de</strong>scent<br />

111


Ryan Tanner<br />

L’homme voit la mer<br />

Le mal <strong>de</strong> l’oubli<br />

112


Visualization littéraire<br />

La lune ne se cache jamais<br />

113

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