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Démocratie

extrait du bulletin n°25 - RCN Justice & Démocratie

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Rwanda<br />

Le point géopolitique<br />

Le Rwanda est un territoire de 26 340 km 2 peuplé d’environ 9,7<br />

millions d’habitants. Le pays a accédé à l'indépendance le 1er<br />

juillet 1962. Le PIB par habitant est de 264 $ (BAFD/OCDE, 2007,<br />

USD à prix constant 2000). La proportion de personnes en situation<br />

de pauvreté absolue est passée de 60.4% à 56.9% entre les<br />

périodes 2000-2001 et 2005-2006. L’indice de développement<br />

humain est de 0,452, classant le Rwanda 161 ème sur les 177 pays<br />

classés (PNUD, HDR 2007/2008). L’accès aux ressources naturelles,<br />

notamment à la propriété foncière, est une question cruciale<br />

au Rwanda, source de nombreux différends.<br />

L'économie du Rwanda est principalement basée sur l'agriculture<br />

et les services. En 2006, l’agriculture représentait 54,6%<br />

du Produit Intérieur réel. Les développements économiques<br />

récents sont marqués par la progression d’un ambitieux programme<br />

de privatisation. En effet, le gouvernement a mis en<br />

place un projet à long terme, intitulé « Vision 2020 », tablant<br />

sur une croissance de 7 %, un développement du secteur privé,<br />

une modernisation de l'agriculture et visant à faire du Rwanda<br />

un centre régional de services pour l’Afrique des Grands Lacs.<br />

Le pays a ratifié la CEDAW (Convention sur l’élimination de<br />

toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le 2<br />

mars 1981), les Pactes internationaux relatifs aux droits civils et<br />

politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels (le 16<br />

avril 1975), la Convention internationale pour la prévention et la<br />

répression du crime de génocide (le 16 avril 1975), et la Charte<br />

africaine des droits de l'homme et des Peuples (le 15 juillet<br />

1983). Le Rwanda est également partie à la Convention relative<br />

aux droits de l'enfant (ratifiée le 19 septembre 1990) et à la<br />

Charte Africaine pour les droits et le bien-être des enfants<br />

(ratifiée le 11 mai 2001).<br />

Le président Paul Kagame a procédé en mars à un important<br />

remaniement ministériel. Mi-août, il a également dissout l’Assemblée<br />

nationale. Selon certains observateurs, ces changements<br />

s’expliqueraient par la préparation des prochaines élections<br />

: législatives le 15 septembre 2008, et présidentielles en<br />

2010. En juillet, un amendement controversé est venu modifier<br />

la Constitution en accordant une immunité de poursuite à vie<br />

au Président de la République dès la fin de son mandat.<br />

Depuis le mois de janvier, quelques 300 combattants FDLR<br />

(Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) ont été<br />

démobilisés grâce au plan de désarmement établi par le Rwanda<br />

et la République démocratique du Congo à Nairobi fin 2007.<br />

Cet engagement vise à renforcer leur souveraineté et à coopérer<br />

pour la mise en œuvre d’une approche commune afin de<br />

mettre fin à la menace des groupes armés illégaux (notamment<br />

les FDLR) qui déstabilisent l’est de la RDC. Un groupe dissident<br />

des FDLR, le Ralliement pour l’unité de la démocratie (RUD), a<br />

également accepté de démobiliser 400 hommes et de les rapatrier<br />

au Rwanda.<br />

Le parlement a voté en février une « loi contre l’idéologie génocidaire<br />

» en vue de lutter, au moyen de peines particulièrement<br />

sévères, contre le révisionnisme du génocide de 1994.<br />

La perspective de la clôture du contentieux du génocide donne<br />

lieu à des rebondissements du côté des juridictions Gacaca<br />

comme du côté du Tribunal Pénal International pour le Rwanda<br />

(TPIR) :<br />

C’est en effet<br />

pour 2008<br />

qu’est prévue<br />

la clôture du<br />

processus Gacaca.<br />

Concernant<br />

les avancées des juridictions dans le règlement du génocide, les<br />

statistiques du Service National des Juridictions Gacaca (SNJG)<br />

font état de plus de 800 000 prévenus jugés depuis le démarrage<br />

de ces juridictions. Quant à la qualité des jugements rendus,<br />

le bilan est toutefois plus controversé. Un amendement de<br />

la loi sur les juridictions Gacaca, voté en avril 2008, a élargi leurs<br />

compétences pour y inclure certains accusés dits de catégorie 1,<br />

dont les auteurs de viols, jugés jusqu’à présent par les tribunaux<br />

classiques.<br />

En juillet, les mandats du TPIR et de ses juges ont été prolongés.<br />

Désormais, tous les procès doivent être conclus en première<br />

instance pour le 31 décembre 2009 et tous les appels pour fin<br />

2010. A ce jour, 32 verdicts ont été rendus. Plus d’une trentaine<br />

d’affaires sont en cours et le TPIR est encore à la recherche de<br />

treize fugitifs, dont Félicien Kabuga, homme d’affaires soupçonné<br />

d’avoir financé le génocide, et Augustin Bizimana, ancien<br />

ministre de la Défense. Le gouvernement rwandais s’est opposé<br />

à ce prolongement, souhaitant que les dossiers les plus marquants<br />

soient transférés à Kigali.<br />

Concernant le transfert des condamnés, le Rwanda a signé en<br />

mars 2008 l’accord sur l’exécution des peines qui permettra à<br />

terme aux condamnés du TPIR de purger leurs peines dans les<br />

prisons rwandaises. Cette perspective donne lieu à de vives<br />

polémiques relatives notamment aux conditions d’incarcération.<br />

Face à l’éventualité du transfert de dossiers et d’accusés du TPIR<br />

vers le Rwanda, dont celui de quatre officiers de l’armée régulière<br />

pour crime de guerre, certaines organisations de droits<br />

humains ont exprimé leur inquiétude quant à l’assurance d’un<br />

traitement équitable et impartial des crimes relatifs au génocide.<br />

Mais, le pays a réaffirmé la capacité de son système judiciaire<br />

à les traiter dans le respect des standards internationaux<br />

de justice. A cet égard, le Rwanda a aboli la peine de mort en<br />

2007.<br />

Un certain nombre de pays – la France, le Royaume-Uni, le<br />

Canada, la Finlande, les Pays-Bas – étudient des demandes d’extradition<br />

adressées par Kigali concernant des inculpés de crimes<br />

internationaux commis lors du génocide.<br />

Human Rights Watch (HRW) exprime son inquiétude quant au<br />

respect des droits de l’homme au Rwanda, notamment en ce<br />

qui concerne la liberté de la presse, le traitement des prisonniers<br />

(…), et pointe les lacunes persistantes du système judiciaire.<br />

Dans son rapport mondial 2008, HRW identifie «de graves<br />

problèmes d’indépendance judiciaire» et de respect des<br />

garanties procédurales, tant dans les Tribunaux classiques qu’au<br />

sein des Juridictions Gacaca.<br />

Début août, Kigali a rendu public un rapport controversé de la<br />

commission Mucyo sur le rôle de l’Etat français avant, pendant<br />

et après le génocide. Ce rapport, mettant en cause la France et<br />

certains hommes politiques dans le génocide de 1994, intervient<br />

dans un contexte où les relations diplomatiques entre les deux<br />

pays sont rompues depuis 2006.<br />

D.K.

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