TERRILS ET FRICHES INDUSTRIELLES

Bétulaie
spontanée sur
un terril à
Roost-
Warendin (59)
Photo : D. Mercier
TERRILS DU BASSIN HOUILLER
Les terrils possèdent des caractéristiques différentes selon la
nature des roches déposées (compositions granulométrique et
chimique), mais aussi selon leur localisation. Ainsi, les terrils
situés en bordure des collines de l’Artois présentent des sols plus
riches en bases du fait de l’apport éolien de poussières crayeuses
ou de l’extraction de matériaux riches en carbonates lors de
l’exploitation du charbon. En revanche, tous les terrils sont peu
rétentifs en eau et hébergent une flore adaptée à des terrains
secs. Seules quelques ornières tassées peuvent très localement
héberger une flore hygrophile. Une des caractéristiques les plus
curieuses des terrils correspond aux zones de combustion . Les résidus riches en carbone et en éléments
oxydables associés à la pression imposée par le poids des déblais permettent l’auto-combustion du terril. Grâce
aux fissures et à l’effondrement du sol provoqué par cette combustion, la température du substrat en surface peut
atteindre plus de 50 degrés. Ces zones très particulières sont occupées par une flore pauvre mais très spécifique.
On y note notamment le Pourpier potager (Portulaca oleracea) . La végétation des terrils s’organise en fonction
du degré de la pente et de la granulométrie. Sur les zones les plus pentues , on rencontre l’association des
pierriers à Patience à écussons (Rumex scutatus). Au contraire, les replats, composés de cailloux fins, sont le
domaine de la pelouse , souvent dominée par l’Épervière piloselle (Hieracium pilosella). Les lapins jouent un
grand rôle dans le maintien et le développement de ces pelouses. En broutant régulièrement la végétation, ils
favorisent les plantes de petite taille et empêchent les grandes herbes de se développer. De nombreuses mousses
telles que les Polytrics (Polytrichum sp.) ou le Campylope (Campylopus introflexus), espèce invasive originaire
d’Australie et des lichens s’associent aux plantes de petite taille. Les friches sont quant à elles particulièrement
développées sur les terrils où les sols remués leur conviennent. C’est le domaine du Panais brûlant (Pastinaca sativa
subsp. urens), de la Carotte commune (Daucus carota subsp. carota), du Picride fausse-épervière (Picris
hieracioides), du Millepertuis perforé (Hypericum perforatum) et de la Vipérine commune (Echium vulgare).
L’environnement immédiat du terril influe aussi beaucoup sur sa végétation. À proximité des zones forestières, le
Bouleau verruqueux (Betula pendula) colonise très tôt les terrils et forme rapidement des boisements clairs . En
vieillissant , ils évoluent vers des
forêts dont la composition est proche
de celles des sols acides filtrants de la
région avec le Chêne sessile (Quercus
petraea), le Sorbier des oiseleurs
(Sorbus aucuparia) et bien sûr
toujours les bouleaux [Betula pendula
plus souvent mais parfois aussi le
Bouleau pubescent (Betula alba) ainsi
que leur hybride]. C’est le stade ultime
de la dynamique végétale sur les
terrils.
Végétation des
friches à
Millepertuis
perforé
(Hypericum
perforatum) sur
le terril de
Rieulay
Photo : B. Destiné
398 - PLANTES PROTÉGÉES ET MENACÉES DU NORD/PAS-DE-CALAIS