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Extrait du bulletin n°18 - RCN Justice & Démocratie
Extrait du bulletin n°18 - RCN Justice & Démocratie
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République Démocratique du Congo<br />
Benoît Mudindi est conseiller pédagogique chez <strong>RCN</strong> Justice & Démocratie depuis 2000. Après avoir longtemps travaillé<br />
dans le secteur agricole, et plus particulièrement dans les questions de formations, il a rejoint l’ONG pour orienter au<br />
mieux nos activités sur le plan pédagogique et méthodologique, tout en nous apportant sa connaissance du contexte<br />
local. Il nous livre ici sa perception de la question de la pauvreté et des modes de résolution constatés sur le terrain pour<br />
échapper au coût exorbitant de la justice en République Démocratique du Congo.<br />
La médiation : Justice du pauvre ?<br />
De quelle pauvreté parle-t-on ?<br />
Je voudrais commencer par vous livrer ma compréhension<br />
du terme pauvreté que je distingue en deux notions : « la<br />
pauvreté d’esprit » et « la pauvreté en terme de moyens<br />
financiers ».<br />
Concernant la première, je ne suis pas le seul à considérer<br />
que la formation et l’information constituent une richesse<br />
indéniable. Et lorsqu’on me demande ce que fait <strong>RCN</strong> Justice<br />
& Démocratie en terme de lutte contre la pauvreté, je<br />
réponds que ses activités de formation aux notions élémentaires<br />
de droit, ses campagnes de sensibilisation et de vulgarisation<br />
par le théâtre, ses émissions radiotélévisées, ses<br />
dépliants et ses bandes dessinées contribuent grandement<br />
à « enrichir la population ». Certains vont peut-être considérer<br />
mes propos comme philosophiques ! Mais<br />
si vous demandez au fidèle de Matadi, qui a réussi<br />
à se libérer, grâce à notre dépliant sur les<br />
arrestations arbitraires, des griffes de l’OPJ qui<br />
l’avait arrêté ou aux pêcheurs de Siamfumu qui<br />
se sont débarrassés du paiement d’une taxe illégale<br />
après la formation d’un des leurs par <strong>RCN</strong><br />
Justice & Démocratie, ils pourront clairement<br />
établir le lien entre la richesse de « l’esprit », et<br />
la richesse « financière ».<br />
Photo: Aurélie Vernichon<br />
Extrait d’une œuvre de Nú Barreto, Guinée-Bissau.<br />
Exposition Rêves Croisés, <strong>Bruxelles</strong> 2006.<br />
Pour ce qui est de la seconde notion, il faut<br />
reconnaître qu’une grande partie de la population<br />
vit dans une situation de pauvreté financière,<br />
surtout dans les milieux périphériques.<br />
Mais il faut se rendre compte que même pour les<br />
personnes qui ont un minimum de moyens financiers,<br />
l’accès à la justice reste très difficile au regard<br />
du coût des frais de justice. On peut donc se<br />
demander, « Quelle justice veut-on et pour quel<br />
justiciable congolais ? » Quand je parcours le<br />
tableau officiel, je me dis qu’il n’y a que quelques<br />
« nantis » qui peuvent aller devant la justice<br />
formelle.<br />
Heureusement, je ne suis pas le seul à m’être<br />
posé ces questions. Le législateur et les barreaux ont ainsi<br />
tenté de rendre l’accès à la justice plus facile pour les indigents,<br />
à travers les Bureaux de Consultations Gratuites (les<br />
BCG). Mais d’autres privilégient des modes de résolution<br />
pacifiques des conflits à travers différents types de médiations.<br />
La médiation, mode pacifique de résolution des conflits<br />
Il est curieux et paradoxal de constater que les Congolais<br />
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