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Extrait du Bulletin 32 - RCN Justice & Démocratie
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Belgique<br />
Présent au siège durant deux semaines, Bernardin Maïga, coordonateur de l’Alliance pour la Justice et le Développement<br />
en faveur des Femmes (AJDF) au Mali, a réalisé une analyse sur l’intégration de la politique du<br />
genre en interne et au niveau des projets menés sur les terrains de RCN Justice & <strong>Démocratie</strong>. Au cours de cet<br />
entretien, il revient sur les raisons de son engagement, les activités de son ONG et nous propose des recommandations<br />
en termes de perception du genre à l’issue de son immersion.<br />
Entretien avec Bernardin Maïga<br />
Ou la promotion du droit des femmes maliennes<br />
Bernardin, où êtes-vous né ?<br />
Je suis né au Mali, dans la ville de Ségou, située à<br />
240 kilomètres de Bamako. J’ai trois frères et six<br />
sœurs. Mon père s’est en effet beaucoup investi dans<br />
l’éducation de ses enfants. Nous sommes trois à<br />
avoir étudié le droit, dont le plus jeune et moimême.<br />
La plus âgée de mes sœurs est magistrat à la<br />
Cour Suprême du Mali, l’équivalent de la Cour de<br />
Cassation en France. Après avoir obtenu mon baccalauréat<br />
en sciences humaines en 1990, je me suis<br />
inscrit à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) de<br />
Bamako, d’où je suis sorti en 1995 avec une maîtrise<br />
de Droit Public.<br />
Qu’est-ce qui a vous a motivé et poussé à vous en-<br />
gager dans la défense du droit des femmes ?<br />
J’ai été très influencé par ma sœur aînée, magistrat<br />
et militante au sein d’organisations de défense de<br />
droit des femmes ; j’ai ainsi rencontré les nombreuses<br />
personnes qui la sollicitaient pour des conseils<br />
juridiques, pour la plupart des femmes, ainsi que des<br />
magistrats eux aussi engagés dans la défense du<br />
droit des femmes. C’est ce qui m’a poussé et motivé<br />
à intégrer l’ENA. Je me suis ensuite fait repérer par<br />
la Présidente de l’Observatoire des Droits de la<br />
Femme et de l’Enfant (ODEF), magistrat elle aussi et<br />
amie de ma grande sœur, qui m’a recommandé auprès<br />
du Conseil du Commissariat à la Promotion des<br />
Femmes au Mali, où je suis entré dès que j’ai terminé<br />
mes études à l’ENA. En 1998, j’ai intégré l’ODEF, d’abord<br />
comme chargé de mission, puis comme coordinateur.<br />
En 2000, nous nous sommes associés avec l’Association<br />
des Juristes Maliennes (AJM) dans le souci<br />
d’améliorer l’efficacité et l’efficience de nos actions<br />
sur le terrain. Afin de pérenniser les acquis, AJM et<br />
ODEF se sont regroupés en janvier 2003 en consortium,<br />
autour d’un projet commun, visant la<br />
« Promotion des Droits des Femmes au Mali», pendant<br />
deux ans. Les activités réunissaient celles de la<br />
clinique juridique de l'AJM et du bureau de secours<br />
juridique de l'ODEF. Ce processus a abouti en décembre<br />
2005 à la création de l’"Alliance pour la Justice<br />
et le Développement en faveur des Femmes".<br />
En quoi consistent plus précisément la vision et les<br />
activités menées par l’AJDF ?<br />
L’AJDF a pour objet la promotion et la protection<br />
des droits des femmes et des enfants au Mali. Dans<br />
ce cadre, elle met en œuvre 3 grands projets d’intervention.<br />
Un premier volet clinique juridique offre un service<br />
d’aide juridique gratuit aux femmes, et comprend<br />
des activités d’assistance judiciaire devant les tribunaux,<br />
de consultations juridiques, ou encore de médiation<br />
familiale. Nous fournissons également un appui<br />
ponctuel au consulat français, dans le traitement<br />
des demandes relatives à des enfants français d’origine<br />
malienne, bloqués au Mali sans passeport. A<br />
titre de médiation, nous négocions directement avec<br />
les parents rentrés en France avec les documents<br />
d’identité de leurs enfants, afin de les convaincre de<br />
renvoyer les documents nécessaires.<br />
Un deuxième volet fournit un appui à la citoyenneté<br />
des femmes, et consiste principalement en la délivrance<br />
de titres supplétifs d’identité aux femmes,<br />
majoritairement en milieu rural, nécessaires à l’exercice<br />
du droit de vote.<br />
Enfin, un dernier volet touche la réalisation d’études<br />
et de recherches sur des thématiques spécifiques,<br />
destinées à différents acteurs de la promotion du<br />
droit des femmes. Trois études ont déjà été réalisées<br />
par AJDF ; l’une sur les violences faites aux femmes,<br />
réalisée en 2005 et primée par Oxfam Québec, une<br />
relative aux mariages forcés précoces et enfin, une<br />
étude sur les méthodes et procédures de médiation<br />
des Tribunaux de Première Instance et de Justice de<br />
paix.<br />
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