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Extrait du Bulletin 32 - RCN Justice & Démocratie
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confusion observée dans la prise de décision de certaines<br />
arrestations. De plus, l'ordre établi par la<br />
chaîne de commandement empêche généralement<br />
les Officiers de Police Judiciaire de prodiguer des<br />
conseils ou recommandations aux Chefs de poste.<br />
Un autre défi urgent concerne le manque de<br />
moyens de déplacement ou de matériel bureautique,<br />
qui a des incidences sur le non-respect des délais de<br />
garde à vue. Ainsi, le manque de papier nécessaire<br />
à la confection de documents, est régulièrement<br />
mentionné et certains OPJ préfèrent alors partir en<br />
congé pour fuir la colère des justiciables lorsqu’ils<br />
constatent qu’ils ne disposent plus des moyens matériels<br />
nécessaires pour répondre à leurs requêtes.<br />
Au niveau des parquets<br />
Les parquets reçoivent essentiellement des dossiers<br />
en provenance de la police judiciaire. Ils sont chargés<br />
du contrôle et du suivi de l’action de la police ainsi<br />
que de l’inspection des lieux de détention.<br />
Les parquets de Gitega, Bururi et Ruyigi connaissent<br />
d’énormes difficultés : l’instabilité des magistrats,<br />
le manque de moyens matériels et techniques,<br />
l’insuffisance des infrastructures, les pressions de<br />
tous ordres ou la faible connaissance de la loi pénale<br />
sont autant de facteurs qui entravent le respect des<br />
règles de procédure pénale et le respect des droits<br />
de l’homme et des libertés individuelles.<br />
La stabilité des magistrats, qui doit en principe garantir<br />
leur indépendance et l'acquisition sur la durée<br />
d’une solide expérience, est perturbée par les mutations<br />
incessantes opérées par l’autorité de tutelle, et<br />
certains parquets ne disposent que de jeunes magistrats<br />
inexpérimentés. Un responsable de parquet a<br />
ainsi affirmé que parmi les magistrats placés sous sa<br />
responsabilité, seule la moitié d'entre eux ont réellement<br />
la capacité de représenter valablement le Ministère<br />
Public au cours des audiences publiques.<br />
Le manque de moyens logistiques, notamment de<br />
machines à écrire est un handicap supplémentaire<br />
pour le travail des parquets. A Ruyigi, plus de trois<br />
cents dossiers ont passé plus de trois mois en attente<br />
d’être dactylographiés. Le parquet a dû emprunter<br />
des machines et avoir recours à des dactylographes<br />
externes rémunérés par une association locale<br />
pour finaliser ce travail, ce qui nuit à la sécurité<br />
des pièces et entache le secret de l’instruction. Dans<br />
ce contexte, ne serait-il pas acceptable de transmettre<br />
ces dossiers rédigés manuellement puisqu’aucune<br />
loi ne l’interdit ?<br />
Les infrastructures sont également insuffisantes<br />
pour les Officiers du Ministère Public qui éprouvent<br />
des difficultés à se concentrer. Les magistrats sont<br />
souvent contraints de procéder aux interrogatoires<br />
ou auditions de prévenus ou témoins alors qu’ils sont<br />
assis à trois dans un même cabinet. Le secret de<br />
l’instruction n’est plus respecté et cette promiscuité<br />
ouvre la voie à toutes sortes de fuites d’informations.<br />
Au niveau des tribunaux de Grande Instance<br />
Les tribunaux de Grande Instance de Gitega, Bururi<br />
et Ruyigi souffrent de maux similaires : l'absence<br />
d’infrastructures suffisantes, le personnel, souvent<br />
sous qualifié et inexpérimenté, et le manque de<br />
moyens affectent négativement le travail des juridictions.<br />
L'entassement des magistrats dans les espaces<br />
de travail nuit à leur rendement et le manque de salles<br />
d’audience retarde les jugements.<br />
De la même manière, l'absence de moyens de<br />
transport pour les greffiers chargés de signifier les<br />
actes et d'’assigner les prévenus provoque la remise<br />
répétée des affaires. Ces derniers réclament des véhicules<br />
pour se rendre à la prison, tout comme les<br />
magistrats disposent de facilités de transport pour<br />
leurs descentes sur terrain. Finalement, ce sont généralement<br />
les policiers assurant l’escorte, les plantons<br />
et les chauffeurs qui font office d’huissier lors<br />
des descentes sur le terrain, avec les risques que<br />
cela implique.<br />
Les moyens de travail font également défaut au<br />
sein des parquets. Par exemple, l'insuffisance de fardes,<br />
utilisées pour la conservation des pièces du dossier,<br />
retarde la transmission des dossiers aux juridictions<br />
pour leur fixation, alors que l'instruction est<br />
terminée.<br />
© Franck Dikisongele<br />
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